71 ans. 376 matches de D1, 7 buts. 1 sélection, en 1975.

Parcours de joueur : Metz (1970-1973), Marseille (1973-1981), Laval (1981-1983), Matra Racing Paris (1983-1985).

Palmarès : Coupe de France 1976, Coupe d'été 1982.

« Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez joué ?

Je n'ai pas vu plus fort que Josip Skoblar à l'OM (151 buts en 174 matches de D1). Encore aujourd'hui. Il marquait de n'importe où, pied droit, gauche, poitrine, tête... tout ! Il était fin, rusé. Mais le plus grand, c'est Marius Trésor. J'ai joué sept ans avec lui en défense centrale (1973-1980). Il était technique, impressionnant dans le duel, il allait vite, il m'a régalé.

L'attaquant qui vous posait le plus de problèmes ?

Laurent Pokou à Rennes (1974-1977 puis 1978-1979). Nous deux, c'était de la dynamite ! Il était puissant, n'avait pas peur des coups. Il rentrait dedans. Comme moi ! Je vous dis pas les duels ! Un jour, je veux le rattraper par le short... en tombant, il me casse le doigt et mon nez se fracasse sur son talon ! Deux fractures ! Au retour, entorse du genou pour moi !

Le joueur le plus étonnant ?

Les deux phénomènes brésiliens de l'OM, Paulo César et Jairzinho (1974-1975). Sur le terrain et en dehors. On était toujours ensemble, on allait au Big Ben, une boîte de Cassis. Ils mettaient de la musique dans le vestiaire, ça rigolait. Quand Jairzinho, meilleur buteur du Mondial 1970 (en fait 2e avec 7 buts, derrière l'Allemand Gerd Müller, 10), a signé, il y avait au Vélodrome plus de 10 000 personnes pour son premier entraînement. Il avait fait un tour d'honneur à moto derrière le fils du président Méric ! En 1975, on va à Saint-Étienne jouer le titre (36e journée, 1-4), mais Paulo César n'est pas dans le car ! Sur l'autoroute, une voiture nous double et nous fait signe de stopper... Un journaliste l'avait récupéré sur la plage de Cassis où il jouait au beach ! Un autre jour, on allait à Metz et il est arrivé presque au coup d'envoi, il n'avait pas ses chaussures ! Mon frère Jules l'a mis sur le banc.

Le moment où vous vous êtes senti le plus bête ?

Jeune, j'adorais Nestor Combin qui marquait beaucoup avec Lyon (1959-1964). Un sens du but incroyable, de l'explosivité, un coup de patte extraordinaire... Quand j'ai débuté à Metz, j'ai joué avec lui (1971-1973). Et on m'a toujours dit : "Comme tu t'entraînes, tu joues." Moi, j'étais sur l'agressivité. Et donc j'avais taclé Nestor... Il m'avait couru derrière : "Petit con, tu m'as mis des coups !". L'entraîneur, mon frère Georges, nous a séparés !

« À Marseille, je n'ai pas toujours fait des grands matches, mais Marius (Trésor) disait à mon frère : "Eh, Jules, arrête ! Chaque fois qu'on prend un but ou qu'un truc ne va pas, tu gueules après Victor ! Ce n'est pas tout le temps de sa faute !" » 

La consigne d'entraîneur que vous n'avez pas comprise ?

En 1974 à Marseille, à l'entraînement, le Chilien Fernando Riera (coach de décembre 1973 à février 1974) nous mettait dans le vestiaire et nous parlait trois quarts d'heure en espagnol avec quelques mots de français ! On ne comprenait pas. Sur le terrain non plus. Et comme on s'entraînait à vingt minutes du Vélodrome, on passait plus de temps à parler et à marcher qu'à faire les exercices ! Un jour à Sedan, au retour de la mi-temps, on l'avait oublié et enfermé dans le vestiaire, il était aux WC !

L'entraîneur qui vous a le plus marqué ?

