Joueur emblématique des années 1950, vainqueur de la coupe de France en 1951, Edmond Haan fut l'un des joueurs marquants de l'histoire du Racing, avec plus de 300 matchs disputés sous le maillot bleu. Il nous a quitté le 15 août 2018 à l'âge de 94 ans. 

Treize saisons passées comme joueur, plus de 300 matchs disputés, 76 buts inscrits : les chiffres expriment encore aujourd'hui la trace qu'aura laissée Edmond Haan au Racing. A l'instar de son coéquipier René Hauss, l'ailier gauche a marqué son époque, remportant notamment le premier titre de l'histoire du club, la coupe de France, en 1951. 

S'il dut attendre l'âge de 23 ans pour signer son premier contrat professionnel au Racing, en raison de la Seconde Guerre mondiale, Edmond Haan ne met pas beaucoup de temps avant de confirmer une flatteuse réputation acquise auparavant sur tous les terrains de la région.
Au moment de sa signature au RCS, on rappelle ainsi avec amusement que l'attaquant gaucher qui évoluait jusque-là aux Pierrots Vauban a, lors d'une rencontre contre Schiltigheim, arraché les filets du but adverse d'une violente frappe. 

Edmond Haan portera plus de quinze années consécutives le maillot du Racing, à l'exception de la saison 1949-1950 où il est prêté à Nîmes pour y terminer meilleur buteur de la deuxième division avec 27réalisations.
Sollicité alors par de nombreux clubs dès son retour à Strasbourg, dont le Stade de Reims, Edmond Haan dut pourtant se résoudre à rester en Alsace et renoncer aux contrats mirobolants qui lui furent proposés. Le Racing a en effet fixé l'indemnité de son transfert à 6 MF, une fortune pour l'époque, et ne lui octroya qu'une prime de... 300 F pour son déménagement.

Bloqué par une organisation du football français où les dirigeants sont tout puissants, Edmond Haan débute donc sa carrière professionnelle à une période où les joueurs bénéficient de bien peu d'égards. Il en a encore la preuve quelque temps plus tard, quand il doit se rendre seul à l'hôpital, au volant de sa propre voiture, pour faire opérer la fracture du péroné qu'il vient de subir.

Le nouvel ailier gauche du Racing est également aux premières loges pour assister, en 1947, à la réunion entérinant le renouvellement annuel des contrats : assis à une table disposée en fer à cheval, les dirigeants organisent une mise en scène destinée à intimider les joueurs, tous convoqués dans la salle de la Mauresse.
A l'appel de son nom, chaque joueur vient tour à tour s'asseoir sur une chaise disposée en face, pour un entretien musclé, avant de signer son contrat sans jamais avoir pu en discuter les modalités.

Mais l'arrivée d'Edmond Haan correspond également au retour du Racing sur le devant de la scène puisque Strasbourg vient de disputer, et de perdre, la finale de la Coupe de France 1947 face à Lille. Au sein d'un effectif rajeuni et mené par les expérimentés Paco Matéo et Oscar HeissererEdmond Haan ne tarde pas à confirmer le talent qu'on lui prête : dès la septième journée, il marque son premier but à Toulouse après avoir magistralement dribblé deux adversaires.

Le Racing finit la saison avec la deuxième meilleure attaque, Haan terminant avec sept réalisations. La saison suivante, il figure parmi les rares satisfactions d'un effectif promis à la relégation. Seul le forfait des SR Colmar permet au Racing de conserver sa place dans l'élite au cours de la saison 1949-1950, qu'Edmond Haan ne connaîtra pas à Strasbourg, prêté qu'il fut à Nîmes, avec le succès déjà évoqué. 

De retour en Alsace, il devient selon France Football l'un des meilleurs ailiers gauche de France. En 1951, le Racing remporte son premier titre national, la Coupe de France, face à Valenciennes, devant les 62 000 spectateurs réunis à Colombes, dont un bon nombre d'Alsaciens, venus en trains spéciaux ou autobus.
Le retour en Alsace est triomphal : « dès Phalsbourg, à toutes les barrières, notre autorail rencontrait les enfants des écoles avec leurs instituteurs, brandissant des drapeaux tricolores. »
A Strasbourg, les joueurs brandissent le trophée du haut de leur autocar décapotable, acclamés par une foule compacte de la gare jusqu'au centre ville. On estime que près de 100 000 personnes s'étaient réunies dans les rues à cette occasion.

