Didier Combe, ancien Crocodile de 1989 à 1994 qui a aussi porté le maillot l’ASNL (1995/1996), nous livre ses souvenirs gardois et lorrains. Le Nîmois, toujours amoureux de son club formateur, est devenu un supporter du NO et un grand amoureux de sa région. Il se replonge dans le passé et iévoque les ambiances chaudes du stade Jean-Bouin, mais aussi son passage à Alès et la course camarguaise, sa grande passion. Avec Didier Combe, ici c’est le Gard.
Objectif Gard : Vous ne cachez pas votre amour pour votre région mais êtes-vous un vrai nîmois ?
Didier Combe : Bien sûr ! Je suis né à Nîmes d’un papa ardéchois et ma mère est de Calvisson.
Quand avez-vous commencé à jouer au football ?
J’ai commencé à Congénies en poussins, mais à partir de huit ans j’ai intégré les pupilles du Nîmes Olympique. J’ai eu Alain Guiot, Gérard Barthelot comme entraîneurs en cadets nationaux. J’ai sauté la catégorie junior pour passer directement en senior avec Emilio Salaber. Il m’a bien fait progresser en m’inculquant la culture et la gagne nîmoise. J’ai eu ensuite Patrick Champ et Jacky Novi au centre de formation.
Comment définir la « culture et la gagne nîmoise » ?
C’est la grinta, Emilio en parlait tout le temps, il lui fallait des guerriers sur le terrain et rentrer fort dans le ballon. Avec René Girard c’était pareil, nous ne devions jamais reculer. Les autres équipes devaient craindre de venir jouer chez nous.
Est-ce que le jeu à la nîmoise c’est uniquement la grinta ?
Non, nous avons eu des très bons joueurs de ballon comme Rabah Gamouh, Kristen Nygaard ou encore Ton Lokhoff. C’étaient des grands joueurs mais à côté d’eux il fallait des besogneux et j’en faisais partie. Il faut de tout pour faire une équipe : des aboyeurs comme René Girard, des techniciens comme Gérard Bernardet puis des finisseurs comme Jorge Dominguez et Fadil Vokrri.
Que vous évoque le mythique stade Jean-Bouin ?
Mon père m’y amenait quand j’étais enfant. À l’époque, j’admirais les Gamouh, Luizinho, Marguerite. Plus tard j’ai eu la chance de jouer en match d’ouverture des ces joueurs. C’était exceptionnel pour les jeunes que nous étions. Les spectateurs étaient tellement proches qu’ils pouvaient nous attraper et nous les entendions parler.
« Peltier avait demandé à sortir et il disait : « Il va me tuer ! »
Et l’ambiance ?
C’était très spécial. Les deux équipes s’échauffaient sur un petit carré derrière la tribune. L’intimidation commençait à ce moment-là. Ensuite, on laissait l’équipe adverse arriver en premier dans le petit tunnel. Après nous arrivions en faisant du bruit avec nos crampons en alu, ça mettait un petit coup de pression à nos adversaires.
S’est-il passé beaucoup de choses dans ce tunnel ?
Oui ! Le but était de faire comprendre que c’était chez nous ici et que ça allait être compliqué pour eux.
Comment cela se traduisait ?
Par exemple, une année nous avions pris 6-1 à Sochaux et les joueurs adverses nous avaient chambré. José Anigo n’avait pas apprécié de se faire allumer et au match retour nous les attendions de pied ferme. Dans le couloir, José a mis une tartine à Francis Peltier. « Il lui a dit, au match aller tu nous a chambré, ici maintenant tu es mort ! ». Il s’en est suivi une bagarre générale et je me suis retrouvé au milieu de tout ça. Pendant le match, Peltier avait demandé à sortir et il disait : « Il va me tuer ! ». Quand José était énervé, même nous en avions peur. René Girard et Jorge Dominguez ne donnaient pas leur part au chat.
Quand on est un jeune joueur, est-ce que cela impressionne ou ça galvanise ?
Les deux. J’ai eu la chance de jouer avec René Girard quand il est revenu des Girondins de Bordeaux et nous avions la même culture du Nîmes Olympique. Quand ça ne va pas, il te le fait savoir. Techniquement, c’était un phénomène. Il n’aurait pas fait une telle carrière si c’était un bourrin.
Parmi les moments chauds, il y a ce Nîmes – Brest au stade de Costières en barrages d’accession à la D1 lors de la saison 1988/1989. Quel souvenir en gardez-vous ?
Au match aller nous avions perdu 3-0 et Roberto Cabanas avait fait des gestes déplacés et chambreurs. René avait promis à Cabanas que le match retour serait compliqué pour lui, et ça l’a été. On l’emporte 1-0, mais nous avions pris trop de retard à l’aller, c’est dommage.
Quelle importance était accordée à la formation à cette époque ?
C’était primordial ! Quand on est monté en D1 en 1991 nous avions une ossature de joueurs formés au club.
Monter en D1, c’était votre spécialité. N’est-ce pas ?
Oui, j’ai connu ce bonheur avec Nîmes (1991), Guingamp (1995) et Nancy (1996).
Étiez-vous un porte-bonheur ?
