Nîmes Olympique ne répond plus

 

Alors que Nîmes Olympique devrait préparer la prochaine saison en National, son président se fait discret quand son entraîneur et la mairie aimeraient bien le rencontrer. En pleine tempête, le NO ressemble à un navire fantôme et des membres du club n’hésitent pas à évoquer des dysfonctionnements internes. Ambiance.

Une relégation génère rarement de la bonne humeur et des ondes positives. Celle qui touche le NO (la deuxième en trois saisons) ne déroge pas à la règle. Si le club est déclassé d’une division, c’est logiquement dû à des dysfonctionnements déjà évoqués à de nombreuses reprises. Mais avec la chute, les lacunes internes sont rendues publiques. Cette semaine, Benoît Poulain, dont le contrat n’a pas été prolongé, s’est exprimé dans la presse : « Avec la gestion actuelle du club, je ne serais pas resté la saison prochaine. »

« Il a supprimé les bouteilles d’eau »

Le capitaine des Crocodiles vise, sans le nommer, Rani Assaf : « Ce n’est pas son club, le club appartient aux Nîmois. Il fait partie du patrimoine de la ville. C’est quelque chose qui entre en compte. » Une nouvelle fois, le président actionnaire est au centre des critiques et maintenant, les joueurs n’hésitent plus à évoquer les défaillances internes. « Il ne payait pas le fournisseur de la glace. Parfois, c'est le traiteur de nos repas du midi qui n’était pas payé. Ensuite, il a supprimé les bouteilles d’eau et nous devions remplir nos bouteilles au robinet et au distributeur d’eau », affirme un joueur qui préfère garder l’anonymat de peur de représailles.

« Cette prime n’a été versée que deux mois plus tard »

Mais les reproches faits à Rani Assaf ne se cantonnent pas à la logistique. « Dans l’hiver, il nous a promis une prime de 2 000€ par joueur si on sortait de la zone de relégation. Deux journées plus tard, nous n’étions plus relégables, mais, pour des raisons de trésorerie, cette prime n’a été versée que deux mois plus tard », explique un Crocodile qui préfère rester discret. Des faits qui, s’ils sont avérés, ne sont pas de nature à entretenir une cohésion dans un groupe censé décrocher un maintien en Ligue 2. Le mois de juin est primordial dans la reconstruction d’un club dévasté.

« Il faut qu’un entraîneur soit nommé et, pour l’instant, c'est moi »

« Il est urgent de travailler pour préparer la saison prochaine, car d’autres clubs sont déjà à l’œuvre. Le coach et le directeur sportif n’ont pas vraiment été confirmés et ils ne connaissent pas l’enveloppe mise à leur disposition pour recruter. Ils sont dans le flou », souligne Benoît Poulain. Des propos qui peuvent être associés à ceux de Frédéric Bompard à l’issue du dernier match de la saison : « Il faut que je le voie (Rani Assaf NDLR) avec mon agent et très vite, pour le bien du club. Il faut qu’un entraîneur soit nommé et, pour l’instant, c'est moi. »

 

À la situation sportive s'ajoute l’état des forces en présence et les deux sont catastrophiques. Seulement onze joueurs sont sous contrat et la moitié va peut-être partir. Frédéric Bompard ne sait pas vraiment ce qu’il pourra mettre en place et Sébastien Larcier, qui a participé au mercato nîmois cet hiver, n’est toujours pas salarié au NO. Les deux hommes se connaissent et ils souhaitent travailler ensemble, mais faut-il encore leur en donner les moyens.

« Des valeurs fortes, dont l’humilité et surtout l’humanité »

Leur mission, s’ils restent au club, sera de construire un effectif, malgré la réputation désastreuse du club. Si le but est de remonter en Ligue 2 dans les deux ans, comme l’avait annoncé le coach, c’est dès la première année que le projet se construit. Quant au staff, il vient de perdre l’intendant Jean-Luc Allouis, parti à la retraite, et Richard Goyet l’entraîneur adjoint au club depuis 2017.

Ce dernier s’est exprimé via son compte Linkedin : « Nîmes Olympique a besoin de retrouver une dynamique, pas seulement au travers des résultats, mais surtout autour d’une envie de fédérer et d’avancer collectivement, étape par étape, autour d’un projet simple, avec des valeurs fortes, dont l’humilité et surtout l’humanité. »

« C’est à croire qu’il a perdu son téléphone »

Du côté de la Mairie de Nîmes, on semble bien impuissant face à l’actionnaire principal du NO. « Avec Assaf, on n’a ni le son, ni l’image. C’est à croire qu’il a perdu son téléphone », explique-t-on à l’Hôtel de ville. Pourtant, le 16 mai dernier, à l’issue de sa rencontre avec le collectif de supporters "Sauvons Nîmes Olympique", Julien Plantier, premier adjoint, avait reconnu que « la situation actuelle ne convenait pas à la Ville avec l’absence de relations sérieuses et constructives avec le club et des relations exécrables avec les supporters ».

« Déjà qu’il ne répond pas à l’entraîneur depuis 10 jours, alors la Mairie… »

Ce jour-là, la ville annonçait vouloir « rencontrer rapidement Rani Assaf » pour lui demander quelle serait la politique sportive du club au vu de la relégation en National qui s’avère inéluctable ? Quel devenir pour le projet urbain en cours et avec quels impacts du fait des mauvais résultats sportifs ? « Déjà qu’il ne répond pas à l’entraîneur depuis 10 jours, alors la Mairie… », confesse un Crocodile désabusé. Le président de NO est le maître du jeu et personne ne semble en mesure de lui imposer quoi que ce soit.

« Si c'est pour nommer un président qui appliquera la même politique, ce n’est pas la peine »

Mais il se dit que Rani Assaf serait en pleine réflexion avec Nîmes (club et ville). Partir ? Rester ? Prendre du recul avec la direction du NO ? « Si c'est pour nommer à la tête du club un président qui appliquera la même politique, ce n’est pas la peine », analyse un membre du club. Le chronomètre de la saison 2023-24 est déclenché et Nîmes Olympique n’est pas encore en ordre de marche. Le chantier est énorme. Les supporters, qui ne se reconnaissent plus dans ce club, ont toutes les raisons d’être inquiets.

Norman Jardin

Nîmes Olympique subit sa deuxième relégation en trois saisons. Les Crocodiles retrouvent le National qu’ils avaient quitté en 2012. Sans supporters et sans âme, le NO poursuit sa dégringolade. Pour avoir négligé certains fondamentaux, le club est puni sportivement.

Après avoir avalé le calice de la honte et du dégoût, les supporters de Nîmes Olympique ont la gueule de bois. Cette descente en National, ils s'y préparaient depuis plusieurs mois, mais elle fait quand même très mal. Surtout quand ils se souviennent que deux ans plus tôt, ils vivaient leur dernier match de Ligue 1. Mais cet échec est le résultat d’une politique, celle du président du club, Rani Assaf. Nous pourrions refaire la liste des décisions du président-actionnaire qui semblaient dangereuses pour le NO (abandon de l’agrément du centre de formation, conflit avec les supporters, politique tarifaire des places au stade, recrutement à bas prix, changement d’entraineur raté...) mais cela serait trop long.

Le travail du duo Blaquart-Boissier dilapidé

Nous ne retiendrons que l'une des plus récentes : celle de supprimer la musique au stade des Antonins, par souci d’économie, malgré les sommes dérisoires en jeu. Si cette décision n’a rien de grave et n’est pas responsable des mauvais résultats, elle est symbolique d’un état d’esprit incompréhensible. 2022-23 n’est que le prolongement d’une chute enclenchée avec le départ de Bernard Blaquart à l’été 2020. Depuis, le club vit une longue agonie. C’est dommage car le bon travail du duo Blaquart – Boissier méritait peut-être quelques égards.

Le stade des Costières puis celui des Antonins ont sonné creux cette année • Photo : Objectif Gard

Au lieu de cela, les semences qui avaient propulsé les Crocodiles dans l’élite du football français, ont été dispersées et rien n’en renaîtra. Mais les dieux du football nîmois réunissent rarement l’homme qui peut et celui qui veut. C’est donc sans recrutement de qualité, sans supporters, ni même de jeunes du club que le NO a chuté. Avoir ces éléments n’assure en rien de se sauver, mais s'en priver sciemment confine à la faute professionnelle. Au mépris de l’évidence, Rani Assaf trace sa route avec en ligne de mire son nouveau stade et son projet immobilier.

Aujourd'hui, le football se venge

Pendant ce temps, le drapeau de Nîmes Olympique, qui n’est pas sans gloire, pend le long du bâton qui le porte, parce qu’aucun souffle de vie ne le soulève. Aujourd’hui le football se venge et le NO fait partie des punis. Ailleurs, d’autres clubs comme Nantes, Niort et Valenciennes payent les gestions fantaisistes de leur président.

Management autoritaire, tentative d’effacer le passé, abandon du centre de formation, les raisons de la colère sont nombreuses dans d’autres clubs français tenus par des hommes d’affaires arrivés avec une vision personnelle de la gestion d’un club où la passion n’a point de place.

Nîmes Olympique n’a gagné que 32 de ses 112 derniers matchs de championnats • Photo : Objectif Gard

Les chiffres sont là pour personnifier la cause des échecs, la nature des malheurs et la raison des tourments. Nîmes Olympique n’a gagné que 32 de ses 112 derniers matches de championnats, et cela, avec quatre entraîneurs différents (Arpinon, Plancque, Usaï et Bompard). Cette période restera dans les annales du football nîmois comme une des plus belles manifestations du gâchis sportif. Face au désastre, les responsables politiques nîmois manifestent leur tristesse. C’est peut-être un peu tard alors que les supporters les alertent depuis des années.

Rendez-vous de la dernière chance avec la Mairie ?

Le ressenti qui est aujourd’hui installé entre les fans du club et sa direction apparait rédhibitoire. Alors quel avenir pour le NO ? Avec Assaf ? Avec les supporters ? Avec un nouveau stade ? Les questions sont plus nombreuses que les réponses et le chantier est considérable. Un rendez-vous entre le propriétaire du club et la Mairie est programmé. Une bonne partie de l’avenir du NO pourrait bien se jouer lors de cette entrevue. Faut-il en attendre une révolution ? Rien de moins sûr, car le président-actionnaire n’a jamais émis l’idée de vendre le club. Il reste le maître à bord.

Une partie des supporters demande le départ de Rani Assaf • Photo : Corentin Corger

Quant aux supporters, ils rêvent probablement un peu moins qu’il y a deux ans. Lors de leur manifestation devant la Maison carrée, le maire, Jean-Paul Fournier, avait promis qu’il serait ferme à l’égard de Rani Assaf. « On va voir ce qu’il a dans le ventre », disait-il avant de laisser échapper quelques larmes. Cette fois, les Nîmois resteront méfiants avant de s’enthousiasmer. La saison 2022-23 n’est pas encore terminée que l’on peut se tourner vers l’exercice suivant, à l’étage inférieur.

Le traquenard du National

Mais Nîmes aurait tort d’y faire preuve de suffisance car ce qui l’attend ne ressemble pas ce qu’il a connu en 2011-12 lors de son dernier passage dans la D3 du football français. Le niveau s’y est singulièrement relevé. Avec deux montées en L2 et six descentes en N2, l'endroit a tout d’un traquenard. À Nîmes, on n’oublie pas que le pire n’est jamais certain.

Norman Jardin

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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