Arrivé cet été en tant qu’entraîneur adjoint numéro un, Christophe Raymond s’est retrouvé sur le devant de la scène ces dernières semaines avec la suspension de Pascal Plancque. L’occasion pour cet Amiénois de 52 ans d’évoquer sa carrière de jouer et d’entraîneur. L’ancien défenseur reconverti éducateur revient sur son parcours, sa rencontre avec Pascal Plancque et ses années avec N’Golo Kanté, devenu par la suite champion du monde avec l’équipe de France et vainqueur de la Ligue des Champions avec Chelsea.

Objectif Gard : Pouvez-vous revenir sur votre carrière de joueur ?

Christophe Raymond : Je suis né à Amiens et c’est mon club de formation. C’est là que tout a commencé que ce soit au niveau joueur et éducateur. Mais ma carrière de joueur je n’en parle pas, ça ne m’intéresse pas. Je m’épanouis beaucoup plus dans ce que j’ai fait après au niveau éducateur et entraîneur que joueur.

Avez-vous quand même des souvenirs de joueur ?

Il y a eu quelques montées avec Amiens de National en Ligue 2. Les jeunes, on avait été bazardé en équipe première à la suite de dépôts de bilan. On était reparti de la 4e division, on avait enchaîné jusqu’en D2 avec des joueurs comme Gérald Baticle et Teddy Bertin. Il y a des bons souvenirs. Et surtout les années lycée, c’était vraiment bien mais je suis passé à autre chose.

Vous souvenez-vous d’avoir marqué deux buts avec Beauvais contre Nîmes le 2 août 1997 (5-3) et 5 décembre 1998 (3-1) ?

Putain, c’est vrai ! À Beauvais, ce n’était pas Karwat dans le but ? Si ça me revient. Mais j’en ai mis qu’un. Je ne m’en souviens pas de l’autre. Ma carrière de joueur basta. Je suis passé à autre chose très très vite. Pour avancer vite dans un truc, il faut faire le deuil. À 30 ans, j’ai arrêté, j’avais mal aux genoux et je n’ai pas pleuré sur mon sort. J’ai passé mes diplômes. L’objectif c’était d’arriver là même si je peux aller encore plus haut. J’étais un joueur moyen, athlétique avec ses qualités à lui.

Comment s’est passée votre reconversion en tant qu’entraîneur ?

À Amiens, j’ai eu les 17 ans DH puis les 16 ans Nationaux. On ne me proposait rien d’intéressant au niveau financier, pas de projet de carrière donc je suis parti dans le monde amateur à l’époque. Alors j’ai pris mon sac et je me suis dit : « je vais aller dans le monde amateur ». Je suis parti à Arras en DH où on est monté jusqu’en N2. Après je me suis retrouvé à Beauvais, j’ai joué là-bas en tant qu’entraîneur-adjoint. J’ai signé deux ans, mais j’ai fait qu’un an parce que ça ne me plaisait pas du tout ce qu’il se passait là-bas. J’ai connu une année de chômage et pas mal la galère. J’ai rebondi à Boulogne et après il y a eu la rencontre avec Pascal. Rien n’a été facile, c’est pour ça que je profite de chaque instant.

Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Pascal Plancque ?

Ça a été une belle rencontre ! À Boulogne-sur-Mer, j’avais la réserve et lui est arrivé en tant qu’adjoint de Michel Estevan sur l’équipe première. Tout de suite ça a bien fonctionné. En tant qu’éducateur, j’avais beaucoup de respect pour ses compétences et ce qu’il a pu apporter aux joueurs qu’il entraînait. Quand ça s’est mal fini avec Boulogne pour lui, moi j’étais resté avec la réserve. C’est lui qui a tout fait pour que je vienne à Lens où j’ai fait un an avec la réserve et quatre avec les 17 ans. C’est lui aussi qui m’a proposé de passer mon diplôme de formateur. Même quand il est parti de Lens, on est resté en contact. Quand il était à Southampton, j’étais allé le voir travailler là-bas avec Claude Puel. On est toujours resté assez proches. On s’appelait régulièrement. On s’était toujours dit que l’on aimerait bien retravailler ensemble. J’ai eu la chance aussi de côtoyer Reda Hammache à Lens, il s’occupait du recrutement de la formation. C’est toujours important de se sentir en confiance quand on arrive dans un nouveau lieu. Même si j’étais très bien accueilli ici par l’ensemble du personnel, c’est un club très familial où il fait bon travailler.

Pourquoi avez-vous quitté Reims pour venir à Nîmes ?

Il ne faut pas se cacher ! J’étais deuxième adjoint dans le staff de David Guion, j’avais fait le tour. Je voulais autre chose pour avancer, plus de terrain. À un moment, il faut aussi accepter de se mettre en danger pour avancer. C’est une nouvelle aventure, un nouveau rôle et une nouvelle perspective. Même si j’ai 52 balais, j’ai encore envie d’apprendre.

Lors de votre passage à Boulogne-sur-Mer de 2010 à 2012, vous avez entraîné un certain N’Golo Kanté, comment se comportait-il sur le terrain ?

C’était un bon joueur, mais jamais je n’aurais mis ne serait-ce qu’un centime sur ce qu’il a fait après. C’était un aspirateur. Tu lui donnais une consigne, il la prenait, il se donnait au centuple, il courait, il ne parlait jamais. Tous les jeunes maintenant dans les centres n’arrêtent pas de parler. Pascal (Plancque) l’a eu aussi avec les professionnels et l’a fait jouer son premier match en pro contre Monaco (le 18 mai 2012). Avec N’Golo on est arrivé en même temps à Boulogne, il venait de Suresnes. La première partie de saison était compliquée pour lui, il était blessé. Il est revenu ensuite, mais il avait beaucoup de lacunes tactiques et techniques. Maintenant, j’observe ses matchs, je le vois faire des choses pas compliquées, mais il ne rate rien. Tandis qu’à l’époque, il ne mettait pas une passe décisive, ni un but, il ratait tous ses ballons, aucun centre n’arrivait. Il jouait un peu plus haut. La passe simple, il la ratait, il n’utilisait que son pied droit, il n’avait pas de pied gauche. Je le vois maintenant c’est fabuleux, c’est un exemple.

Comment vous définissez-vous en tant qu’adjoint ?

 Je suis quelqu’un d’assez exigeant, mais avec les professionnels faut faire attention à la forme du message. Ce n’est pas facile, il faut trouver le juste milieu et être le plus vrai possible. Je pense que ça ne se passe pas trop mal avec les joueurs. Parfois, il y a des hauts et des bas. Mais c’est sympa, je m’épanouis vraiment dans ce que je fais cette année. Mon rôle est d’être le relais du numéro un avec des formes différentes. La notion d’éducation, avant tout humaine, est importante. Pour être un bon joueur, faut être un bon mec et je pense que l’on a une bande de bons mecs cette année ici.

Pensez-vous un jour à devenir numéro un ?

Non pas forcément, je m’éclate dans ce que je fais. Chaque chose en son temps. C’était une étape à Reims de mettre le pied dans un staff pro en tant que deuxième adjoint même si c’était plus en lien avec la post-formation. Là, c’est encore une autre étape. On a le temps, je ne vais pas me projeter. La pression que peut avoir le coach en numéro un, j’ai connu Daniel Zorzetto, il se rendait malade avant les matchs, le ventre qui gonfle. Je me suis dit : « je ne ferai jamais ça ». Joueur, on ne pense qu’à soi, c’est facile. Coach, faut penser à tout, le moindre petit détail peut avoir son importance et Pascal le rappelle sans arrêt : une coupelle mal mise, deux secondes de retard. C’est pour ça que moi je veux garder ce côté un peu décalé, ce n’est qu’un match de foot.

Propos recueillis par Corentin Corger

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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