Au début mais c’était plus dur à la fin puisque Perpignan à déposé le bilan et Mulhouse était en grande difficulté. C’était tout ou rien avec moi.
Comment s’est passé votre prêt d’un an à Alès ?
Très bien. J’avais un bon contact avec l’entraîneur José Pasqualetti, j’ai joué tous les matchs. C’était quand la D2 est passée de deux groupes à un seul, il fallait terminer dans les dix premiers pour se maintenir et nous y sommes parvenus en faisant une belle saison.
Quelles étaient les différences entre Nîmes et Alès à cette époque ?
J’ai trouvé un club plus familial à Alès, on se retrouvait souvent entre nous et à Nîmes c’était un peu plus professionnel. Cette saison à l’OAC m’a fait du bien et le club voulait me faire signer un contrat de trois ans. Mais René Exbrayat et Michel Mézy m’ont signalé que j’étais Nîmois et que je devais revenir au NO. Je continue à suivre les résultats d’Alès et je suis très content de voir qu’ils vont remonter en N2. Ça serait bien que ce club retrouve le National et même plus.
Vous souvenez-vous de votre premier match avec Nîmes ?
Oui, c’état contre Limoges et je prenais au marquage un dénommé Spanini. Quelques jours avant, Jean Bousquet nous avait prévenu qu’il virait l’entraîneur Marcel Domingo pour le remplacer par Krysten Nygaard. Quand le nouveau coach a cité les joueurs retenus pour le match, il a prononcé mon nom et j’ai senti que tout le monde me regardait. C’est impressionnant.
Quel a été votre réaction ?
J’étais un peu intimidé mais la première chose que je voulais faire, c’était de foncer à une cabine téléphonique pour appeler mes parents. J’étais fier pour eux car ils ont fourni des efforts pour nous car avec mes deux frères, ma mère nous amenait au foot les mercredis et les week-ends. On habitait à trente bornes quand même.
Quel genre de joueur étiez-vous ?
Je paraissais posé et impassible mais au fond de moi il fallait que je me défoule. J’ai déjà été expulsé pour des conneries, des mauvais réflexes que je regrette mais je n’ai jamais blessé personne.
Vous étiez latéral gauche, quels étaient les joueurs les plus difficiles à marquer ?
Nous avons joué un match de Coupe de France à Marseille, j’ai commencé la rencontre sur Abdoulaye Diallo qui était un petit gabarit et ça me convenait très bien. Mais à un moment, Enzo Francescoli est venu de mon côté et lui techniquement il était impressionnant, la grande classe. On ne savait jamais où il allait mettre le ballon. Et pour finir la rencontre, j’ai terminé avec le marquage sur Chris Waddle. Le soir, j’ai eu dû mal à m’endormir.
Que retenez-vous de vos années au Nîmes Olympique ?
Ce qui me plaisait c’était de faire plaisir au public, à ma famille et mes amis qui étaient dans les tribunes. On n’a pas le droit de décevoir, même si on perd il faut se battre. Ça a été dur de quitter mon club.
Le Nîmois que vous êtes s’intéresse-t-il toujours au NO ?
Bien sûr ! Après ma carrière de joueur, j’ai découvert ce que c’était d’être supporter. C’est plus stressant dans les tribunes. Avec des amis d’Aubais, on s’arrêtait boire un coup à l’Annexe devant le stade avant d’aller voir les Crocodiles. Je me suis pris au jeu, dans les tribunes on chantait et on gueulait. Je ne comprends pas que l’on mette des bâtons dans les roues des supporters de Nîmes. Maintenant je regarde les matchs à la télé et parfois je me fais chier.
Parlez-nous de votre passage à Nancy.
À la fin de mon contrat à Guingamp, l’EAG ne me proposait qu’une prolongation d’un an et venait de prendre Vincent Candela qui jouait au même poste que moi. Nancy s’est positionné avec une proposition de deux ans et un salaire plus conséquent.
Qu’avez-vous trouvé en Lorraine ?
Le même esprit qu’à Guingamp avec des joueurs formés au club. Le stade Marcel-Picot est un lieu qui sent le football. Au centre d’entraînement, il y a dix terrains et une salle pour jouer en intérieur l’hiver. Il y avait Franck Bonora, Pablo Correa et Mustapha Hadji en attaque mais aussi un super gardien avec Grégory Wimbée.
Peut-on dire que tout allait pour le mieux ?
Oui mais on a eu des problèmes avec l’entraineur László Bölöni qui nous faisait des mises au vert interminables. Au bout d’un an, je suis parti car avec ce coach ça ne s’est pas bien passé. Il voulait me faire jouer quand j’étais blessé, j’ai refusé et il m’a pris en grippe.
Malgré vos expériences loin du Gard, vous êtes resté très attaché à votre région.
Oui et je suis passionné de course camarguaise et j’ai longtemps monté à cheval. Tout l’été, je vais dans les arènes pour voir les courses. Dans le passé, j’ai eu des vaches et des taureaux. Pour être raseteur, il faut être endurant et avoir des cojones. On est amoureux des taureaux qui pour nous sont des dieux. Le taureau de Camargue est puissant et très intelligent.
Propos recueillis par Norman Jardin