Originaire de Mus, Clément Depres a passé onze ans au Nîmes Olympique au centre de formation au monde professionnel. De 2014 à 2021, il a porté à 59 reprises la tunique rouge pour six buts marqués. Cette saison, l’attaquant évolue au Rodez Aveyron Football (RAF) en Ligue 2. Ce soir, le Gardois va revenir pour la première fois au stade des Costières avec le maillot d’une autre équipe. Pour Objectif Gard, l’homme de 27 ans revient sur les raisons de son départ, sa brouille avec le président nîmois Rani Assaf et ses performances dans l’Aveyron. 

Objectif Gard : Appréhendez-vous votre retour au stade des Costières avec le maillot d’une autre équipe ?

Clément Depres : Pas du tout ! Je suis très impatient mais sans appréhension particulière. Je ne vois pas pourquoi je pourrais en avoir. J’adore ce stade et les supporters. Je suis parti en mauvais terme seulement avec le président. Sinon les supporters savent ce que je pense du club.

Que s’est-il passé avec le président ? 

Durant l’affaire du centre de formation en mai dernier, j’étais délégué du personnel au CSE (Comité social et économique). Une discussion avec le président Rani Assaf a mal tourné. Je lui ai dis ce que je pensais. Il n’a pas apprécié. S’est ensuivie une vive discussion où il m’a indiqué que cela faisait deux ans et demi que j’étais à l’arrêt et que si je n’acceptais pas sa politique, il déposerait le bilan et je que serais au chômage. Ainsi selon lui, je ne trouverais plus de club. J’ai répondu : « Non, si vous faites ça, j’ai un club mais ce n’est pas mon intérêt. » Il a répliqué : « Si tu veux faire ça, tu seras libre le 15 mai à la fin de la saison. Fais ce que tu veux. »

Sur quel point étiez-vous en désaccord ? 

Sur la politique sportive du centre de formation, la suppression de l’agrément. Voilà pourquoi notre discussion s’est mal passée. Pour nous, cela représente le socle de l’histoire et de notre génération qui sortait du centre de formation. J’avais du mal à comprendre que ce qui nous avait permis de monter en Ligue 1 puisse être abandonné.

Cet échange a donc précipité votre départ…

Effectivement, le coach à l’époque voulait me garder. Reda Hammache aussi comptait sur moi en tant que Nîmois pour être une personne forte du vestiaire. Ça s’est précipité à ce moment-là car je n’étais plus du tout en adéquation avec les idées du président. Rien à voir avec le nouveau stade mais par rapport à tout ce qu’il mettait en place et puis surtout il m’avait manqué de respect lors de cet échange. Je ne pense pas que ce soit la bonne attitude d’un dirigeant ou d’un patron envers un de ses salariés. Il me restait un an de contrat que je souhaitais honorer de toute façon, si je n’avais pas eu la proposition de Rodez. Le président du RAF a su ce qu’il s’était passé et du coup il a décidé de forcer les choses pour que je les rejoigne.

Avec le recul, regrettez-vous d’avoir signé ce communiqué de soutien à Rani Assaf ?

On n’a rien signé ! Nos noms avaient été apposés en bas de ce communiqué et pour moi c’était hors de question. J’ai demandé un démenti mais ça n’a pas été fait. Ce n’est pas sorti à cette époque-là et on s’est fait taper sur les doigts. Ce n’était pas comme cela que je voyais la chose, on avait profité de nous. Tout le monde avait eu des discussions avec le président mais moi j’avais peut-être un peu moins de tact que mes collègues.

Comment vivez-vous de voir les Costières vides et le conflit entre Rani Assaf et les groupes de supporters ?

Je vis ça très mal car je reste quand même un supporter de Nîmes Olympique. Je suis très content qu’ils aient acquis leur maintien. J’avais peur en première partie de saison. Mais je suis triste de voir ça parce que j’aimerais voir le président et les groupes de supporters unis. J’aimerais voir le projet du nouveau stade sortir avec un club en Ligue 1 ou qui joue les places hautes de Ligue 2. Je suis très déçu mais je n’en veux absolument à personne même pas au président. On a le droit de ne pas être d’accord.

Quel regard portez-vous sur cette saison des Crocos ? 

