Pour son premier match de l'année 2020, le Nîmes Olympique se déplace à Tours (à 15h) pour le compte des 32e de finale de la Coupe de France. Dans l'effectif des Crocos, figure une petite pépite de 20 ans qui émerge cette saison...

 

Antoine Valerio a pourtant bien failli arrêter le foot pour se consacrer à des études de médecine.  Passé en quelques mois du niveau amateur avec le Stade Bordelais (N2) à la Ligue 1 et au monde professionnel avec le Nîmes Olympique, voici le portrait de "Guendouz" comme le surnomme ses coéquipiers à cause de sa tignasse bouclée qui rappelle celle d'un jeune joueur d'Arsenal...

Comme c'est le souvent le cas, c'est par son papa qu'Antoine attrape le virus du football dès son plus jeune âge du côté de Bègles, dans la banlieue de Bordeaux. Stéphane Valerio a tâté le cuir à Mont-de-Marsan jusqu'en cadet nationaux. Un lieu symbolique où le fiston inscrira un de ses trois buts marqués la saison dernière avec le Stade Bordelais, sous les yeux de sa famille. À partir de 2008, l'aîné de la fratrie de trois enfants (Simon 18 ans et Camille 7 ans) va vivre sa passion aux États-Unis, dans la ville d'Hannover située dans l'état du New Hampshire, entre Montréal et Portland.

"Mon père y a trouvé son premier poste dans un laboratoire et travaillait sur la recherche des cellules du cerveau", explique Antoine Valerio qui joue désormais au "soccer". Le nom donné au football en Amérique, un jeu moins porté sur la technique mais plus sur le physique car l'hiver les locaux pratiquent le hockey sur glace.

"Je disais à mes deux garçons de faire attention car c'était proche de l'esprit anglais, du style : si il n'y a pas de sang, il n'y a pas de faute", raconte le papa en souriant. Une époque où le frêle adolescent n'avait pas encore atteint son 1,88 m actuel. Ce dernier garde surtout un souvenir marquant : "Le bus jaune qui nous emmenait à l'école comme dans les films."

Un long séjour qui lui a permis d'être bilingue en anglais et de conserver quelques amis avec lesquels il échange encore. "C'est sympa parce qu'ils suivent un peu ce que je fais", se réjouit le jeune homme. De retour à Bègles, il reprend sa licence à condition de bien travailler à l'école. "Sans bonnes notes, j'étais privé d'entraînement. Heureusement, ce n'est arrivé qu'une seule fois", soupire-t-il. Une assiduité confirmée par ses parents pour un élève qui appréciait l'histoire et la chimie.

 

Les années avancent et le Girondin n'a pas de prétention particulière à devenir pro. Aucun centre de formation ne se renseigne. Alors il continue dans le club de sa commune, surclassé en U19 à 16 ans faute d'équipe dans sa catégorie. Néanmoins, le Stade Bordelais se manifeste mais la famille refuse. "Ça faisait un peu loin. Je ne voulais pas qu'il y aille avant de passer son bac", confie Stéphane.

Antoine, qui obtient son diplôme, passe une dernière année à Bègles avec ses copains. Preuve qu'il était encore loin de s'imaginer dans une carrière de footeux et que les études passaient en priorité. Durant cette période, il est d'ailleurs passé à un cheveu d'embrasser une autre carrière.

 

"Au départ, il devait arrêter le foot et faire médecine. Mais je sentais qu'il avait envie de continuer. L'idée c'était qu'il se donnait un ou deux ans pour voir ce qu'il valait", explique son paternel. Lors de la saison 2017/2018, il rejoint finalement le deuxième club de la capitaine aquitaine et s'inscrit en parallèle en fac de biologie. Il ne faudra que quelques mois pour que les dirigeants du Stade Bordelais s'aperçoivent de son talent. Les U19, l'équipe réserve en R2, avant d'intégrer dès décembre le groupe de N2 pour ne plus le quitter jusqu'à la fin de la saison, où il effectuera plusieurs entrées en jeu.

Le rythme s'intensifie avec quasiment un entraînement par jour, Antoine délaisse progressivement les amphithéâtres. "On a réalisé à quel point c'était prenant et fatiguant pour lui", admet le papa. Cependant, il parvient à valider quelques modules et n'abandonne pas : "J'y allais encore pour m'aérer l'esprit." Les études s'arrêtent après la première année, car désormais sa vie c'est le foot. Au milieu de joueurs plus âgés comme Pierre Ducasse, passé par Bordeaux, Lens et Lorient, le gaucher s'impose au milieu du terrain et dispute 28 des 30 matches de championnat. Inscrivant au passage trois buts.

 

Une poule du quatrième échelon français où évolue la réserve du Nîmes Olympique. L'entraîneur Yannick Dumas repère la qualité de ce grand chevelu et lui propose de passer une semaine avec son équipe. L'essai est concluant. Le 10 juillet, Antoine Valerio débarque au domaine de la Bastide et tout va très vite s'enchaîner. "J'ai l'impression d'avoir vécu plusieurs années en quelques mois", réagit son père.

Il fait une apparition de 15 minutes à Agde avec l'équipe première lors d'un match amical et intègre ensuite le groupe professionnel. Il débute la saison en N2 mais ce n'est que de courte durée. Dès la 5e journée à Dijon, il est présent sur la feuille de match et joue sa première minute en Ligue 1 contre Amiens (10e journée, 1-1). De nouveau appelé contre Reims (11e journée, 0-0), il signe professionnel pour trois saisons deux jours plus tard.

"J'étais chez moi. Je jouais à la play-station. Je ne m'y attendais pas et je reçois un coup de fil de Laurent Boissier", se rappelle celui qui porte le numéro 14. L'ancien directeur sportif a sécurisé le joueur, certainement sur les conseils de Bernard Blaquart. "C'est un joueur très intelligent qui voit vite le jeu. Il doit travailler sa technique mais son potentiel est très important. Antoine arrive à encaisser les entraînements et a très vite progressé", décrit son entraîneur. Le lendemain, il débute en 16e de finale de la Coupe de la Ligue face à Lens, remporté 3-0 par les Crocos. La dernière victoire enregistrée par le Nîmes Olympique, toutes compétitions confondues, sur les 14 derniers matches.

 

Il compte désormais quatre apparitions en Ligue 1 dont une titularisation face à Nantes (0-1). "C'est bien. Je m'étais mis des objectifs et je suis en avance. Maintenant je me fixe de marquer au moins un but et d'être le plus souvent titulaire." Même s'il peut compter sur la présence de ses proches, Antoine vit seul dans la capitale gardoise et gère lui-même son alimentation. "Mon petit plaisir de temps en temps c'est du riz avec des poivrons, accompagné d'une côte de porc sauce moutarde et champignons." Maître dans sa cuisine, il espère l'être également sur le terrain comme le fut en son temps Andrès Iniesta, son modèle. Fan absolu du Barça, c'est pourtant d'un milieu de terrain d'Arsenal que lui vient son surnom.

"Mes coéquipiers m'appellent "Guendouz", en référence à Mattéo Guendouzi, également âgé de 20 ans et porteur d'une coiffure similaire. "Au Stade Bordelais certains le surnommait Tarzan. C'est plutôt marrant et ça fait partie de sa personnalité", conclut Stéphane Valerio. Bernard Blaquart y voit comme "un bon signe car il s'est fait accepter très facilement par le groupe." Joueur prometteur, Antoine Valério et sa tignasse n'ont pas fini de faire parler d'eux. Pour éclore au plus haut niveau, il ne lui reste plus qu'à se libérer et lâcher... les "cheveux".

Corentin Corger

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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