La relégation de Nîmes en National est effective depuis deux semaines et demie, et aucun dirigeant du club, en dehors du sportif, ne s’est exprimé. Pourquoi ? Les supporters de NO n’ont-ils pas le droit de savoir ?
Tout à fait. C’est pour cela que je prends la parole, et que je vous parle. Il est logique d’informer tout le monde, les salariés du cub, les supporters, les élus. Je le fais librement, pas sur commande, en mon nom et en tant que président d’honneur du club. Rani Assaf (le président) sait que je vous accorde un entretien, mais il ne sait pas ce que je vais dire.
Justement, qu’avez-vous à dire au peuple nîmois après cette descente ?
Je regrette, et qui ne la regrette pas, cette descente en National. Elle me peine, je souffre, comme tous ceux qui aiment ce club. Je suis triste, mais il faut savoir accepter les défaites, comme savoir apprécier les victoires. Mais il ne faut pas en faire le drame que l’on veut bien en faire. Ce que je constate, c’est cette politique du pire qui est pratiquée autour du club. Ce n’est jamais bon. Certains ont souhaité la descente. Aucun amoureux de son club ne peut souhaiter sa descente.
Comment expliquez-vous cette relégation ?
Les raisons sont multiples, avec une multitude de choses qui se sont passées cette saison. La première raison de l’échec sportif est certainement le recrutement de l’été dernier, qui n’a pas été réussi. Le changement de stade en cours de championnat n’a pas aidé, mais il était obligatoire. Des erreurs ont aussi été commises par la direction du club. C’est un échec collectif, de la direction, des joueurs, du staff, des supporters, des élus, dans lequel je m’inclus.
Vous êtes à l’origine de la venue du nouvel entraîneur Frédéric Bompard, vous ne vous en êtes d’ailleurs jamais caché. Il a échoué à maintenir le club. Doit-il et va-t-il rester ?
Je pense qu’il a manqué de temps, et qu’il a dû compenser avec le recrutement de l’été, sur lequel on s’est trompé. Son avenir, je ne le connais pas, il doit encore discuter avec Rani Assaf et Sébastien Larcier, qui devrait arriver officiellement comme directeur sportif. Il a encore un contrat d'un an. Je pense que c’est un bon entraîneur, qui a l’autorité et l’expérience, et qu’il en faudra pour le National.
Il y a un président, aussi, qui vient d’essuyer sa deuxième relégation en trois saisons. On vous pose la question : Rani Assaf est-il toujours l’homme de la situation ?
Mais il est propriétaire du club ! Tant qu’il le sera, il sera l’homme de la situation. J’entends des “Rani Assaf dehors !” Mais quand vous êtes propriétaire d’une maison ou d’une entreprise, et que vous la financez, on vous met dehors ? L’entreprise Nîmes Olympique, il l’entretient. Bien ou mal, l’avenir le dira. Je ne suis pas là pour faire son procès.
Et je préviens : il a mis 25 M€ dans le club (en comptant les 11 M€ pour faire le stade provisoire, NDLR). S’il lâche tout, on fait quoi ?Le club est liquidé et on repart en Régional 1 ? Et qui le reprend ? Aujourd’hui, il y a de la trésorerie, mais il y a le PGE (prêt garanti par l’État) de 6 M€ à rembourser. Ce n’est pas son sort qui compte, c’est celui du club. Rani est, comme nous tous, amer suite à cette descente. Il a fait des choix, il a commis des erreurs, et il n’est pas le seul. Il réfléchit aujourd’hui à la meilleure manière de rebondir.
L’avenir de Nîmes Olympique est très incertain. Comment l’envisagez-vous ?
Je ne suis pas membre de la direction, je l’accompagne. Je ne dirai jamais de mal de Nîmes Olympique, et je ne laisserai jamais tomber le club. Si je parle, c’est pour lancer un appel : sortons des combats stupides et des rivalités stériles, réunissons toutes les parties prenantes du club, élus, Association, dirigeants, autour d’une table et réfléchissons à son avenir.
Que tout le monde dise ce qu’il pense. Je suis dans un rôle de médiateur. Je n’ai aucun intérêt financier, j’ai toujours été bénévole. Répondra à l’appel qui veut. Aujourd’hui, le club a besoin d’attentions. Il faut que tout le monde en prenne soin.
Mais Rani Assaf est-il prêt à échanger et à investir dans le club en dehors de son projet immobilier ?
Je crois que Rani est prêt à le faire, oui. Financièrement, on est solide, mais il n’y a pas que ça. Il y a des priorités. Rafraîchir le centre d’entraînement, resserrer les effectifs suite à la relégation, mais aussi se recentrer sur la communication et le commercial.
Et le sportif ? Le club va-t-il se donner les moyens de remonter rapidement en Ligue 2 ?
J’ai envie de dire que oui, mais la logique sportive est incontrôlable. On est lucide sur les difficultés qui nous attendent. On passe devant la DNCG (direction nationale du contrôle de gestion, le gendarme financier du foot français, NDLR) fin juin, et l’idée est d’avoir un bon budget de National, aux alentours de 5-6 millions. Avec les départs, on table sur le recrutement de 15 à 17 joueurs.
On doit se servir de cette descente pour se relancer, à tous les niveaux. Et faire revenir le public.
Je suis convaincu que le stade des Antonins est fait pour le National ou la Ligue 2. Pas pour la Ligue 1. Les joueurs, le staff et les spectateurs ont commencé à se l’approprier. Je me suis fait chambrer sur la pelouse, mais regardez-la aujourd’hui : c’est une des meilleures de France. On peut peut-être même songer à y organiser de l’événementiel. Quoi qu’il en soit, Nîmes Olympique est une institution. On ne va pas et on ne doit pas l’abandonner. 08/06/2023