Il ronge son frein depuis plusieurs semaines voire même plusieurs mois. Mais maintenant que la concertation autour du complexe sportif et immobilier de Rani Assaf touche à sa fin, Laurent Boissier, ex-directeur sportif du NO et adjoint aux sports de la ville de Nîmes, a décidé de sortir la sulfateuse.
Objectif Gard : Quel est votre regard sur le projet de complexe sportif et immobilier imaginé par Rani Assaf ?
Laurent Boissier : La concertation a duré un mois, les choses sont claires, les Nîmois n'ont pas été intéressés pour y participer, c'est dommage. Après, je ne vais pas me renier, être amnésique, hypocrite. J'ai toujours dit qu'il s'agissait d'un bon projet pour la ville de Nîmes. Mais, quand je vois l'opposition, notamment le Communiste Vincent Bouget, monter au créneau lors de la dernière réunion alors qu'en mai dernier lors de sa rencontre avec Rani Assaf, il semblait pleinement satisfait. J'aimerais bien savoir qu'est-ce qui a changé en quatre mois ?
Peut-être parce que Rani Assaf a annoncé cette semaine que finalement, les parkings devant le complexe seraient payants... Sans compter les abonnements au gré de son humeur ?
Ce qui est clair c'est que le football est un sport populaire qui doit rester accessible au plus grand nombre. Combien de familles font déjà des efforts considérables pour payer les places dans le stade ? Beaucoup. Donc savoir que l'on va faire payer le parking en plus et qu'il n'y aura pas d'abonnements à tarifs privilégiés, ça me désole. On est déjà en train de se couper de tous les supporters, on va finir par dégoûter tout le monde...
Ce n'est pas déjà le cas quand on voit l'affluence médiocre aux Costières depuis le début de la saison ?
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Il faut être malvoyant, aveugle pour ne pas voir le problème. C'est très grave ce qu'il se passe actuellement au Nîmes Olympique. Même en National on arrivait à attirer plus de monde. Mais aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il n'y a plus d'ambition sportive. Une seule chose compte : le projet de nouveau stade qui va rapporter de l'argent à la Ville certes mais surtout et en premier à celui qui en est à l'origine.
"Je ne suis plus d'accord aujourd'hui pour rester dans le silence"
Mais pourquoi la mairie n'impose pas ses choix ? On a l'impression que vous avez abandonné le club...
Tout cela est très compliqué. On a déjà accepté la fermeture du centre de formation et je peux vous dire que ça m'a fait mal, c'est un grand coup dans la tête. Quand je vois la situation sportive sur ce premier tiers de la saison, il y a de quoi s'inquiéter. La situation est grave, je vous le répète. Et je ne suis plus d'accord aujourd'hui pour rester dans le silence.
Pourtant Rani Assaf a sauvé le club. C'est lui qui le dit... Sans le président, Nîmes Olympique serait mort non ?
Certainement pas. Le club survivra à Rani Assaf. D'ailleurs des investisseurs frapperont très vite à la porte, et il le sait parfaitement. Ce qui est certain, c'est que l'on ne peut plus continuer comme cela, soyons clair. En tout cas, on ne peut plus faire comme s'il n'y avait pas un problème avec les choix de Rani Assaf. Je n'accepterai pas la mort du Nîmes Olympique sans bouger. Le problème, n'est pas le projet, le problème c'est le président du Nîmes Olympique.
Mais c'est lui qui paie... Donc il décide vous ne croyez pas ?
Mais vous pensez qu'il aurait pu faire son projet sans le Nîmes Olympique ? Aujourd'hui, son complexe sportif et immobilier est rendu possible par l'existence du club. Sans club, sans équipe, sans la Ville, il n'y a plus de projet, il n'y a même plus de Rani Assaf.
Il y a quand même des motifs d'espoirs, la saison n'est pas finie...
Je ne suis plus au Nîmes Olympique, difficile de vous dire l'état d'esprit du groupe. Mais moi, je suis un observateur avisé, un spécialiste je crois l'avoir prouvé. Et je vous le dis, si cela continue comme cela, ce sera compliqué de remonter la pente. Quand il n'y a plus d'esprit, quand il n'y a plus d'âme. Il ne reste plus grand chose...
Vous en avez gros sur la patate Laurent Boissier...
Je m'en moque de ce que l'on va penser de mes propos. J'ai été sali, on a dit beaucoup de mal sur moi. On a raconté beaucoup de choses fausses sur des transferts qui m'auraient profité. D'ailleurs, je vous le dis, désormais, je ne laisserai plus rien passer. Mes avocats ont des consignes très claires. Tout cela a fait trop de mal à ma famille. Moi, je suis un simple Nîmois très inquiet par la situation au Nîmes Olympique. Et je n'ai pas d'aigreur, je peux vous le dire, ce que je vous dis aujourd'hui, je l'ai déjà dit à Rani Assaf. D'ailleurs, je lui parle, on n'est pas fâché. Mais en tant qu'amoureux du Nîmes Olympique, je ne me reconnais plus dans la façon dont le club est géré. Et dans les propos qu'il tient à tort et à travers. Prenons son histoire des 3 000 vrais amoureux du Nîmes Olympique. C'est un mensonge. Quand un film fait un navet et qu'il y a 40 spectateurs dans une salle de cinéma, on ne dit pas qu'il n'y a que 40 amoureux du cinéma. Les responsables, ce sont les artisans du film à savoir le producteur, le scénariste ou encore le réalisateur. Alors, concernant les difficultés du Nîmes Olympique, le seul responsable c'est Rani Assaf, point barre.
Est-ce qu'il est toujours l'homme de la situation ?
Non, aujourd'hui, Rani Assaf n'est pas un bon président. Il a trop de mépris envers les Nîmois, les supporters. C'est inacceptable. Et je n'ai pas peur de lui, c'est pour cela que je le dis haut et fort aujourd'hui. J'espère que le temps ne me donnera pas raison mais j'en doute malheureusement...
Propos recueillis par Abdel Samari - 22/10/2021