Un derby reste un derby et quelles que soient les circonstances (stade vide et horaire inhabituel), c’est le match à gagner à tout prix. Montpellier y est parvenu lors des deux dernières saisons et Nîmes avait bien l’intention de mettre un terme à cette triste mini-série. Même si la rencontre se joue à huis clos, la suprématie régionale est tout de même en jeu. Donc, malheur au vaincu.

Avant le coup d’envoi, la faveur des pronostics penchait côté héraultais (5e avec 10 points) face aux Gardois (14e avec 5 points). Mais le football n’étant pas limité aux statistiques, le NO avait décidé de déjouer les parieurs. Un espoir conforté par la bonne première période des Nîmois...

Rapidement, Denkey obtient un coup franc dont se charge Ferhat mais sans cadrer sa frappe (4e). Dans la foulée, Meling transmet le ballon à Denkey qui le dévie pour Ripart. Ce dernier progresse dans la surface de réparation avant de frapper, à coté (6e). Le début est très encourageant côté visiteur.

À ces opportunités gardoises, la réponse héraultaise se limite à une frappe de Souquet dans les nuages (8e). La rencontre entre alors dans une longue période sans émotion. Il faut attendre une reprise de Laborde au second poteau, contrée par Fomba (35e), pour trembler…un peu.

Cela n’enlève rien aux Nîmois qui parviennent dans les 45 premières minutes à gêner Montpellier avec un pressing haut et intense. Une activité qui fait entrevoir des failles dans la défense locale. C’est tout pour un premier acte qui ne restera dans aucune mémoire.

La seconde période débute avec une largesse nîmoise offerte à Savanier qui rate le cadre (47e). C’est peu mais c’est beaucoup dans cette rencontre où les véritables occasions peuvent se compter sur les doigts d’une main. On entre dans le dernier quart d’heure quand un centre de Meling est repris par Deaux mais le ballon finit dans les tribunes (77e).

Mais le meilleur est à venir. Après une superbe déviation de Deaux, Ferhat sert Ripart dans le dos de la défense qui se jette pour devancer la sortie d'Omlin (0-1, 84e). Le maestro envoie Nîmes au septième ciel et peut alors fêter son but devant la Butte Paillade vide !

Pour la première fois en Ligue 1, Nîmes réussit à marquer à la Mosson. Six minutes, c’est long quand il faut résister. Bien en place et appliqués, les Nîmois parviennent à contenir les assauts désordonnés du MHSC. Plus rien n’est marqué. Nîmes Olympique s’impose 1-0 à Montpellier et dans 50 ans on en parlera encore.

De Montpellier, Norman Jardin.

6e journée de Ligue 1. Montpellier – Nîmes Olympique 0-1. Stade de la Mosson et du Mondial 98. Mi-temps : 0-0. Arbitre : M. Millot. Rencontre disputée à huis-clos. But : Ripart (84e). Avertissements à Montpellier : Souquet (43e) et Savanier (89e). Avertissement à Nîmes : Briançon (34e).

MHSC : Omlin – Souquet (Sambia, 82e), Hilton, Congré, Mendes (Mavididi, 87e), Ristic (Onyongo, 75e) – Ferri (Mollet, 75e), Le Tallec (Chotard, 82e) - Savanier - Delort, Laborde. Entraîneur : Michel Der Zakarian. Remplaçants non utilisés : Bertaud, Cozza, Dolly, et Yun. 

Nîmes : Reynet – Burner, Briançon (cap), Landre, Meling – Fomba, Deaux, Cubas – Ferhat, Denkey (Roux, 63e), Ripart. Entraîneur : Jérôme Arpinon. Remplaçants non utilisés : Dias, Martinez, Paquiez, Miguel, Ahlinvi, Benrahou, Chadli et Koné.

Renaud Ripart : « C'est un pur bonheur. Nous avons tout donné et nos efforts ont rendu les gens heureux. Certains pleuraient à notre retour à la Bastide. Nous sommes tous euphoriques et c'est bien d'avoir vécu cela avant la trêve internationale. Je m'en souviendrais longtemps. 

Nous avons très bien préparé tactiquement ce match, afin qu'ils évitent de trouver Téji Savanier ou les deux attaquants. Devant, nous avons été réalistes. Depuis quelques semaines, nous sommes plus équilibrés sur le terrain. On défend mieux. Pour faire un bon Championnat, il faut de la stabilité derrière. »

Jérôme Arpinon : « On a fait le match que l'on voulait faire. Cela fait très plaisir. C'est le match le plus important de l'année. On l'avait dit, ils l'avaient dit. C'est une victoire historique. C'est bien pour nos supporters. Au fond de moi, je suis très, très heureux. On prend trois points. Cela nous fait faire un bond au classement. Cela peut lancer notre saison. C'est un tournant. Cette victoire est galvanisante pour les joueurs.

