Footballeur des tripes et du cœur, gentil garçon bien éduqué, ne vous y trompez pas, Renaud Ripart est un des joueurs clés du Nîmes Olympique depuis quelques années. L'attaquant qui peut aussi jouer défenseur évoque sa passion pour son club et l'avenir qu'il entrevoit.

 

Entrons dans le vif du sujet d'emblée. Vous êtes né le 14 mars 1993, quelques semaines avant le dernier match du Nîmes Olympique en D1. Cette année la remontée dans l'élite est dans toutes les têtes, n’y a-t-il pas là un geste du destin ?

J’espère, ça voudrait dire que c’est bon signe pour nous ! Souvent on me dit que ça fait trop longtemps qu’on n’a pas connu la Ligue 1, même moi finalement je n’y ai jamais vu Nîmes. La place du Nîmes Olympique est en Ligue 1, c’est un club qui a une histoire, un passé dans la division et qui a joué la coupe d’Europe…  Si aujourd’hui on a cette opportunité, il faut qu’on la saisisse.

Le sprint final a donc commencé…

Je n’attends qu’une chose, c’est qu’on puisse faire la fête le 11 mai à quelques jours de la feria ! On est trop près du but pour s’arrêter là. Ça va être dur, il y aura des matchs compliqués mais huit matchs, c’est quoi dans une vie ? On ne peut pas se permettre de passer à côté, j’ai confiance. On va tout faire pour aller au bout.

Pour vous, qu’évoque le Nîmes Olympique ?

C’est le club de mon enfance, Depuis que je suis tout petit je vis un peu à travers le Nîmes Olympique. Je suis allé au stade à l'âge de cinq ou six ans. Après je suis allé de temps en temps dans le kop puis je suis entré au club à l’âge de 12 ans, j'ai gravi les échelons et ça fait six ans que je suis avec les pros. Dès les catégories de jeunes, on nous transmet des valeurs comme le combat, la générosité ou l’envie, c’est ce que le public aime. Il faut des joueurs qui se battent et qui mouillent le maillot. On ne lâche rien, on prêche ses valeurs avec le temps. C’est un bonheur de se lever tous les matins et de se dire que je joue dans le club de ma ville et dans mon club de cœur. Ce n’est pas donné à tout le monde et ça se passe plutôt bien !

Formé au club, quel est votre rapport avec les supporters ?

J’ai été supporter donc ça se passe bien. Je serai toujours critiqué mais c'est plus difficile pour la famille que pour moi. Je comprends que le public soit exigeant, comme on le disait, ça fait 25 ans qu’il n’a pas connu la Ligue 1. Une attente se crée autour de ça, le club est en pleine évolution et chaque année l'attente augmente. C’est normal, c’est bien même, ils sont là pour nous pousser mais il ne faut pas avoir la mémoire courte quand on se rappelle qu’il y a trois ans nous partions avec huit points en moins…

Porter le brassard de capitaine quand on est un « natif », ça fait quoi ?

C’est une fierté, je connais un minimum l’histoire du club, je connais un petit peu les joueurs qui ont porté le brassard tout au long de l’histoire du Nîmes Olympique et me dire que mon nom et à côté du leur... Ça veut dire que j’ai parcouru du chemin, c’est bien.

Vous êtes le joueur polyvalent par excellence, travailleur, altruiste mais aussi capitaine, défenseur, milieu ou surtout attaquant. Comment voyez-vous votre rôle dans l’équipe ?

Je joue là où le coach me demande de jouer, je ne suis pas quelqu’un qui va dire « non je ne veux pas jouer à ce poste », je ne suis personne pour me permettre de faire ça et je pense toujours au collectif. Si le coach décide de me mettre à un certain poste c’est qu’il pense que c’est mieux pour le collectif. Pour moi, peu importe l’endroit où j’évolue, je donne toujours le maximum de ce que je sais faire. Je n’essaie pas d’en rajouter, je joue sur mes qualités, c’est ma ligne de conduite.

D'ailleurs, vos qualités et vos défauts ?

