Nîmes Olympique jouera son avenir en National 2 le mardi 15 juillet devant la direction nationale de contrôle de gestion de la fédération française. Après une interdiction de participation aux compétitions nationales, un projet crédible est présenté : nouvelle gouvernance, soutien des collectivités, entreprises locales et anciens joueurs dont Renaud Ripart. À sa tête, Thierry Cenatiempo, nouveau visage d’un club qui veut renaître.
Depuis la décision du 24 juin dernier, où la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) avait interdit Nîmes Olympique de participer aux championnats nationaux, les choses s'accélèrent. Le club prépare le rendez-vous décisif du 15 juillet avec la volonté de présenter un budget de 2,8 millions d’euros. « C’est la première finale de la saison », affirme Thierry Cenatiempo, le nouvel homme fort du club.
Un homme, une histoire, un projet
À 62 ans, Thierry Cenatiempo est l’homme choisi pour incarner ce nouveau projet. Au plus fort de la tempête, il a été sollicité pour mettre la main à la poche comme d’autres décideurs économiques. Lorsqu’on lui a proposé de prendre le leadership, il a accepté le défi, à condition, insiste-il, d’avoir l’aval de l’association et des collectivités. Il a très vite coché toutes les cases. Originaire de Grenoble, ancien maire de Saint-Hilaire-d’Ozilhan, commune du Gard qui est le refuge familial et où sont basées ses deux sociétés (l’une dans la formation bancaire, l’autre autour de l’intelligence artificielle), il dit être tombé dans la marmite du foot, dans le chaudron, serait-il plus juste d’écrire, lorsqu’enfant, le cahier de correspondance garni de bonnes notes, ses parents, pour le récompenser, l’emmenaient voir les Verts de Saint-Etienne à Geoffroy-Guichard.
De Nîmes Olympique, il a aussi très vite aimé la ferveur et l’engouement autour du club. Il confie un souvenir personnel : « Lorsque mon fils (Valentin, aujourd’hui gardien à Concarneau) est né, le 1er mars 2005 à la polyclinique juste en face du stade des Costières, Nîmes renversait Nice 4-0 en huitièmes de finale de la Coupe de France. »
Pour lui, Nîmes Olympique est « l’un des trente clubs qui comptent dans le paysage footballistique français ». Il ajoute : « Mon objectif à moyen terme, c’est de ramener le club en Ligue 2. Il faudra alors un autre projet auquel je contribuerai peut-être. »
Une SAS structurée et ouverte avec Renaud Ripart
La DNCG avait pointé du doigt un projet jugé peu incarné. C’est désormais chose faite : une SAS a été constituée, avec un capital de 545 000 euros, dont 300 000 € apportés personnellement par Thierry Cenatiempo, qui s’engage à renouveler cette somme les deux saisons suivantes. Les statuts sont d’ailleurs déposés ce mardi 8 juillet.
« Ce n’est pas un projet porté par un seul homme. On est dans un fonctionnement diamétralement opposé à ce qui se faisait ces dernières années. C’est un véritable travail collectif. Le sauvetage de Nîmes Olympique est un travail d’équipe », dit le président qui insiste sur le soutien de près d’une centaine d’entreprises locales, engagées dans le financement du club et dans l’achat de places VIP : « On va démarrer la saison avec 900 000 euros de leur part. »
Il annonce aussi l’entrée au capital de Philippe Noyer, président de la société Eldera, équipementier sportif basé près de Montélimar, qui équipera les Crocos dès cette saison ; de Denis Llota, entrepreneur accompagnant startups et PME dans leur création et évoque également la participation financière de plusieurs anciens joueurs, dont Renaud Ripart qui siégera au conseil d'administration de la SAS. « Ils ont encore des carrières à mener, mais il n’est pas interdit d’imaginer voir revenir ce genre de joueurs », dit Thierry Cenatiempo.
Une subvention de 600 000 euros votée par la Ville, samedi 12 juillet
Côté collectivités, la Ville de Nîmes va s’engager à hauteur de 1,2 million d’euros pour la saison 2025/2026, en complément des 205 000 euros versés en début d’année. Une première subvention de 600 000 euros sera votée samedi 12 juillet lors du dernier conseil municipal avant les vacances pour, est-il écrit dans l’ordre du jour, gérer les infrastructures (stade des Antonins, complexe de la Bastide), maintenir un niveau de formation ambitieux et garantir la compétitivité de l’équipe première.
Elle précise toutefois que cette aide est conditionnée à l’autorisation de la DNCG de jouer en N2.
Un staff local
Sportivement, la nouvelle équipe dirigeante mise sur la continuité locale. C’est Mickaël Gas, jusque-là entraîneur de la réserve, qui prendra en charge l’équipe première. Thierry Cenatiempo annonce que Morgan Puel, entraîneur des U15, sera son adjoint alors que Anthony Dupré, ancien gardien reconverti, est nommé directeur sportif. Quant à Marc Collat, sollicité par Yannick Liron pour établir une liste de joueurs en vue du recrutement, il sera coordinateur de la section amateur (U12 à R1), avec un appui à l’équipe N2.
Le président annonce aussi qu’il a pour projet de relancer le centre de formation. Mais il prévient : « Je suis focus sur le court terme, qui se joue mardi prochain. Focus aussi sur l’humain. Nîmes Olympique est un peu malade. Il lui faut retrouver la passion. Je veux aussi du monde au stade. »
Un discours mobilisateur, à l’image d’un projet profondément collectif, tourné vers l’avenir. Mais avant de rêver plus haut, il faudra franchir l’obstacle DNCG le 15 juillet. Un match crucial, hors des terrains.
Frédéric Prades
Anthony Dupré attaque sa nouvelle fonction avec envie et ambition. Il évoque la préparation, l’effectif, le staff et les objectifs. Le nouveau directeur sportif du Nîmes Olympique, spécialiste du scooting qui était en sous-traitance pour repérer des joueurs, veut redorer l’image du club en comptant sur des anciens Crocodiles et sur les supporters.
Objectif Gard : Comment prépare-t-on une saison avec les incertitudes inhérentes au passage en appel de la DNCG le 15 juillet ?
Anthony Dupré : On va se cacher derrière aucune excuse. Il faut arrêter avec le négatif. Nous savons qu’il y a du retard dans la préparation. On ne peut rien y faire, mais on va travailler d’arrache-pied. On travaille main dans la main avec l’association, la SASP et le coach pour tirer dans le même sens.
Vous devez partir d'une page blanche puisque tout l’effectif est à construire. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?
Je vois toujours le verre à moitié plein. Mickaël Gas, le coach, a été adoubé par tout le monde et nous travaillons bien ensemble. L’avantage de la page blanche, c'est que nous pouvons mettre notre empreinte. Tous les joueurs seront désirés par le coach et par moi.
Où en êtes-vous du recrutement ?
Aujourd’hui, le staff était réuni au sein du club pour bosser sur le programme de reprise. Avec le coach, nous bossons sur le recrutement et douze joueurs qui sont d’accord pour nous rejoindre, sachant que cela ne fait que cinq jours que nous travaillons sur le recrutement. L’effectif sera constitué de 20 joueurs dont trois gardiens de but. Peut-être que tout le monde ne sera pas là à la reprise, mais nous ne voulons pas faire des choix par défaut.
Des anciens Crocodiles feront-ils leur retour ?
Nous avons contacté Clément Depres et j’étais encore au téléphone avec lui ce lundi. J’ai eu Renaud Ripart au téléphone dimanche pour une prise de contact et évoquer notre projet. J’avais aussi sur ma liste Mathieu Michel, mais il s’est engagé avec Montpellier.
Des joueurs de l’effectif de l’année dernière seront-ils conservés ?
On garde Gauthier Laurens, nous aimerions conserver Lucas Dias mais sur reclassement amateur, et nous avons ouvert la porte à Waly Diouf. Nous attendons son retour. On veut s’acheter le luxe d’avoir un bon groupe et nous voulons des bons mecs avant tout. En revanche, je ne prendrai pas un bon mec qui n’est pas bon sur le terrain.
Comment sera constitué le staff ?
Mickaël Gas sera l’entraîneur principal, Morgan Puel sera son adjoint, qui était l’entraîneur des U16 la saison dernière. L'entraîneur des gardiens de but restera Jérémy Struffaldi et le préparateur physique sera Antonin Deniaud qui était avec la réserve l’année dernière. Nous avons choisi de faire appel à des personnes qui étaient au club et qui ont la mentalité nîmoise. C’est le coach qui les a choisi.
Quel est le programme de la reprise ?
Nous allons reprendre l’entraînement entre le 17 et le 19 juillet. Les matchs amicaux sont calés et nous les communiquerons bientôt par souci de certitude. Pour l’instant, on en a trois et ont réfléchi à une autre date pour en placer un quatrième.
À quoi ressemblera le Nîmes Olympique version 2025-26 ?
On veut une équipe compétitive. Être ambitieux, ça ne veut pas dire être imprudent. Nous allons ramener des joueurs sur lesquels nous avons des convictions et qui collent à l’esprit nîmois et sudiste. C’est-à-dire des guerriers qui se battent jusqu’à la fin, et quel que soit le résultat. Des bons joueurs, il y en a partout, mais des bons mecs, c'est plus difficile à trouver. Il y aura également des jeunes du club à la reprise.
Comment faire pour que l’équipe soit compétitive dès la reprise du championnat de N2, le 16 août ?
On arrivera avec deux semaines de retard dans la préparation, mais on gommera ça en travaillant beaucoup entre nous. On veut fédérer tout de suite les joueurs pour gagner du temps. Nous ne ferons pas une préparation lambda. Nous travaillerons plus avec moins de temps de repos, mais sans cramer les joueurs, car il fait chaud à Nîmes et c’est à prendre en compte. Tout ne sera pas parfait le 16 août, mais je peux garantir que l’état d’esprit y sera.
L’objectif sportif sera, on l’imagine, de se maintenir en National 2, dans le cas où la DNCG accepterait le nouveau budget nîmois, n'est-ce pas ?
L’objectif est déjà de passer la DNCG. Aujourd'hui, la place de Nîmes Olympique n’est pas en N2. Cependant, cela prendra peut-être un ou deux ans pour le remettre à un niveau un peu plus convenable, même si le National n’est pas non plus la place du NO. On arrive avec l’effectif à construire et c’est à la fin du bal que l'on paie les musiciens.
Le nom de Nîmes Olympique attire-t-il toujours les joueurs ?
Bien entendu. Ce nom me fait gagner du temps pour convaincre les joueurs, car nous ne sommes pas un club lambda de N2. Nous ne serons pas la plus grosse masse salariale, mais je veux compenser par des idées. C’est quand on a moins d’argent que l’on est le meilleur et le plus inventif.
Vous êtes un jeune directeur sportif (30 ans), de la même génération que l’entraîneur Mickaël Gas (32 ans). Cela est-il un avantage ?
Je vois tout ça d’un très bon œil. Mickaël a été lancé plus vite que les autres et je vais le soutenir. Pour moi, c'est positif d’avoir un jeune staff parce que nous allons insuffler un air nouveau et un regain d’énergie. On a les dents longues qui rayent le parquet et nous avons faim de montrer aux gens que l’on veut redorer l’image du club. On parle beaucoup de mon âge, mais ce qui compte, c'est que je serai jugé sur mes résultats.
Comment allez-vous convaincre les supporters d’adhérer au projet ?
Je compte beaucoup sur eux, car quand je recrute un joueur, je lui vends une ferveur qui va être retrouvée. C’est très important pour les joueurs et pour moi. Nous allons recevoir les groupes de supporters et leur parler les yeux dans les yeux. Sans eux, nous ne pourrons rien faire. S’il y a 1-1 à la 85ᵉ minute et que derrière, on a 5 000 ou 6 000 personnes au stade, le score va se transformer en 2-1.
Ce qui nous attend la saison prochaine :
16 clubs
Matches le samedi entre 18 heures et 20 heures
1 montée, 3 descentes
En cas d'égalité, c'est le goal-average particulier qui compe
Le championnat de National 2 débutera le samedi 16 août et il se terminera le 16 mai 2026 à l’issue de la 30ᵉ journée.