Renaud (Ripart) est l'un des symboles du club. Il ne lâche rien de la première à la dernière minute. On ne voulait pas subir. Si on subit contre Montpellier, et son trio offensif (Delort, Laborde et Savanier), on est chocolat. On avait bien préparé ce match. On avait plein de petits plans pour couper les passes. On n'a pas mis un plan contre "Téji" (Savanier), ni contre Andy Delort ou Gaëtan Laborde. On a mis de la densité sur le côté du ballon. »

 

Michel Der Zakarian (entraîneur de Montpellier) : « On a manqué notre match. On est passé au travers. On n'a pas vu de jeu. On a mis de grands ballons devant. On n'a pas fait ce que l'on recherchait. On a manqué de mobilité, de justesse technique et de vitesse dans nos échanges. On s'est compliqué le jeu. On a tout manqué et je ne sais pas pourquoi on n'a pas réussi à jouer. Je me pose la question. Nîmes a bien joué car il a gagné. Il a fait le match qu'il voulait faire. Il nous a bien bloqués, car il nous a empêchés de mettre notre jeu en place. On était là dans les duels, mais on a été mauvais dans l'utilisation du ballon. 

C'est le premier match à domicile où l'on passe totalement au travers. L'équipe n'a pas été bonne, je m'y mets également dedans. Quand on perd un derby, on n'est jamais content. Quand on perd, c'est toujours un coup d'arrêt. On va voir si l'équipe a du caractère pour inverser les choses et gagner à l'extérieur, à l'occasion de nos prochains déplacements ». 

 

Vitorino Hilton (capitaine de Montpellier) : « On a manqué notre première période. On a essayé de corriger ça. Malgré une bonne opportunité de Téji Savanier à la reprise, on n'a pas eu 2 000 occasions. On perd chez nous. Cela faisait très longtemps que l'on n'avait pas perdu à domicile. Qui plus est, on perd un derby, on est encore plus déçus. On va bien se reposer, bien travailler pour essayer d'enchaîner lors des prochains matches. On n'aime pas jouer un match sans supporter. Le public a un rôle à jouer dans ce genre de match, notamment au début. Nîmes nous a bien contrés lors de la première période. Ensuite, on a été meilleurs. »

Exclu : Le match vu par Julien Escaffit, supporteur pailladin, qui s'occupe du groupe #directmhsc sur Facebook. 

1 Le derby approche, un peu moins de 24h avant le coup d'envoi, quels sont vos sentiments ? Impatient ? Plutôt confiance ou méfiance ? Votre regard sur le huis-clos ? Ou allez-vous regardez le match ? Comment encourager vos joueurs ?

2 Que pensez-vous de votre début de saison ? Quels sont les objectifs du club ? 
3 Revue d'effectif, quels joueurs sont en forme en ce moment ? Quels sont ceux qui doivent donner + selon vous ?
4 Essayons d'être objectif un moment, que pensez-vous de notre équipe et de son image ? La rivalité entre nos deux clubs ? 
5 Vous êtes dans les vestiaires à la place de Der Zakarian quelque minutes avant la rencontre ? Que diriez-vous à vos joueurs ?
6 Le prono ?

 

1 En tant que supporteurs très fervents, très impatient d'être à demain. Vraiment dégouté de pas aller au stade, ça aurait était la fête j'avais ma place bref ça sera devant la télé chez moi avec des amis et la famille.
En confiance vu les résultats du début de saison. On a eu une préparation estivale terrible mais le staff et les joueurs ont fait du bon boulot. De multiples banderoles ont était déployé dans Montpellier pour "allumer" ce derby mais c'est clair le stade et les supporteurs adverses vont manquer. Un rassemblement est prévu demain vers 10h aux abords de la Mosson pour encourager les joueurs.

2 Nous sommes 4 ème mais on est qu'à la 5 ème journée c'est anecdotique mais c'est plaisant dans le sens ou cette équipe a une qualité de jeu incroyable et un réalisme a l'etat pur. Même la grinta est présente. Gagner trois matchs à domicile en une semaine, ça n’a pas du arriver a tout le monde, c'est un réel exploit même si notre stade est converti en forteresse depuis la saison dernière. L'objectif est bien l'Europe. Nous sommes bien partis mais il faut surtout bien arriver. L'équipe en est capable. Et évidemment prendre des points a l'extérieur qui nous a était préjudiciable la saison dernière mais nous sommes sur la bonne voie

3 L'équipe est vraiment en pleine "bourre". Le collectif est sur tous les fronts. On marche sur l'eau mais vu les matchs c'est mérité. Maintenant il ne faut surtout pas s'enflammer et prendre les matchs un par un. Savanier est incroyable positionné sous les deux attaquants. Un jeu créatif, de la confiance engrangée, une forme physique de guerrier, il a tous les voyants au vert en de debut d'année. Laborde est le meilleur passeur du championnat et Delort claque des buts même de la tête, on se régale côté pailladin ça c'est sûr. Même les défenseurs mettent des doublés comme Congre. La recrue Omlin dans les cages est très performant, je pense qu'il va confirmer sur la duree. Au final on a déjà oublié Rulli. Pour Mavididi l'attaquant n'a pas eu encore trop de temps de jeu mais qualité de vitesse et débordement c'est pas mal pour le peu que j'ai vu. Qui doit faire +? Honnêtement, peut être attention Hilton par rapport a Angers ou il fait deux fautes grossieres qui nous coûte un but mais c'est vraiment pour chipoter et Sambia doit encore muscler son jeu dans les duels surtout aériens.

4 De votre côté je ne suis quasiment pas votre actualité. Juste le classement me fait penser que votre début de saison est "correct" pour un prétendant au maintien. J'apprécie Briancon. Cet affrontement nîmois mtp c'est beaucoup entre supporteurs c'est sûr les joueurs se connaissent beaucoup. Après c'est certain Nicollin va bien leur faire comprendre l'important de gagner ce derby...

5 faites-le pour loulou, faites le pour les supporteurs, faites le pour Laurent (Nicollin) montrez- leur qu ici c'est la Paillade...et surtout aucun regret a la fin du match. Donnez tout ce que vous avez dans le ventre

6 MHSC 3 0 Nîmes
En espérant un derby très ouvert. Bon match

À 72 ans, et surtout plus de trente saisons à La Paillade et une vingtaine à Nîmes, le "patriarche" du MHSC symbolise presque à lui seul ce derby brûlant. Et en parle comme personne.

Montpellier, Nîmes. Même la nuit, il n’y échappe pas. Dans ses rêves, Michel Mézy se voit "en train de jouer sur les pelouses de Jean-Bouin et de La Mosson". Le résumé d’un homme pudique que la vie a placé pour toujours des deux côtés du Vidourle. Conseiller spécial, depuis 2006, de Laurent Nicollin après avoir été celui de Loulou, il plante le décor à deux jours du match. À sa façon. Inimitable.

Ces derbies, c’est un déchirement personnel ?

Les jours qui précèdent le match, c’est difficile… C’est mon dilemme. Mais le jour du match, il y a le respect.

La saison dernière, vous nous disiez avoir le trac avant un début de championnat. Est-ce qu’avant un derby, ce trac est décuplé ?

J’ai le trac parce que ces deux équipes, c’est ma vie. Bien sûr, je suis compétiteur et je veux gagner. Ce qui va manquer, c’est l’environnement, ces supporters qui aident énormément les deux clubs. J’ai 72 ans, je peux le dire : si Nîmes n’a pas ses supporters, ils ne sont pas où ils sont ; et Montpellier, sans la Butte, l’Armata, etc., on n’est ni champions de France ni là aujourd’hui. Je suis pour le folklore, j’aime quand c’est un peu chaud ! Mais je suis pour la paix.

C’est un crève-cœur ce huis clos ?

C’est la pire des choses qui puisse arriver, pour les supporters, les clubs. ça pénalise le football et ira sûrement au détriment de quelque chose, peut-être le jeu. Sans public, il te manque ton oxygène lorsque tu es joueur. La notion de dépassement va être encore plus forte. Mais il n’en reste pas moins un match à disputer. Même si ce huis clos donne un petit avantage à l’équipe qui se déplace.

La décision a été difficile à prendre ?

C’est d’abord du bon sens. Parce que ne pas choisir le huis clos, c’était ne faire venir que les loges. Et c’est quoi : les riches contre les pauvres ? Donc la décision du président est la bonne. Mais c’est un crève-cœur.

Malgré cela, ce derby a-t-il toujours la même saveur ?

Comme j’ai été des deux côtés… (rire). Mais je n’ai jamais eu de haine. Je jouais pour gagner. La saveur réside dans le jeu, les efforts des joueurs. Mais il y a quand même eu quelque chose d’extraordinaire lors des derniers matches devant moins de 5 000 personnes : Montpellier a proposé un jeu d’une grande qualité, contrairement à ce que dit ce fifre de Juninho ! Entre ça et un public d’une connaissance extraordinaire, je me suis pincé. J’avais tellement d’appréhension cet été avec les matches amicaux…

Vous étiez inquiet ?

