Larry Azouni : « La meilleure équipe de Nîmes que j’ai connue » 

 

Invaincu depuis le début de l’année 2017, le Nîmes Olympique s’est replacé en haut de tableau et se mêle à la lutte pour la montée en Ligue 1. Un objectif qui trotte forcément un peu dans les têtes des Crocos, comme nous le confie le milieu de terrain Larry Azouni, qui revient aussi dans cet entretien XXL sur son parcours et son histoire avec le NO débutée en 2014.

MaLigue2 : Larry, Nîmes est premier ex-aequo depuis la reprise en janvier et n’a pas encore perdu en 2017. Tous les voyants sont au vert avant d’affronter le Gazélec ?Larry Azouni : C’est vrai que l’on reste sur une bonne série. On est toujours invaincus donc ça serait bien de poursuivre cela. Maintenant, je préférerais qu’on perde un mach puis qu’on en gagne deux plutôt que de faire deux matchs nul consécutifs comme on l’a fait dernièrement. On a plus l’impression d’avoir perdu des points contre Tours (1-1) et Troyes (0-0) que d’en avoir gagné. On sait que le Gazélec est une équipe qui va venir nous poser des problèmes. Notre situation à domicile est paradoxale cette saison car l’année dernière, c’est justement aux Costières qu’on avait acquis notre maintien. On a trouvé une sérénité défensive, et il faut désormais retrouver un peu de folie. J’espère que le public viendra nombreux nous soutenir demain face à Ajaccio.

Avec cette bonne série, vous êtes revenus à 4 points du podium. Est-ce que vous pensez à la L1 ou pas encore ?

Forcément on y pense quand on voit que mathématiquement la montée n’est pas loin. Mais après, on sait aussi qu’en perdant deux matchs à la suite on peut se retrouver très vite à la 10e ou à la 11e place. Mais on se dit ausi : « Pourquoi pas nous ? ». Sans dénigrer personne, quand on voit Amiens qui vient du National être sur le podium on se dit qu’on peut le faire aussi. Et il y a des équipes plus attendues en difficultés comme Sochaux, donc c’est à nous d’essayer d’en profiter.

 

Sur le plan personnel, vous avez inscrit 2 buts lors des 3 derniers matchs. Vous vous êtes rapidement remis dans le bain de la Ligue 2 après la CAN…

A mon retour, le coach Bernard Blaquart m’a remis dans l’équipe malgré les bons résultats obtenus sans moi en janvier. C’était à moi de regagner et garder ma place. Je pense que mes performances ont été abouties, au-delà des buts marqués. Je réussis à être régulier cette saison, maintenant j’aspire à continuer à être efficace avec des buts et des passes décisives.

Vous disputez votre troisième saison à Nîmes. On en oublie que vous êtes encore très jeune, et que vous allez bientôt fêter vos 23 ans seulement. Comment vous situez-vous désormais au sein du club ?

Hormis les joueurs formés au club, je fais partie des anciens avec Fethi Harek ou Anthony Marin. On a connu quelques entraîneurs, quelques présidents, il y a eu une période de flou. On a aussi connu des difficultés administratives la saison dernière avec ces points de pénalité (-8 points, ndlr). Mais Nîmes reste un club ambitieux, et réalise toujours de bons recrutements. Je pense que cette saison, c’est la meilleure équipe de Nîmes dans laquelle j’ai évolué. Les supporters sont là derrière nous aussi, ce qui n’est pas le cas de tous les clubs en Ligue 2. Je ne me considère pas encore comme un cadre, mais j’ai beaucoup de temps de jeu et un nouveau statut d’international. Même à 22 ans, je dois assumer cela sur le terrain.

Justement, que vous a apporté votre première Coupe d’Afrique des Nations disputée avec la Tunisie en début d’année ?

C’était une très très bonne expérience. J’ai pu me confronter à de grands joueurs. Des joueurs de Premier League par exemple. Ça ne peut que m’aider. J’ai aussi vu le chemin qu’il me reste à parcourir, il me faut encore beaucoup travailler. Je pense qu’on aurait pu aller encore un peu plus

loin dans la compétition mais on dispose d’une belle génération. On se concentre désormais sur les qualifications au Mondial 2018.

Revenons sur votre parcours. Vous avez été formé à l’OM mais, à l’inverse d’un Maxime Lopez cette année, vous n’avez jamais eu votre chance avec l’équipe première. C’est un regret ?

Marseille c’est ma ville et l’OM mon club de cœur. C’est sûr que j’aurais aimé y jouer un peu plus mais c’était compliqué pour les jeunes issus de l’OM de jouer à cette époque-là. Après c’était mon choix de quitter Marseille. Il me restait deux années de contrat, mais j’ai préféré voir autre chose pour gagner du temps de jeu. Je ne regrette absolument pas d’avoir choisi Nîmes en Ligue 2 car d’autres joueurs ont choisi de rester à l’OM et n’ont finalement pas pu lancer leur carrière.

Avant de venir à Nîmes, l’OM vous prête à Lorient, où vous ne connaissez que deux apparitions en L1…

Mon prêt là-bas ne s’est pas bien passé. J’étais jeune, mais cela m’a permis de vraiment côtoyer le monde pro, même si je m’étais déjà entraîné avec les pros à l’OM. C’était compliqué car c’était la première fois que je quittais Marseille, j’avais 19 ans. Malgré tout, ce prêt m’a forgé. J’ai vu que je n’étais pas encore prêt à jouer en L1 et c’est à ce moment que j’ai choisi de descendre d’un étage en Ligue 2. J’en avais discuté avec Christian Gourcuff à la fin de la saison. Il aurait aimé me donner plus de temps de jeu car il avait décelé des qualités chez moi. Mais il m’a conseillé de m’aguerrir en L2 avant et j’ai suivi son conseil.

