A 24 ans, Rachid Alioui s’épanouit totalement au Nîmes Olympique. Après des difficultés à confirmer son potentiel à Guingamp, l’attaquant est même parvenu à faire son trou avec le Maroc.

C’est dans le quartier sensible de Villeneuve-les-Salines, à la Rochelle, que grandit le petit Rachid. Et c’est dans le club du coin qu’il commence le football : à l’Olympique Petit-Marseille de Villeneuve-les-Salines – OPMVS. Faire de son sport un métier est, alors, loin d’être une priorité pour le Franco-Marocain. Son président, à l’époque, Mohamed Azhar confirme « il jouait pour le plaisir, avec ses copains. Il savait que c’était compliqué de devenir professionnel ». Après six ans à l’OPMVS, il part dans un autre club : l’ES Rochelaise. Puis c’est à Saint-Xandre dans la banlieue de La Rochelle que l’attaquant poursuit son chemin. Il évolue toujours dans les divisions départementales de Charente-Maritime. A 16 ans, il décide de revenir dans le club de ses débuts : l’OPMVS.

NAJIB AKHANNICH : LA RENCONTRE DÉCISIVE

Rachid Alioui joue, alors, en troisième division de district. Ses principales qualités étaient, déjà, « sa lourde frappe, sa technique et c’était un travailleur toujours à l’écoute » selon Mohamed Azhar. « Il sortait du lot, Son entraineur s’appelle Najib Akhannich. Ce dernier est conscient du talent de son jeune avant-centre. « C’est un club de quartier où tout le monde se connaît. Najib l’a accompagné, l’a pris sous son aile » d’après son ancien présidentNajib Akhannich décide alors d’appeler, au culot, Lionel Rouxel, le directeur du centre de formation de l’En Avant de Guingamp. Mohamed Azhar indique « cela ne s’est pas fait facilement. Najib a beaucoup insisté pour qu’il fasse un test ». Finalement EAG accepte de lui faire passer un essai. Une chance incroyable pour un jeune joueur évoluant en district. « Ici, on est bourré de talent ici. Dans toutes les catégories, il y a deux, trois joueurs qui sortent du lot. Mais, malheureusement, c’est très compliqué de leur obtenir une chance » regrette Mohamed Azhar. Rachid Alioui passe, lui, son essai avec Guingamp et il impressionne. Lionel Rouxel ne comprend pas comment un joueur, avec autant de qualités, n’ait pas été repéré plus tôt. Il fait donc signer au Rochelais un contrat de deux ans.

DÉPART À GUINGAMP

C’est en 2009 que Rachid Alioui intègre EAG, à l’âge de 17 ans. Evidemment, le natif de La Rochelle possède quelques défauts. Logique pour un joueur qui n’est jamais passé par un centre de formation et qui a, toujours, évolué dans des divisions de district. Mais l’attaquant travaille dur, notamment sur la prise d’informations, la solidité sur le terrain et la confiance en soi. Nakibou Aboubakari, qui l’a côtoyé pendant quatre saisons, va dans ce sens « à ses débuts, comme il venait d’arriver, il était assez timide ». Sa deuxième année est, en revanche très bonne. « C’est sur sa deuxième année qu’il a tout explosé » loue l’actuel joueur du Stade Briochin en CFA2. Le Franco-Marocain s’appuie sur ses qualités intrinsèques : sa puissance – il mesure 1m86 pour 82kg -, sa lourde de frappe et sa technique. Durant la saison 2010-2011, le U 19 va inscrire 10 buts en championnat et participer au bon parcours d’EAG en Coupe Gambardella. Cette génération atteint les quarts de finale et égale le meilleur résultat du club dans cette compétition – avec 1970 et 2015. Après avoir battu le FC Nantes 4-0, l’équipe s’incline 4-2 face au futur vainqueur de la coupe, l’AS Monaco. Nakibou Aboubakari se rappelle la place essentielle de Rachid Alioui dans leurs performances : « il a eu un rôle important. C’était notre neuf, il a mis des buts, il a fait des bons matchs. C’est ce qu’il lui a permis de reprendre avec les professionnels la saison suivante ».

PREMIER MATCH PROFESSIONNEL ET PREMIER BUT

En 2011, Rachid Alioui signe un contrat de stagiaire professionnel et réalise la préparation d’avant-saison avec l’effectif professionnel. Il va inscrire 3 des 8 buts durant les matchs amicaux. Le jeune joueur se rend compte de sa chance, lui qui évoluait en troisième division, seulement trois saisons auparavant. Nakibou Aboubakari reprend, également, avec le groupe professionnel et partage, d’ailleurs, sa chambre avec le Rochelais. « Dans la chambre, on se disait « putain » on est en pro » ! se souvient-il. Le numéro 17 guingampais inscrit son premier but sous les couleurs d’EAG lors de son premier match face à Laval en Coupe de la Ligue. Un but dans le style caractéristique du puissant avant-centre. « Il met une frappe de 35 mètres. J’étais en tribunes et c’était la folie » se remémore son coéquipier. Quelques semaines plus tard, il est appelé par l’équipe du Maroc olympique pour les rencontres amicales face à la Gambie et la Côte d’Ivoire. Puis c’est l’équipe de France des moins de 20 ans qui le convoque. Le Franco-Marocain fait alors le choix de s’engager avec les Lions de l’Atlas, le pays de ses parents. Avec EAG, il marque son deuxième but professionnel contre Arles-Avignon. Il signe, ensuite, son premier contrat professionnel au début de l’année 2012. Sa saison se termine avec 2 buts en 22 matchs. 

INCONSTANT À GUINGAMP

Si sa première saison est prometteuse, les suivantes sont plus compliquées. Rachid Alioui peine à confirmer son potentiel. Jocelyn Gourvennec lui fait peu confiance. L’actuel entraineur des Girondins de Bordeaux se justifie en indiquant qu’il le trouve parfois trop nonchalant. De plus, il doit faire face à une grosse concurrence en attaque. Mustapha Yatabaré, Christophe Mandanne puis Claudio Beauvue se trouvant devant lui dans la hiérarchie. Il stagne lors de la saison 2012-2013 – 19 matchs, 2 buts. Il découvre la Ligue 1 la saison suivante. Mais, de nouveau, on lui fait peu confiance. Au mercato hivernal, il pense même quitter les Côtes d’Armor. Un accord est trouvé avec Strasbourg, qui évolue alors en National. Mais Jocelyn Gourvennec s’oppose finalement à ce départ. Quelques jours plus tard, il donne sa chance à son buteur et ce dernier l’a saisi. En Coupe de France, il entre en jeu contre Concarneau et distribue deux passes décisives. Le weekend suivant, c’est contre les stars du PSG qu’il se fait remarquer. Un coup-franc puissant qui vient s’écraser sur la barre de Salvatore Sirigu. Puis il inscrit ses deux premiers buts en Ligue 1 contre le SC Bastia. Sa bonne forme lui permet même de découvrir la sélection A du Maroc. Il entre en jeu contre la Gambie en mars 2014. Mais sa saison se finit avec seulement 20 matchs et trois petits buts. Malgré tout, il ajoute une première ligne à son palmarès grâce à la Coupe de France remporté par les Guingampais – il reste sur le banc lors de la finale contre le Stade Rennais. Sa quatrième saison professionnelle en Bretagne est la plus difficile. Face à l’éclosion du duo Beauvue-Mandanne, Rachid Alioui joue très peu – 13 matchs, 0 but. Un départ est alors inéluctable.

A LA RELANCE À LAVAL

Rachid Alioui est prêté en Ligue 2, à Laval. En Mayenne, il réalise enfin une saison complète. Son entraineur Denis Zanko lui fait confiance et son avant-centre le lui rend bien. Malgré un trou d’air en deuxième partie de saison, il finit la saison avec 8 buts en 33 matchs de Ligue 2. Une rumeur parle même d’un retour précipité à Guingamp au mercato hivernal. EAG est alors en difficulté – 18ème de Ligue 1 – et cherche à faire revenir l’attaquant qui, dans sa première moitié de saison affichait de belles statistiques – 7 buts, 2 passes décisives. Sa fin de saison est donc plus difficile – un seul but contre Dijon lors de la 27ème journée – mais il participe pleinement au maintien de Laval. Les Tangos terminent 8ème de Ligue 2. L’été dernier, il revient à Guingamp mais le nouveau coach, Antoine Kombouaré, ne veut pas de lui. Le kanak a déjà son groupe en tête et l’international marocain n’en fait pas partie. Il quitte donc définitivement son club formateur pour partir plus au sud : à Nîmes.

UN DES MEILLEURS ATTAQUANTS DE LIGUE 2

Cette saison, Rachid Alioui explose aux yeux des observateurs de la Ligue 2. Il est, tout simplement, le joueur le plus décisif du championnat avec Adama Niané – 13 buts et 6 passes décisives pour le Nîmois contre 16 buts, 3 passes décisives pour le Troyen. Il est impliqué dans près de 50% des buts de son club. Ses belles performances lui ont permis d’être élu meilleur joueur du mois de décembre Rachid Alioui devant Neal Maupay et Gaëtan Courtay. A 24 ans, il est devenu le chouchou des supporters du stade des Costières. Pour Mohamed Azhar « c’est une fierté et pas que pour le club mais pour tout le quartier. Rachid est le seul joueur qui est devenu pro après être passé par le club ». Grâce aux exploits de leur numéro 7, les Crocos peuvent rêver d’une montée en Ligue 1. Le club est actuellement 6ème à quatre points de la troisième place. Malgré son nouveau statut, il n’oublie pas d’où il vient. Nakibou Aboubakari est encore en contact avec lui « on se parle toujours, on s’envoie des messages ». Il repasse, d’ailleurs, souvent dans son quartier où il a grandi à La Rochelle. 

LA CAN 2017 AVEC LE MAROC

 

En octobre 2016, Rachid Alioui est retenu pour une rencontre amicale contre le Canada. Un match au cours duquel il inscrit son premier but en sélection. Début janvier, il est appelé par Hervé Renard pour disputer la CAN 2017. Lors du dernier match en phase de groupe, le Maroc affronte la Côte d’Ivoire dans un match décisif. Les Lions de l’Atlas ne doivent pas s’incliner sous peine d’être éliminé. Le joueur du Nîmes Olympique va alors inscrire un but exceptionnel qui offre la qualification à son pays. Un but qui lui permet de devenir le héros de la nation. Malheureusement, en quarts de finale, le Maroc est éliminé par le futur finaliste : l’Egypte. Pour le natif de La Rochelle, si cette élimination est forcément une déception, il parait, malgré tout, avoir gagné sa place dans la sélection marocaine grâce à cette belle CAN. (https://stadito.fr/)

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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