Ripart, un taureau camargue de la manade bellegardaise Didelot, a été baptisé en hommage à l'emblématique footballeur du Nîmes Olympique. À l'aube de sa carrière, de grands espoirs sont placés en lui.
À la manade Didelot, on aime les stars du ballon rond. Et les footballeurs sont souvent une source d'inspiration quand il s'agit de baptiser un taureau. "Je suis supporter de l'AS Saint-Étienne depuis mon enfance, justifie Daniel, éleveur depuis 1982. Alors, je me suis souvent amusé à rendre hommage à des légendes des Verts. Parmi nos meilleurs taureaux ces dernières années figurent notamment Larqué, Piazza ou Sablé."
Plus récemment, et depuis son association avec l'éleveur Benjamin Bini, fan de l'OM, ce sont les joueurs marseillais qui ont la côte au sein de la manade bellegardaise. "On a appelé des taureaux Brandao, Sanson et Thauvin", explique ce dernier qui suit aussi de près les résultats du Nîmes Olympique.
Proche des deux manadiers, André Paillet, président du club taurin de Remoulins, est quant à lui un supporter inconditionnel des Crocos. "J'ai soufflé l'idée à la manade Didelot de nommer une bête Ripart, indique-t-il. C'est un joueur qui revendique son amour de la tauromachie, ce qui est de plus en plus rare chez les personnalités publiques. C'est une bonne chose pour nos traditions que quelqu'un comme lui se mouille pour nous."
Et un juste retour des choses de baptiser un taureau à son nom. "Je l'ai contacté et il est venu à la manade, poursuit Benjamin Bini. Il a été emballé par l'idée et il est même venu le voir courir à Remoulins l'été dernier en course de Ligue. En course camarguaise, il s'agit des épreuves dédiées aux jeunes taureaux de moins de six ans. À ce niveau-là, ils ont simplement un numéro, le nom vient dans les catégories supérieures."
Mais par sa vitesse et son intelligence, Ripart ne tarde pas à attirer les regards des spécialistes. "C'est un taureau très intéressant, s'enthousiasme Daniel Didelot. Il sait se placer et défend bien ses attributs. Il a réalisé une très belle saison et s'est fait remarquer parmi les taureaux de sa catégorie. Il était craint par les jeunes raseteurs."
Autant craint que Renaud - le footballeur - par les défenseurs de Ligue 1 ? À l'automne en tout cas, le meilleur buteur des Crocos a fait découvrir à ses coéquipiers Baptiste Reynet, Nolan Roux et Lucas Deaux la manade Didelot avec laquelle il entretient désormais une relation particulière. "Je me suis pas mal fait chambrer dans le vestiaire, rigole Renaud Ripart. Ils m'ont dit qu'il faisait plus peur que moi. Plus sérieusement j'ai été touché car je suis la course camarguaise depuis tout petit. Si on m'avait dit que je donnerais mon nom à un taureau, je ne l'aurais pas cru !"
Alors que le vice-capitaine du NO se bat pour maintenir le club en Ligue 1, Ripart démarre quant à lui sa carrière. Tout juste adulte, il doit disputer cette saison ses premières courses au Trophée de l'Avenir, l'équivalent de la 3e division de la course camarguaise. "La seule fois où je l'ai vu courir il a gagné la course, indique le footballeur. Il a un bon potentiel et je vais suivre sa carrière. S'il pouvait arriver jusqu'aux As ce serait super."
"C'est un beau taureau qui a d'énormes qualités, souligne quant à lui André Paillet. Il risque de faire parler de lui dans les prochaines années. D'autant qu'avec son nom, il ne passera pas inaperçu. Les spectateurs des arènes fréquentent aussi souvent les stades de football."
Attendu au Grau-du-Roi dimanche dernier, Ripart n'a pas pu montrer son potentiel sur la piste, la course ayant été annulée en raison de la crise sanitaire. Les Gardois devront donc patienter pour le découvrir. Peut-être dans les arènes de Sommières, où il est programmé le 16 mai ? Le même jour, Renaud et les Crocos disputeront leur dernier match de la saison contre Lyon. Destins croisés ?
Boris Boutet - 15/04/2021
Renaud Ripart : « Je préfère être arrière droit en Ligue 1 qu’attaquant en National »
En stage avec le Nîmes Olympique à Albertville, Renaud Ripart, vice-capitaine, va entamer sa neuvième saison avec les Crocos, la troisième en Ligue 1. Le confinement, cette préparation particulière, le départ de Bernard Blaquart, la possibilité de le voir évoluer arrière droit, l'effectif actuel et son ami Paul Bernardoni, le maestro des Costières fait le point à l'aube de disputer ce soir (18h) face à Strasbourg le premier match de cette préparation estivale.
Objectif Gard : D'abord Renaud, comment s'est passé votre confinement ?
Renaud Ripart : Comme tout le monde ce n'est pas une situation facile à gérer. Dans ma situation, je n'avais pas d'entreprise à faire tourner. On a été au chômage partiel c'est sûr mais on n'a pas été affecté non plus. On n'a pas perdu tout nos revenus donc je pense que là-dessus il faut relativiser. Il y a des gens qui ont été beaucoup plus pénalisés que nous durant cette période. Et puis ça a entraîné l'arrêt du championnat ce qui nous a, c'est certain, favorisé. Même si on serait peut-être aller chercher le maintien sur le terrain. Ce n'était pas évident pour tout le monde mais l'on n'est pas à plaindre comparé à certains.
Quel regard portez-vous sur cette situation inédite que l'on a vécue ?
Ce qui est bien je trouve c'est que ça nous a tous permis de nous recentrer sur des choses un peu plus essentielles : la famille et les amis. Se rendre compte que ce qui nous manquait pendant le confinement c'était peut-être plus les relations et le lien social que l'on a noué avec certaines personnes. Au-delà de tout ce qui est matériel, le plus important c'est voir ses proches et passer du temps avec les gens que l'on apprécie.
Sur le plan physique avez-vous réussi à vous maintenir en forme ?
J'ai essayé du moins jusqu'à ce que je sache que la saison était terminée. On avait un programme bien détaillé avec le club fait pour que l'on perde le moins possible physiquement. Après c'est sûr ce n'est pas les mêmes efforts. S'entraîner tout seul ce n'est pas pareil. Ça n'a rien à voir par rapport à un groupe. Il manque le fait de se lever le matin et d'arriver au vestiaire avec cette vie d'équipe. Même si on s'est entraînés quasiment tous les jours pendant ce confinement, on a tous perdu musculairement car ce n'est pas la même charge de travail. Là où le staff a été intelligent, étant donné que la préparation a été plus longue qu'à l'accoutumée, c'est qu'il nous a laissé le temps de nous réathlétiser.
Le protocole sanitaire mis en place pour reprendre votre activité vous perturbe-t-il au quotidien ?
Ça surprend toujours un peu. On n'est pas habitués à ça. Cela fait déjà deux fois que nous avons été testés. S'il faut ces mesures pour continuer à jouer au football et surtout éviter que le virus se propage, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures et les appliquer. Aujourd'hui, la santé est plus importante que le football. Rien que le fait de voir ses coéquipiers, de rigoler à nouveau tous ensemble, de se chambrer, de discuter de tout et de rien, ce sont des choses qui font à quel point c'est essentiel au quotidien.
Concernant le départ de Bernard Blaquart, comment l'avez-vous appris ?
On était plus ou moins au courant car certains joueurs qui sont là depuis longtemps ont une relation particulière avec le coach. Quand tu as quelqu'un avec qui tu t'entraînes pendant cinq ans, forcément tu crées des liens. Il nous avait plus ou moins fait comprendre qu'il avait envie d'arrêter, c'était son choix. Il aurait bien aimé rester au club, malheureusement ça ne s'est pas fait c'est comme ça. J'ai pu voir qu'il se régale sur son début de retraite quand vous l'avez rencontré chez lui. Il avait l'air bien et content.
Depuis le début de votre carrière est-ce l'entraîneur qui a le plus compté pour vous ?
Bien sûr ! Sans aucun doute. Déjà c'est l'entraîneur que j'ai eu le plus longtemps et c'est celui qui m'a fait le plus confiance. Grâce à lui je suis devenu un joueur de Ligue 1. Je lui dois énormément. Quand je suis revenu du CA Bastia je ne jouais pas trop avec Pasqualetti. Il m'a repositionné sur le côté et j'ai enchaîné les matches. Quand tu es jeune et que tu débutes en pro, si tu as la confiance de ton entraîneur tu ne joues pas pareil. On va rester en contact, il n'y a pas de raison.
Et du coup comment avez-vous accueilli la nomination de Jérôme Arpinon au poste de numéro 1 ?
C'était la continuité. Ils formaient un bon duo avec Bernard dans le sens où Bernard était un peu plus mesuré et Jérôme prenait plus les séances. Le coach était plus en retrait. Maintenant c'est son tour, il a passé tous les diplômes pour que ce moment arrive, c'est un choix logique. Il connaît bien le groupe et le staff. Il n'y avait pas de raison d'aller chercher quelqu'un ailleurs.
On a le sentiment qu'avec Jérôme Arpinon, la vie de groupe est davantage cadrée. Est-ce une réalité ?
Pas spécialement. Les règles de vie c'est aussi à nous les joueurs de nous les imposer. Je veux dire que les gens le voit plus comme quelqu'un de rigoureux. Après, sans travail il n'y a pas de rigueur et inversement. C'est important si on veut avancer et tirer tous dans le même sens.
Le coach envisage de vous faire jouer arrière droit. Ce poste vous convient-il ?
Comme je dis souvent j'aime être sur le terrain, peu importe le positionnement. Après, arrière droit il y a deux saisons j'avais fait plus d'un tiers à ce poste-là. Je m'y plaisais bien. C'est un poste qui peut me convenir. J'essaie de m'adapter à n'importe quelle situation. C'est peut-être là où je peux encore progresser. Si je suis amené à jouer là, je serai le plus efficace possible pour l'équipe.
N'est-ce pas frustrant quand on est attaquant de formation ?
Non parce que quand j'ai commencé en pro j'étais en National, aujourd'hui on est en Ligue 1. Donc à la limite je préfère être arrière droit en Ligue 1 qu'attaquant en National. C'est aussi simple que ça. Après ce n'est pas interdit à un défenseur de marquer.
Que pensez-vous des trois nouvelles recrues ?
Je pense que c'est bien, Paul (Bernardoni) est parti, Théo (Valls) aussi donc on a recruté trois joueurs. En termes de quantité on est un peu plus fournis. Je sais que le mercato n'est pas tout à fait fini donc il y aura encore peut-être quelques arrivées d'ici fin août. Ce sont des bons profils, tous les joueurs arrivés sont des plus-values et je pense qu'ils pourront nous aider à faire une bonne saison.
Si vous comparez l'effectif par rapport à la saison dernière à la même date, êtes-vous plus serein ?
Quand on a vu que 16 joueurs étaient partis à l'intersaison, on n'est pas bête on s'est tous dit que ça allait être compliqué. Ce n'est pas faute que le coach à l'époque ait un petit peu annoncé dans la presse qu'il fallait que l'on recrute un peu plus. Ça n'a pas été le cas. Il n'aurait pas fallu énormément de joueurs en plus. Les arrivées de Yassine (Benrahou), Nolan (Roux) et Moussa (Koné) en janvier ont transformé l'équipe. Souvent il ne manque pas grand-chose et je pense allez... qu'avec encore deux joueurs, on sera bien armés pour se maintenir.
Vous avez cité Paul Bernardoni, vous étiez très proche de lui...
Polo c'est un ami ! On croise rarement des gens aussi humainement bons que lui. C'est une personne en or, adorable, un vrai gentil et quand tu es avec lui tu es sûr de passer un bon moment. Après c'est le foot, chacun prend son chemin. On l'a eu au téléphone ici il y a quelques jours pendant que l'on jouait à la pétanque. Je lui souhaite qu'il se régale à Angers avec Bobich' (Bobichon), Sada (Thioub) et Rachid (Alioui).
Avec cette situation sanitaire encore incertaine, l'éventualité de démarrer la saison à huis clos vous inquiète-t-elle ?
Ça nous ferait vraiment bizarre d'enchaîner les matches à huis clos, surtout chez nous. Aux Costières, quand on sait à quel point ce public nous pousse et nous fait gagner des points tout au long de la saison. J'espère que la situation va s'arranger pour que l'on puisse jouer devant nos supporters pour aller chercher le maintien.
Propos recueillis par Corentin Corger