“Rani Assaf Est Très Mal Entouré”
Ancien leader des supporters ultras de Nîmes, ancien bras droit de Rani Assaf à Nîmes- Olympique, Laurent Toureau, qui se lance dans le football féminin, critique la gestion du président de Nîmes-Olympique.
La Gazette. Vous ne vous êtes jamais exprimé depuis votre licenciement de Nîmes Olympique à l’été 2021 par le président Assaf. Pourquoi ce silence ?
Laurent Tourreau. J’ai préféré rester discret. J’ai mal vécu mon départ après avoir tant donné. On n’avait pas la même vision sur le fonctionnement du club au quotidien. Je suis toujours en procédure avec le club concernant mon licenciement. Après plusieurs recours pour retarder la décision, le jugement doit intervenir en octobre. Je reste un supporter du club, même si je ne suis jamais allé au stade des Antonins. J’espère que les Crocos vont se maintenir en National.
Regrettez-vous la collaboration avec Rani Assaf ?
L’aventure valait le coup même si elle s’est mal terminée. Je suis satisfait de mon passage. On a réussi à conserver la licence club (un cahier des charges dans le foot professionnel) et les revenus qui en découlent. Je regrette simplement le manque de moyens humains et d’infrastructures. Quand j’allais en séminaire avec les clubs de Ligue 1 et Ligue 2, on passait pour des Ovnis. Ils présentaient leur organigramme avec quarante employés quand on était six administratifs ! Heureusement pour Assaf, ils étaient ou sont tous amoureux du club.
En tant qu’ancien supporter des Gladiators, votre choix de travailler au club a été étonnant, surtout quand on connaît la défiance du président envers les ultras…
J’ai toujours été clair quant à ma position avec les Gladiators et avec le club. Je me suis tenu à l’écart des échanges entre le groupe et Rani Assaf pour ne pas influencer les deux parties. Je n’ai jamais renié mon passé d’ultra. Je suis convaincu que les supporters et le club sont indissociables.
Pourtant, le conflit entre les supporters et la direction perdure. Cette situation était-elle inévitable ?
Après de longues années de silence, Assaf a souhaité renvoyer supporters, médias et anciens du club dans les cordes lors d’une conférence de presse en juin 2020. Il dit ce qu’il pense sans filtre ni aisance dans sa communication. Il n’y a pas besoin de critiquer son bilan, il parle pour lui-même.
Il est très mal entouré et prend de mauvaises décisions. Son directeur général Rafik Menni, ou son président d’honneur Jean-Jacques Bourdin, ne connaissent pas le football et son fonctionnement. Assaf a quand même fait le choix de supprimer les guichets physiques au stade des Costières pour économiser 120 € par match !
Vous étiez encore au club lors du lancement du projet de nouveau stade. Pensez-vous que le stade des Costières est aussi obsolète qu’Assaf le prétend ?
Pas du tout ! C’est un stade qui a des carences pour le haut niveau, mais personne n’a fourni la moindre étude ni chiffré le coût de la rénovation du stade. Il y a eu une forte communication autour du nouveau stade et un projet immobilier permettant à Assaf de diversifier son patrimoine. Chaque année, il y avait une dérogation pour continuer à jouer dans le stade malgré la nécessité d’une mise aux normes car il n’y en n’avait pas d’autre et aussi et surtout parce que la mise aux normes n’était pas un handicap majeur. J’ai, par exemple, proposé la pose de LED sur le toit des tribunes pour compléter l’éclairage, Assaf s’y est opposé sans étudier la chose avec un spécialiste. En National et avec quelques rafraîchissements, les Crocos pourraient rejouer aux Costières.
Vous retrouvez justement ce stade puisqu’il va devenir celui des féminines de Nîmes Métropole pour cette saison. Quelles sont vos nouvelles fonctions dans ce club ?
J’arrive en tant que dirigeant bénévole en charge du développement du club des partenaires, des aspects administratifs et de l’organisation les jours de match. Il faut dire que je connais par cœur les moindres recoins des Costières. Le repreneur, Nicolas Stevanovic, m’a présenté un projet cohérent et ambitieux d’accession en première division d’ici cinq ans. Je veux y apporter mon expérience, mon réseau, et, surtout reprendre du plaisir dans le football.
Pensez-vous qu’il est possible d’avoir un club professionnel féminin de manière pérenne à Nîmes ?
Bien sûr, on travaille dans ce sens. Le football féminin est en plein essor. L’idée est de le professionnaliser tout en gardant l’esprit familial et populaire. Nîmes est une ville où le football est ancré dans les mentalités. C’est une force pour sortir du lot et attirer les partenaires. Il faut savoir les fédérer tout en créant de l’engouement.
Propos recueillis par Colin Delprat
bio express
1996
Adhérent au groupe de supporters Gladiators
1998
Agent de maîtrise à Suez / Véolia
1999
Président des Gladiators pendant sept ans
2010
Condamné à un an d’interdiction de stade
2018
Directeur des opérations de Nîmes Olympique
2021
Licenciement de son poste
2023
Dirigeant au Football féminin Nîmes Métropole