La parole aux premiers acteurs, c’est-à-dire les hommes du terrain, qui nous livrent leurs souvenirs les plus marquants. 

Mathieu Michel (joueur 2013-16)

« Mon premier souvenir, c’est en tant que supporters en tribune Nord. C’était lors du match de la montée en Ligue 2 en 2008. L’ambiance était extraordinaire. En tant que joueur, je me souviens d’un derby contre Arles-Avignon où on égalise sur un coup-franc dans les dernières minutes. J’étais jeune et j’avais fait des arrêts importants. Le public scandait mon nom et quand on a égalisé c’était génial le bruit qu’on fait les supporters. Je suis triste de ne pas y avoir joué une dernière fois depuis mon départ. »

René Girard (joueur 1972-80 et 1988-91 et entraîneur en 1991-92 et 1994)

« Le match de la montée en 1991 contre le Gazelec Ajaccio. Il ne fallait pas perdre et nous avons fait match nul. J’étais revenu à Nîmes pour ça. Nous restions sur deux échecs en barrages et  j’avais failli arrêter mais finalement j’ai bien fait de prolonger d’une année. Cela dit, les Costières n’ont jamais remplacés Jean-Bouin. J’aurais aimé que les joueurs participent à la conception du stade. Par exemple, je ne suis pas fan des blocs de béton dans les angles. Moi qui suis fan de Liverpool, j’aurais aimé que les tribunes soient peinte en rouge, aux couleurs du club. »

Johann Charpenet (joueur 1998-02)

« Forcément le quart de finale de la Coupe de France. Nous n’étions pas bien en championnat mais en coupe nous étions très performants. Monaco était venu avec la grande équipe coachée par Didier Deschamps. À un moment, nous avons un coup-franc et Sladjan Djukic s’approche pour le tirer mais je me suis imposé pour m’en occuper. Je le sentais bien et j’ai bien fait car je marque. C’était un grand moment. À la fin je voulais échanger mon maillot avec Oliver Bierhoff mais je ne l’ai pas trouvé et un jeune remplaçant de Monaco est venu pour que j’échange mon maillot avec lui parce qu’il était Lyonnais et que j’ai été formé à l’OL. J’étais déçu de ne pas avoir la maillot de l’Allemand et j’ai donné celui du remplaçant de l’ASM à mon frère. Plus tard je me suis rendu compte que cet inconnu s’appelait Éric Abidal. C’était pas si mal pour un remplaçant. »

Bernard Blaquart (entraîneur 1998-02)

« Le moment que je retiens c’est l’année des moins huit points, la victoire 4-2 contre Lens, qui jouait la montée en L1, dans un stade à guichets fermés. C’est la victoire qui validé le maintien après une saison incroyable. Trois mois plus tôt nous ne l’aurions pas imaginé. J’aimais bien l’ambiance dans ce stade et le public s’identifiait à cette équipe car elle était intense, comme les gens d’ici. Je me rappelle aussi des match de janvier comme celui face à Clermont que l’on gagne 6-2. Je serais aux Costières samedi comme je l’étais souvent ces dernier temps. »

Anthony Briançon (joueur 2014-22)

« Ça m’attriste un peu de voir qu’il (le stade des Costières, NDLR) va être détruit car nous avons vécu tellement de chose dans ce stade. Le premier souvenir qui me revient, c’est le match de la montée en Ligue 1 face au Gazelec Ajaccio. Je revois le premier but avec le centre de Sada Thioub et le but de Rachid Alioui. Nous avons passé des grands moments aux Costières pendant quatre ans que ce soit les moins huit points, la montée et le maintien en Ligue 1. Quand j’en parle avec des joueurs des clubs adverses ils me disent qu’ils qu’ils n’étaient pas à l’aise quand ils venaient à Nîmes car le public était proche du terrain. »

Franck Lucchesi (joueur 1981-86 et 1992-95)

« Je me souviens du match d’inauguration. J’avais trouvé le stade magnifique. C’est un stade qui n’a jamais trop « pris » mais je l’aimais beaucoup. Quand je passe sur l’autoroute je le regarde toujours, je suis assez nostalgique. Je me souviens de la victoire 3-1 contre l’OM (saison 92/93), on gagne 3-1. Je prenais Alen Boksic au marquage. Le stade était plein. J’ai aussi des bons souvenirs en deuxième division car on a failli monter avec René Exbrayat comme entraîneur et Michel Mézy comme président. On a rempli le stade quelques fois. C’était un peu comme un théâtre, c’était magnifique. Les spectateurs étaient prêts, tu pouvais communiquer avec eux. Il n’y avait que la fosse pour nous séparer. Ça me fait quelque chose comme quand Jean-Bouin a disparu. J’ai démarré à Jean-Bouin et j’ai fini aux Costières. Quand je jouais le derby avec Montpellier contre Nîmes, je me battais sur le terrain avec les joueurs de Nîmes et quand après j’ai changé de club je me battais contre les joueurs de Montpellier. Tout ça en l’espace de douze mois. C’était engagé. Quand tu passes à Nîmes Olympique, ça laisse des traces. » 

Abder Ramdane (joueur 1993-96 et 1997-98)

« Ce stade représente mon début de carrière. Je me rappelle mon premier match contre Laval. Il y a cette année 1996 où on va en finale de la Coupe de France avec ces matches mythiques contre Montpellier, Strasbourg et Saint-Étienne. Ce stade pour ma génération c’était l’endroit où il fallait être. On ne peut pas l’oublier. Je savais quand je rentrais qu’à droite dans la tribune Nord il y avait mes amis du Chemin-Bas d’Avignon. Je pouvais les voir tout de suite car cette proximité avec les supporters était juste exceptionnelle. J’ai passé de très bons moments mais aussi de très mauvais. Tu entendais tout ! Quand le public te supportait mais aussi quand il t’insultait.  C’est malheureux on perd une partie du patrimoine nîmois. Ce stade je l’ai vu grandir. J’ai fait le premier match entre France A’ et Pays-Bas A’. Et ce stade m’a vu grandir aussi… »

Cédric Duchesne (joueur de 2002-08)

« Je ressens de la tristesse. C’est surprenant de détruire un stade qui a seulement 33 ans, il y aurait peut-être eu moyen de le rénover. Pour moi ça reste un mauvais souvenir parce que je n’avais pas été performant sur ce match-là mais la plus grosse ambiance c’est la remontada contre Sochaux avec ce retournement de situation un peu improbable. Le souvenir que je garde c’est le parcours de Coupe de France. Même en National, il y avait quand même une base fidèle de supporters de 6 000 spectateurs. Nîmes c’est un public de corrida, dès qu’il y avait un peu d’engagement le stade des Costières répondait présent. Malheureusement certains en ont fait les frais, ils pétaient les plombs et prenaient des cartons rouges bêtement. »

Seydou Koné (joueur de 2011-13)

« Je me souviens évidemment du match de la montée en Ligue 2 contre Le Poiré-sur-Vie. À la fin du match, on voit tous les supporters entrer sur le terrain ça été énorme. Je n’ai jamais vécu ça dans un club. Ça reste un des plus beaux moments de ma carrière. On avait un groupe soudé. À Nîmes, j’ai toujours été le chouchou et je regarde encore les vidéos de cette soirée. Ça m’a beaucoup marqué et c’est gravé pour toujours. Dans ce stade, je n’ai jamais été sifflé à part quand je suis revenu avec Niort. Les supporters m’encourageaient tout le temps et je renvoyais l’ascenseur. Quand on avait besoin de Seydou, j’étais là. Je faisais mes matches.«  

Propos recueillis par Norman Jardin et Corentin Corger

La parole aux supporters qui confient des anecdotes originales et des souvenirs aux Costières.

En 33 ans d’activité, les supporters en ont vu des matches aux Costières. Les souvenirs sont nombreux et se mélangent parfois. Mais certaines images sont encore bien présentes, intactes et nous marquent à jamais. Pour Brice (35 ans) qui a vu 90 % des matches à domicile sur les 25 dernières années, c’est le quart de finale remporté 4-3 contre Sochaux le 20 avril 2005. « Sur le quatrième but, j’ai sauté comme un malade et je suis tombé sur la fille devant moi. J’en ai encore des frissons », se souvient-il. Ce supporter longtemps abonné se rappelle même les jours avant le match : « J’étais parti à pied du Chemin-Bas d’Avignon pour acheter ma place avec mon maillot de la finale de 1996 que mon père m’avait offert. Je ne voulais pas rater ce match. » Nîmes, pensionnaire de National, réussissait l’exploit d’éliminer un quatrième club de Ligue 1 d’affilée et, pour beaucoup, c’est un des plus beaux souvenirs.

Ce jour-là, l’ambiance était à son paroxysme. « C’est quelque chose que l’on ne vivra plus. Il n’y a plus cette atmosphère aux Costières. L’âme du club était dans ce stade. C’est triste mais il faut savoir tourner la page », regrette forcément nostalgique Brice qui garde aussi un très bon souvenir le 16 mai 2008 lors du match de la montée en Ligue 2 contre Laval. « D’ailleurs par rapport à ce match, j’apparais sur la frise du club », assure le Nîmois, fier d’appartenir à l’histoire du NO et qui ne peut pas rester insensible à la fin d’une enceinte où, un week-end sur deux, il a vécu tant d’émotions. « C’est ma deuxième maison ! », avoue-t-il. Et pour refermer magnifiquement le livre avec les Costières, Brice sera évidemment présent samedi contre Bordeaux : « J’ai vu mon premier match avec mon père en 1997 et là je verrais le dernier avec ma fille aînée. »

 

Ils seront beaucoup comme ce trentenaire à avoir des frissons samedi. C’est le cas de Benjamin, supporter depuis toujours des Crocos. « Je n’arrive pas trop à réaliser ! Quand je passe en voiture je jette toujours un petit coup d’œil, ne plus le voir ça va faire bizarre », confie l’homme de 41 ans qui a le logo du club tatoué sur l’avant-bras. S’il se souvient aussi du match contre Sochaux, il a d’autres anecdotes savoureuses à partager notamment lors du derby contre Montpellier en Ligue 1 le 3 février 2019 : « J’étais en tribune sud côté Gladiators. Comme je stresse pendant les matches, je fume beaucoup et pour ne pas emmerder les gens je me mets en haut debout. Et sur certaines actions je me servais des dossiers des sièges pour me pencher et voir le jeu. Mais je me suis coincé le genou et je suis parti en avant. Et comme j’étais « sec », je ne me suis pas retenu. »

En ce dimanche de fête avec une rencontre programmée à 15h, l’apéritif avait démarré de bonne heure et de bonne humeur aux halles avant de poursuivre jusque devant le stade. Heureusement, plus de peur que de mal pour Benjamin relevé par d’autres spectateurs : « J’ai eu mal pendant un mois. Depuis mes collègues me chambrent avec ça. » Il se souvient aussi des soirées glacées de National avec un vent terrible : « Les pompes à bière avaient gelé. » Car s’il y a eu des soirées inoubliables par rapport à la performance sportive, d’autres marquent pour des raisons plus originales.

 

« Contre Sedan, en Coupe de la Ligue (le 7 décembre 2002, NDLR), il y a eu une coupure de courant pendant plus d’une demi-heure. Je me rappelle du stade plongé dans le noir », raconte Aurélie, Alésienne de naissance mais supportrice du NO depuis plus d’un quart de siècle.

De cette même année, elle se souvient de la victoire contre le Monaco de Didier Deschamps en quart de finale de Coupe de France (1-1, 4-2 au TAB). « Il y avait énormément d’ambiance. Ce stade est un symbole, je l’ai toujours connu », confie Aurélie qui ne réalise pas totalement la disparition de cette enceinte construite en 1989. En 33 ans d’existence, ce stade aura créé des souvenirs à plusieurs générations. Pour ceux qui ont découvert les Costières adolescent lors de l’épopée 2004/2005 – « Mon père m’avait fait un mot contre Sochaux pour finir l’école plus tôt » –, ils arrivaient à maturation pour cette saison 2011/2012 en National avec, en clou du spectacle, la réception du Poiré-sur-Vie, le 18 mai 2012. Cette histoire c’est notamment celle vécue par Yann, âgé de 27 ans, qui se définit au départ comme quelqu’un de peu démonstratif.

