Depuis fin septembre, Fabien Ordoñez est le référent supporters du Nîmes Olympique. Un rôle qu'il occupe à titre bénévole et qui fait de lui le relai du club auprès des fans. Actif sur un forum de supporters, discret en dehors, ce proche de Rani Assaf âgé de 40 ans revient sur son parcours, ses relations avec le président, sa vision du Nîmes Olympique et les missions qu'il souhaite mener pour améliorer les rapports entre les supporters et la direction. 

Objectif Gard : Quand avez-vous commencé à vous intéresser au Nîmes Olympique ?

Fabien Ordoñez : Mon père était fan de football et m'a amené à Jean-Bouin même si je n'en garde pas vraiment  de souvenir. Puis, dans les années 1990, j'allais en tribune Est des Costières. À l'adolescence, il m'arrivait d'aller chanter avec les Gladiators sans jamais être encarté. Puis, j'ai migré en tribune Sud où j'ai pris mon abonnement chaque année depuis 1999.

À quand remonte votre première rencontre avec Rani Assaf ?

C'était en pleine affaire des matches truqués. Il allait se retrouver sur le devant de la scène et s'était inscrit sur le forum en ligne Nîmes 1937. Un de mes messages l'avait intéressé et il m'avait demandé de venir au stade avec David Brachet, un autre supporter actif sur ce forum. Il voulait l'avis de personnes indépendantes des groupes de supporters, pour comprendre les attentes d'un fidèle abonné, pourquoi les affluences n'étaient pas terribles et voir ce qu'il pouvait faire. On a vu quelques changements s'opérer, avec notamment la mise en place de files réservées aux abonnés. Mais il a rapidement compris qu'il serait difficile de faire quelque chose dans ce stade.

C'est le club qui a fait les joueurs, pas l'inverse.

Vous estimez donc que c'est quelqu'un d'ouvert ? 

Disons que lorsqu'on lui parle du Nîmes Olympique, il répond. Quand on lui demande des avantages pour les uns et les autres, non. Concernant les anciens joueurs qui se plaignent de devoir payer leur place par exemple, il estime que tout le monde doit être logé à la même enseigne. Pour lui, c'est le Nîmes Olympique qui a fait les joueurs, pas l'inverse. C'est lui qui finance et il a des principes forts : il ne veut pas accorder de passe-droits alors que les fidèles supporters payent leurs places années après années.

Vous a-t-il consulté pour la conception du nouveau stade ?

Oui, moi comme d'autres d'ailleurs. Il a échangé avec les groupes de supporters qui ont obtenu la mise en place de sièges sans dossier en tribune populaire. Il a cherché à coller aux attentes : contrairement à ce que j'entends, c'est quelqu'un qui respecte l'esprit nîmois. Il n'a jamais balayé le passé du club, ni l'histoire de la ville. Le projet de nouveau stade en est la preuve. De par son architecture rappelant les arches des arènes, mais aussi ses tribunes proches de la pelouse pour garder l'esprit des Costières et de Jean-Bouin. L'idée du quartier est aussi dans l'esprit de regrouper les supporters lors des matches à l'extérieur. Et puis ce stade, ce sera les fondations du club. Il lui offrira un modèle économique qui perdurera même après le départ de Rani Assaf.

Comment êtes-vous devenu le référent supporters du club ? 

Le dialogue entre les supporters et la direction avait été rompu lors de la dernière intersaison avec la polémique autour du centre de formation. Au cours de cette période, j'étais en contact avec certains cadres des Gladiators. Au moment de la concertation, j'ai organisé une rencontre entre ces derniers et Rani Assaf. La discussion a été productive et a permis le retour des places à 10 € dès le match suivant. À la fin de la réunion, Rani Assaf a proposé aux Gladiators que je devienne le nouveau référent supporters. Je n'étais pas au courant avant qu'il me le propose, mais j'ai accepté car je pense que c'est une bonne chose de s'investir quand on le peut. Rani Assaf est un président qui fait beaucoup pour le club hors de la lumière, je veux l'aider à réussir.

Rani Assaf applique la loi à la lettre

Quel est votre rôle aujourd'hui ? 

Je relaie les informations du club aux supporters. Dans le sens inverse, j'essaye de récupérer un maximum d'informations sur les attentes de ces derniers et de les transmettre à la direction. En cas de conflit, j'ai un rôle de médiateur.

Vous parlez beaucoup des Gladiators, mais quelles sont vos relations avec les autres associations ? 

