Un dernier hommage a été rendu à l'ancien footballeur international et de Nîmes Olympique Jean-Pierre Adams, ce vendredi 10 septembre, en l'église de Caissargues (Gard).

L'émotion était à son comble ce vendredi 10 septembre après-midi, dans et autour de la petite église de Caissargues (Gard), pour les obsèques de Jean-Pierre Adams, l'ex-footballeur international français qui a notamment joué à Nîmes Olympique de 1970 à 1973.

Ils sont nombreux, anonymes et personnalités, à lui avoir rendu un dernier hommage, à saluer sa famille dans la peine dont Bernadette, son épouse, Laurent et Frédéric, ses deux fils.

Girard, Trésor, Vergnes, Novi...

Parmi eux, des anciens joueurs professionnels de l'OGC Nice (Daniel Sanchez, Albert Gemmrich...) et de la région qui ont cotoyé Jean-Pierre Adams comme René Girard, Jacky Vergnes (le meilleur buteur de l'histoire des Crocos), Jacky Novi, André Kabile et Patrick Champ, le journaliste Jacques Vendroux et son ami Marius Trésor avec qui il formait la fameuse "Garde Noire" des Bleus.

"C’était un garçon sensationnel en amitié, très attachant", assurait Michel Mézy, lors de l'annonce de son décès, "et qui aimait la vie." Il l’a définitivement perdue lundi. Une souffrance et une délivrance. 

Défenseur des Bleus dans les années 1970, Jean-Pierre Adams est décédé ce lundi 6 septembre 2021, au CHU de Nîmes. Il était plongé dans un coma profond depuis 1982, après une opération médicale qui a mal tournée.

L'équipe de France est en deuil. L'ancien footballeur international Jean-Pierre Adams est décédé ce lundi 6 septembre à l'âge de 73 ans, ont indiqué dans la matinée de lundi nos confrères de L'Équipe. Dans les années 1970, il était l'un des piliers des Bleus, avec 22 sélections, mais aussi et surtout grâce au duo magique qu'il formait en défense avec Marius Trésor, la légende du football tricolore. Craint par les autres nations sur les terrains, Jean-Pierre Adams était aussi une terreur des terrains français.

Une erreur d'anesthésie en cause

Formé à Fontainebleau en région parisienne, il avait rejoint le Nîmes Olympique en 1970, avant de rejoindre l'OGC Nice en 1973. Il y passera quatre années, durant lesquelles il sera aligné 126 fois, et marquera 15 buts. Un parcours prometteur, qui lui ouvrira ensuite les portes du tout jeune Paris Saint-Germain, en 1977. À l'époque, le club de la capitale n'existe que depuis 7 ans. Jean-Pierre Adams met un terme à sa carrière en 1980, et s'installe à Chalon-sur-Saône. C'est quelques mois plus tard qu'il devra subir une intervention chirurgicale, a priori banale au genou, mais qui va s'avérer dramatique. Il est victime d'une erreur d'anesthésie, qui va forcer les médecins à le plonger dans un profond coma.

Un hommage à Nice le 19 septembre prochain

Il n'en sortira jamais, passant le reste de sa vie, soit 39 ans, dans cet état. Il avait depuis été transféré au CHU de Nîmes, c'est là qu'il s'est éteint ce lundi 6 septembre. Quelques minutes après l'annonce de son décès, le journaliste Jacques Vendroux lui rendait hommage sur Twitter. "Immense tristesse. En plein accord avec la famille et sa femme Bernadette. Jean-Pierre Adams est parti ce matin au CHU Nîmes. Nous pensons à lui très fort", écrit le journaliste du service public. L'ancien club du joueur, l'OGC Nice, n'a pas non plus manqué de saluer sa mémoire, annonçant un hommage à l'Allianz Riviera le dimanche 19 septembre.

"C’était mon meilleur ami." Ce matin, Jean-Pierre Adams, hospitalisé depuis une semaine au CHU de Nîmes, s’est éteint à l’âge de 73 ans alors qu’il était dans un état végétatif depuis 1982 à cause d’une erreur d’anesthésie durant une banale intervention du genou. Le natif de Dakar a porté les couleurs du Nîmes Olympique de 1970 à 1973. Son ancien coéquipier, Daniel Sanlaville, se souvient encore de leur rencontre. "Il est arrivé au Nîmes Olympique le même jour que moi et Jacky Vergnes. C’était mon meilleur ami, il venait souvent à la maison. Après l’entraînement, on buvait un coup, on était toujours ensemble." Après ce terrible 17 mars 1982, l’ancien défenseur qui prenait des nouvelles auprès de son épouse Bernardette n’a jamais souhaité rendre visite à son ami dans le coma. "Je n’arrive pas à supporter ce genre de truc. J’ai voulu garder une image positive." Michel Mézy, qui l’a bien côtoyé, a lui aussi évité de se rendre dans sa maison à Rodilhan puis à Caissargues. "Je m’y suis toujours refusé car je n’ai pas eu le courage de le voir comme ça, mais je prenais des nouvelles. C’était un garçon plein de vie, c’était un triste moment". Le conseiller spécial du président Laurent Nicollin à Montpellier est forcément touché par cette disparition qui intervient quelques mois après celle d’Henri Noël. "C’est moi qui l’ai fait venir à Nîmes. J’ai demandé à Messieurs Firoud et Rouvière s’il pouvait venir faire un essai et ça a été concluant. La première année, il a pratiquement joué qu’en réserve comme attaquant, Jean-Charles Canetti s’est blessé et M. Firoud l’a fait jouer en équipe première comme demi-défensif. C’était un garçon très charmant, plein de vie." Recordman d’apparitions avec les Crocos, André Kabile (82 ans) se souvient également de la gentillesse de Jean-Pierre Adams : "c’était un bon vivant, on rigolait bien ensemble. Sur le terrain, c’était un gagnant. Un joueur athlétique, très dur sur l’homme, mais il jouait le ballon." En revanche, l’ancien latéral gauche s’était rendu au chevet de son ancien coéquipier, "ça doit faire cinq ou six ans que je n’y suis plus allé. Ça me faisait peine de le voir comme ça sur ce fauteuil alors je n’y allais plus."

En cet après-midi ensoleillé de mai 2017, Bernadette Adams en avait marre. Marre des hirondelles qui avaient envahi l’auvent de sa jolie maison de Caissargues, la banlieue résidentielle de Nîmes. Elles étaient « mignonnes au début » , puis elles lui ont ruiné sa terrasse, l’obligeant à poser des filets. Marre du bruit strident de son visiophone, qui retentissait trop souvent à son goût. « Une fois, c’est l’aide-soignante, une fois le kiné, une autre fois la femme de ménage » , soupirait l’épouse de Jean-Pierre Adams, qui s’occupait de son mari jour et nuit depuis l’accident d’anesthésie qui l’avait plongé dans un état végétatif en 1982. Mais marre aussi, au fond, que ce visiophone ne sonne plus aussi souvent qu’avant. « Tout le monde me lâche. Là, je crois que je suis au bout du rouleau. » 

Jusqu’au décès de Jean-Pierre Adams, ce 6 septembre après 39 ans de souffrance, Bernadette n’a pourtant jamais cessé de prendre soin de son mari. Douze ans de procès pour faire reconnaître les erreurs de l’hôpital qui a transformé une banale opération du genou en coma profond, d’abord, et puis un retour à la maison dès juin 1983. À l’époque où nous lui avons rendu visite, en 2017, Jean-Pierre était installé dans un lit médicalisé américain dernier cri obtenu grâce à l’un de ses fils, électricien dans un hôpital. Petite tonsure sur le haut du crâne, l’ancien footballeur alternait les phases de sommeil et les phases éveillées, yeux dans le vide, mais grands ouverts. Les journées de Bernadette étaient réglées comme du papier à musique : lever 6h45, petit-déjeuner, courses pendant le premier passage de l’aide-soignante, kiné, qui place Jean-Pierre en position assise entre 12h et 14h30, retour de l’aide-soignante, ménage, dîner et mise au lit.

Et pas question de lâcher l’affaire : « Ces derniers temps, je me dis que je vais lâcher, que je vais le placer quelque part, disait-elle à l’époque. Mais si je fais ça, c’est sa fin. Personne ne pourra jamais s’en occuper comme je m’en occupe. » Parce qu’elle était persuadée qu’il pouvait encore ressentir des émotions, Bernadette plaçait chaque jour sur son tourne-disque les albums d’Aretha Franklin, Otis Redding et la fine fleur de la Motown que son mari appréciait particulièrement.

Noces d’or

Bernadette et Jean-Pierre auront été mariés pendant 52 ans. Ils s’étaient rencontrés en 1967 dans un bal à Montargis, et les noces n’avaient qu’un an lorsqu'elle l’avait conduit à Rouen pour un premier essai avec le Nîmes Olympique de Kader Firoud, en 1970. Jean-Pierre était revenu le lendemain, par surprise, sur le lieu de travail de son épouse, vendeuse-retoucheuse dans une lingerie-chemiserie de Gien, dans le Loiret. « Là, il me dit qu’il descend à Nîmes avec l’équipe pour signer son contrat, retraçait Bernadette en 2017. Il est parti un mois sans moi. Je l’ai ensuite rejoint en Simca 1000, avec une de mes sœurs et notre petit. À l’époque, fallait les faire les kilomètres entre Fontainebleau et Nîmes, il n’y avait pas l’autoroute jusqu’au bout. » 

Ce qu’elle ne savait pas, c’est que cette autoroute mènerait au succès. Car Bernadette a vu son mari briller avec Nîmes, puis avec le Nice sexy des années 1970, et bientôt former la fameuse « Garde noire » en équipe de France avec Marius Trésor. « C’est Ștefan Kovács (prédécesseur de Michel Hidalgo à la tête des Bleus, NDLR) qui nous avait surnommés comme ça après une victoire en Pologne, sourit Trésor. Jean-Pierre, c'était un roc. Lorsque l’attaquant arrivait à sortir de ses griffes, il ne restait pas grand-chose, donc c’était tout bénef pour moi. » 

Jean-Pierre Adams et Marius Trésor

Bringueur, surtout à partir de son arrivée au PSG en 1977, Jean-Pierre Adams aura finalement eu une carrière intense, mais courte. Après une fin en pente douce à Mulhouse puis à Chalon-sur-Saône, il avait ouvert en grande pompe son magasin d’articles de sport, avant que le sort ne coupe court à sa reconversion. Avec les années, ses anciens coéquipiers avaient, pour la plupart, arrêté de lui rendre visite, soit parce que la vision de Jean-Pierre les attristait trop, soit parce qu’ils étaient trop vieux pour faire le déplacement. Bernadette était déçue, mais elle n’a jamais baissé le bras. « J’espère tout de même qu’un jour il se réveillera » , se convainquait-elle encore en mai 2017.

Quelques semaines plus tôt, Chuck Berry, l’inventeur du rock’n’roll, avait cassé sa pipe à 90 ans. Comme c’était l’une des idoles de son mari, Bernadette lui en avait fait écouter quelques morceaux sur leur vieille platine. « Quand la musique a commencé, il a écarquillé les yeux, j’aurais juré que ça lui évoquait quelque chose. C’est une des rares fois où j’ai cru percevoir un signe de lucidité. » Coïncidence ou non, alors qu’elle évoquait l’anecdote, une larme s’était mise à couler sur la joue de Jean-Pierre. Son épouse lui avait essuyé doucement le visage. Quatre ans plus tard, Jean-Pierre Adams n’est plus, mais la bande-son subsiste.

"Une à Nîmes" n° 45

 

 

Avec Marius Trésor, il formait la "garde noire", imageant parfaitement la sécurité que les deux hommes apportaient à l'Equipe de France. Jusque ses 22 ans, Jean-Pierre Adams évoluait pourtant au poste d'avant-centre. Repéré par Kader Firoud, l'entraîneur du Nîmes Olympique, il rejoint les Crocodiles en 1970. Le franco-sénégalais venait de remporter la finale du championnat de France amateur avec l'Entente Fontainebleau. Envoyé en DH dans un premier temps, Adams s'impose rapidement au sein de l'entre-jeu gardois. Sa progression est telle qu'il est appelé en Equipe de France dès 1972. Il dispute son premier match international lors d'un tournoi organisé à Rio, que les Bleus débutent en affrontant une sélection continentale, l'Afrique. 

L'Afrique, Jean-Pierre Adams la quitte en 1958. Il a alors dix ans. Sa grand-mère, qui l'a élevé, cède à un appel mystique et l'inscrit dans un établissement scolaire religieux à … Montargis. L'aïeul repart à Dakar, et l'enfant seul est finalement recueilli par un couple de retraités d'un village environnant. Au terme de ses études, Adams travaille chez un fabriquant de produits de caoutchouc, et écume les clubs du Loiret, sans se fixer nulle part. La première étape de son ascension vers le professionnalisme se produira quand son ami, Beudot, le rabat vers l'Entente Fontainebleau. Adams s'y imposera, mais il perd son ami dans un accident de voiture, dont lui ressort indemne. Premier grand drame de son existence. 

Athlétique, volontaire, Adams va apprendre sur le tas une fois intégré à l'effectif du Nîmes Olympique. Brillant élève, il est transféré en 1973 vers l'OGC Nice, un cador de l'époque. Au fur et à mesure que sa carrière progresse, le franco-sénégalais recule sur le terrain. Il finit par se fixer dans l'axe de la défense. En 1976, il connaît sa dernière sélection en Bleu. Le changement de sélectionneur et le choix d'Adams de s'engager avec le PSG en 1977 vont avoir raison de sa carrière internationale. Club flambant neuf et ambitieux, le PSG va cumuler ennuis sportifs et en coulisses (scandale de la double billetterie), lors des deux saisons qu'honorent le stoppeur. 

Au final, Adams a toujours considérée sa carrière professionnelle comme une sorte d'heureux accident. En 1981, une rencontre entre anciens du PSG et Auxerre fait office de jubilé du stoppeur. La célébration se déroule à Chalon-sur-Saône, où le défenseur tape encore le cuir en DH. A Chalon, Adams ouvre un magasin de sport. Ce père de deux enfants vient d'entamer une vie d'heureux provincial, quand une rupture du tendon le contraint à passer sur le billard. «Tout va bien, je suis en pleine forme. C'est à 11H que je vais être opéré. Pense à moi quand même, mais vient me chercher dans huit jours, et n'oublie pas alors, une paire de béquille !». Ce sont les derniers mots de Jean-Pierre Adams, prononcés le 17 mars 1982 avant d'entrer en salle d'opération, et tirés de la biographie que lui a consacré Doris Rognon. L'ex-binôme de Marius Trésor ne se réveillera jamais, victime d'une terrible erreur de l'anesthésiste. Depuis, sa femme, Bernadette, veille sur lui à Rodilhan, près de Nîmes. Des stades, gymnases portent son nom, comme s'il s'agissait d'un défunt. 

 

 

Madame Adams et ses enfants
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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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