Oui, pendant un moment. Et puis j’ai vu les dernières rencontres. ça faisait longtemps, (il insiste) longtemps que je n’avais pas vu jouer au ballon de cette manière ici.

Quel a été le déclic ?

Il y a eu une prise de conscience. Et puis il y a des choses à dire : Delort est arrivé avec du poids en trop cet été, Laborde s’est fait attraper pour un match sauvage… ça m’a fait enrager. Finalement, j’ai tout pris à l’envers. Je me suis dit que ces mecs, s’ils font ça, c’est qu’ils aiment jouer au ballon. ça ne m’a pas empêché de leur dire ce que j’avais à leur dire. Mais quand je les vois jouer, je sens à quel point ils aiment ça, à quel point cette équipe aime jouer. Et en plus, il y a un banc. Qu’est-ce que ça donnera au final ? Je ne sais pas. Mais je prends mon plaisir. Et je dis ça alors que je regarde tout le monde jouer.

Nîmes compris ?

Bien sûr ! Je les trouve équilibrés, sauf contre Lens (1-1) où ils ont été dominés. Mais jusque-là, ils avaient joué crânement leur chance. Et ça me faisait espérer un derby haut en couleur, avec du monde…

Vous aviez dit un jour : "Nîmes, c’est le club des Gardois, Montpellier, celui des Nicollin".

Il faut que j’explique : selon moi, à Nîmes Olympique, vous pouvez mettre n’importe qui en tant que président - et ce n’est pas péjoratif pour celui en place -, le club reste celui de la région. Montpellier, c’est différent, c’est La Paillade oui, mais d’abord, c’est Nicollin. Et aujourd’hui, ce club tel qu’il est, c’est celui dont j’ai toujours rêvé.

Pourquoi ?

Je ne vois pas de faille, tout le monde est à sa place. C’est un bloc. Tu en touches un, tu touches tout le monde. Les joueurs adhèrent. Ce supplément d’âme, à la fois celui du club et des Nicollin, signifie que le joueur de 1974 a autant sa place que le champion de France de 2012. C’est au-dessus de tout.

Qu’est-ce qui différencie les deux clubs ?

Ce sont des aiguillons l’un pour l’autre, il y a une émulation. À Nîmes, c’est passionnel. Il te semble que tu connais tout le monde. Mais Montpellier a cette grandeur d’âme que n’a pas aujourd’hui Nîmes. C’est un grand club le MHSC ! J’ai la chance d’aimer les deux. On me comprend, on ne me comprend pas… Et puis merde ! Je ne peux pas dire du mal de Nîmes, c’est en moi. Comme Montpellier.

Récemment, les clubs de tennis de table de Montpellier et Nîmes ont noué une alliance. Ce serait possible un jour en foot ?

Il y a plus de trente ans, j’avais évoqué cette idée. J’ai cru qu’on allait me mettre les plumes (rire). C’est impossible, écoutez-moi, impossible ! C’est comme le Grau-du-Roi - Aigues-Mortes. C’est tellement différent. Ou tu es Nîmois ou tu es Montpelliérain. Moi je suis Nicollin, malgré les disputes, et pas que des petites.

Est-ce que vous vous considérez comme un garant de l’identité du MHSC ?

Mon rôle, c’est de dire. Et je donne, je transmets. Je l’avais dit un jour à mon ami, à Loulou, c’est le moment de donner parce que c’est la continuité. C’est ce que j’appelle la grandeur d’âme.

Vous avez eu peur lors du confinement ?

Toujours. Je n’ai pas peur de mourir, j’ai peur de ne plus vivre. Dans ces moments, tu te poses toutes les questions du monde. Moi, un jour je suis positif (au Covid-19), deux jours après, je n’ai plus rien… Dans ces moments, tu te retrouves avec les gens que tu aimes. Ma vie est comme ça. Je m’excuse auprès des gens que j’ai pu froisser. Mais je n’ai jamais triché, je n’ai jamais su me coucher.

On ne peut pas parler de derby sans évoquer Loulou…

C’est lui qui l’a enflammé.

Qu’est-ce qu’il aurait dit cette semaine ?

Rien. Enfin si : "Vous vous démerdez mais vous le gagnez ce match !" Comme fera Laurent.

PROPOS RECUEILLIS PAR MAXIME RAYNAUD

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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