Nolan Roux revit à Nîmes. En échec sportif à Guingamp (L2), il vient d'enchaîner 4 victoires en 4 matches avec les Crocos, chez lesquels il a trouvé un environnement favorable à sa conception de la vie : celle d'un Monsieur Tout-le-monde, qui fait lui-même ses courses et son ménage.

« À Guingamp, est-ce vrai que certains joueurs ont pleuré lors de votre discours de départ ?
(Il sourit.) On va plutôt dire qu'ils avaient les larmes aux yeux.

Pourquoi ?
J'ai fait un discours simple mais honnête. J'ai rencontré des bons mecs là-bas, et je le leur ai dit. Le côté humain d'un joueur, pour moi, c'est le plus important. J'ai toujours cherché à voir mes coéquipiers comme des hommes, pas comme des footballeurs, pour mieux les comprendre.

Ce n'est pas un comportement très répandu dans le foot pro...
On m'a parfois reproché de ne pas être assez égoïste. Mais je pars du principe que tout le monde peut m'apporter quelque chose en dehors du foot. J'adore mon métier, j'aime jouer mais, quand je rentre chez moi, il y a autre chose. Quand des amis viennent à la maison, si ça parle de foot, je me tais, c'est clair et net. (Rires.) Ce n'est pas que ça me saoule, c'est mon boulot, mais en dehors j'ai besoin de faire un pas de côté. Le foot, en fait, ce n'est rien, c'est futile, il y a des choses tellement plus importantes. Je relativise beaucoup.

Vous êtes l'anti-star, l'anti-Neymar ?
Neymar, Mbappé et les autres, ce sont des génies et des entreprises. Neymar, je l'envie beaucoup pour ses qualités footballistiques, mais je n'envie pas sa vie. J'adore le regarder jouer car il s'amuse, on le sent, mais comment il vit ? Moi, mon anniversaire, c'est simple, j'appelle quelques amis et on se fait un truc sympa entre nous. Il n'y a pas 3 000 personnes dont deux tiers que je ne connais pas, des sponsors, des médias. Tout le monde a parlé de l'anniversaire de Neymar, mais, à la base, Neymar, c'est d'abord un génie sur le terrain. On devrait en rester là.

Vous êtes si détaché que, lors du premier match, vous ne connaissiez pas le nom de vos coéquipiers nîmois...
C'est vrai, j'ai appelé Yassine (Benrahou) par son numéro de maillot. (Rires.) C'était marrant. Des fois, je ne connais pas les noms des mecs contre qui je joue et je me dis : Merde, tu déconnes quand même...

Vous n'échangez jamais votre maillot ?
Si, plus jeune, je l'échangeais souvent. J'arrivais en L1, j'étais content. Maintenant, je n'échange plus, sauf si quelqu'un me le demande. Ou alors j'échange avec les gars avec qui j'ai joué dans ma carrière. Je ne vais pas chercher le maillot d'une star, je vais chercher le maillot d'un pote. Bon, je dis ça mais l'un des derniers que j'ai pris, c'est celui de Buffon, car je lui avais marqué un but avec Guingamp (1-3, le 18 août 2018). Je me suis dit que c'était Gianluigi quand même ! Je le connaissais, lui, il nous a battus en finale de la Coupe du monde.

D'où vous vient cette distance ?
De mon éducation. Mon père (Bruno Roux) était footballeur professionnel mais, le dimanche, on allait aux champignons, à la pêche... Il ne m'a pas du tout poussé vers le foot. Quand il rentrait du match le samedi, il avait une grosse faculté à se détacher. Le lendemain matin, on se levait et on partait se balader dans la nature.

Vous aimez être dehors ?
Oui. Chez mon oncle, il fallait ranger tout le tas de bois en une matinée. C'était ça ma vie, et ce sont de très bons souvenirs. Aujourd'hui encore, s'il faut aller couper du bois, je suis là. J'ai grandi dans un environnement simple. Petit, le foot n'était pas mon centre d'intérêt. Chez les débutants, on m'a dit que tous les gamins étaient sur le ballon et que, moi, je me mettais sur le bord du terrain et je les regardais.

Vous avez toujours fait du foot ?
Non, quand on habitait à Rennes, j'ai arrêté pour faire du judo. On avait un voisin champion de judo, et je le voyais grand, costaud, je voulais lui ressembler. Après, je me suis remis au foot, et ça a bien marché. Mais même quand mon père m'a annoncé que Lens voulait me faire entrer au centre de formation, je devais avoir 16 ans et je lui avais dit : "Mais pour quoi faire ? Je fais comment avec mes potes ?" Il m'a dit de faire comme je voulais. Il ne m'a jamais mis de pression. Il ne venait même pas me voir en match !

Jamais ?
Si, un jour il est venu, et j'avais gueulé sur l'arbitre. Il m'a juste dit : "C'est la dernière fois que je viens te voir si c'est pour gueuler comme ça sur l'arbitre. Ça ne m'intéresse pas." Ça n'a jamais été mon rêve de devenir footballeur. Mais c'est allé vite et, à partir du moment où j'étais en centre de formation, je me suis donné les moyens. 

Vous avez d'autres passions, comme la pêche...
Oui ! J'ai du matos, et j'ai rencontré des mecs dans le foot qui sont à fond dedans, même si beaucoup ne le disent pas. Je suis bien tombé ici, à Nîmes, il y a des passionnés ! Mais, franchement, je m'intéresse à tout. Par exemple, j'ai un ami tatoueur. Eh bien, il m'a appris à tatouer, j'ai testé. J'ai aussi un autre pote, que j'ai rencontré à Saint-Étienne, qui fait de la guitare. Depuis, ça m'intéresse d'apprendre à jouer.

Partout où vous passez, vous vous faites des amis hors foot ?
Oui, carrément ! C'est naturel. Je croise des gens, ça commence par un bonjour, ensuite un peu plus, puis on s'invite à manger à la maison... Je m'enrichis énormément des rencontres hors football, car ça me sort de mon contexte. Ils se demandent comment j'arrive à jouer devant 30 000 personnes, mais moi je me demande comment ils font pour parler devant un amphithéâtre à la fac. Chaque personne m'intéresse, chaque métier, chaque parcours. Malheureusement, aujourd'hui, on est dans une société où l'argent classe les gens. Et nous, les footballeurs, on gagne beaucoup d'argent. Mais notre métier ne vaut pas plus qu'un autre.

Savez-vous contre qui vous jouez le prochain match ?
Euh... Rennes ? Oui, Rennes dimanche ! Je le sais car il faut que je laisse plein de places, j'ai beaucoup d'amis en Bretagne. (Rires.)

Et qui est le gardien de Rennes ?
Ouh la... C'est dur... Alors, là... Il est arrivé cet été, non ? 

Oui, Édouard Mendy...
Ah oui ! Je n'avais plus son nom, mais je vois qui c'est, physiquement. (Rires.) »

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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