Le Nîmes Olympique accueille le FC Sochaux-Montbéliard ce soir à 19h pour le compte de la 33e journée de Ligue 2. Ce match aura une saveur particulière pour Mécha Bazdarevic qui a joué dans ces deux clubs. L’ancien international yougoslave et bosnien n’est resté qu’un an et demi dans le Gard (1996-1997) mais il est tombé amoureux du NO et c’est avec émotion qu’il évoque la montée en Ligue 2 et la Coupe des Coupes. Il a côtoyé Maradona, Platini et Zidane, mais son cœur bat pour les Crocodiles et les Lionceaux.

Objectif Gard : Nîmes Olympique affronte le FC Sochaux-Montbéliard ce soir. Ce match c’est un peu l’histoire de votre vie ?

Mécha Bazdarevic : Oui, d’un côté il y a Sochaux où j’ai joué plus de 400 matches et où je suis installé depuis 33 ans. Et puis, il y a Nîmes Olympique où mon passage m’a marqué à vie. Je n’oublierai jamais l’accueil des Gardois.

Votre nom est surtout associé au FC Sochaux où vous avez passé 10 ans…

Oui mais je me sens vraiment Nîmois. À cause d’une blessure, je n’y suis resté qu’un an et demi car à 36 ans je ne voulais pas me traîner. Ce club méritait des joueurs à 100%.

Pourquoi avoir signé à Nîmes en 1996 alors que le club se trouvait en National ?

Sochaux avait prolongé mon contrat, mais j’ai eu un différend en interne et il fallait que je parte mais la date limite était dépassée pour signer en Ligue 1 et Ligue 2. Pierre Mosca, qui était l’entraîneur du NO, est alors rentré en contact avec moi et il m’a proposé de venir à Nîmes.

Vous n’avez pas hésité ?

Non parce que pour moi Nîmes était un club avec une tradition et surtout un public exceptionnel. Je voulais montrer à tout le monde que je n’étais pas fini pour le football.

Sportivement, comment jugez-vous votre passage à Nîmes ?

On a réussi une montée exceptionnelle en Ligue 2 et je suis fier d’y avoir participé. J’ai fait un très bon choix en venant à Nîmes.

Avec NO vous avez aussi joué la Coupe des Coupes. Ce n’est pas commun avec un club de National.

C’est le plus grand regret de ma carrière de ne pas avoir passé le deuxième tour contre Solna parce qu’on était meilleurs que les Suédois. On n’a pas réussi à ramener Barcelone aux Costières, parce que c’est le Barca qui nous aurions affronté au troisième tour.

Humainement que cela vous a-t-il apporté ?

J’ai vécu une telle amitié avec les joueurs, le staff, les dirigeants comme monsieur Vaillant. J’ai rencontré certaines personnes comme David Guichard, Stéphane Gili et Stan Karwat avec qui je reste en contact.

Et avec les supporters ?

Quand tu joues devant le public nîmois et que le stade est plein, c’est quelque chose d’exceptionnel.

Est-ce que cela se rapproche de l’ambiance dans les stades en Bosnie ?

Oui, c’est deux ferveurs identiques où on exagère à tous les niveaux.

Le président était Aimé Landes. Comment se comportait-il avec vous ? 

C’était un Monsieur qui aimait ses joueurs. Il faisait son job à la manière du haut niveau. Il était attachant, gentil et intelligent. C’est rare de rencontrer des telles personnes. Pour Aimé Landes on avait envie de tout donner.

Est-ce différent à Sochaux ?

À Sochaux le public est très fidèle mais à Nîmes quand le public est avec toi, il n’y a pas beaucoup d’équipes qui peuvent te battre. Aux Costières, c’est une ambiance comme à Marseille et Saint-Étienne, c’est un appui très important.

Quels étaient les meilleurs Crocodiles à votre époque ?

Il y avait des très bons joueurs comme Di Fraya, Meilhac, Sabin, Ecker, Jeunechamp, Belbey, Touron. Cette équipe était bien taillée pour aller plus haut que la Ligue 2 mais le problème c’est qu’ils sont tous partis. Parfois sur le terrain, le duo Jeunechamp-Belbey partait un peu en live et il fallait un peu les freiner. Mais c’était toujours une énergie positive.

Comment vivait le groupe ?

En dehors du football, on sortait ensemble. Ça donnait quelque chose de plus, une cohésion, un lien qui était très fort.