Votre première saison à Nîmes n’est pas non plus aboutie (11 matchs). Il vous a fallu un temps d’adaptation ?

Inconsciemment, je pensais que ce serait facile en Ligue 2 comme j’arrivais de Ligue 1. J’avais été prêté à Lorient alors que je n’avais encore rien prouvé. J’étais dans mon cocon à l’OM depuis le centre de formation, j’avais signé mon premier contrat pro à 18 ans. Je n’avais pas encore connu la « galère » d’être sur le banc en L2. Je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu la première saison à Nîmes et je me suis remis en question. J’ai perdu quelques kilos par exemple. J’ai compris que le talent seul ne suffisait pas sans travail. Puis la saison d’après, j’ai débuté de suite sous les ordres de José Pasqualetti, j’avais de nouvelles ambitions. Et je suis devenu un titulaire régulier après cela.

Surtout que la saison dernière a été particulière avec cette sanction de 8 points en début de saison, et un maintien acquis alors que pas grand-monde n’y croyait de l’extérieur…

Ça a été une saison fantastique. Même au sein du club, quand on avait 10 points de retard sur le premier non-relégable à la trêve, certaines personnes ne pensaient pas qu’on pourrait encore se sauver. Il y a eu le changement d’entraîneur et l’arrivée de Bernard Blaquart qui a amené un nouveau souffle. Et le stage en hiver pendant la trêve nous a soudés. Direct lors de la reprise il y a cette victoire contre Brest (2-0), puis une victoire à Nancy (3-4) ou le beau succès contre Clermont aux Costières (6-2). C’était parti ! On était sur une bonne dynamique, avec les supporters derrière nous. C’est un très bon souvenir. Je n’ai pas encore eu l’occasion de vivre une montée, mais ça y ressemblait vraiment à la fin de saison.

Vous êtes jeune, international… comment envisagez-vous l’avenir à court et moyen terme ?

En ayant un peu connu la L1 par le passé, j’espère y retourner pour cette fois m’y imposer. Mais quand ? Je ne sais pas. Il me reste encore un an de contrat à Nîmes après la fin de cette saison. On verra aussi où en est le club car on peut encore monter ! Même si ce sera difficile, ce n’est pas impossible. Donc pour le moment je ne pense pas à l’avenir. Je reste pleinement concentré sur mes performances en club, et aussi en sélection.

 

Propos recueillis par Dorian Waymel (MaLigue 2) 

Larry Azouni (Nîmes, Ligue 2) : «L'OM ne m'a pas donné ma chance»

Passé par le centre de formation de l'OM, Larry Azouni a complètement lancé sa carrière à Nîmes, en Ligue 2. A 22 ans, il a aussi intégré la sélection tunisienne. Le milieu défensif peut désormais viser plus haut.

«Larry, vous avez participé au maintien de Nîmes après une incroyable remontée la saison passée. Racontez-nous...

Emotionnellement, cela a été très fort. On a démarré la saison avec huit points de retard. Avec Bernard Blaquart, on a créé un élan positif à partir de décembre. On a enchaîné les victoires lors de la phase retour. 

A titre personnel, vous avez réussi une saison pleine. Comment la qualifieriez-vous ?

Difficile de parler de soi. J'ai joué 37 matches pour 2 buts. J'ai pu,enfin, exprimer mon potentiel. Dans les clubs où je suis passé, je n'ai jamais vraiment pu jouer. 

Pourquoi n'avez-vous pas exprimer vos qualités ?

J'ai été formé à l'OM. Il est toujours difficile de se faire une place quand on est jeune dans ce club. La passerelle entre le centre de formation et le niveau pro n'est pas évidente. Puis, je suis parti à Lorient dans le deal de Lemina, là-bas, je suis arrivé dans un club qui ne me désirait pas vraiment. J'ai joué 5 matches en L1. Je sais que Didier Deschamps m'appréciait bien mais son départ de l'OM ne m'a pas aidé. Je n'ai jamais eu ma chance.

C'est à dire ?

Je sortais de l'Euro U19 en 2013 avec les Bleus. Elie Baup m'a dit : "Tu ne joueras pas", donc je suis parti. A Lorient, le coach m'a dit, : "Je ne te connais pas"... On ne m'a pas donné ma chance. Nîmes était intéressé par un prêt, ils m'ont finalement acheté en 2014. Il me reste deux ans de contrat avec ce club. J'estime avoir fait le bon choix. C'est une ville qui respire le foot, et qui est un bon tremplin. 

Justement vous faîtes partie de l'équipe finaliste de l'Euro 2013 avec les Benzia, Rabiot ou Laporte. Avez-vous l'impression d'avoir pris du retard ?

Non, je me dis chacun son rythme. Je jouerai un jour dans un club de Ligue 1. Là, je suis à Nîmes, c'est plaisant, mais j'aspire à mieux. 

Mieux, c'est aussi la sélection tunisienne que vous venez de rejoindre ?

Oui, la Tunisie m'avait dans le viseur. Cette saison, j'ai été bon. J'ai donc fait un choix définitif pour les Aigles de Carthage. Mes premiers pas, je les ai effectués en aller-retour contre le Togo pour les éliminatoires de la CAN. On s'est un peu fait "voler" à Lomé, c'est comme ça. On est encore en course. Ce choix, c'est une fierté pour mon père. Il l'a toujours voulu, cette décision n'est pas au rabais quand tu côtoyes des joueurs comme Abdennour ou Khazri. 

Que vous a demandé Henry Kasperczak ?

Il m'a dit de mettre mes qualités au service du collectif. Je suis un peu un milieu à l'espagnol. Je ne suis pas très costaud, j'aime la conservation, et mettre de l'engagement pour récupérer le ballon.

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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