« J’étais déjà assis sur le muret et au moment du troisième but de Koné, je me mets à courir sur le terrain en pensant que le match est fini et que l’arbitre va siffler la fin de la partie », détaille ce supporter qui est déjà bien « avancé » quand il constate que le match n’est pas encore terminé. « En passant je tape dans la main de Benoît Poulain et du coup je me mets à côté d’un ramasseur de balle et je suis resté accroupi une minute avant de sauter de joie. Le lendemain, j’étais sur la Une du journal », complète-t-il, fier d’avoir pu vivre ce moment et de pouvoir le raconter. Ils sont sans doute des dizaines de milliers de supporters à pouvoir parler pendant des heures de ce qu’ils ont vécu dans ce lieu si particulier.

 

N’est-ce pas Pierre ? Ce fan de 59 ans et ancien éducateur au club tremble encore en évoquant ce 14 avril 1996 et la victoire contre Montpellier en demie de Coupe de France : « Ce but de Ramdane est inoubliable. Il nous permettait d’aller au Parc des Princes. Je me souviens que les Pailladins portaient un tee-shirt avec un crocodile qui se faisait sodomiser. »

Des supporters parfois nostalgiques qui, peu importe le stade, espèrent retrouver un véritable engouement pour Nîmes Olympique. « J’y serai contre Bordeaux mais je constate que quelque chose a été coupé, reprend Yann. Ça met un coup de vieux et déjà 20 ans de ma vie qui s’écroulent. Mais je pense que le nouveau projet est une chance pour le club. » D’ici la construction du nouveau stade des Costières, il y aura quelques souvenirs à se forger au stade des Antonins.

Corentin Corger

Objectif Gard : Savais-tu que tu étais le joueur qui avait joué le plus de fois au stade des Costières ?

Benoit Poulain : J’ai vu votre article lundi, c’est comme ça que j’ai été au courant ! Je me doutais que c’était Renaud Ripart ou moi, mais je ne tiens pas trop les comptes. De temps en temps, on reçoit des messages sur les réseaux sociaux ou on nous envoie les articles, mais avant votre article je ne le savais pas. Ça fait plutôt plaisir et il y aura un sentiment particulier lors du dernier match contre Bordeaux. Pour moi plus que ce que je m’étais imaginé.

C’est un record qui est un peu original que tu rajoutes à ton palmarès, c’est quelque chose que tu pourras raconter quand tu parleras de ta carrière dans le foot ?

Je me doute que, dans les statistiques, je fais partie de ceux qui ont le plus joué donc pour moi c’est mon club et je suis très heureux de rester dans l’histoire du club de cette façon. Tout va vite, des jeunes d’il y a dix ans ne me connaissent pas et ils me découvrent cette année car ils m’avaient oublié, c’est normal.

As-tu une idée des deux autres joueurs qui sont derrière toi sur le podium ?

Renaud Ripart c’est sûr, car je sais qu’il m’a dépassé sur le nombre de matchs joués avec Nîmes de façon générale. On m’a dit qu’il m’avait dépassé de 5-10 matchs avant qu’il ne parte. Pour le troisième, je ne sais pas vraiment…

Le troisième, c’est Anthony Vosahlo…

Ah oui je me doute, mais je n’ai pas joué avec lui. Il a énormément joué avec Nîmes, mais c’est la génération un peu d’avant.

Pour reprendre sur les Costières, te souviens-tu de ton premier match à 19 ans, le 11 novembre 2006 ? 

Oui contre Romorantin. Je me souviens même très bien d’une grosse occasion sur un corner de la tête que j’ai eue. C’était mon deuxième match avec le Nîmes Olympique, après un match en Coupe de France à Sète. Je me souviens très bien de la préparation du match et même si je ne me rappelle pas du résultat, cette grosse occasion arrêtée par le gardien au point de penalty m’a marqué !

Et quelle image gardes-tu de ce premier match ? 

J’ai deux images, la première c’est d’être avec un groupe professionnel à l’hôtel, la préparation d’avant match est différente et c’est quelque chose de particulier à vivre. Jouer le soir aussi, à 21h, c’est un changement qui donne de l’adrénaline, c’est vraiment plaisant ce souvenir d’humidité et de jouer la nuit. Et puis de jouer dans le stade des Costières, un grand stade. Jouer devant du monde c’est plaisant. Et le souvenir terrain que j’ai évoqué plus haut de l’occasion que j’ai eue.

De manière générale, sur 129 matchs, si tu devais en retenir un seul, ce serait lequel ?

De loin c’est le match contre Laval. Ça ne faisait pas si longtemps que j’avais commencé, et ça reste gravé dans ma mémoire. C’est les premiers gros souvenirs avec le stade tout en rouge, l’engouement lorsque le bus arrive au stade. Un peu plus de pression que d’habitude aussi. La finalité avec tout le monde sur la pelouse et la montée que l’on attendait depuis longtemps, de le faire c’était un sentiment extraordinaire et une soirée mémorable.

Qu’as-tu fait au coup de sifflet final ? Pendant longtemps Nîmes a eu le record d’affluence pour un match de national (18 000 personnes) jusqu’à ce que Strasbourg nous dépasse…

Je n’ai pas trop de souvenirs car j’étais vraiment jeune, ça allait tellement vite, il y avait tellement de monde que j’ai un peu oublié dans l’euphorie et l’émotion. J’ai dû aller au restaurant comme d’habitude. Je me souviens du match, des actions, des buts et des célébrations avec le public et le bruit. Mais après le vestiaire, le soir et tout ça j’ai aucun souvenir bizarrement !

Laval ouvre le score dans ce match, avez-vous douté à ce moment-là ? 

Non ! On n’a pas eu de doutes, c’est comme si on n’avait pas vraiment le choix il fallait gagner a tout prix. Laval jouait aussi la montée et on était robotisé et prêt à tout pour gagner. Dans le match on était convaincu que ça allait bien finir, ça ne pouvait pas être autrement avec un stade plein à Nîmes. On ne s’est pas posé de question.

C’est dans des matchs comme celui-là qu’on se rend compte à quel point le public, l’ambiance, la ferveur et le soutien sont importants. Il se passe quelque chose d’un peu abstrait, on en devient plus fort ?

Oui clairement c’est plus de la programmation mentale. Avec tout ce monde, on ne peut pas faire autrement. On est à domicile, le stade est plein, on veut faire la fête avec les supporters à la fin du match donc on se dit : « On va le gagner, on est invincible. »

Autre moment fort : la montée en ligue 2 face au Poiré-sur-Vie, ça reste aussi un grand moment ?

Oui différent parce que j’ai été capitaine toute l’année. Ça a été une année difficile et éprouvante pour moi au niveau mental, il y avait beaucoup de choses à faire au club. On avait commencé par trois défaites au mois d’août, il fallait remonter tout ça.  Pour le coup, Laval c’était l’insouciance, j’étais un pion dans l’équipe, il fallait que je fasse mon match, j’ai profité de manière insouciante. Autant là, c’était l’accomplissement d’une saison complète avec un gros travail d’équipe avec le coach et les cadres. Il y avait vraiment un sentiment de fierté d’avoir tenu le coup toute l’année. Ce n’était pas gagné d’avance. Au final, on finit champion, c’était une aventure qui finit bien mais la saison en elle-même a vraiment été mouvementée pour moi.

Là aussi, tu as un souvenir de la joie et de l’engouement ? 

Alors je ne me souviens pas du tout du match, mais je me souviens à la fin sur le terrain, j’avais des amis qui étaient venus, ma famille aussi. Ils sont venus sur le terrain après le match.