Haan est l'un des principaux protagonistes de ce succès. Passeur décisif sur le premier but marqué par René Bihel, après un débordement sur son aile gauche, buteur en demi-finale face à Nancy, double buteur sur des actions personnelles en quart de finale contre Nice (le futur champion), tout aurait pourtant pu s'arrêter pour Edmond Haan et ses coéquipiers dès le premier match face à son ancien club de Nîmes. Mené 3-0 à la mi-temps, le Racing parvient à renverser la vapeur en seconde période et l'emporte au cours de la prolongation (5-3). Après cette victoire face aux Gardois, « nous étions sûrs de gagner la Coupe puisque l'équipe qui battait Nîmes en ce temps-là - et ceci s'est vérifié plusieurs fois - enlevait le trophée. »

Cette saison-là, Haan et ses coéquipiers réalisent également un parcours remarquable en début de saison. Invaincu durant les 12 premières rencontres, le Racing compta jusqu'à cinq points d'avance au classement avant de subir sept défaites consécutives, dont un sévère 5-0 à Sochaux, et de rentrer dans le rang pour finir la saison en milieu de tableau. On retient de ce parcours la victoire 4 à 2 début octobre face au RC Paris, avec un but d'Haan, au Parc des Princes, devant 32 000 spectateurs.

Les performances remarquables d'Edmond Haan attirent naturellement le regard des sélectionneurs nationaux et l'ailier gauche fait ses débuts en Equipe de France cinq jours après la victoire en Coupe de France contre Valenciennes, face à l'Irlande du Nord, en match amical à Belfast (2-2) le 12 mai 1951. Il est d'ailleurs à l'origine du premier but marqué par les Bleus.
Haan connaîtra trois autres sélections jusqu'en 1953, face à l'Ecosse, l'Italie et la Suisse.

Malheureusement, la saison qui suit la conquête de ce premier trophée est catastrophique. Par la faute de nombreuses blessures dont celle d'Haan en début de saison, et d'un certain manque de réussite, le RCS est relégué en deuxième division.
Si le club remonte immédiatement en D1 après l'épreuve des barrages, Haan, à nouveau blessé, ne dispute que la moitié de la saison. Il parvient tout de même à inscrire 14 buts.
Il rate notamment la rencontre de championnat décisive face à Toulouse à la Meinau, le 5 avril 1953, restée dans la mémoire des 27000 spectateurs, autant pour son dénouement malheureux (défaite 2-1) que pour la sortie sous protection policière de l'arbitre, après qu'il a refusé un but valide au Racing dans les dernières minutes du match.

L'arrivée d'Ernst Stojaspal en 1954, troisième de la Coupe du Monde en Suisse avec l'Autriche, donne un nouveau souffle au club et son duo avec Edmond Haan, devenu capitaine, fonctionne rapidement à merveille. Reculé au milieu de terrain, Haan organise avec réussite le jeu strasbourgeois.
Les nombreux supporters qui se pressent à la Meinau rêvent d'un possible doublé coupe/championnat mais une nouvelle blessure aux adducteurs d'Edmond Haan brise les espoirs de l'équipe alsacienne qui finit quatrième du championnat et demi-finaliste de la Coupe de France.

Bien moins excitantes, les saisons suivantes poussent Edmond Haan à privilégier l'encadrement de l'équipe réserve du club ; mais le manque de trésorerie, les problèmes d'effectif et les résultats décevants l'obligent à revenir au sein de l'équipe professionnelle pour devenir le pilier... de la défense alsacienne. 
A 35 ans, sa polyvalence est un atout majeur pour le Racing et il termine même meilleur joueur du classement établi par les DNA lors de la saison 1958-1959, après avoir disputé toutes les rencontres de l'année.

La saison suivante, il connait sa troisième relégation avec le Racing et subit avec ses coéquipiers la pire défaite de l'histoire du club : le 27 janvier 1960, Strasbourg s'incline 8-0 à Limoges (dont les buts sont alors gardés par François Remetter).
Expulsé après avoir longuement et vigoureusement contesté le penalty amenant le 2 à 0,  assiste, impuissant, à l'humiliation alsacienne.

S'il envisage un temps de mettre un terme à sa carrière suite à cette déroute, Edmond Haan rempile finalement une dernière année pour aider le Racing à retrouver sa place dans l'élite. Aidé par Robert Jonquet (58 sélections en équipe de France) et François Remetter (26 sélections), il encadre avec réussite une jeune équipe où Denis DevauxRoland MerschelGilbert Gress et Gérard Hausser effectuent leurs premiers pas et prendront bientôt avec bonheur la succession de leur illustre ainé. Resté un temps au Racing comme dirigeant des vétérans, Edmond Haan s'en va ensuite entraîner le FC Kronenbourg, qu'il contribue à faire monter de DH en D3.

Débuté avec Paco Matéo et O, scar Heisserer qui furent les premiers à prouver que le RCS pouvait légitimement rêver de victoires au plus haut-niveau français, la carrière d'Edmond Haan au Racing, marquée par le gain du premier trophée national du club, s'est donc achevée auprès de joueurs qui ne tarderont pas à le faire briller partout en Europe.  (https://racingstub.com)

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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