L’ancien joueur de Nîmes Olympique de 1992 à 1999 est désormais entraîneur des gardiens de but du Toulouse Football Club. Même s’il est aujourd’hui toulousain, Éric Allibert n’oublie pas ses belles années nîmoises et la bande de copains qu’il s’est fait pour la vie.

Objectif Gard : Lundi en perdant à Rodez (1-0), vous avez raté l’occasion de décrocher le titre de champion de France de Ligue 2. Une nouvelle opportunité se présente à vous avec la venue de Nîmes ce soir. Avez-vous mis le champagne au frais ?

Éric Allibert : Nous vivons une belle saison, mais elle est très éprouvante. Mais entre être promu et être champion, il y a une grande différence émotionnelle. Je l’ai vécu l’année dernière avec Lille en Ligue 1. Il faut absolument aller chercher ce titre. La défaite à Rodez est dure à avaler car quand on est professionnel, il faut aller au bout des choses.

Ainsi, Toulouse sera très motivé… 

Complètement, on veut bien finir et il y aura du monde au stade. Ce qui changera les Nîmois avec les affluences qu’ils connaissent au stade des Costières cette saison.

Quelle est la recette pour faire une aussi belle saison ?

Le principal acteur est le coach. Nous avons treize nationalités différentes et l’osmose a été parfaite car l’entraîneur a su parfaitement gérer le groupe et il s’est appuyé sur des gens qui adhéraient à sa façon de travailler.

 Vous êtes originaire de Vaison-la-Romaine (Vaucluse), comment avez-vous atterri au Nîmes Olympique ?

En catégories jeunes, j’ai joué à Orange et Avignon, les clubs phares du Vaucluse. En juin 1992, plusieurs clubs m’ont approché dont Marseille et Nîmes. Avec mes parents nous n’avons pas hésité à choisir Nîmes plutôt que l’OM. C’était pour sa proximité mais aussi parce que c’était un super centre de formation.

Comment se sont passées vos années au centre de formation ?

Je suis resté sept ans à Nîmes, trois ans en formation et quatre ans en pro. Les meilleurs amis que j’ai gardé dans le football, ce sont ceux que j’ai rencontré à Nîmes. Quand je suis arrivé au NO, Jacky Novi partait et c’est René Girard qui a repris le centre de formation. C’était un honneur pour moi d’être dans cette institution. J’en garde des souvenirs énormes avec la famille Martin qui nous gardait et qui nous faisait à manger.

Avec qui faisiez-vous chambre commune ?

Avec Christophe Zugna, nous étions deux personnes totalement opposées. Lui introverti et moi exubérant. Je l’ai rendu fou et il m’a rendu fou. J’ai grandi avec Anthony Vosahlo, Johnny Ecker et Abder Ramdane. C’est des années très marquantes pour moi. On reste en contact et 25 ans plus tard nous sommes toujours amis.

En 1995, quand le club s’est retrouvé en difficulté, beaucoup de jeunes ont été appelés à la rescousse. Qu’ont-ils apporté ?

On ne gagnait pas un franc et on s’en foutait, mais sur le plan humain nous pouvions renverser des montagnes.

À Nîmes, comment viviez-vous la concurrence avec Philippe Sence et Stan Karwat qui étaient plus expérimentés que vous ?

Philippe était top avec moi ! J’étais jeune et il me donnait des paires de gants. Avec Stan, je n’ai jamais eu de problèmes mais nous n’avions pas du tout la même relation.

Avec les supporters nîmois ça n’a pas toujours été simple pour vous. Comment cela se fait-il ? 

Non, avec les Gladiators ça a été très difficile pour moi quand j’ai pris la place de Stan Karwat. Je sais que les GN sont des très grands supporters du club, mais ils n’ont pas accepté que je joue à la place de Karwat.

En avez-vous souffert ?

Oui au départ mais c’est comme ça.

Vous avez vécu le mythique parcours en Coupe de France avec la finale contre Auxerre en 1996.

C’étaient mes débuts et Philippe s’est blessé. J’ai joué jusqu’aux 16es de finale contre Saint-Étienne. Ce parcours était énorme et ça nous a coûté un peu des résultats en championnat. La Coupe de France nous a soudé à vie.

Vous avez vécu la fin du parcours sur le banc, n’était-ce pas trop frustrant ?

Non pas du tout ! Devant moi, j’avais Philippe Sence qui m’a toujours aidé. Pierre Barlaguet m’avait dit : « On est très content de toi, mais Philippe est le titulaire et il revient ». Quand tu as un entraîneur qui est clair avec toi, ça se passe bien et j’avais le respect des anciens. C’est ce qui manque un peu aux jeunes maintenant. Ils veulent tout avoir et très vite.

Et le Parc des Princes avec les 12 000 nîmois présents. Qu’avez-vous ressenti ? 

Je n’ai pas eu beaucoup de frissons comme ça dans ma vie, c’était énorme !

Si vous deviez revivre un match avec les Crocodiles, lequel choisiriez-vous ?

Mon match de Coupe de France contre Sète, lors de l’épopée en 1996. Nous avions été dominés et c’était une période un peu compliquée pour moi. Ce match a été un renouveau pour moi et tout s’est enchaîné.

Quels rapports aviez-vous avec vos entraîneurs à Nîmes ?

Pour les entraîneurs des gardiens de but, j’ai débuté avec Jean-Pierre Mottet, puis il y a eu Gilles Morisseau qui a été top et il m’a beaucoup apporté. Mais pour les entraîneurs de l’équipe, je retiens Pierre Barlaguet. Pourtant, il nous rentrait dans la gueule mais il avait une telle honnêteté. Il n’était pas facile mais c’était un homme droit avec un grand cœur. Après Pierre Mosca m’a lancé en Ligue 2 et je l’en remercie.

Avez-vous un regret sur votre passage au NO ?

Oui ! J’aurais aimé m’inscrire dans la durée car c’était mon club de cœur, mais il y a eu une cassure. Les supporters ne m’aimaient pas et je pense que l’entraîneur s’est appuyé sur ça aussi. J’aurais aimé faire comme Gilles Morisseau, jouer sept ou huit ans au plus haut niveau. Je n’ai peut-être pas toujours fait ce qu’il fallait mais je n’étais pas un tricheur.

En 1997, il y a eu un séjour en Nouvelle-Calédonie à l’occasion d’un match de Coupe de France. C’est souvent cité comme un acte fédérateur. Pour quelle raison ?

C’était la folie (rires) ! Nous étions en mode préparation, mais aussi en mode Club Med. Durant la rencontre, on est mené 1-0 sur un but où je me déchire complet et à la mi-temps Pierre Mosca me démonte et il a raison. Heureusement derrière, Greg Meilhac marque un triplé et nous sauve. Ce séjour là-bas a été fondateur.

Que vous a-t-il apporté ?

Nous avions 18 ans mais ne faisions qu’un avec les joueurs plus expérimentés comme Éric Auffret et Antoine Di Fraya. À la trêve, nous avions 15 points de retard sur Istres et Di Fraya a trouvé les mots pour nous pousser à combler ce retard. Une fois par semaine on se retrouvait pour passer un moment festif. Ça nous a soudés et ça a permis de monter à la fin de la saison. On se mettait deux fois plus le cul par terre pour les coéquipiers.

Quel joueur avait mauvais caractère ?

Dieu sait si je l’adore mais c’était Johnny le mauvais caractère. On s’est suivi à Lille et nous nous sommes toujours dit les choses en face. Il n’aimait pas perdre aux jeux à l’entraînement ou aux cartes. Quand on était à l’hôtel, il nous prenait toujours la tête parce que sa viande n’était pas assez cuite. Un râleur certes, mais il nous apportait un supplément d’âmes. C’est ça Johnny.

À l’époque, comment passiez-vous le temps lors des déplacements ?

Nous voyagions en bus et parfois ça pouvait être très long. Il n’y avait ni tablette, ni téléphone. Alors on jouait aux cartes et notamment à la contrée. Christophe Zugna était le plus fort, comme aux boules. Johnny et Nico (Nicolas Marx) étaient très bons aussi.

À quel moment avez-vous senti que vous passiez un cap ?

Quand j’ai signé à Lille, j’ai vraiment basculé sur le plan mental. J’ai rencontré ma femme et puis j’ai travaillé avec Vahid Halilhodžić. Ce n’était pas facile, mais il m’a fait passer un cap.

Propos recueillis par Norman Jardin

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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