Il était parmi les grands espoirs du football français des années 1980. De passage à Nîmes alors que les Crocos remontaient en D1 en 1991, le natif de Saumur intégrait le club nîmois pour y rester deux saisons durant lesquelles il a marqué de sa délicate empreinte un club qui pense encore à lui. C'est visiblement réciproque, interview.

Objectif Gard : Après les clubs de renoms où vous avez joué, que retenez-vous du Nîmes Olympique ?

Philippe Vercruysse : C'est un club qui a marqué l'histoire du football à travers ses personnalités et son palmarès. Il est évident que les supporters ne peuvent pas être oubliés. Ici, il existe une véritable ferveur populaire. C'est un atout important pour la situation dans laquelle se trouve le club actuellement. C'est un petit OM qui a une grande renommée.

Après votre départ en 1993, avez-vous suivi les Crocos ?

J'ai toujours gardé un œil sur les clubs dans lesquels j'ai joué et cette année plus encore car Lens était en Ligue 2 et a eu du mal. J'ai suivi de très près les résultats de Nîmes et ils sont encore au rendez-vous, c'est assez remarquable. Ils ont failli monter en 2017 et c'est difficile de répéter une pareille saison. Ils font encore mieux, c'est rare ! Je tire mon chapeau aux joueurs et à l'entraîneur car il a su trouver les mots pour remobiliser son équipe. L'aspect psychologique a dû être important dans cette affaire et c'est une belle facette du talent de Bernard Blaquart.

Le système de jeu des Crocos est très offensif mais les titulaires ne se reposent pas trop. Est-ce une bonne chose selon vous ?

Le foot demande autre chose que le simple fait de courir derrière un ballon ! Il faut acquérir de la confiance. Quand on est bien placé, comme Nîmes l'est, il faut savoir y rester. C'est un ensemble de chose qui permet d'y arriver mais la confiance bonifie le reste. J'adore le système de jeu mis en place par Bernard Blaquart, c'est aussi ma philosophie. Garder le même 11 de départ autant que possible me semble être une chose importante pour fixer une hiérarchie et pour ne pas déstabiliser l'équipe. Souvent, faire tourner met le doute... Trouver l'équilibre est primordial afin d'avoir des résultats.

Le match se jouera à guichet fermé. Logique ?

C'est quand même un match événement et c'est très bien que ça se passe à la maison ! Si ça le fait, ça sera la fête. C'est aussi ça le foot, le partage. Je souhaite qu'ils montent en Ligue 1, pour les joueurs et pour le public qui ont connu en 25 ans les hauts et des bas, des déceptions et des attentes. C'est passionnel. C'est le sport. Nîmes est une terre de football car on vibre pour le Nîmes Olympique, même avec des creux de dix ou vingt ans !  Tout le monde s'est retroussé les manches. Beaucoup d'efforts qui ont été faits et ce soir est venue l'heure de la récompense.

Que gardez-vous de votre passage à Nîmes ?

Un sentiment positif. La première année on a dû batailler pour se sauver mais j'ai pu jouer avec des footballeurs talentueux comme Ayache, Perez ou encore le Pelé blanc, Frédéric Arpinon. Rien n'est jamais facile et il faut souvent souffrir pour réussir. Mais j'ai beaucoup apprécié mon passage à Nîmes. J'y ai eu une vie sympa avec des gens sympas, ç'a été une belle période dans ma vie.

Votre meilleur souvenir sous les couleurs du NO ? Paris et votre mémorable volée c'est ça ?

C'est sûr que c'est un match référence mais pour l'ensemble de l'équipe. Battre le PSG alors qu'il était champion de France (vice-champion de France car le titre n'avait pas été décerné cette année là, NDLR), c'est quelque chose de fabuleux. Je n'aime pas trop parler de ma personne ou du côté individuel pour un match mais c'est ce moment-là que j'ai le plus apprécié. C'était un mouvement collectif en plus.

Que fait Philippe Vercruysse aujourd'hui ?

Je suis né à Saumur et je suis revenu sur mes terres. J'ai passé mes diplômes d'entraîneur et j'espère trouver un club en France qui aurait besoin de moi. J'ai des choses à apporter et ça serait un plaisir de retrouver les pelouses. L'échelon m'importe peu. Au plus bas niveau comme au plus haut, le foot reste le foot. Je veux donner une bonne image au football et aux footballeurs, c'est essentiel dans ma vision des choses. Faire progresser mes joueurs et avoir un réel engagement humain, c'est aussi important. Il faut être très honnête dans le sport.

Que pensez-vous de probable futur stade des Costières ?

 

Je n'étais pas au courant mais si la capacité est plus faible que ce qu'elle propose aujourd'hui, ça va un peu à l'encontre d'une possible montée en Ligue 1. Les affiches sont très différentes et ce n'est pas parce que Nîmes a joué devant 8 000 personnes en moyenne cette année que l'année prochaine en Ligue1 le club connaîtra cette même affluence. Il y a un fossé entre les deux divisions. C'est un monde d'écart. Je l'aurais au contraire un peu agrandi. Mais je ne suis pas au cœur du club... Et si le NO jouait les premiers rôles en Ligue 1 l'année prochaine, on fait comment ?

C'est pour ces raisons que vous êtes partis à Nîmes ensuite ? Pour être à la base d'un grand projet sportif avec des gars comme Cantona ou ensuite Laurent Blanc ?

Oui parce qu'à Marseille je sentais qu'on ne comptait plus trop sur moi, j'approchais la trentaine et en France on considère qu'on est fini à cet âge là. Et puis les dirigeants ont eu une proposition de Nîmes et ils se sont peut être dit que si ils me gardaient encore peut être qu'il n'y aurait plus de propositions pour moi passé la trentaine, alors ils ont fait passer l'aspect financier en premier. Et pourtant j'ai prouvé que je n'étais pas fini !! à 34 ans j'ai fait une de mes meilleures saisons à Metz et à 38 j'ai été champion de Suisse.

En revenant su Nîmes, moi j'ai le souvenir de ce but au Parc...
Oui le plus beau de ma carrière




Vous m'avez pas laisser le temps mais c'est la question que je voulais vous poser. En plus un succès de prestige alors que Nîmes était au plus bas.
Oui une victoire 3-2 et je fais encore un doublé face à Paris, on enchaîne ensuite avec une victoire 2-0 lors du derby face à Montpellier mais il n'y aura pa de série, pas d’enchaînements. Le problème à Nîmes c'est que la seconde saison on aurait du avoir du renfort alors que le recrutement a été fait seulement pour remplacer les départs. Car on ne construit pas une équipe en une saison mais en 3 ou 4.

Moi j'avais entendu dire que c'était dans le vestiaire qu'il y avait eu des problèmes et notamment des bagarres entre joueurs ?

Non y a jamais eu de bagarre. Vous avez vu je ne pratique pas la langue de bois mais il n y a pas eu de tels incidents. Vous savez l'ambiance n'était pas exceptionnelle mais elle n'étais pas non plus exécrable juste quelques tensions. C'est sûr que lorsque l'on gagne on est tous amis et puis quand on est dernier du championnat c'est différent mais il y avait beaucoup de respect entre tous les joueurs. Mais ça va peut être vous surprendre mais je garde un bon souvenir de mes années nîmoises. J'ai conservé de bons rapports avec les supporters

Mais c'est une constance ça dans votre carrière. Quand on voit les témoignages des supporters de Lens, Marseille, Nimes ou Metz, vous avez encore une bonne côte de popularité auprès d'eux.


Je pense que c'est une question d’éducation. Il ne faut pas oublier d'où on vient et tous les sacrifices qu'on a fait pour devenir professionnel car vous savez c'est très dur de devenir pro. Et il faut pas tout gâcher une fois qu'on y est arrivé en snobant les gens. Car pour eux aussi c'est dur donc il faut garder la tête sur les épaules et sans vouloir faire de la démagogie, ce sont pas les plus riches qui viennent au stade et eux aussi ils font des sacrifices pour acheter leurs billets, leurs écharpes, leurs maillots. Donc sur le terrain il faut rendre la passion qu'ils vous donnent et je vais aller plus loin il faut accepter leurs critiques quand vous n'avez pas été bons, car ça arrive de ne pas être bon. Il faut savoir l'admettre et le reconnaître. Car sans les supporters il n'y aurait pas de football.

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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