As-tu une anecdote que tu n’as jamais raconté qui te lie au stade des Costières ?

Alors je n’y ai pas du tout réfléchi, mais la déception c’est de ne pas avoir pu jouer le derby Nîmes-Montpellier. J’étais blessé je suppose, on gagne ce match-là avec un but de Jean-Jacques, c’était un match énorme. Et donc Louis Nicollin qui marche à son allure entre le banc et le vestiaire de Nîmes dans le tunnel et ils lui chantent la fameuse chanson… Moi je vois ça des tribunes et je chante aussi. En plus, ils jouaient la montée cette année-là et on leur avait coupé la saison. On était très heureux de mettre cette épine dans le pied à Montpellier avec ce retour du derby depuis des années. Je n’ai pas pu le vivre sur le terrain, mais ça reste un des souvenirs qui me lie au stade.

Sur le but de Mandrichi, il y a eu une grosse ambiance !

C’est plus que de l’euphorie là, c’était de l’électricité, les gens se sautaient dessus, c’était les 20-30 secondes où tu ne penses plus à rien, tu libères tout. C’est vraiment un bon souvenir !

Surtout en 2009, 13 ans après la demi-finale de 1996, c’était un symbole ! Toi tu es né à Montpellier, c’est ça ?

Oui j’ai grandi là-bas et j’y ai même joué 3 ans. Je me suis fait virer donc ça reste un sentiment de revanche aussi, même si je n’étais pas sur le terrain.

Un pire souvenir ?

Avec les années, on oublie un peu, mais on avait perdu un match de coupe à domicile alors qu’on avait pas perdu depuis 15 ou 20 ans. Quand tu perds à ce moment-là, c’est difficile mais je me souviens plus contre qui, peut être Croix de Savoie.

Tu as fait 8 saisons aux costières : 3 en national et 5 en ligue 2. De manière générale, quel souvenir gardes-tu de l’ambiance des Costières ? 

Tout à l’heure on parlait d’un match où on finit champion de national (l’année contre Laval). Cette saison-là, on joue Vannes au mois de janvier et il y a 10 000 supporters en national ! C’était impressionnant, j’ai des joueurs qui me disaient vouloir jouer à Nîmes, car quand ils venaient jouer face à nous il remarquaient qu’il y avait beaucoup de monde et d’ambiance. On savait qu’à tout moment il fallait qu’on joue la descente ou la montée et qu’on bataille. On savait qu’à chaque fois le public allait répondre présent. L’année où l’on se maintient face à Brest avec 44 points, sur les derniers matchs l’ambiance était incroyable. J‘étais un peu surpris cette année de l’ambiance, au-delà du nombre de spectateurs peu élevé, mais aussi une ambiance délétère que je n’ai pas reconnue.

Te souviens-tu d’un match où tu as été très bon, d’une performance en particulier ? 

J’ai un but ou j’ai une photo que j’aime beaucoup, l’année où l’on finit champion de national mais je me rappelle plus contre qui c’était ! Je me souviens aussi d’un but où je mets une frappe de 20 mètres. D’ailleurs, dans les pires souvenirs, j’ai raté un penalty très important l’année ou l’on descend ! Il fallait vraiment gagner le match et le ballon touche le poteau, j’étais trop en confiance pas assez concentré. Ce qui est drôle, c’est qu’après ils font une contre-attaque et je finis par faire un tacle le long de la ligne tribune sud et les supporters m’applaudissent quand même. On gagne quand même le match au final ! Mais ça aurait pu mal finir et c’était mon dernier penalty à Nîmes !

Pour finir, sur les 8 saisons, quel est le joueur qui t’a le plus impressionné lors des entraînements ou des matchs ? 