Était-ce facile d’encadrer les jeunes joueurs nîmois ?

Ils m’ont emmené partout y compris en boîte et au restaurant. Un jour m’a femme m’appelle et elle me demande où je suis. Je lui réponds que je suis en boîte. Elle me dit « mais ça ne va pas ? » et je lui réponds « ça se passe comme ça ici ! » (Rires).

Cela reste-t-il des bons souvenirs ?

Oh oui ! Quand on sortait en boîte, ils m’appelaient le président car je m’habillais un peu classe et eux ils étaient en tee-shirt et jean troués, comme des jeunes. Leur jeu favori était de déchirer ma chemise. Alors au bout d’un moment j’ai arrêté les chemises et je sortais en tee-shirt.

« Quand je parle de Nîmes, c’est beaucoup d’émotions pour moi »

Ce passage dans le Gard vous a-t-il fait du bien ?

Cette ambiance, cette qualité de vie et le football que mes collègues me proposaient ça m’a fait énormément de bien. Quand je parle de Nîmes, c’est beaucoup d’émotions pour moi (la voix devient plus tremblante).

Parlez nous du duo Mosca – Boissier qui était respectivement l’entraîneur et l’adjoint à cette époque…

C’étaient deux mecs qui avaient toutes les qualités pour gérer cette équipe. Pierre était un meneur d’homme mais il ne faut surtout pas oublier Bernard. C’était un tandem de haut niveau. Je tiens aussi à rappeler toute l’importance qu’avait Monsieur Jean-Pierre Vaillant. Je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de les revoir, mais je pense beaucoup à eux.

Vous avez une solide carrière avec les équipes de Yougoslavie puis de Bosnie.

J’ai fait 110 matches en équipe nationale. Avec la Yougoslavie, j’ai gagné l’Euro Espoirs.

Que ce serait-il passé si la guerre n’avait pas éclaté en Yougoslavie, mettant fin à cette formidable sélection ?

Avec la Yougoslavie, la France n’aurait pas gagné la Coupe du monde en 1998 (rires). Nous avions Savicevic, Boban, Stojkovic, Susic, Boksic et les autres. Il y avait tellement de talents que le sélectionneur ne savait pas comment composer son équipe. La Yougoslavie a participé au mondial 1990 en Allemagne, mais j’étais suspendu et j’ai raté la compétition. En 1992, nous étions qualifiés pour la phase finale de l’Euro, mais le déclenchement de la guerre a tout arrêté. Nous avons été remplacés par le Danemark qui a gagné la compétition.

Vous avez rencontré beaucoup de grands joueurs dans votre carrière. Lesquels vous ont le plus marqué ?

Maradona, Van Basten, Platini et Zidane étaient les plus forts. J’ai aussi toujours eu beaucoup d’admiration pour les joueurs français comme Giresse, Tigana, Papin, Casoni, Dugarry, Petit et Vieira.

Le 19 juin 1984, la France affronte la Yougoslavie lors de l’Euro 1984. Est-ce que vous en gardez un souvenir douloureux ?

C’était une opposition exceptionnelle, mais pendant le match le docteur de notre équipe a fait un malaise cardiaque. Nous savions que c’était très grave et que notre médecin était en train de mourir dans les vestiaires. Nous n’avions plus la tête au football, nous avions perdu 3-2 et Michel Platini avait marqué un but du gauche, un du droit et un de la tête.

Que devenez-vous depuis votre dernière expérience d’entraîneur à Guingamp ?

Depuis un an, je travaille pour l’UEFA avec des stages, des conférences et aussi avec la fédération bosnienne de football. Le terrain me manque énormément, mais je n’ai pas reçu de proposition intéressante. 

J’étais prêt et armé pour revenir lorsque mon nom a été cité quelques fois. J’aimerais bien vivre avec cette équipe et cette ville. Il y a encore une part d’histoire à écrire avec Nîmes. Mais quoi qu’il arrive, ce club restera toujours dans mon cœur.

Ce soir Nîmes et Sochaux se rencontrent aux Costières. Pour qui votre coeur va-t-il battre ?

Aujourd’hui, Sochaux qui est barragiste a plus besoin de points que Nîmes. Si je pouvais, je donnerai des points aux deux équipes, mais ce n’est pas possible.

Propos recueillis par Norman Jardin

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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