Pierre Flamion, René Vernier et René Fuchs, à Metz, c'est avec eux que j'ai grandi. Pendant ma carrière, je me suis servi des exemples de Silvester Takac (au Racing Paris, 1985-1986) et Michel Le Milinaire (à Laval, 1981-1983). Et puis il y a eu mes frères Georges (à Metz, 1971-1972) et Jules (à Marseille, 1974-1976, 1977 et 1978-1980). Ce qui a été par moments un peu difficile, mais m'a forgé un mental, c'est qu'ils ne me faisaient pas de cadeaux. Avec Metz, à Angoulême (0-1, mars 1972), Georges avait été obligé de se mettre douzième homme la veille du match. Au bout de trente minutes, Jacques Castellan me pète le péroné. J'avais mal mais mon frère ne me remplace pas ! "T'as rien, tu joues !" "J'ai rien ? Mais j'ai mal quand même !" À la mi-temps j'ai dit stop et il est entré. J'ai joué un quart d'heure avec une fracture parce que mon frère ne voulait pas entrer ! À Marseille, je n'ai pas toujours fait des grands matches, mais Marius (Trésor) disait à mon frère : "Eh, Jules, arrête ! Chaque fois qu'on prend un but ou qu'un truc ne va pas, tu gueules après Victor ! Ce n'est pas tout le temps de sa faute !"

« Mon rêve, c'était la Coupe de France (...) Alors, la gagner en 1976 avec l'OM, avec Jules (son frère) comme entraîneur, c'était extraordinaire ! » 

Le moment qui a changé votre carrière ?

En janvier 1985, je joue en amical contre Leverkusen avec le Racing. On perd. Je rentre à la maison. Le téléphone sonne et c'était monsieur Lagardère (Jean-Luc, patron de Matra et du club depuis 1982) : "Victor, demain matin, c'est vous l'entraîneur ! - Quoi ? ! Demain matin je suis entraîneur ? - Oui, vous êtes l'homme de la situation. J'ai confiance en vous. C'est ça ou vous partez !" J'avais passé mes diplômes, je voulais devenir entraîneur, mais pas si vite. Le lendemain je dirige la séance et mes potes... Ça a été très dur. Le premier que j'ai dû écarter, c'est l'avant-centre Arne Okland, on faisait chambre ensemble en déplacement. Je n'en ai pas dormi pendant trois jours.

Votre plus grande réussite ?

Mon rêve, c'était la Coupe de France. Gamin, avec mes copains on jouait la Coupe dans un parc au Ban-Saint-Martin, près de Metz. Après j'ai vécu dans les tribunes les joies de mon frère Jules dans la défense de l'OM en 1969 contre Bordeaux, à Colombes (2-0), et 1972 contre Bastia, au Parc des Princes (2-1). On ne peut pas décrire la joie chez les gens quand tu la gagnes ! L'engouement dans la ville au retour ! Alors, la gagner en 1976 avec l'OM, avec Jules comme entraîneur (2-0 contre Lyon, au Parc), c'était extraordinaire ! Je me suis dit : "Si je suis entraîneur, il faudra qu'un jour je gagne la Coupe pour rendre tout ce plaisir aux gens." Je n'ai jamais pu revoir la finale perdue avec Châteauroux (D2) contre PSG en 2004 (0-1, au Stade de France). Alors quand je la gagne avec Guingamp (L2) en 2009 (2-1 face à Rennes, au Stade de France) ! J'avais fait comme mon aîné, gagner comme joueur et entraîneur ! »

Zvunka démis de ses fonctions le 19/12/2013

INTERVIEW EXCLUSIF DE VICTOR ZVUNKA

 


Victor Zvunka, itinéraire d’un homme de terrains

 

C’est vrai, Victor Zvunka n’est pas gardois. Mais quand on passe du temps avec lui, on se dit qu’il aurait pu l’être sans aucun problème. Avenant, sympathique, souriant, très vite à l’aise aves ses interlocuteurs, si bien qu’il les tutoie tout de suite, Victor Zvunka a un tempérament méditerranéen dans l’âme. Son parcours de joueur y est certainement pour beaucoup.