Les Nemausus 2013 refusent de me rencontrer. Ils m'ont fait savoir qu'ils ne veulent plus avoir de contact avec la direction. Le Club central n'est pas fermé mais il ne m'a pas formulé de demandes à l'heure actuelle.

N'est-ce pas difficile d'être référent supporters en ce moment ? 

Les relations entre supporters et direction sont tellement mauvaises qu'elles ne peuvent que s'améliorer. Je me suis fixé comme objectif de comprendre comment peut fonctionner le club et pourquoi les décisions sont prises, afin de mieux les relayer. Je pense que beaucoup de tensions sont dues à une mauvaise compréhension des situations. Aujourd'hui, j'ai le sentiment que pour certains, tout est de la faute de Rani Assaf. Moi je pense que c'est quelqu'un de juste. Il applique les règles, les protocoles et les lois à la lettre. Il ne faut pas aller chercher plus loin que ça. C'est pour cela qu'il ne cautionnera jamais les fumigènes illégaux. Si quelqu'un s'arrache une main, il sera tenu pour responsable. Et ça, il le refuse.

Comprenez-vous la colère des supporters mobilisés samedi à la Maison carrée ? 

Pour moi, ils se trompent de combat. Le club vient de descendre, doit faire face à la crise financière qui touche tout le monde du football. Leur place est dans le stade. Rien n'a marché au Nîmes Olympique depuis 30 ans. Où étaient ces fameuses valeurs nîmoises pendant toutes ces années ? Pourquoi ces voix-là ne se sont pas levées à ce moment-là ? Qu'est-ce qui fait aussi peur aux gens aujourd'hui ?

Qu'avez-vous pensé de la présence de Jean-Paul Fournier à la mobilisation organisée par les associations de supporters ? 

J'ai été choqué par ses propos. Dire que Rani Assaf méprise les supporters et n'aime que l'argent alors qu'il a investi près de 20 M€ depuis son arrivée, je trouve ça incroyable.

Le staff est deux fois plus étoffé qu'à son arrivée au club

Rani Assaf n'a-t-il pas une part de responsabilité dans la défiance qu'il suscite ? 

Je pense qu'il a effectivement une petite part. Il n'a pas cherché à contredire les fausses informations qui se sont répandues partout. Les gens se sont nourris des bêtises qui ont été dites. J'ai par exemple entendu dire que le club régressait et était à l'abandon. Pourtant, les faits démontrent que le staff est deux fois plus étoffé qu'à son arrivée. Quant au centre de formation, il n'est pas fermé contrairement à ce qui a été répété partout.

Ne considérez-vous pas la perte de l'agrément comme un retour en arrière ? 

À première vue, c'est quelque chose qui m'a fait peur. Aujourd'hui, je comprends sa logique financière. Un centre agréé oblige le club à avoir constamment un minimum de 20 joueurs sous contrat stagiaire. Quand on sait qu'en moyenne il n'y en a qu'un ou deux par an qui réussissent, ne vaut-il pas mieux offrir directement un contrat professionnel aux jeunes qui valent le coup ? Il faut aussi rappeler qu'aujourd'hui Delpech, Doucouré et Valerio, viennent tous de la post-formation. Ils n'ont pas fait leurs classes à Nîmes.

Comment pensez-vous pouvoir réconcilier le public avec la direction ? 

Déjà, aujourd'hui, il n'y a pas que des anti-Assaf dans le public nîmois. Beaucoup de gens pensent que c'est l'homme de la situation. Moi, ce que je souhaite, c'est comprendre comment fonctionne le club au quotidien pour pouvoir communiquer et mettre fin aux nombreuses idées préconçues qui circulent. Quant aux groupes de supporters, une offre a été formulée. J'attends leurs retours. On leur propose des billets à 10 €, une place au conseil d'administration, des réunions régulières avec la direction ainsi qu'un accompagnement pour l'utilisation de fumigènes. En contrepartie, on leur demande seulement de respecter la loi. Je crois qu'on ne peut pas faire mieux.

Quand les abonnements de la saison 2019/2020 seront-ils remboursés ?

Comme Rani Assaf l'a déjà dit, d'ici le 31 décembre 2021.

Propos recueillis par Boris Boutet

CLIC SUR CERTAINES PHOTOS POUR LES AGRANDIR

RECHERCHE ARTICLE OU PERSONNALITE

Stanislas Golinski
Stanislas Golinski
Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes