Yannick Liron : « Rani Assaf a sauvé le club deux fois »
L’ancien joueur, aujourd’hui président de l’Association Nîmes Olympique, revient sans détours sur son parcours, son engagement, ses désillusions et son espoir d’un meilleur avenir pour son club formateur. Interview.
Objectif Gard : On parle régulièrement de vous dans les colonnes d’Objectif Gard, mais il est possible qu’une partie de nos lecteurs ne vous connaisse pas. Quel est votre parcours personnel ?
Yannick Liron : Je suis né à Béziers, mais j’ai grandi à Bédarieux, au cœur de l’Hérault. Mon père, rugbyman à Bédarieux, était un ami d’enfance d’Olivier Saisset. Mon frère, Ludovic Liron, et moi, avons tous deux été footballeurs professionnels. J’ai été formé à l’US Bédarieux et mes parents ont choisi Nîmes pour la qualité du sport-études au lycée Daudet. J’ai gravi les échelons jusqu’en 1994 où Michel Mézy m’intègre à l’équipe première. Je suis remplaçant à Auxerre et contre Lille, puis titulaire contre Le Havre. La saison suivante, je suis dans le groupe pro avec René Exbrayat. On pourrait parler de Beaucaire avec Michel Estevan, Alès, Sète puis de nouveau Nîmes avec Didier Ollé-Nicolle. Une dernière saison marquée par un beau parcours en Coupe de France. J’ai mis fin à ma carrière sportive pour me consacrer à mon métier : expert-comptable.
Comment êtes-vous devenu président de l’Association ?
J’ai rejoint l’Association dans un contexte de crise. Le président Gérard Di Dominico m’a sollicité en tant qu’expert-comptable pour finaliser la convention avec la SASP, indispensable pour éviter la rétrogradation. J’ai convoqué une réunion de crise. Tous les politiques ont été appelés. Seul Yvan Lachaud est venu. L’accord a été trouvé tard dans la soirée, et le lendemain, la convention a été signée. Ensuite, le président Di Dominico m’a accompagné pour constituer une nouvelle équipe.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur Rani Assaf ?
Je ne vais peut-être pas me faire des copains, mais je pense que Rani Assaf a sauvé le club deux fois. D’abord en le reprenant, à un moment où plus personne ne voulait s’en occuper. Puis aujourd’hui, en le laissant avec la possibilité d’un redémarrage. Il a été dur avec moi, mais je respecte son engagement. Son projet était bon. Mon plus grand regret, c’est qu’il n’ait pas vu le jour.
Le futur président était dans les colonnes d’Objectif Gard hier soir. Que pouvez-vous nous en dire ?
Aujourd’hui, une solution est sur la table : un projet porté par Thierry Cenatiempo et c’est mon choix, je l’assume. Je valide à 200 % ce qu’il vous a dit hier dans votre interview. C’est un passionné, un chef d’entreprise avec son style de management participatif, mais directif. Il est enraciné dans le Gard et il porte un projet sérieux pour notre club. Il faut maintenant que les egos s’effacent. Le club doit passer avant tout.
Aujourd’hui, vous devez composer aussi avec le personnel politique. Un monde auquel vous avez goûté en 2020…
La politique a été un échec pour moi. J’étais élu, avec une belle délégation : sport, santé, handisport. L’affaire du centre de formation a été un déclencheur. Mais je garde un profond respect pour Jean-Paul Fournier. Il travaille sans relâche pour Nîmes. J’ai aussi appris à respecter le statut d’élu. Ce sont des gens engagés. Dans le dossier du club, ils ont su mettre les rivalités de côté. Jean-Paul Fournier et Franck Proust ont débloqué le dossier des installations sportives. On verra si le Conseil municipal valide.
Quels sont les projets de l’Association ?
Nous allons signer une nouvelle convention avec la future société et son président, Thierry. Son projet correspond à ce que nous avions proposé à Rani Assaf. Avec Thierry, il y a de la complicité. Ce que nous vivons, c’est une finale. Et une finale, ça se gagne à la préparation. Pour cela, il manque encore un geste de Rani Assaf pour que tout soit prêt.
Le passage devant la DNCG est programmé pour le 15 juillet. Vous êtes confiant ?
Moi, j’ai terminé ma mission. J’ai fait ce que j’ai pu. Demain, je pars au championnat de France avec ma fille, championne en titre en saut d’obstacles l’an dernier dans sa catégorie. Le dossier est entre les mains de maître Olivier Martin et de Laurent Désoli. Tous les éléments sont là. Rani Assaf doit juste me répondre à ma lettre de résiliation de la convention. La collectivité doit maintenant tenir ses engagements, et le faire dans les règles, par la voie démocratique : le Conseil municipal. Rendez-vous la saison prochaine aux Antonins. Pas pour revivre le passé. Mais pour construire un avenir, ensemble. Objectif Gard 04 07 2025
Après la décision du gendarme financier du football français, le président de l'Association Nîmes Olympique donne son avis sur les recours possibles. Interview.
Objectif Gard : Quelle est votre réaction à la décision de la DNCG ?
Yannick Liron : Avant qu'on arrive, ils avaient déjà décidé de notre sort. À chaque argumentation, ils avaient quelque chose à redire. Ils n'y croyaient pas, dès le départ. Pour eux, c'était l'actionnaire qui allait représenter son budget. Et à mon avis, ils ont considéré que la piste de l'Association n’était pas crédible.
Pourquoi le gendarme financier du football a pris cette décision radicale ?
Parce que c'est un cas inédit en France. Ils ne savent pas comment faire juridiquement. Comment expliquer que la SAPS n'est pas au bord du dépôt du bilan, mais veut s’arrêter ? C’était impossible donc d’avoir une bonne nouvelle aujourd’hui. Car les juristes n’ont pas eu suffisamment de temps pour étudier le dossier, effectuer des recherches plus approfondies.
C'est-à-dire ?
On ne comprend pas parce qu’on a présenté le budget sans dépasser les seuils. 1,2 million de recettes commerciales, et 800 000 euros de masse salariale. Le budget est dans les clous.
Allez-vous faire appel de cette décision ?
On attend de connaître les motivations précises de la décision. Après, c'est une instance d'appel avec des membres indépendants de la première commission. On va donc travailler le cadre. C'est l'essentiel. Après, bien sûr, il faut qu'on améliore notre budget pour que l’on s'assure du coût, car j'ai des marges de manœuvre aussi sur mes charges. Sans altérer le fonctionnement de la formation.
À la fin, la principale crainte de la DNCG n’est-elle pas de confier les clés à une association ?
En Nationale 2, il y a déjà des clubs gérés par des associations. Le problème, c’est de passer du statut professionnel à une gestion associative. Mais franchement, le budget qu'on a présenté était sérieux. Les collectivités ont fait le job. Maintenant, on va retravailler tout ça. Ce n’est pas fini. On va se battre. Même si c'est la solution juridique qui m'inquiète. Parce que s'ils valident cette transition de la SASP vers l’Association, c'est un cas de jurisprudence.
Et si la DNCG ne veulent pas prendre le risque ?
Le sujet peut finir au tribunal administratif. Après l'appel, c'est le CNOSF qui confirme ou pas la position qui ne nous conviendrait pas. Ensuite, une fois que le Comité a donné son avis, il y a le recours possible devant le tribunal administratif.
D'ici là, le championnat de N2 aura peut-être démarré…
Exactement.
24 06 2025