Le footballeur Victor Zvunka fait parti d’une génération que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Il débute en professionnel à Metz avant de rejoindre, en 1973, l’Olympique de Marseille. Club dans lequel il restera presque huit ans, quasiment inconcevable aujourd’hui. L’OM, ça se voit, l’a énormément marqué : « Je me souviens que quand on perdait un match, je ne sortais pas de la semaine. Les rares fois où je suis sorti, il y avait toujours un supporter pour me demander : ‘Qu’est ce que tu fais là ?’ ». Joueur de l’équipe de France, il finira sa carrière au RC Paris en 1985 où il s’exercera pour la première fois au métier d’entraîneur.

Cette nouvelle profession va le faire voyager. L’homme, né au Ban-Saint-Martin en Moselle, va essuyer le banc de touche de nombreux clubs. Sauf que pour lui, c’est voulu. Fin des années 80, il entraîne pendant trois ans les Chamois Niortais avant d’enchaîner : Toulouse, Nice, Châteauroux, Guingamp… La liste est longue. Et ça dure depuis 25 ans ! Début juin, c’est au Nîmes Olympique de Jean-Louis Gazeau qu’il pose ses valises : « Avec Jean-Louis Gazeau, on est sur la même longueur d’onde. On s’appelle trois-quatre fois par jour. Ca se passe très bien. De plus, il m’a fait confiance donc je vais tout faire pour lui renvoyer l’ascenseur ». Que faut-il entendre par renvoyer l’ascenseur ? Un beau parcours en championnat, en Coupe de France ? Le coach, comme l’appelle ses joueurs, reste prudent, comme Guy Roux en son temps : « Cette année, en championnat, on va jouer le milieu de tableau. Mais, je vais être très franc, l’image que je garde de Nîmes, c’est celle des années 80-90 où le club évoluait en première division. Et puis je sais qu’ici le public, très connaisseur et exigeant, est derrière son équipe ». Une montée en Ligue 1 dès l’année prochaine ? Peut-être précoce mais, après tout, l’entraîneur des crocos a déjà accomplit cette performance avec Châteauroux en 1996-1997. Qu’il se rassure, aucun supporter du Nîmes Olympique ne lui en tiendrait rigueur s’il rééditait l’exploit.

Victor Zvunka, en conférence de presse, après la défaite des Nîmois contre Monaco en Coupe de la ligue

Quand il n’est pas sur un terrain de football, Victor Zvunka passe son temps entre Caveirac, où il vît, et les sorties qu’offre notre département. « Ma femme, qui est originaire du sud de la France, me fait découvrir de jolis coins. J’aime bien me promener dans la nature. Je suis un grand admirateur des flamands roses. Je pourrais m’arrêter dix fois pour les voir », confie-t-il avant de poursuivre : « La semaine dernière, je suis allé aux jeudis de Nîmes. J’ai vu les animations autour de la Maison Carrée, c’est vraiment pas mal. » Quand on lui demande si les gens le reconnaissent dans la rue, l’homme raconte une anecdote : « Oui, on commence à m’aborder et c’est toujours très sympa. Il y a deux semaines environ, à la gare de Nîmes, un supporter de Guingamp est venu me serrer la main et m’a remercié d’avoir fait gagner la Coupe de France à son équipe ! ». C’était il y a trois ans… Comme quoi, en football, les supporters n’ont pas la mémoire courte.

Ces résultats – deux finales de coupe de France, la montée des équipes qu’il entraîne – « coach Zvunka » la doit aussi à sa rigueur et à celle qu’il impose à ses joueurs. « Le football d’aujourd’hui demande certaines exigences. En plus du jeu sur le terrain, je m’attache aussi à la vie cachée de mes joueurs. Je leur donne quelques infos comme éviter de prendre trop le soleil et d’être vigilant sur les sorties nocturnes… Je ne les surveille pas parce que je leur fait confiance. Mais faut pas qu’un des gars me glisse dans les pattes. Il ne faut pas trahir ma confiance. » C’est certainement cette rigueur qui a valu à l’entraîneur de découvrir de sacrés talents : Florent Malouda, Stéphane Dalmat, Philippe Violeau ou un dénommé Fabien Barthez. A cette liste s’ajoutera peut-être un jour celle d’un croco. On ne demande que ça !

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com

 

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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