Supporter des Verts et formé à l’ASSE, Cédric Horjak a aussi joué pendant sept saisons au Nîmes Olympique. Installé à Caissargues et abonné au stade des Costières, l’ancien milieu de terrain évoque les bons et les mauvais souvenirs de sa carrière.

Objectif Gard : Dans quelles circonstances êtes-vous arrivés à Nîmes en 2003 ?

Cédric Horjak : L’année d’avant j’ai signé à Arles, car Lausanne, où j’étais, a déposé le bilan. Il y avait des contacts avec Cherbourg et le Valenciennes de Didier Ollé-Nicolle. J’ai refusé ces deux clubs car je ne voulais pas jouer en National. Finalement je me suis retrouvé le bec dans l’eau et j'ai signé à Arles, en CFA 2. Puis Ollé-Nicolle s'est engagé avec Nîmes et après un essai, j'ai signé un an en amateur puis je suis resté sept ans.

Votre période au Nîmes Olympique correspond, en grande partie, aux années en National. Ce n’était pas trop frustrant ?

Si énormément car j’aspirais à jouer au niveau supérieur, mais je me suis complètement retrouvé dans ce club. C’est avec Nîmes que je voulais vivre la L2.

Vous avez vécu beaucoup d’émotions personnelles dans le Gard...

Oui. La première année, je perds mon père. À cette époque, Reims m’a contacté mais c’était une période difficile, le club et mes coéquipiers m’ont beaucoup épaulé. Je ne me sentais pas de partir.

Il y a eu beaucoup d’opportunités de quitter de Nîmes ?

Oui, Reims, Bastia, Clermont et Valenciennes en D2.

Regrettez-vous d’être resté ?

Non, parce que je n’avais pas forcément le niveau Ligue 1. Et puis Nîmes c'est à part. Il y a certains clubs de L2 où je me serais moins régalé qu’ici. Je n’en avais rien en foutre de mon ego, ce qui m’importait c’était d’être bien dans mon club.

Quel est votre meilleur souvenir de l'épopée de 2005 en Coupe de France ?

C’est l’ASSE. Je venais de passer les fêtes de Noël à Saint-Étienne et je m’étais fait un peu brancher. Au bout d’un quart d'heure on est menés 0-2 avec deux buts de Piquionne. Je me suis dis : "on va en prendre comme aux boules" et finalement on gagne 3-2. L’ambiance était extraordinaire dans le stade des Costières.

Et le match contre Nice ?

Grandiose. C’était un mardi soir. Il faisait froid et la pelouse était pourrie. Pour nous c’était tout bénef'. On leur en a mis quatre. En face, il y avait Florent Balmont. C’est un Lyonnais et on s’est connu en catégories jeunes. On ne s’aime pas. Avec lui, la rivalité était énorme. C’est un super joueur et je n’ai pas fait sa carrière mais ça m’a fait plaisir de prendre le dessus sur ce match.

La Coupe de France vous a-t-elle coûtée l’accession en Ligue 2 ?

J’en suis certain. Inconsciemment ça a bouffé des joueurs. Certains ont été contactés par d’autres clubs. Et après, quand il fallait aller à Romorantin ou Cherbourg, ça ne leur faisait plus trop envie. À la fin on termine cinquième. Je peux même vous faire la composition. Dans les buts, il y avait Duchesne. En défense centrale : Pasqualetti, Yao et Kandé, Cantareil à gauche et Benhamou à droite. Au milieu, je jouais avec Dembélé. Après il y avait Chavas, Enza-Yamissi, Beyrac, Verschave et Coulibaly. C’est des bons mecs et des guerriers.

L’apothéose intervient en 2008, avec la montée en Ligue 2.

J’ai cru qu’on n’allait jamais y arriver.

D’autant qu’une semaine auparavant vous pouviez monter à Pau. 

Nous savions qu’en cas de victoire on montait en L2. Après avoir mené 3-2, ils jouaient à dix et on perd 4-3 dans les dernières minutes.

C’était une faute professionnelle ?

Non, mais on nous en avait mis plein la tête. C’était pendant la Feria, on allait nous accueillir à Nîmes comme des rois. Je m’en foutais, ce qui m’importait c’était de jouer en L2.

Puis vient le match historique contre Laval.

Extraordinaire. Il y avait une ambiance de fou. Le stade était plein avant qu’on arrive. J’ai le DVD que je me suis passé trois ou quatre fois. Quand je revois le match, j’ai envie d’appeler mes coéquipiers pour les remercier. C’est le plus grand moment de ma carrière.

Pourtant vous encaissez le premier but ?

À ce moment, j’ai dit à Mostefa : "On ne peut pas perdre, on n’a pas le droit." À aucun moment je n’ai envisagé autre chose que la victoire.

Ensuite vous reprenez le match en main.

Il y a nos deux buts avant la pause et c’est moi qui fais la grande ouverture pour Malm sur le troisième. Après, c’est la guerre. Je m’embrouillais avec l’arrière droit. Il ne fallait pas venir manger dans notre assiette. Quand le match se termine, les supporters ont envahi la pelouse. Il y avait tellement de gens autour de moi que je ne pouvais plus respirer. J’ai fait la fête pendant trois jours.

La suite est moins joyeuse avec vos blessures.

Il y a d’abord eu le ménisque du côté gauche. Je me suis fait opérer et au bout de trois semaines, je rejouais aux Costières. Après la montée en Ligue 2, je me suis blessé au genou pendant un entraînement. À partir de là, ça a été la galère. J’avais mal mais je ne le disais pas, car j’avais trop envie de revenir. En plus, il y avait le derby à Montpellier en ligne de mire. J’ai rejoué et je me suis à nouveau blessé.

Qui était vos amis ?

On avait une clique avec Ech-Chergui, Chavas, Duchesne et Benhamou. Je m’entendais très bien aussi avec Beyrac, Kandé, Colloredo mais je vais en oublier et ça va m’énerver.

Comment se passaient les déplacements ?

On se tapait 12h de bus pour aller à Romorantin où Cherbourg. Dans le bus, nous avions une table pour jouer au tarot avec Beyrac, Brouard et Duchesne. Selon la tournure des parties, c’est limite si Régis ne nous faisait pas jouer (rires).

Parlez-nous de vos entraîneurs à Nîmes...

J'ai commencé avec Ollé-Nicolle, un très bon mec.

Régis Brouard ?

Un super mec qui n’était pas trop aimé par les supporters, car il pouvait avoir un air un peu arrogant. C’est avec lui que je suis devenu capitaine. C’est dommage que ça n’ait pas marché avec lui.

Laurent Fournier ?

Ce n’était pas un entraîneur. Il a cru qu’il était à Manchester ou à Arsenal. Il voulait être manager à l’anglaise et il ne faisait pas les entraînements. Ça s’est très mal passé. Je me suis même engueulé avec le président (Jean-Louis Gazeau). Le match suivant, je me suis retrouvé remplaçant à Sannois-Saint-Gratien. On a perdu, le coach a démissionné. J’étais bien content qu’il parte. Ensuite, quand il est remonté à Paris, il ne s'est pas gêné pour dire qu’on était des chèvres.

Jean-Luc Vannuchi prend la suite.

L’équipe était en morceaux et je n’étais pas bien. Il m’a demandé : « comment tu te sens ? » J’ai répondu que j’étais vidé, que je ne voulais plus porter le brassard. Il m’a alors regardé et il a dit : « tu es mon capitaine et tu es ma base ». En deux matches, Vannuchi m’a redonné le goût de jouer et j’ai fait les six meilleurs mois de ma carrière.

Vous avez terminé avec Jean-Michel Cavalli.

Ce n’étais pas mon pote. À la fin de la saison 2008-2009, Arles-Avignon m’avait contacté. Mais Cavalli répond à Arles-Avignon qu’il compte me faire jouer. J'étais content. À mon retour de vacances, après trois jours d’entraînement, le club recrute Stéphane Auvray. Cavalli m’annonce que je n’aurais pas de temps de jeu. Entre-temps, Arles-Avignon avait recruté Thomas Ayasse et Sébastien Piocelle. Et je me suis blessé.

Quel est votre opinion sur le président Jean-Louis Gazeau ?

Ça a toujours était quelqu’un de droit et de franc. Je n’ai rien à lui reprocher.

Y a-t-il quelques buts qui vous restent en mémoire ?

J’en marquais trois ou quatre par saison.

Vous n’étiez pas Robert Malm quand même ? 

J’aurais bien aimé. Mais bon, ne plus avoir de cheveux à 30 ans, ça m’aurait fait chier (rires). Plus sérieusement, le plus important, c’est celui que j’ai marqué quand Bastien, le jeune supporter, est mort. Bastien était un membre des Gladiators atteint d’une maladie. On est devenu très amis. Deux jours après son décès, je marque un but aux Costières. C’était beaucoup d’émotions.

Et vos années Stéphanoises ?

J’ai été champion de France U17 ans avec l’ASSE, international U16, U17 et U18. Pour ma deuxième année en pro, j’ai été champion de D2. Quand le club est monté en L1, j’ai un peu joué mais à un moment il a fallu que je choisisse entre le Lorient de Christian Gourcuff en L2 et Lausanne en D1 Suisse. J’ai choisi Lausanne. Je n’ai pas de regrets.

Il y a eu des moments compliqués à Saint-Étienne ?

Quand je suis arrivé dans le groupe pro, il y a quelques anciens qui m’ont fait chier. Ils avaient peur pour leur place. Il y en a qui m’ont fait souffrir, ça m’a forgé.

C’est quoi être Stéphanois ?

C’est être vaillant. Tu es obligé. Mes grands-parents ont été mineurs, alors si tu entres sur le terrain et que tu fais la starlette, ils n’aiment pas ça.

Et être Nîmois ?

Il y a beaucoup de passion à Nîmes. Ici, il faut aussi être un gladiateur dans l’arène. Je me souviens d’un match contre Pau où on était mené 0-2 et le public criait « Olé ! » à chaque passe de notre adversaire. Je pétais un câble et je taclais de partout. J’avais envie d’insulter tout le monde. On peut dire que le Stéphanois est vaillant, et le Nîmois est passionné.

Vous pouviez être méchant sur un terrain ?

J’avais beaucoup d’envie mais je ne me suis jamais dit : « lui, je vais lui casser la jambe. »

Jamais ?

Ça m’est arrivé une ou deux fois parce que le mec en face était vraiment un enfoiré mais je n’étais pas un joueur méchant.

Suivez-vous toujours l’actualité du Nîmes Olympique ?

Avec mon fils, on est abonnés en tribune Sud.  Quand il y a un Nîmes – ASSE, mon fils est pour Nîmes et quand il y a un OM – ASSE, il est pour Marseille, c’est frustrant.

Et vous quand il y a un Nîmes – Saint-Étienne ?

J’ai dit un jour que j’avais le cœur vert et le sang rouge, c’était vraiment de la langue de bois. C’est compliqué pour moi. D’un côté il y a mon club de cœur, la ville où je suis né, et de l’autre il y a le club qui m’a procuré le plus d’émotions. Je suis attaché aux deux.

Que devenez-vous depuis l’arrêt de votre carrière ?

Je suis commercial à Nîmes dans la fabrication d’équipements sportifs. Je joue aussi beaucoup à la pétanque, depuis toujours. Lors d’un stage de préparation à Saint-Chély-d’Apcher, le coach Ollé-Nicole fait équipe avec Weber et il dit à la cantonade : « on en prend deux et on les massacre ». Loïc Chavériat a relevé le défi, il m’a choisi comme partenaire. Résultat 13-0. J’ai mis Fanny à Ollé-Nicole. Après l’entraîneur me choisissait toujours pour jouer avec lui.

 

Propos recueillis par Norman Jardin

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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