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UMUT BOZOK : «LA BANDE ORIGINALE D'INTOUCHABLES M'APAISE»

Il joue du piano, a fait du karaté, mais, surtout, il marque beaucoup de buts. Umut Bozok, meilleur buteur de National la saison dernière, découvre le monde professionnel cette saison avec Nîmes. Au moment d'affronter Nancy pour le compte de la troisième journée de Ligue 2, il revient sur son parcours. Avec quelques virages, forcément.

PROPOS RECUEILLIS PAR HUGO LALLIER LUNDI 14 AOÛT 2017  www.sofoot.com

Tu as marqué ton premier but en pro mardi en Coupe de la Ligue au Havre, qu’est-ce que tu as ressenti à ce moment-là ? 
Déjà, je ne pensais pas que j’allais ouvrir mon compteur, mais le faire avec un si beau but (rires)... Un lob parfait, comme ça, en partant à la limite du hors-jeu, sur une magnifique passe de notre excentré Sada Thioub, je m’en souviendrai toute ma vie. En plus, c’était une émotion particulière parce que c’était l’anniversaire de mon père. Je ne pouvais pas lui faire un plus beau cadeau. Après le match, même si je n'ai encore rien fait, en repensant à mon but, ça m’a rappelé un peu mon parcours. C’est une belle récompense pour le travail accompli.

Justement, au départ, tu n’étais pas un grand fan de foot ? 
Au tout départ, mon grand-père m’a mis un ballon de basket dans les mains, sauf que je jouais toujours avec le pied. Donc j’ai commencé le foot à cinq, six ans, dans mon petit club amateur de Saint-Avold, en Lorraine. Mais, au début, je n’étais pas vraiment un grand fan de foot, c'est vrai. Je viens d’un milieu où mes parents ne regardaient pas trop le foot. Leur façon de vivre n’avait aucun lien avec le foot, donc ils ne m’ont jamais poussé à en faire. Je faisais aussi du piano et du karaté. Au foot, j’y allais plutôt pour me faire plaisir. Je jouais en équipe 3. Je n’étais pas vraiment le gars sur qui on comptait parce que j’étais petit et un peu gros. Je n’étais pas énorme, mais j’avais un petit bide quand même. C’était une période où j’ai arrêté de grandir, et mon pêché mignon, c’était le pain (rires). D’ailleurs, c’est toujours mon gros problème.

