Cubas, petit mais (très) costaud

13 octobre 2020 BeinSports  

 

Andrés Cubas n'est pas venu à Nîmes pour prendre le soleil. Le nouvel international paraguayen (24 ans) le connaît déjà assez, que ce soit dans son pays ou ensuite en Argentine, où il est né puis retourné à l'âge de douze ans. Et pas n'importe où : à Boca Juniors, où Carlos Bianchi a lancé le milieu défensif alors qu'il n'était même pas encore adulte. "Cubas, c'est N'Golo Kanté, s’enflamme l'ancien buteur du PSG pour So Foot. C'est toujours le milieu qui va cavaler le plus, il récupère beaucoup de ballons. Il travaille pour les autres, comme pouvait le faire Didier Deschamps à son époque. Milieu défensif, c'est la première barrière, ça nécessite aussi d'avoir une conception très stratégique du football."
En 2015, Carlos Tévez le jugeait comme "un phénomène", Juan Roman Riquelme voulait aussi "le voir jouer plus souvent". Bref, Cubas n'est pas n'importe qui. Néanmoins, il n'a fêté sa première sélection qu'en fin d'année dernière, le confinement ayant retardé sa deuxième cape jusqu'au tout récent match face au Pérou (2-2). C'est son expérience à Talleres, qu'il a rejoint en 2018, qui lui a permis de lancer enfin véritablement sa carrière.
Son coach Alexander Medina l'y a vu "monter en puissance" : "La vérité, c’est que l’Argentine vient de perdre un grand joueur. Son potentiel pour réaliser une grande carrière en Europe est important, et il n’est pas encore au maximum de son rendement. J'imagine qu’il va devenir un cadre de l’équipe nationale." Pour Carlos Bianchi, "Nîmes va devoir batailler physiquement et tactiquement, en clair toutes les qualités de Cubas !" Son coach chez les Crocos, Jérôme Arpinon, était visiblement bien renseigné au moment de commenter la signature de son milieu de poche (1,66 m) au mois de juillet : "Il a une belle qualité technique, il est agressif sur le porteur. C'est un profil précis que je voulais en priorité."
"Il est dur sur l'homme et difficile à passer, il a un bon jeu long, contre Lyon il a récupéré un nombre incalculable de ballons, confirmait plus récemment son coéquipier Anthony Briançon (pour Téléfoot). Pour les défenseurs centraux, c'est fantastique d'avoir un joueur comme lui devant nous." C'est donc sans surprise que Cubas, buteur contre Rennes (2-4), est déjà un cadre à Nîmes - qui a incontestablement réussi un très gros coup, à seulement trois millions d'euros. Et qu'Eduardo Berizzo, l'ancien joueur de l'OM, l'installe dans le même rôle au sein de sa sélection.

ANDRÉS CUBAS, SUR UN AIR DE RÉVOLUTION

Nouvelle recrue estivale pour animer l’entrejeu nîmois, Andrés Cubas débarque dans le championnat de France afin de s’imposer pour de bon en Europe. En Argentine, le milieu de terrain formé à Boca s’est rapidement fait un nom grâce à Tévez et Riquelme.

PAR ANTOINE DONNARIEIX SO FOOT VENDREDI 18 SEPTEMBRE
Cela devait être une fête, ce fut finalement une défaite. Après avoir, le Nîmes Olympique accueillait le grand frère rennais pour lui faire subir la loi locale. Si l’ouverture du score de Serhou Guirassy est venue jeter un coup de froid dans l’enceinte gardoise, l’égalisation n’a pas tardé à pointer le bout de son nez. Grâce à qui ? À Andrés Cubas, assez à l’aise techniquement pour enchaîner un contrôle parfait du pied droit suivi d'une demi-volée pure du pied gauche droit dans le petit filet de Romain Salin. Une égalisation qui n’empêchera finalement pas les Crocos de s’incliner au terme d’un match spectaculaire (2-4). Mais avec sa nouvelle recrue venue d’Argentine, Nîmes est-il tombé sur un oiseau rare ?

Bianchi : «Vous voyez Kanté ? Hé bien Cubas, cest pareil»

Natif d’Aristóbulo del Valle, ville de la province de Misiones coincée entre les frontières paraguayennes et brésiliennes, Andrés Cubas grandit en Argentine aux côtés de son père Francisco et de sa mère Maria, tous les deux nés au Paraguay. Dès ses 12 ans, l’enfant quitte sa région pour s’installer à Buenos Aires où Boca Juniors lui fait les yeux doux. Issu d’une famille de la classe moyenne, Cubas récite ses gammes jusqu’à convaincre Carlos Bianchi de lui laisser sa chance le 5 mai 2014 contre le CA All Boys, à seulement 17 ans. « J’aimais son sens du sacrifice et son abattage physique, se rappelle l’entraîneur de l’équipe première des XeneizesJe l’avais repéré dans les équipes de jeunes et j’ai décidé de le placer en équipe réserve dans un premier temps. Sa technique est bonne, et malgré son petit gabarit (1,66 mètre, N.D.L.R), c’est quelqu’un de très accrocheur. Au poste de milieu défensif, il possède les qualités pour rendre service, car il détient une intelligence tactique intéressante. » Au sein de Boca, le joueur partage le vestiaire avec son ancienne idole Fernando Gago et récolte le surnom de « Pulpo » (Poulpe, en VF). Courant 2015, la Juventus s'intéresse à lui. Il faut dire qu'à l'époque, Carlos Tévez le qualifie de « phénomène », tandis que Riquelme souhaite le voir « plus souvent sur le terrain » . Prometteur.
« À cet âge-là, il écoutait beaucoup plus qu’il ne parlait, rembobine Bianchi. Sa discipline lui permettait d’avancer rapidement et de se faire une place au sein de l’équipe. Ici, le poste de milieu défensif est vraiment une place particulière, c’est la première barrière et cela nécessite aussi d’avoir une conception très stratégique du football. Vous voyez N'Golo Kanté ? Eh bien Cubas, c’est pareil : il est toujours le milieu de terrain qui va le plus cavaler, il récupère beaucoup de ballons. Aujourd’hui encore, Cubas travaille pour les autres comme pouvait le faire Deschamps à son époque. » Une comparaison élogieuse qui n’empêche pas de constater que le milieu récupérateur s’est aussi cogné en route : prêté à Pescara lors de la saison 2016-2017 de Serie A, il ne joue que huit petites minutes contre l’Inter en six mois de prêt. « C’était une mauvaise expérience sur le plan sportif, confie l’intéressé dans un entretien accordé à La Nación en mars dernier. L’entraîneur qui avait donné son accord pour que je vienne (Massimo Oddo, N.D.L.R) s’est fait virer après mon arrivée, et son remplaçant (Zdeněk Zeman, N.D.L.R) ne m’a donné aucune chance pour me montrer ensuite. » Résultat ? Retour en Argentine, où le footballeur va finir par trouver son équilibre.
 

En 2018, Cubitas quitte son club formateur pour s’aguerrir du côté de Talleres, à Córdoba. « Dans une équipe comme Boca, ce n’est pas simple de se faire une place quand tu es jeune et formé au club, explique Alexander Medina, actuel entraîneur de Talleres et aux côtés de Cubas pendant un an. Il y a de la pression, de l’histoire et beaucoup d’exigence. Ici, il s’est senti à l’aise dès le début dans le club comme dans la ville et surtout, il avait des minutes de jeu pour s’exprimer. Cela l’a libéré, il est devenu l’un des milieux de terrain du tournoi en 2019-2020. Toute l’année, nous avons travaillé ensemble sur l’aspect offensif et la projection vers l’avant car défensivement, il était au point. Je l’ai vu monter en puissance et devenir un joueur complet de niveau international. » À maintenant 24 ans, Andrés Cubas a définitivement tiré un trait sur l’Albiceleste et s’est engagé à défendre le pays de ses parents après un deuxième appel du pied des Guaraníes« La vérité, c’est que l’Argentine vient de perdre un grand joueur, considère Medina. Son potentiel pour réaliser une grande carrière en Europe est important et il possède encore une marge de progression, il n’est pas encore au maximum de son rendement. Dès lors, j’imagine que le Paraguay va bénéficier de ses services pendant encore longtemps et qu’il va devenir un cadre de l’équipe nationale. »
Transféré pour 3,4 millions de dollars au Nîmes Olympique cet été, Cubas semble désormais prêt pour sonner la charge en Ligue 1. « Il intègre une équipe qui sait qu’elle devra s’accrocher pour obtenir des résultats, analyse Bianchi, ancien buteur du Stade de Reims et du PSG. Cette philosophie correspond beaucoup à la mentalité du joueur, car Nîmes est une équipe qui va devoir batailler sur le plan physique comme tactique. En clair, ce sont toutes les qualités de Cubas ! Je suis persuadé qu’il va réussir en France, car je vois beaucoup de points communs avec mon ancien coéquipier Jean-Claude Lemoult (milieu de terrain passé par Paris, Montpellier et Nîmes, N.D.L.R). En tout cas, il possède toutes les capacités pour que cela se passe très bien. » À commencer par la manière de se présenter en conférence de presse. « Ma taille m'oblige à moins aller au duel et à davantage anticiper, mais j'y suis habitué, je suis prêt à relever le défi, évoque la recrue dans sa langue natale. Je viens avec beaucoup d'ambition de montrer ce que je vaux et de rendre au club la confiance qu'il a placée en moi. Je veux laisser une trace à Nîmes. » Tout porte à croire que son premier but chez les Crocos ne sera pas son dernier dans sa conquête de la France.
PAR ANTOINE DONNARIEIX Propos de Bianchi et Medina recueillis par AD.

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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