Régis Brouard, le coach français des Brabançons. En 2004, il a en effet été miraculé lors d'un vol en avion...

 

"Ca fait un moment déjà, plus de dix ans, explique Régis Brouard à Sport/Foot Magazine au moment de revenir sur une incroyable anecdote qu'il a vécue alors qu'il prenait l'avion avec son équipe de Rodez, en 2004. C'était au tout début de ma carrière d’entraîneur et on partait jouer sur Bastia avec un petit avion de sept places qui faisait deux allers-retours pour transporter toute l’équipe."

"À 40 minutes de l’arrivée, au-dessus de la Méditerranée, la porte a explosé ! C’était comme dans un film : des sacs et des journaux partout, un froid pas possible… Il y avait un joueur juste en face de cette fameuse porte, donc quand elle a éclaté, il a été aspiré et s’est retrouvé un moment dans le vide. Heureusement, il était bien attaché et sa ceinture l’a reprojeté dans l’avion, c’était incroyable."

"On ne savait pas du tout si on allait s’en sortir. Moi, j’étais à côté du pilote – un ancien footballeur pro – qui a réussi à stabiliser l’avion uniquement parce que la porte n’avait pas totalement explosé, auquel cas l’atterrissage n’aurait pas pu se faire. Malheureusement, pour le joueur, la suite a été plus difficile et certains traumatismes l’ont amené à arrêter sa carrière…"

Régis Brouhahard


Antonetti toujours sans club et Dupraz parti balancer des punchlines sur Canal+, les entraîneurs querelleurs sont une espèce en voie de disparition sur les bancs du football français. Heureusement, Régis Brouard et ses deux pétages de câble en une semaine sont là pour égayer les soirées de Ligue 2.


« Je ne vais pas régler mon cas, mais je vous ai fait passer un message. La moindre des choses – c'est très facile, c'est très très facile d'écrire sur un papier avec une plume derrière – la moindre des choses, c'est d'appeler les gens derrière et de ne pas les traiter d'une certaine façon. Vous m'avez traité de voyou, alors écoutez-moi bien, écoutez-moi, écoutez-moi bien ! Moi, je suis très calme, alors écoutez-moi bien trente secondes ! Trente secondes ! Trente secondes ! Si vous êtes correct, si vous n'avez rien à vous reprocher, vous m'appelez, point final ! Point final ! J'ai dit à votre collègue : "Dites-lui qu'il m'appelle !" T'es un petit mec, voilà, et je vais rester poli. Petit mec ! Petit journaliste ! Qui n'a pas sa place dans la plume écrite ! Tu m'as traité de voyou ! Tu sais ce que c'est un voyou ? Je vais te faire voir ce que c'est un voyou, moi ! » Le moins que l'on puisse dire, c'est que Régis Brouard n'a pas fait le voyage à vide le 7 août dernier. Entraîneur de Chamois niortais défaits face au Dijon FCO (3-0), le natif d'Antony s'en est pris en conférence de presse post-match à un journaliste du Bien Public. En cause : un article rédigé en février dernier par le quotidien local dijonnais qui relatait les incidents intervenus entre les deux équipes lors de la 24e journée de Ligue 2 et dans lequel il n'est jamais fait mention du terme « voyou ». Rebelote vendredi soir pour le tempétueux Brouard qui en est presque venu aux mains avec Olivier Echouafni, à la fin du match contre Sochaux, sans que l'on connaisse véritablement l'origine de cette dispute, les deux hommes n'ayant pas souhaité commenter la chose en conférence de presse.


« Joueur, je m'énervais souvent sur le terrain »


Malgré les belles chemises cintrées, le teint hâlé et les cheveux en arrière poivre et sel avec supplément sur les tempes grises qui le font ressembler à cet autre quadra en goguette du football français qu'est Hervé Renard, celui que les joueurs de l'US Quevilly surnommait Giuseppe – en « hommage » au candidat de la télé-réalité Qui veut épouser mon fils ? – est ce que l'on appelle communément un « sanguin ». Pourquoi ? « Il a le sang chaud parce qu'il vient du Sud » croyait savoir Nicolas Pallois, son ancien joueur à l'US Quevilly, dans les colonnes de 20 Minutes en 2012. Pas tout à fait vrai. D'une part, dire fatalement d'une personne « du Sud » qu'elle s'emporte assez facilement est du même acabit que « Les Corses, c'est tous des terroristes ! » ou encore « Les Parisiens sont des cons ! » D'autre part, il semblerait que Régis Brouard, né dans les Hauts-de-Seine en 1967, puis formé à l'AJ Auxerre au milieu des années 80, ait toujours eu ce tempérament au fond de lui et que la seule considération géographique qui soit provienne du cœur. Patrice Garande, l'actuel entraîneur du Stade Malherbe de Caen et ami de Brouard depuis cette période bourguignonne, confirmait sur le ton de l'humour à Ouest France en 2012 que le coach niortais « est parfois un peu ours, grognon ». Sentiment partagé par Brouard lui-même, toujours dans Ouest France : « Joueur, je m'énervais souvent sur le terrain et lui seul pouvait me faire redescendre. »


Doigt d'honneur et demi-finale de Coupe de France ratée


En revanche, il est vrai que celui que Michel Mallet, président historique de l'US Quevilly, surnomme « le magicien » a très vite pris la Nationale 7 pour parfaire son éducation footballistique de joueur. Nîmes, Cannes, Montpellier et surtout Rodez, où il passera cinq saisons, faisant monter au passage l'équipe aveyronnaise en Division 2 en 1988. Dans cet environnement moitié pro-moitié amateur, le meneur de jeu au toucher soyeux, à la gueule ouverte et à la semelle parfois dure est aux anges. Pour la forme, à la fin des années 80, il adressa un doigt d'honneur aux supporters de Pamiers après avoir inscrit un doublé lors d'un match de National. Dans les faits, Brouard prit onze cartons jaunes et un carton rouge lors de sa saison la plus chargée en biscottes, en 1999/2000 avec les Crocodiles de Nîmes. Une fois passé sur le banc, Brouard ne met pas pour autant sous scellés cette tendance à dégoupiller facilement. Bien au contraire, il semblerait que celle-ci soit décuplée. Après tout, l'entraîneur doit faire face seul à ses responsabilités lorsque ses onze hommes défaillent. Suspendu à plusieurs reprises par les instances du football français pour « comportement inadéquat », Brouard avait notamment dû assister à l'historique victoire de son US Quevilly en demi-finale de Coupe de France 2012 face au Stade rennais depuis les tribunes après avoir pris quatre matchs de suspension en raison d'une altercation lors d'un match face à Créteil.


Un leader guerrier spécialiste des Coupes


Comme un symbole, cette qualification en finale d'une compétition à élimination directe reste le pinacle de la carrière d'entraîneur de Brouard, après qu'il est parvenu à qualifier cette même équipe pour les demi-finales lors de l'édition 2010. En phase régulière de championnat, à l'exception d'une victoire en CFA en 2011, l'actuel entraîneur des Chamois niortais n'a jamais dépassé la ligne médiane en Ligue 2, après s'être contenté d'une cinquième place avec Nîmes comme meilleur classement en National. Quand on est capable de soulever des montagnes sur un seul match, et ce, à plusieurs reprises, il est évident que l'on doit être fort en gueule. De surcroît, plus leader guerrier que tacticien à la tête remplie d'idées sur la meilleure façon de marcher dans le football, l'humain est forcément au cœur des préoccupations de Régis Brouard. Si Nicolas Pallois le qualifiait dans 20 Minutes de « grand meneur d'hommes », le coach de Niort est le genre d'entraîneur à avoir des « discussions entre hommes » avec ses joueurs, notamment l'attaquant Mana Dembelé alors qu'il entraînait Clermont et dont il n'avait pas apprécié le retard à l'entraînement. D'autres parlent d'une franchise qui lui jouerait parfois des tours dans un milieu du football français quelque peu aseptisé. Deux traits de caractère qui expliqueraient cette propension plus que fréquente à vouloir la jouer Russell Crowe dans Bagarre autour du monde ou à dire le fond de sa pensée, que l'homme soit en noir, en short et chaussettes ou en costume trois pièces. Le football, c'est avant tout une question de passion pour Régis Brouard. Quelque chose qui part parfois des poings, beaucoup du cœur, pas toujours de la tête. Et comme le dit l'adage, le cœur a ses raisons que la raison ignore.

Par Matthieu Rostac

En vacances, l’entraîneur des Chamois niortais Régis Brouard aime la chaleur, le soleil… Mais aussi courir sous la pluie.

Êtes-vous plutôt ombre ou soleil ?

 Régis Brouard. « J'adore le soleil, je suis capable d'y passer beaucoup de temps. Je peux rester étendu en pleine chaleur, au soleil, très longtemps. Mais comme les extrêmes me plaisent, j'apprécie aussi les grands froids. »

Pour vous, les vacances c'est montagne, plage ou campagne ?

 « Plutôt la mer. Pourtant, récemment, je suis allé faire de la rando dans les montagnes qui dominent Barcelone. Pendant deux jours, j'ai marché au bord de l'eau, grimpé. C'est top de marcher dans la nature : j'étais tout seul, je prenais le temps de bien observer autour de moi. Mais plus je vieillis et plus la solitude me pèse. »

Vous préférez voyager en France ou à l'étranger ?

 « J'adorais voyager en France, aujourd'hui j'aimerais partir faire le tour du monde ; découvrir les paysages, les gens, des cultures, des manières de se comporter : je suis très curieux des autres. La France est un pays magnifique, doté d'une grande diversité de paysages, de cultures, mais j'aimerais mieux connaître le monde J'ai déjà eu la chance de voyager, mais il y a tant de choses à découvrir ! »

" En Corse il y a de bons vins on mange bien. En vieillissant on découvre ces plaisirs-là "Vous êtes davantage juillet, août ou arrière-saison ?

 « Si je pouvais choisir je partirais en juillet pour le soleil. Mais depuis 25 ans que je suis dans le foot – d'abord comme joueur puis entraîneur – je n'ai jamais pu m'offrir ça. »

Entre la sieste et la rando que choisissez-vous ?

 « La rando pour le plaisir de marcher et la découverte des paysages Même si la sieste est un réel plaisir, surtout l'été. D'ailleurs c'est un plaisir dont je ne me prive pas, mais je suis incapable de faire des siestes longues. »

Quelles ont été jusqu'ici vos plus belles vacances ?

 « J'ai passé un moment plus qu'agréable en Corse, il y a trois ans. C'est une île paradisiaque, on y mange bien, il y a de bons vins : en vieillissant on apprend ces plaisirs-là. Ça a d'autant plus de prix pour moi que j'en ai rarement le temps avec mon métier. Barcelone, c'était incroyable aussi Car je n'ai pas fait que de la rando en montagne. On trouve tout dans cette ville : la mer, des musées d'une grande richesse, un centre animé, des témoignages de l'histoire à chaque coin de rue, des ambiances. »

Et votre pire galère estivale ?

 « La pire galère pour moi c'est de m'ennuyer. Mais j'ai aussi le mauvais souvenir d'être parti avec une personne avec laquelle ça s'est mal passé, il y avait des disputes au quotidien. Les vacances sont faites pour se détendre, pas de se " prendre la tête ". Et puis il y a eu aussi des semaines de congés au cours desquelles j'attendais des réponses professionnelles qui ne venaient pas Ce n'est pas terrible non plus. »

Un succès d'été ?

 « " Wasting my young years " de London Grammar : c'est plein d'émotion, ça me bouleverse. Et puis j'aime aussi énormément The Avener. »

Le livre à mettre dans sa valise ?

 « " Au-delà du mal " de Shane Stevens : ça déménage ! C'est dur, mais c'est un roman culte sur les serial-killers. »

Une recette à partager pour l'été ?

 « Je suis un mec très simple : toutes sortes de salades et de grillades. »

Les jours de pluie, vous faites quoi ?

 « Quand je peux, je vais courir : j'adore courir sous la pluie mais il ne faut pas qu'il y ait du vent, ça me fatigue et me rend fou. Sinon, je vais au cinéma, je bouquine, je me balade. Et comme pour la course, je suis capable de marcher sous la pluie, ça ne me pose aucun problème. C'est un plaisir un peu mélancolique, mais agréable. »

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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