 À ce moment-là, comment faisais-tu pour cumuler tes trois activités ?
Je répartissais mes activités sur tous les jours de la semaine, même le week-end. Le samedi après-midi, j’avais match de foot. Le samedi soir, j’avais parfois musique, et le dimanche, j’avais compétition de karaté. J’étais jeune, je ne m’en rendais pas compte, mais maintenant je me demande comment je faisais (rires). Sinon, pour en revenir au foot, j’ai eu une période de deux ou trois ans où je n'y allais plus trop, j’aimais moins ça. Puis, j’ai commencé à grandir, à m’affûter et là, je me suis intéressé pour de bon au ballon. 
À quel âge commences-tu véritablement à te passionner pour le foot ? 
À l’âge de douze ans, comme Lyon faisait des petites épopées en Coupe d’Europe, j’ai commencé à m’y intéresser un petit peu plus. Dès qu’une équipe française gagne, on y prend goût, c’est logique. Petit à petit, je me suis informé, cultivé, et c’est là que j’ai vraiment commencé à travailler. À cette époque, je jouais défenseur. Et un jour, on faisait 0-0 dans un match qu’il fallait absolument gagner, le coach m’a fait passer attaquant. J’ai mis un but et fait deux passes décisives. Et, à partir de là, je ne suis plus jamais redescendu sur le terrain. 
Et, à l’âge de 15 ans, Metz vient toquer à ta porte.
Oui, c’est incroyable. Je me souviens très bien de cette journée. Il avait beaucoup neigé et il y avait eu un arrêté préfectoral. Du coup, je n’étais pas allé à l’école. J’étais tranquille en train de jouer à FIFA. J'avais créé mon joueur sur le mode deviens pro et je m'étais mis à Metz. C'était le grand club de mon département, celui qui faisait rêver tous les jeunes de ma génération. Et, au même moment, il y a le directeur du centre de formation qui appelle ma mère et qui lui dit qu’on doit s’y rendre dans la matinée. Malgré la neige, on y va, et là, on me propose trois choix différents : soit je rejoins directement le centre de formation des Grenats, soit je reste dans mon petit club amateur et je ne rejoins le centre que l’année suivante, ou bien j’intègre l’internat, mais je joue le week-end avec mon club. J’ai choisi la troisième option.
Pourquoi ?
Je n’avais pas envie de les laisser tomber. On avait une belle génération. On avait un objectif commun de monter en U15 Interligue d'Alsace-Lorraine. On a finalement fini champions de DH avec 70 buts marqués et la meilleure attaque du championnat. Puis, j’ai définitivement rejoint Metz l'année suivante. 
Comment s'est passée la vie à l’internat ? 
C’étaient les meilleurs moments de mon aventure à Metz. J’étais novice et je découvrais le monde pro tout en restant jeune. J’étais vraiment dans une logique de sport étude. Je m’entraînais, je mangeais, je dormais et je rejouais au foot le lendemain. Pour un passionné, découvrir cela, c’était top. En plus, juste avant d’intégrer l’internat, j’ai obtenu ma ceinture noire de karaté. Putain d’année. 
Progressivement, tu enfiles les buts avec les U19 et la CFA, mais tout s’arrête à l’été 2016.
Ouais, je marque pas mal. En U19, je mettais une trentaine de buts entre le championnat, les matchs amicaux et la Gambardella. Puis, en CFA, j’étais à une vingtaine de buts. Je signe un contrat stagiaire et je m’entraîne quelques fois avec les pros. Il n’y avait aucun signe qui me laissait penser qu’ils n’allaient pas me garder. J’ai même joué un match amical avec l’équipe première. Mais au milieu du mois d’avril, ils m’ont dit que c’était fini. 
Comment vis-tu cet échec ?
À ce moment-là, je n’ai qu’une envie : arrêter le foot. Je ne suis plus vraiment concentré sur les derniers matchs qu’on a à jouer. Je suis là sans être là. Mentalement, je suis vraiment touché. Mais, au fond de moi, il y a toujours cette flamme pour le football. Donc mon agent se démène pour me trouver un point de chute. Rapidement, je fais deux essais à Sedan et Boulogne qui ne sont pas concluants, notamment à cause d’une histoire de contrat. Comme, à Metz, j’avais signé un contrat stagiaire, je devais forcément signer un contrat fédéral, mais Boulogne qui était intéressé n’avait pas les moyens. Et puis finalement, j’arrive à Consolat. 
Comment te retrouves-tu à Marseille Consolat ? 
Depuis mon départ de Metz, mon agent appelait sans cesse les dirigeants de Marseille Consolat. Mais il n’avait jamais de retour. Alors pendant ce temps-là, j’essayais de garder la forme. Gentiment, mon club amateur m’avait prêté les clés du stade. J’allais courir et faire des frappes. Et puis un jour, l'attaquant qu’ils avaient mis à l’essai les plante, et là il me rappelle. C’était un lundi soir, j’étais chez moi. On me dit que je dois être à Mende, en Lozère, le lendemain, à 14h pour un stage de préparation avec l'équipe première. Je suis monté dans le train pour Paris et le lendemain, j’ai repris un train pour Clermont, puis j’ai rejoint Mende en bus. Je suis arrivé rincé et là, je commence direct avec des exercices de conservation et des tests athlétiques... Le lendemain, le coach de l’époque, Nico Usai, vient me voir et me dit qu’il veut me faire signer, mais qu’il faut que je réussisse le test de VMA, sinon ils ne me prennent pas. Finalement, je termine parmi les meilleurs et je signe un contrat lorsque l’on rentre sur Marseille.
Et là tu exploses à Consolat en finissant meilleur buteur du National...
Ouais! Consolat, c’était vraiment un super groupe, tu mets n’importe quel joueur dedans, il s’intègre parfaitement dans cette équipe. C’est ce qui m’a permis de tout de suite me sentir bien. C’était une famille, une équipe avec des vraies valeurs de quartier. J'ai pu marquer 17 buts en 32 matchs dont 23 titularisations et je finis meilleur buteur du National. 
À la fin de la saison, tu rejoins Nîmes, pourquoi ce choix ? 
C’est le rendez-vous avec le président et le directeur sportif de Nîmes que j’ai eu à la fin du championnat qui m’a vraiment décidé. Pendant cet entretien, on n’a pas du tout parlé de football, de contrat ou de tactique, mais bien de la ville, du club et je me suis senti comme chez moi. J’ai eu un bon feeling avec eux et je me rappellerai toute ma vie de ce moment. Nîmes, c’était un club qui me ressemblait. Les valeurs et le discours du club me correspondaient. 
Comment se passent tes véritables débuts en pro ? 
Si j’avais su que ça allait aussi bien se passer, je n’aurais pas été autant stressé (rires). Quand j’étais un jeune à Metz, on était à part, on n’était pas trop conviés à la vie du groupe. Alors que là, c’était la première fois que je faisais partie du monde pro en tant qu’acteur. Ce sont des petits détails, mais aujourd'hui, j’ai mon casier, ce sont mes partenaires et c’est mon équipe. J’appréhendais cela. Mais c’est un groupe jeune dans lequel je me suis bien senti dès les premières minutes. On est sur la même longueur d’onde avec une bonne ambiance. On se marre bien. On se voit souvent en dehors du terrain pour discuter de sujets variés qui ne touchent pas uniquement au foot. 
Sinon, toi l'amateur de musique, qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?
Déjà, dans le vestiaire, on écoute pas mal de musique. On écoute surtout des morceaux que tout le monde connaît : un peu de musiques de film, de la variété. Sinon personnellement, j’écoute aussi de la musique classique. Et avant chaque match, j’ai un rituel. Pour me mettre dans ma bulle, j’écoute toujours la bande originale d’Intouchables. Ça m’apaise et ça me permet de me concentrer. 
Et depuis que tu as découvert le monde professionnel, as-tu encore le temps de jouer au piano ? 
Bien sûr. J’ai un piano que je transporte partout. C’est un synthé avec de vraies touches de piano. D’ailleurs, j’ai déjà pu jouer quelques morceaux à mes coéquipiers, ils étaient choqués au début. Finalement, on est quelques musiciens dans le vestiaire. Notre préparateur physique, Richard Goyet, joue de la guitare, notre milieu Téji Savanier chante et il y a le coach qui joue de la trompette. On va pouvoir monter un bon petit groupe de musique (rires).

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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