Je cours beaucoup et fais beaucoup d’effort. Je percute un peu et devant le but je marque chaque saison. C’est ce qu’on demande à un joueur offensif. Au niveau défensif je pense que j’apporte quelque chose à l’équipe. Par contre, il faut que je progresse techniquement, dans mes choix quand je suis dans les 30 derniers mètres. Il faut que j'essaie de perdre moins de ballons et d’être le plus juste possible. Je suis content car j’ai discuté avec Laurent Boissier (le directeur sportif du Nîmes Olympique, NDLR) en début de saison et il fallait que je progresse au niveau des passes décisives. Je l’ai fait car j’en suis à six, c’est intéressant pour la suite.

Celles du groupe ?

Déjà, il y a une super ambiance dans cette équipe. Je pense qu’il n’y a que des bons mecs. On bosse, on ne calcule rien ou presque. On a envie de jouer pour s’éclater et pour gagner, c’est peut-être ce qui peut nous mettre en défaut. On a une équipe très jeune. On manque d’expérience à certains moments mais c’est aussi une qualité parce qu’on a une forme d’insouciance. On donne tout, on s’arrache, on prend du plaisir sur le terrain et au final les résultats sont là.

Vous avez coché la liste de tous vos objectifs de début de saison ?

Pour un joueur offensif c’est important d’avoir des statistiques, de marquer des buts et de faire des passes décisives. J’ai une ligne de statistiques qui n’est pas mauvaise pour l’instant, mais je suis un peu déçu de mes six premiers mois parce que j’ai enchaîné les pépins physiques qui m’ont empêché d’être à 100%. Je me suis cassé le nez (Renaud Ripart ne fera jamais un bon Hannibal Lecter !), j’ai eu un problème à  un ischio… J’ai eu du mal à enchaîner les matchs mais plus ça va plus je me sens bien physiquement.

Votre chemin nîmois pourrait-il s’arrêter dans quelques semaines à la fin de votre contrat ?

Je vais essayer de faire du foot le plus longtemps possible. J’ai 25 ans. J’ai repris mes études par correspondance, mais le foot c’est ma passion. Je me lève le matin, je vais m’entraîner. J’ai la chance d’avoir fait de ma passion mon métier. Mes parents m’ont toujours poussé dans mes études. Je les remercie pour ça car une carrière est très aléatoire. Votre corps est votre outil de travail alors il faut se préparer car demain je peux me blesser et ne jamais plus rejouer. Je profite de chaque instant que je passe sur le terrain. Ça va vite. Ça fait déjà sept ans que je suis avec les pros. Je ne veux pas avoir de regret. Pour mon futur, il ne faut jamais fermer la porte et je suis par nature quelqu'un de très curieux.

Comment voyez-vous l’avenir du club ?

Le club évolue sans tout bousculer. Tout est bien réfléchi, bien clair et ça se passe bien. Depuis que le Président Assaf est arrivé, il y a un plan de travail. On essaie de le respecter et pour l’instant ça fonctionne. Je sais que le Président a beaucoup été critiqué mais le club va mieux depuis qu’il est là donc ça lui donne raison. C’est quelqu’un de très réservé mais on sait à peu près où il veut aller, on connaît son cahier des charges à moyen et long terme. Libre à lui de faire ses choix. C’est lui le patron. Ce qui est bien avec le président c’est qu’il ne vient pas nous dire comment faire une passe. Il nous fait confiance et reste toujours dans le positif. Il faut lui rendre hommage car si financièrement il n’avait pas été là le club serait en N3 alors qu’on peut monter en Ligue 1 ! Même s’il n’a peut-être pas tout le temps raison il a sauvé le club. Je trouve que c’est dur de lui taper dessus.

Cette année, en écho aux dernières saisons, l'équipe réalise un sacré parcours. Les Costières ont mis du temps à se remplir, qu’attendez-vous pour ces quatre dernières rencontres à la maison ?

En début de saison il n’y avait pas beaucoup de monde mais quand il y a de l’enjeu, le public répond toujours présent. La période est charnière pour le club. On peut faire quelque chose de beau. J’aimerais bien un stade plein parce qu’on a vu que contre le Paris FC ils étaient plus de 10 000. Ils nous ont poussé alors qu’on perdait 1-0 et on a marqué à la 91ème. Quand on joue à domicile, on a cette force avec nous, ça fait peur aux autres équipes. Il nous reste quatre matches à domicile il faut qu’on fasse un carton plein à la maison.

Et pour les matches à l’extérieur comme on l’a vu à Saint-Étienne en Coupe de France ?

Je pense qu’on a des déplacements à Bourg-en-Bresse et à Clermont. Ce n’est pas très loin et je sais qu’il y aura du monde. Même à Brest quelques supporters ont fait le déplacement. C'est bien on est suivi, on sent qu’il y a une attente autour de nous et de notre réussite donc ça nous pousse à nous surpasser pour eux. Pas que pour nous !

Bernard Blaquart et sa patte ont fait de Nîmes un club un peu particulier ?

Personnellement, quand il est arrivé, j’étais à la cave. Il m’a replacé, je lui dois tout et n’oublie pas. Bernard Blaquart est un formateur. Il est donc complémentaire avec le groupe qu’il a actuellement. Comme il y a beaucoup de jeunes, c’est comme s’il était encore au centre de formation. Il est complètement dans son rôle, il nous laisse beaucoup de liberté sur le terrain et nous donne des lignes directrices à suivre. Il ne fait pas le policier.

Et le reste du staff ?

Ça fait des années qu’ils sont là, Jérôme Arpinon (adjoint de Bernard Blaquart, NDLR)  et le coach sont très complémentaires. Le coach est très posé et Jérôme arrive à nous inculquer les valeurs dont nous parlions tout à l’heure. Le contraste fait un excellent mélange. Richard Goyet, gère très bien la préparation physique et la réathlétisation des blessés. Il est très performant dans ce qu’il fait. Pour Sébastien Gimenez, qui s’occupe des gardiens, je pense que tout se passe bien aussi. Si aujourd’hui nous sommes dans le haut de tableau, c’est aussi grâce à eux. Le mérite ne revient pas qu’aux joueurs. Le club est une entité et chacun a sa part de réussite dans ce qui se passe.

Cette année et par le passé, quels joueurs retenez-vous particulièrement ?

Umut (Bozok), cette année, c’est quand même quelque chose ! Il fait une saison incroyable et réussit tout ce qu’il entreprend, c’est fou. Par le passé, quand j’ai commencé à 18 ans avec les pros, Benoît Poulain était le capitaine et il dégageait quelque chose de charismatique. Il va rire en lisant ça et je vais me faire chambrer mais j’assume ! C’est un leader. Avoir joué à côté de lui a été un vrai apprentissage mais s’il n’était pas parti de Nîmes, il n’aurait certainement jamais joué la Ligue des Champions. Son départ lui a donné raison même si peu de gens l’ont compris sur le moment. Non seulement il va à nouveau la jouer mais il risque bien d’être champion de Belgique. C’est un exemple.

Pour finir, qu’avez-vous à dire aux Gardois, aux Nîmois et aux lecteurs d’Objectif Gard ?

Au Gardois, qu’ils soient nombreux aux Costière lors des derniers matches. J’espère qu’ils ont coché les dates sur leur calendrier. Aux Nîmois je n’ai pas besoin de le dire parce que je sais qu’ils seront là mais on fera quand même la fête tous ensemble à la feria. Aux lecteurs, j’espère qu’ils auront aimé l’article ! S’il y en a qui ne savent pas quoi faire le vendredi, qu’ils viennent aussi. On a besoin de tout le monde. On a envie de soutien et tout ira bien.

Et aux voisins Montpelliérains… un truc à dire juste au cas où ?

 

(rires) Déjà, qu’on monte après on verra. On pourra faire un beau derby en Ligue 1. Je crois que c’est ce que tout le monde veut. Ça serait bien.

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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