RENE MARSIGLIA QUITTE LE NIMES OLYMPIQUE (24/06/2014)

 

un article émouvant de Nice matin datant du 17/12/2010 :

Une leçon de vie pianotée, avec pudeur, sur les touches bicolores du destin. Quelques certitudes aussi, forgées ici et là, au fil du temps, que le co-entraîneur du Gym fait résonner comme autant d'évidences. Enfin et surtout l'amour des siens qu'il suggère comme unique vérité. Comme ultime rempart au doute. Le tacle parfait contre les sombres desseins qui parfois se profilent. Déchirent les corps. Cabossent les âmes. À l'image de ce mal sournois qui le ronge de l'intérieur et qu'il combat, jour après jour, avec cette force tranquille reçue en héritage...

Alors pas question de laisser, ne serait-ce qu'une seconde, la résignation lui émietter le moral. Pas même après y avoir laissé un rein et un poumon. « Je ne suis pas encore sorti d'affaire, même si je suis sur la bonne voie, mais à aucun moment, je n'ai ressenti de découragement ».

Des mots qui claquent, comme un exorcisme, contre une fatalité que René Marsiglia affronte avec une volonté hors normes. Et cette force - étonnante pour qui n'a jamais côtoyé la douleur -, il la tient, dit-il, de ses parents. « Tous deux sont partis à la suite d'un cancer. Je les ai vus se battre contre la maladie, mais eux, n'ont pas eu la chance d'être soignés suffisamment tôt. Ils n'ont pourtant jamais baissé les bras. Alors, par respect pour eux et pour les gens qui m'aiment, je dois continuer de lutter...»

Le sens du partage

Ne jamais renoncer, se battre, encore et toujours. Comme le lui a appris un papa qui « a tout sacrifié pour nous, vacances, loisirs, restos...».

« Outre qu'il ait été un excellent joueur, vif et rapide, mon père avait son diplôme d'entraîneur professionnel. Mais c'était une autre époque et, pour préserver sa famille, il a fait le choix de rester ouvrier, dans une usine métallurgique. Sa passion pour le foot, il l'a quand même transmise à ses cinq fils et on lui doit tout ».

Tout, à commencer par une enfance heureuse, et même « fantastiquement heureuse », aux côtés d'une maman tout aussi aimante. « Elle lavait les maillots. Et avec cinq garçons qui jouaient, c'était une sacrée organisation...». De ce passé qu'il revisite avec tendresse, l'enfant d'Aubagne a nourri, des années plus tard, ses plus lourdes certitudes. Et puisé les réponses aux questions qui l'ont parfois taraudé. « Mon père et ma mère m'ont fait comprendre le sens du mot famille. Ce que "partage" signifie. Grâce à eux, en fait, j'ai tout simplement appris à aimer la vie... Aujourd'hui encore, ils m'accompagnent au quotidien. Et de là où ils sont, j'espère qu'ils sont fiers de la façon dont je mène ma vie, dont j'éduque mes enfants (1)... »

La belle histoire...

Le regard désormais pointé sur un horizon qui se dessine - forcément - sur un azur d'incertain, René Marsiglia sait aussi que la chance ne lui a pas toujours tourné le dos. Comme lorsqu'il a vu son destin basculer un jour de 1976, après 45 minutes d'un match improbable joué Outre-Rhin. « Daniel Langrand, à l'époque, était l'entraîneur de Boulogne. Il voulait recruter mon frère Jean-Louis, mais comme celui-ci était fiancé avec une fille de La Ciotat, il a préféré décliner l'offre. Alors il a dit à mon père qui s'il avait un autre fils qui s'intéressait au foot, il l'emmènerait faire le déplacement avec les pros lors d'un jumelage en Allemagne. C'est moi qui ai été choisi. J'avais 16 ans, j'ai pris mes chaussures et j'ai fait une mi-temps. C'était ma Coupe du monde à moi... A l'arrivée, on m'a proposé, pendant les vacances scolaires, de faire la préparation d'avant-saison. Et finalement, je suis resté et j'ai signé mon premier contrat... »

Aucun regret

Un premier contrat et le début de ce qui n'aura pas toujours été un long fleuve tranquille. Mais qui, en même temps, lui aura permis, de Lille à Toulon, en passant par Lens ou Amiens, de toucher à cette réalité tant espérée. « Je me dis souvent que j'ai la chance d'avoir toujours fait ce que j'ai voulu faire. Alors, je n'ai aucun regret. J'ai donné le maximum de ce que je pouvais donner. J'aurais peut-être pu faire mieux, mais au final, j'ai quand même un métier extraordinaire ».

Le poids des mots encore, le sens des réalités toujours, et en prime, une vision de l'existence qu'il érige en vertu philosophique. « Pour moi, la vie n'est qu'amour, émotions, humour et rigueur. C'est un subtil mélange de tout ça...»

Alors qu'importe les obstacles et les épreuves à surmonter. En toutes circonstances, il reste un homme aussi sincère qu'authentique. Mais jamais aveugle. « J'ai toujours su faire la différence entre ceux qui m'estimaient pour ce que je représentais et ceux qui m'estimaient pour ce que j'étais vraiment. La maladie n'a pas changé grand-chose au regard que je porte sur les gens qui m'entourent...»

A 51 ans, il ne se leste d'aucun remord ; avoue haut et fort la fierté « d'avoir les enfants (qu'il a) » et qualifie de « rêve » le fait de vouloir « mourir en bonne santé ». Parce que, dit-il, « je ne veux pas subir la même souffrance que celle de mes parents. Partir dans les mêmes conditions... ».

Un sourire plus loin, c'est donc sur les touches jaunies du piano de sa vie qu'il laisse à nouveau ses envies se balader. Pour mieux jouer la partition d'un avenir qu'il imagine sans fausse note. « Il me reste tellement de choses à faire...»

pherbet@nicematin.fr

(1) Il est père d'un garçon de 26 ans et d'une fille de 18 ans.

 

 

France Football - Frank Ribery parle de René Marsiglia
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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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