Je la vois comme une saison de transition. Le club a perdu pas mal de joueurs, il y a eu un changement de coach et de directeur sportif. Il y a des choses aussi qui se mettent en place au niveau de la direction pour les années à venir donc je pense que c’est une année de transition et que petit à petit le nouveau coach va mettre son projet en place. J’espère que ce sera un projet ambitieux qui fera que Nîmes Olympique reviendra sur le haut de la scène française.

Parlons de Rodez, signer un contrat de trois ans et se retrouver titulaire en Ligue 2 après deux ans et demi d’absence : peut-on dire que c’est inespéré ?

C’est complètement inespéré ! Je ne m’attendais pas à partir de Nîmes à ce moment-là. Je ne pensais pas qu’un club puisse m’accorder sa confiance après deux ans et demi d’arrêt. Ça a été le cas du RAF. J’avais fait de bonnes choses en Ligue 1 avant ma blessure et ma personnalité leur a plu. Le club fait très attention à l’humain et ils ont eu de bons échos sur moi.

Comment jugez-vous votre saison avec 26 apparitions et quatre buts marqués ? 

Je ne pensais pas arriver à jouer autant après tant d’arrêt. Ma saison ne sera que positive si on arrive à se maintenir. Je suis très content de ma première partie de saison, je ne pensais pas revenir au si haut niveau si rapidement. Après, il y a eu le contrecoup qui est arrivé à la fois personnel et collectif. Physiquement, j’ai eu beaucoup de mal à partir du mois de janvier. On m’avait prévenu que j’allais payer ma longue absence à un moment donné. J’ai un peu morflé début 2022, il a fallu faire attention. J’ai eu une élongation à l’ischio droit dû à la fatigue, j’avais du mal à récupérer. Ça été dur d’enchaîner à ce moment-là, j’étais moins bon. Ça n’a pas été facile. Sur cette fin de saison, je me sens un peu mieux.

Pourtant septième à la trêve, comment peut-on expliquer la dégringolade ruthénoise avec cette série de 17 matches sans victoire ?

Des coups de malchance qui au fur et à mesure nous mettent un peu la tête dans le sac. Un coup la barre, le poteau. Mardi soir, je tape la barre à la 92e et elle sort. Quand tu sais qu’au bout du pied tu as deux points, ça fait mal à la tête de savoir que ça ne veut pas tourner en ta faveur. Ça a été plusieurs matches comme ça. Il y a eu un gros passage à vide après la trêve. Et puis derrière on s’est en mis en difficulté tout seul en voulant faire des choses que l’on ne savait pas faire. Il n’y a pas vraiment d’explication claire.

Rodez est 17e avec le même nombre de points que le barragiste Quevilly. Ce match ce soir s’annonce donc crucial dans la quête du maintien ?

Oui il est très important ! Après il reste trois matches derrière donc si on perd ce n’est pas fini. On affronte une équipe qui ne joue plus rien donc il nous faut prendre des points. On est quand même assez confiants par rapport à nos deux dernières performances. On a une équipe sur le papier bien moins forte que celle de Nîmes. Il faudra montrer que l’on a plus envie qu’eux. On ne sera aidés par personne, en aucun cas on oserait penser demander aux anciens coéquipiers de nous laisser le match. Ce n’est pas comme ça que ça se passe. Il y a des matches à jouer, des stats à avoir, des joueurs qui veulent se montrer qui sont en fin de contrat et des joueurs qui veulent gagner leur place pour l’année prochaine avec Nicolas Usaï donc je ne pense pas que Nîmes viendra en claquettes et en short pour ce match-là.

Avec qui avez-vous gardé des liens au Nîmes Olympique ?

Avec Gaëtan (Paquiez) et Anthony (Briançon) avec qui j’ai été formé à la Bastide. Et puis le staff qui m’a permis de revenir sur les terrains : le kiné Anthony Lombardo, Aurélien Boche et Richard Goyet. Ceux sont les historiques qui sont là depuis longtemps. On échange régulièrement.

Avez-vous réfléchi à votre célébration si vous marquez ? 

Je ne pense pas célébrer. J’ai l’anniversaire de mon papa aujourd’hui, je trouve que le clin d’oeil est sympa. Mais par respect pour tous les dirigeants, les éducateurs que j’ai eu au NO, qui sont encore là d’ailleurs, mes anciens coéquipiers, les supporters, je ne me vois pas célébrer. Je suis très heureux à Rodez mais je reste un Nîmois. Ce n’est pas pour autant que je ne me défoncerai pas pour le maillot ruthénois.

Propos recueillis par Corentin Corger

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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