Quand on me demande mes trois joueurs préférés du Nîmes Olympique, je réponds toujours en premier Robert Malm. Car quand on monte contre Laval, il arrive en janvier et c’est grâce à ses buts. Quand je le vois, je lui dis merci car on a mieux gagné notre vie grâce à lui (rires). On passait professionnel donc on avait des contrats avec des salaires plus élevés en cas de montée. En ayant 20 ans, avoir un contrat plus confortable et passer pro, et il a fait partie de ça et je lui en suis reconnaissant ! Et aussi Johnny Ecker et Hervé Alicarte quand j’ai commencé. Les deux défenseurs centraux qui finissaient à Nîmes. Je me suis imprégné de la mentalité de Johnny et du calme d’Hervé. Quand tu es un jeune joueur à leur coté, tu apprends plus vite. J’ai beaucoup aimé la saison aussi avec Maury, Bouby et Koné devant où l’on finit premier de national. J’ai des bons souvenirs aussi avec Cédric Horjak qui était capitaine et Vincent Gragnic qui était le plus fin et le meilleur joueur qu’il y a eu à Nîmes sur une saison, même s’il n’a pas pu faire une grosse carrière derrière. Mais on a fait une bonne saison notamment grâce à lui.

Il reste un match aux Costières contre Bordeaux. Il y aura une émotion particulière d’être pour la dernière fois dans ce stade ?

Peut-être que ce sera bizarre à la fin, mais au début je serai dans mon match. Au coup de sifflet final, oui c’est sûr, ça me fera quelque chose. Je vous dirais ça (rires) !

Propos recueillis par Corentin Corger

Retour sur 10 grands moments d’émotions au stade des Costières 

Nous sommes à cinq jours du dernier match de championnat disputé au stade des Costières contre Bordeaux le samedi 5 novembre à 15h, avant que Nîmes Olympique ne déménage dans le stade provisoire des Antonins. Une page va se tourner pour les Crocodiles qui ont vécu 33 ans de bons et de mauvais moments dans leur stade. Pour le plaisir, nous avons établi une liste (totalement subjective) des dix plus grands matchs nîmois au stade des Costières. Chauvins, nous n’avons écouté que notre cœur pour ne garder que les bons moments. Alors avant de lui dire adieu, faisons nous plaisir et revivons les plus grandes émotions au stade des Costières.

1 – Nîmes – Montpellier 1-0 (14 avril 1996) 

Comment rêver d’une plus belle affiche pour une demi-finale de Coupe de France ? Probablement impossible ! Et surtout pouvait-on espérer une issue favorable aux Nîmois ? Pour être honnête, ils ne sont pas nombreux, les supporters du NO, à vraiment y croire ce dimanche 14 avril 1996. La crainte d’être lourdement battu par le grand rival montpelliérain plane sur le stade des Costières. Mais l’histoire est belle et parfaitement lancée par Christophe Zugna, l’attaquant Abder Ramdane se présente devant Bruno Martini qu’il bat irrémédiablement. Les Costières chavirent de bonheur comme jamais, la joie est trop immense. Nîmes élimine Montpellier et se qualifie pour la finale de la Coupe de France 1996 dans une ambiance qui dépasse l’imagination. Les Crocodiles ratent la dernière marche face à Auxerre, le champion de France, mais ils se qualifient pour la coupe d’Europe des vainqueurs de coupes. Le NO vit alors l’une des plus belles pages de son histoire.

2 – Nîmes – Laval 3-1 (16 mai 2008)

Le 16 mai 2008, Robert Malm libère les Costières en marquant deux buts face à Laval [Photo via MaxPPP]

Ce jour-là, l’engouement est exceptionnel. La demande de billets est telle que l’on pourrait remplir deux fois le stade des Costières. Il faut dire que le rendez-vous est capital. Après six ans en National, le NO a l’occasion de remonter en Ligue 2. Toute la journée, la tension envahit la ville qui ne parle que de cela depuis une semaine. Une heure avant le coup d’envoi, l’antre des Crocodiles est déjà copieusement garni. Alors on croise les doigts car tant de fois les espoirs de remontées ont terminé en amère déception. L’équation est simple : il faut battre Laval pour ne pas se faire dépasser par Cherbourg et par ces mêmes Lavallois. Le ciel est couvert, les Nîmois tendus, et les Mayennais ouvrent le score à la demi-heure de jeu… Les 18 482 spectateurs sont tétanisés jusqu’au moment où tout bascule avant la pause avec des buts de Malm (44e) et Colloredo (45e+3e). Le plus dur est fait et l’inévitable « Enormalm ! », comme on le surnommait, parachève la soirée avec un nouveau but (63e). C’est la fin du calvaire en National, les Nîmois attendaient ça depuis six ans. 

3 – Nîmes – Sochaux 4-3 (20 avril 2005) 

C’est souvent dans les coupes que les Nîmois se sont le plus épanouis au stade des Costières et en cette saison 2004-05 les Crocodiles se battent sur deux fronts. Celui de la remontée en National et celui de la Coupe de France où ils brillent particulièrement puisque successivement Saint-Étienne, l’AC Ajaccio et Nice, tous évoluant en Ligue 1, sont repartis des Costières la tête basse. Alors quand, en quart de finale, se présente le FC Sochaux, tout le peuple Nîmois attend un nouvel exploit. C’est bien mal embarqué car les Lionceaux mènent 1-2 à pause puis 1-3 en seconde période avant de rater une balle de 1-4 (63e). On se dit alors que s’en terminé pour les Nîmois. C’est mal connaitre la volonté de cette équipe qui grâce à Enza-Yamissi et Kandé arrachent la prolongation. Le suspens bascule alors dans le magnifique quand le Nîmois Verschave marque le but plus laid, mais aussi le plus beau de sa carrière avec la complicité de Teddy Richert, le gardien de but Sochalien. Rouge de plaisir, le stade des Costières chavire dans le bonheur. Le Nîmes Olympique décroche sa neuvième demi-finale de Coupe de France (la quatrième en neuf ans), mais tombe en demi-finale à Auxerre et rate la montée en Ligue 2. C’est ce que l’on appelle le revers de la médaille.

4 – Nîmes – Marseille 3-1 (19 août 2018)

Denis Bouanga vient de foudroyer les Marseillais, les Nîmois sont fous de joie ([Photo via MaxPPP]

Cela faisait 25 ans, une éternité, que les Nîmois attendaient de retrouver l’élite du football français. Après plus de deux décennies de galère dans les étages inférieurs, les Gardois ont envie de savourer. Et ils sont gâtés en ce début de saison 2018-19 puisqu’après une spectaculaire victoire à Angers 4-3 en ouverture du championnat, c’est l’OM qui est le premier visiteur aux Costières, ce 19 août 2018. Marseille, c’est forcément du lourd, mais la bande à Blaquart réalise peut-être son meilleur match et ne se laisse pas impressionner, même quand le phocéen Thauvin (49e) répond à une superbe ouverture du score de Denis Bouanga (34e). Ce NO ne vit que pour le jeu, il ne calcule pas et il est récompensé par deux buts supplémentaires de Sada Thioub (62e) et Renaud Ripart (87e). Comme au bon vieux temps de Jean-Bouin, Nîmes bat Marseille et signe un retour remarqué en Ligue 1. C’est en quelque sorte la dernière grande émotion du stade des Costières. 

5 – Nîmes – Kispest Honved 3-1 (12 septembre 1996)

Nîmes Olympique en Coupe d’Europe, ce n’est pas tous les jours et quand cela arrive alors que l’équipe évolue en National, c’est carrément historique. C’est en se qualifiant pour la finale de la Coupe de France 1996 (au dépens de Montpellier, ça fait du bien de le rappeler) que les Crocodiles ont gagné leur ticket continental puisque c’est le champion de France, Auxerre, qui gagne la coupe. Si on connait les coups d’éclats nîmois au niveau hexagonal, nous n’avons pas de repaires en ce qui concerne l’Europe où les Crocodiles n’ont plus joué depuis 1972. En héritant des Hongrois du Kispest Honved, les joueurs de Pierre Mosca ne sont pas favoris, mais une nouvelle fois ils étonnent le monde du football en s’imposant 3-1 avec des buts de Antoine Preget, