À deux jours de l'appel d'offres partiel des droits de la L1 et de la L2, qu'il attaque devant le Tribunal de commerce, Canal+ le conteste cette fois devant l'Autorité de la concurrence, notamment pour « abus de position dominante » de la Ligue de football professionnel (LFP).

mis à jour le 30 janvier 2021 à 18h54

Pression supplémentaire sur l'appel d'offres partiel des droits de diffusion de la Ligue 1 et de la Ligue 2 laissés par Mediapro (huit matches par journée de chaque Championnat). Alors que la remise des offres des candidats intéressés par les différents lots est attendue lundi matin, Canal+ aurait saisi l'Autorité de la concurrence selon une information du Figaro que nous sommes en mesure de confirmer. 

Cette fois, Canal+ aurait déclenché deux procédures auprès de l'Autorité de la concurrence. Une première sur le même fond que l'assignation devant le Tribunal de commerce de Paris. Mais également une seconde, cette fois pour « abus de position dominante » de la Ligue de football professionnel. La procédure auprès de l'antitrust, qui pourrait prendre entre quatre à six mois, crée naturellement une forme de menace supplémentaire pour un éventuel nouvel acquéreur des droits de la Ligue 1.

Canal +, le diffuseur « historique » de la L 1 a saisi la justice pour contester l'appel d'offres lancé mardi par la LFP. Une audience a été fixée le 19 février devant le tribunal de commerce de Paris.

Etienne Moatti et Arnaud Hermant 25 janvier 2021 

Une attaque en justice pour contester l'appel d'offres lancé, mardi, par la LFP, était dans l'air, comme l'avait évoqué Le Figaro. Elle est désormais effective. Selon nos informations, la Ligue a reçu, ce lundi après-midi, une assignation « à bref délai » de Canal + devant le tribunal de commerce de Paris. Le groupe présidé par Maxime Saada conteste le choix de la LFP de remettre en vente uniquement les lots lâchés par Mediapro. Et pas celui qui lui permet de diffuser deux matches par journée de L 1 à un tarif jugé désormais prohibitif (332 M€ par an jusqu'en 2024), acquis par beIN Sports, qui le lui a sous-licencié.

Le tribunal de commerce de Paris a fixé une audience le 19 février pour traiter le dossier. À cette date, la consultation de la LFP aura déjà donné son verdict puisque les diffuseurs intéressés par les droits de la Ligue1 et de la Ligue 2 doivent rendre leurs réponses le 1er février. 

Même s'il poursuit la LFP devant le tribunal de commerce de Paris, le groupe Canal + peut parfaitement participer à l'appel d'offres. En cas de victoire, et si la situation lui convient, il se désistera alors de sa plainte. Mais s'il échoue lors de la consultation, il tentera alors d'en faire annuler les résultats par la justice. Et quoi qu'il en soit, en saisissant le tribunal pour contester la validité de l'appel d'offres, il espère créer un climat défavorable à l'arrivée de nouveaux entrants.

Selon Le Figaro, beIN Sports, détentrice de deux matches de Ligue 1 par journée, qu'elle sous-licenciait à Canal +, renonce aussi à son lot. 

Selon Le Figaro, beIN Sports, détentrice de deux matches par journée de Ligue 1 (le samedi à 21 heures et le dimanche à 17 heures) qu'elle sous-licenciait pour 330 M€ par an à Canal + depuis le début de saison, devrait rendre ce lot à la Ligue de football professionnel (LFP). Canal + et beIN Sports auraient passé un accord stipulant que si Canal + renonçait à son lot, beIN Sports devrait l'imiter. Ne resterait donc plus en cours, en février prochain, que le lot acquis par Free pour 50 M€ annuels qui permet à ses abonnés de visionner en quasi-direct les buts et les meilleurs moments des matches du Championnat de France.

De quoi mettre dans l'embarras la LFP qui, lors de son conseil d'administration, jeudi dernier, estimait que Canal + n'avait pas le droit de rendre son lot, resté propriété juridique de beIN Sports. La Ligue n'avait d'ailleurs décidé de lancer un nouvel appel d'offres que sur les lots remis par Mediapro après sa défaillance financière.

Canal + et beIN Sports avaient annoncé, en décembre 2019, avoir passé un accord de sous-licence de ce lot de deux matches, acquis par la chaîne franco-qatarienne lors de l'appel d'offres sur les droits de la Ligue 1, en mai 2018. Elles avaient aussi rendu public un accord de distribution exclusive par Canal + de beIN Sports sur toutes les plateformes et auprès de l'ensemble des opérateurs tiers en France, à compter du 1er juin 2020.

Selon Le Figaro, la décision de « renoncer en commun » aux deux matches de Ligue 1 si nécessaire aurait été imposée par les dirigeants de la chaîne cryptée lors des négociations sur le contrat de distribution exclusive des chaînes de beIN Sports. Un contrat évalué à plus de 200 M€ par an. 

15 janvier 2021 à 19h33

« Perte de confiance entre Canal+ et les responsables du football français. Nous n'avons pas été traités correctement ces dernières années. Nous n'oublions ni le report des matchs par la LFP sans concertation lors du mouvement « gilets jaunes », ni l'argent supplémentaire demandé pour décaler le coup d'envoi du match du dimanche soir de 15 minutes, et encore moins les réjouissances de nombreux présidents lorsque Canal+ est rentré bredouille de l'appel d'offres de 2018. Je précise que Vincent Labrune n'y est pour rien. Il est d'ailleurs probablement l'un des seuls à pouvoir restaurer la confiance. »

Maxime Saada revient également sur l'aspect purement économique. « Nous pensons que la Ligue 1 est subventionnée depuis de nombreuses années. Aucun diffuseur n'a réussi à la rentabiliser. Elle est même doublement subventionnée puisqu'un club comme le PSG, qui représente incontestablement une partie substantielle de la valeur intrinsèque de la Ligue 1, investit à perte. »

Il estime également « que le produit L1 a été dégradé dans l'absolu. La diffusion sur Téléfoot a fortement réduit l'exposition de la compétition. [...] Par ailleurs, l'arrivée de Mediapro a contribué à la croissance exponentielle du piratage. » Et d'ajouter : « la valeur de la Ligue 1 a également baissé pour Canal+. Suite à l'appel d'offres de mai 2018, nous nous sommes adaptés. » Il fait ainsi référence à la modification de la grille de programmes avec le Top 14 notamment le dimanche soir, le Moto GP, mais aussi ses accords de distribution exclusive avec beIN Sports et Disney +, et le retour de la Ligue des champions sur ses antennes à la rentrée prochaine.

« Il est souhaitable que les clubs se posent la question de l'attractivité de leur produit et acceptent de se réformer » 

Le patron de Canal+ lance enfin une dernière attaque. « Il y a un problème structurel d'attractivité pour la Ligue 1. » S'il précise que le Trophée des champions PSG - OM, que Canal diffuse mercredi soir, « est le type de match qui attire nos abonnés [...] malheureusement, on ne peut pas en dire autant de toutes les affiches. Bien sûr, on ne peut pas avoir que des clasicos à l'antenne. Ce ne serait même pas souhaitable. Mais le football français peut-il encore supporter un système à plus de 40 clubs professionnels, dont 20 en Ligue 1 ? [...] Il est souhaitable que les clubs se posent la question de l'attractivité de leur produit et acceptent de se réformer. Le monde du rugby l'a compris en créant le Top 14, un championnat homogène et attractif. »

Maxime Saada assure également assumer, dans le cadre d'un nouvel appel d'offres, « prendre le risque de se retrouver face à un concurrent prêt à surpayer ces droits. » Dans l'attente du résultat de cet appel d'offres (dont il faudra d'abord déterminer les règles avant de les envoyer à tous les diffuseurs potentiels et de recevoir leurs propositions), et afin d'éviter que la diffusion gratuite des matches sur Téléfoot ne s'éternise (Téléfoot a en effet annoncé à ses abonnés qu'elle diffuserait les matches a minima jusqu'au 20 janvier), le président de Canal+ souhaite proposer à la LFP une « solution technique universelle qui permettra à tous les Français, abonnés ou non à Canal+, pour suivre les matches en pay per view (paiement au match). Bien sûr, Canal+ reverserait l'essentiel des recettes à la LFP, et donc aux clubs. » 

Cela est en effet possible via la plateforme My Canal. Même les non-abonnés à Canal pourraient en effet y accéder gratuitement avec un accès limité. Ils pourraient ensuite acheter les matches de leur choix. Et Canal bénéficierait en retour d'un trafic plus important sur sa plateforme avec la possibilité d'attirer de potentiels nouveaux abonnés vers ses différentes offres.

Rattrapé par la crise des droits télé, Nîmes gèle les primes de ses joueurs

 

Le président de Nîmes Rani Assaf, qui a gelé les primes de la saison en cours, craint de ne plus pouvoir assumer les salaires de ses joueurs si l'argent des droits télé ne tombe pas d'ici mars.

Yann Soudé et Cyril Olivès-Berthetmis à jour le 17 décembre 2020 à 19h53

 

À Nîmes, Rani Assaf est presque aussi rare dans le vestiaire que sur le terrain médiatique. Mais le discret président du NO a pris la parole devant le groupe mercredi, avant que son équipe ne tombe pour la huitième fois en neuf matches de Ligue 1 : en substance, il a demandé aux joueurs de mouiller davantage le maillot, de retrouver les valeurs de combat et de solidarité qui font la réputation de Nîmes. Il a aussi évoqué les salaires, un dossier brûlant.
Avant-dernier au classement après quinze journées, le plus petit budget du Championnat (40 M€) est aussi l'un des clubs qui dépendent le plus de l'argent des droits télé (70 % de ses revenus hors transferts en 2018-2019, contre 9 % pour le PSG). Or, l'insolvabilité du principal diffuseur du foot français, Mediapro, qui n'a honoré ni son échéance d'octobre (172,3 M€) ni celle de décembre (152,5 M€) avant d'être contraint d'abandonner ses droits en fin de semaine dernière, fait peser une réelle menace sur les finances du NO. Selon nos informations, Assaf s'est engagé devant les joueurs à les payer jusqu'en mars. Mais il les aurait aussi prévenus que si l'argent des droits télé ne tombait pas d'ici-là, il deviendrait compliqué pour le club d'assumer leurs salaires.

Capitaine emblématique du club, Anthony Briançon a récemment assuré au micro de RMC que les Crocos seraient « prêts à faire un effort financier » si la situation le nécessitait. « Il y a des personnes aujourd'hui dans notre pays qui sont en plus grande difficulté que nous, avait appuyé le défenseur central, dont le salaire, le plus important au club, est estimé à 80 000 euros brut par mois (contre 30 000 euros de moyenne au sein de l'effectif la saison passée). Ce n'est que du football, même si ça reste notre métier. »
Contacté, Assaf est resté fidèle au silence qu'il a choisi d'observer dans les médias. Le président nîmois doit par ailleurs faire face à la frustration d'une partie du groupe sur le gel des primes de victoires et de nuls négociées pour la saison en cours : selon nos informations, le manque à gagner pour chacun des joueurs dépasserait les 10 000 euros.
Conscients de l'incertitude qui touche l'ensemble des clubs de l'élite, Briançon et ses coéquipiers s'attendraient à devoir faire une croix sur cet argent. On ne peut de toute façon pas dire qu'ils soient en position de force au regard de la crise qu'ils traversent. 

Au-delà du manque de résultats depuis le triomphe historique sur le terrain du rival de Montpellier (1-0) le 4 novembre, c'est l'absence de fond de jeu (2 buts en 9 matches) et d'esprit de révolte qui inquiète les supporters, dont certains réclament le départ de l'entraîneur Jérôme Arpinon.

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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