Supporter depuis vingt ans, passionné du club jusqu'à devenir "l'insider" au courant des dernières infos du Nîmes Olympique, Modrek Belbachir a décidé de rendre les armes. Excédé par la gestion du président Rani Assaf et par la décrépitude de son club d'enfance, il raconte pour France 3 Occitanie sa trajectoire "de passionné à désabusé".

Il en a lâché des larmes pour ce blason. "Plusieurs fois même". Tantôt de joie, tantôt de tristesse, mais toujours avec l'ivresse d'un supporter à fond derrière ses couleurs, croco jusque dans le sang. Dix-huit ans exactement que Modrek Belbachir supporte le Nîmes Olympique, lui le natif de la cité gardoise. Dix-huit ans de passions, de déplacements, d'amour et de déceptions. Dix-huit ans, balayés d'un coup d'un seul par un simple tweet... ou presque.

De supporter à "insider"

Saison 2019-2020, le Nîmes olympique est en première division. Modrek obtient l'information que Bernard Blaquart, alors entraîneur, partira à la fin de la saison. À l'issue des 38 journées de championnat, la rumeur se confirme, l'entraîneur s'en va. "C'est là que j'ai lancé mon compte Twitter (désormais X), en publiant les quelques informations que j'avais sur le club. Ç'a bien pris, car l'info sur Blaquart m'avait donné de la crédibilité" explique-t-il.

Les saisons suivantes, Modrek enchaîne les déplacements avec le club, réussi à participer aux conférences de presses, rencontre les joueurs. "J'avais de plus en plus de contact dans le club, et d'infos que je publiais avant les journalistes" continue le Nîmois. Cet insider improvisé, se prend malgré tout au jeu, ravi de pouvoir s'immiscer dans le club dont il est amoureux depuis ses 12 ans. Il devient au fil des saisons - "le" - supporter, respecté autant en tribunes que dans les vestiaires.

 

Chute libre du Nîmes Olympique

Mais ce statut spécial lui vaudra la plus grande des peines pour un supporter : assister, aux premières loges, à la descente aux enfers de son club. Projet de nouveau stade scabreux, conflit autour du centre de formations, résultats sportifs en berne, le Nîmes Olympique semble ne pas se remettre de sa descente en ligue 2 en 2021.

Pire, les crocos chutent en nationale (troisième division) en 2023. Là, le club plonge dans la brèche du chaos, et s'enlise dans une crise ouverte sans précédent au club. "On avait déjà eu quelques signaux, mais c'est là que nous avons vu le vrai visage du président Rani Assaf. Il est manipulateur, autoritaire, si vous n'allez pas dans son sens, vous prenez la porte" dénonce l'ancien insider du club.

Rani Assaf est le pire président de France

Aux abonnés absents, le président et actionnaire du club n'apparaît quasiment plus dans les médias, alors que son club semble partir à la dérive. L'entraîneur Frédéric Bompard se plaignait très récemment que les joueurs n'avaient pas d'eau chaude et de chauffage au centre d'entraînement. Depuis, les crocos ont enchaîné deux défaites, dont une humiliation 6-0 à Versailles. "C'est le pire président de France, Rani Assaf est en train de tuer le club" lâche sans concession Modrek Belbachir.

 

Jeter l'éponge

Au cœur du marasme, Modrek Belbachir assiste impuissant à la lente décrépitude de son club. "Avec tout ce qu'il se passe, mon téléphone sonnait plusieurs fois par jour il y a encore peu de temps" raconte-t-il. Un déchirement de chaque instant pour ce passionné, lui l'enfant des Costières qui pouvait pleurer quand Nîmes battait l'ennemi Montpellier. Un déchirement qui l'a mené à "tout arrêter", le 14 novembre dernier. 

"Je broie du noir avec ce club"

"Ce qu'il se passe depuis deux ans me ronge. Je ne m'identifie plus aux joueurs, le centre d'entraînement est ravagé. Tout mène au néant" souffle-t-il, avant d'ajouter : "Rani Assaf m'a vidé de mes émotions, je ne vais plus au stade, je broie du noir avec ce club". Lorsqu'on lui demande de choisir un mot pour définir sa pensée vis-à-vis du Nîmes Olympique ? "écœurement ou tristesse" hésite-t-il.

S'il arrête toute ses activités de supporter, Modrek a tenu à rappeler son soutien au collectif "sauvons le Nîmes Olympique"

Lent détachement

De déceptions en désillusion, de douleurs en malheur, Modrek a décidé de rendre les armes. D'arrêter de supporter son club de cœur. Plus de déplacements, plus de matchs, plus de tweets pour commenter les performances de son équipe. Irait-il jusqu'à jeter ou vendre ses maillots ? "Ah non, ça, impossible !", rétorque-t-il immédiatement, trahissant un deuil loin d'être achevée, ou affichant une lueur au milieu de la détresse, c'est selon.

"J'ai beau tout essayer, je n'arrive pas à trouver de positif"

Mais le préparateur de commande dans la vie de tous les jours se dit sûr de lui. "J'y réfléchis depuis trois mois. J'ai beau tout essayer, je n'arrive pas à trouver de positif". Quant à l'avenir et à un possible retour à la normale quand Rani Assaf partira, là aussi le pessimisme règne : "Le club est en miettes, je suis persuadé qu'on mettra 15 ans si ce n'est 20 à s'en remettre". 

Les plus sages diront qu'un crocodile blessé surgit des eaux troubles quand on ne s'y attend pas. Nul doute malgré tout que Modrek l'espère d'une petite partie de son cœur, qui est, et restera à vie, rouge et blanche.

CLIC SUR CERTAINES PHOTOS POUR LES AGRANDIR

RECHERCHE ARTICLE OU PERSONNALITE

Stanislas Golinski
Stanislas Golinski
Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes