Après avoir découvert la Ligue 1 à Lille, Lucas Dias va garder les cages nîmoises pendant au moins six rencontres à la suite de la blessure de Paul Bernardoni à la cheville. Son parcours, son intégration difficile au centre de formation et sa découverte du haut niveau : ce jeune homme timide en dévoile plus sur son caractère. 

Objectif Gard : Où avez-vous grandi et comment s'est passée votre rencontre avec le football ? 

Lucas Dias : J'ai grandi à Feyzin, à côté de Lyon, jusqu'à mes neuf ans. Après nous avons déménagé dans le Sud, à Uzès. J'ai joué là-bas jusqu'à mes 14 ans et en U15 je suis arrivé à Nîmes. Mon père a joué jusqu'au niveau DH et regardait le foot à la télé. J'ai aimé. Du coup je m'y suis mis aussi. Mon frère est licencié à Uzès avec les U19. J'ai commencé à jouer et j'ai fait du tennis jusqu'à dix ans après j'ai dû faire un choix.

À quel moment êtes-vous devenu gardien ?

Cela s'est fait lors d'un tournoi de futsal vers huit ans. On ne prenait que des raclées, ça m'énervait. On ne touchait pas le ballon. Donc j'ai dit : "Je vais essayer dans les cages". Et je m'en suis bien sorti ! On perdait quand même mais on ne prenait plus de branlées. Et moi je prenais du plaisir car sur le terrain on se faisait éclater. Ça m'a plu et du coup je suis resté dans les buts.

Comment s'est déroulée votre arrivée au Nîmes Olympique en 2013 ?

J'avais fait un essai en U13, deux ans avant. On m'avait dit : "On ne te prend pas mais on te surveille". J'ai refait un essai avec Seb (Sébastien Gimenez, actuel entraîneur des gardiens) qui faisait un peu tout avant, un samedi matin, juste là-bas. Ça n'a pas changé. J'étais pris. La première année, je faisais les allers-retours parce que j'étais au collège à Uzès. Le week-end j'allais voir jouer Pablo Martinez qui évoluait en National avec l'équipe première. La deuxième année, j'ai signé un contrat "aspirant" et je suis resté au centre. Parfait.

Comment s'est passé votre intégration au centre de formation ?

La première année, c'était compliqué. Je n'ai fait qu'un seul match en U17 National, j'étais plutôt en U16 Excellence. J'étais très timide. Je le suis encore mais un peu moins. Il fallait que j'ai plus de caractère. Le gardien doit être le patron, tout le monde doit l'écouter. C'est ce que je n'avais pas avant. Il y a du mieux.

Néanmoins, vous êtes précoce car vous avez disputé votre premier match professionnel avec les Crocos à seulement 17 ans à Auxerre (0-2), le 29 novembre 2016. Rappelez-nous le contexte ?

Au début de la saison, j'étais cinquième gardien. J'avais même commencé la préparation avec les U19. Mathieu Michel, le numéro 1, part. Gauthier Gallon devient titulaire. Yan Marillat et Étienne Metro étaient encore devant moi. Gauthier se fracture un pouce donc il ne peut pas jouer. Étienne s'était blessé pendant quatre mois et revenait à peine de blessure. Le seul match ou j'étais sur le banc, Yan disputer la rencontre et se défonce la cheville. Je me suis retrouvé numéro 1.

Comment aviez-vous vécu ce match ?

Je me rappelle que j'avais pris deux beaux buts. Le premier (voir vidéo ci-dessus) je le regardais à la télé, il était dans le top but. Je ne pouvais rien faire (rires). Après Marillat était revenu.

Par la suite vous vous êtes régulièrement entraîné avec le groupe professionnel... 

Ça faisait deux saisons que Seb me demandait de venir en tant que numéro 3, 4. C'était bien parce que je m'entraînais avec les pros et je progressais plus vite. Le week-end, je partais avec la réserve ou les U19.  Même quand j'allais chez les moins de 19 ans, je trouvais que le match était un peu "facile". Les frappes étaient moins rapides, le jeu allait moins vite. J'avais un temps d'avance.

Cependant, cela a été difficile de concilier foot et études avec un échec au baccalauréat... 

Ce qu'il se passe c'est que pendant trois mois je vais à l'école normalement et après il y a ce match en Ligue 2. Le lundi après-midi et le mardi matin, je ratais les cours pour m'entraîner. Ce n'est pas une excuse même si l'école ce n'est pas ce que je préférais. C'est de ma faute parce que je ne travaillais pas assez. C'est un peu un regret. Imaginez si ma carrière s'arrête comme ça, je ne peux plus revenir. C'est un peu plus compliqué que si j'avais eu le bac...

Après avoir signé votre contrat professionnel en juin dernier, vous vous attendiez à être numéro 2 ?

Au tout début on était cinq. C'était un peu le bazar. Avec Sourzac, Valette et le retour de Bernardoni, j'étais parti pour être le numéro quatre. Au début je ne m'y attendais pas trop. Je pensais être prêté dans un club de National. On me dit finalement que Gauthier Gallon ne vient pas. Troisième gardien : qu'est-ce que je fais ? Je reste ou je demande un prêt ? Je vois que Baptiste Valette part aussi. Deuxième gardien : là c'est sûr je reste ! Les dirigeants ont dû penser : on va mettre Lucas numéro 2. Il ne prend pas beaucoup de sous, c'est un joueur formé au club, qui n'embête pas. On peut lui faire confiance.

Décrivez-nous votre relation avec Paul Bernardoni ?

On s'entend très bien et il me fait beaucoup rire. Il arrive à alterner rigolade et travail. Pendant l'exercice, c'est toujours sérieux, après il déconne. Il me conseille beaucoup et me dit ce que je dois faire pour m'améliorer. Après le match de Lille, il est venu me voir pour me dire ce qui était bon et ce qui l'était moins.

Que se passe-t-il dans votre tête quand vous voyez la cheville de Paul tourner ?

Vers la 15e minute, tout le monde crie sur le banc : "sortez le ballon." Je ne comprenais pas pourquoi. Je regarde qui est blessé et je vois Paul. Je n'avais pas vu l'action. Seb me dit : "Va t'échauffer parce que l'on a entendu et par rapport aux images, ça a l'air grave. Tu vas rentrer." Je vais m'échauffer à fond. Paul continue pendant 25 minutes. Je suis retourné m'asseoir en me disant "c'est bon, il arrive à plonger". Finalement, je rentre. J'avais couru mais je n'avais pas touché le ballon. J'étais un peu stressé mais j'ai pu m'échauffer à la mi-temps et ça m'a rassuré. Pour rentrer en Ligue 1, vaut mieux ne pas être préparé, comme ça tu ne gamberges pas. Tu rentres et tu fais ce que tu as faire.

Quels ont été les mots de Seb et Paul avant votre entrée en jeu ?

(Rires) Paul ne faisait que me dire : "Ddésolé Lucas de te faire entrer comme ça !". Je lui ai répondu : "Ce n'est pas grave. Tu ne peux plus marcher. Ce n'est pas de ta faute." Seb m'a simplement dit : "aies confiance en toi comme moi j'ai confiance en toi. Tu vas voir, ça va bien se passer."

Bernardoni est blessé pour au moins deux mois. Vous allez donc être titulaire pendant six, sept matches comment vous l'abordez ? 

Je vois ça comme du bonus. À moi de me faire connaître, d'être bon et de prouver que j'ai le niveau d'être là. Au début de saison, pas mal de supporters avaient des doutes. C'est normal, je suis jeune et je n'ai rien fait avant. Cette situation me convient car je vais pouvoir me jauger. Ce n'est pas sur ce match où tu dois absolument être bon sinon tu es cuit. J'aurais plusieurs chances.

Fêter sa première titularisation en Ligue 1 aux Costières, ça rajoute de l'excitation ?

J'ai hâte d'y être. J'ai envie que ce soit demain et de rentrer sur la pelouse pour m'échauffer. Ça va être spécial. J'y pense un peu le soir dans mon lit mais ce n'est que dans une semaine. Je ne fais pas le match avant, ça ne sert à rien.

À part Bernardoni, quelle est votre idole en tant que gardien ?

(Rires) Quand j'étais petit c'était Hugo Lloris, vu que j'habitais à Lyon et que j'étais fan de l'OL. Depuis deux, trois ans j'aime beaucoup Marc-André Ter Stegen pour son jeu au pied extraordinaire. Il est capable de jouer dans le champ. J'essaie de m'en inspirer mais je n'arrive pas à faire ce qu'il fait car c'est énorme. C'est un exemple, je vais me rapprocher de lui. Propos recueillis par Corentin Corger

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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