Coach de Nîmes et de Pau qui s’affrontent samedi, et champion de France avec Montpellier en 2013, René Girard suit toujours de très près l’actu des Crocos. Et il s’en désole

 

 

René Girard est-il toujours un retraité heureux et aussi apaisé loin des bancs de touche ?

C’est aller un peu vite que de dire que je suis bien, loin du banc (rires). Mais bon, avec le temps qui passe, il faut s’en remettre à la réalité. J’ai eu quelques touches, mais qui ne correspondent pas du tout à ce que je souhaite aujourd’hui. Avec l’âge, on aspire à autre chose, à mon niveau, j’ai peut-être fait le tour de ce que je pouvais faire. Il aurait vraiment fallu quelque chose qui me botte et qui me desserve moins par rapport à ce que j’ai vécu ces temps derniers. C’est comme ça, il faut savoir tirer un trait sur le passé. On pousse le bouchon, on a envie, et puis après, on est déçu.

Qu’est ce qui ne vous correspond plus dans le foot d’aujourd’hui ?

Ça fait un petit peu vieux jeu, mais bon, avant on se tapait dans la main et puis voilà. Maintenant, avec les contrats, il n’y a rien de valable qui s’inscrit dans la continuité. Rien n’est évident, tout va très vite d’un côté comme de l’autre. On n’a plus le temps de se poser pour mettre en place ce dont on a envie. Je n’ai plus besoin du foot pour vivre. J’ai vécu de belles années, de beaux moments, mais c’est un monde dans lequel je me reconnais de moins en moins.

Comment expliquez-vous que Nîmes en soit arrivé là ?

C’est à la fois facile et difficile à expliquer. Quand il n’y a pas de capitaine dans le navire, le bateau tangue. Cela fait quelques années que ce club se cherche… Il y a une région de foot, un vrai public, mais il manque l’essentiel. Il y a un président (Rani Assaf, depuis 2016) qui a ses idées, qui est venu à Nîmes pour réaliser certaines choses qui peuvent paraître intéressantes, mais qui a oublié que la locomotive, c’était l’équipe première. C’est une région qui est déçue, parce que son équipe y va tout droit. On est tristes de là voir dans cet état-là. Le club a changé trois ou quatre fois d’entraîneur, les meilleurs joueurs s’en vont, et les gens voient que le club s’enfonce doucement mais sûrement…

Ce match face à Pau ressemble à celui de la dernière chance…

Il est clair que si on veut avoir une chance de s’en sortir, il faut battre Pau à tout prix (Nîmes compte 7 points de retard sur le premier relégable, NDLR). Mais ce sera très compliqué. Ce qui revient, c’est qu’on peut, que mathématiquement, c’est jouable… mais on s’enlise petit à petit, et quand on relèvera la tête, on s’apercevra sans doute qu’il sera trop tard.

Que pensez-vous de ce stade éphémère des Antonins, où Nîmes ne semble pas avoir trouvé ses marques avec ces cinq défaites depuis fin décembre ?

Ce n’est jamais très sain ni très prolifique d’évoluer dans ce genre de cadre. Faire un stade intermédiaire, c’est quelque chose que je n’avais jamais vu dans le football. Parfois, on a ses habitudes, on est bien dans son cocon, et là, je crois que personne ne l’est. Supporteurs, joueurs, l’ambiance fout le camp… Tout se détériore et c’est dommage.

Du côté de Pau, la dynamique est inversement proportionnelle…

C’est devenu une bonne équipe de Ligue 2, solide, costaude, bien en place. Avec Joël (Lopez), on a gardé beaucoup d’atomes crochus. On s’appelle régulièrement pour refaire un peu le monde. J’ai trouvé une équipe qui est montée en puissance. C’est solide, athlétique, et ça vient d’enchaîner 2, 3 résultats impressionnants qui leur ont fait du bien. Le danger, pour eux, peut venir du fait qu’ils soient quasiment sauvés. Il faudrait une catastrophe. Il y aura moins de motivation, moins d’enjeu que s’ils jouaient la montée ou que s’ils étaient à la place de Nîmes.

Êtes-vous étonné de l’ascension du Pau FC, et du boulot réalisé par votre ami Joël Lopez notamment ?

 

Ce qu’il fait, c’est dur. C’est un club qui n’est pas toujours très stable non plus. Je le dis pour l’avoir vécu. Tous les ans, il faut rebâtir une équipe. Ce qu’il fait, c’est remarquable. www.sudouest.fr - 28/04/2023

CLIC SUR CERTAINES PHOTOS POUR LES AGRANDIR

RECHERCHE ARTICLE OU PERSONNALITE

Stanislas Golinski
Stanislas Golinski
Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes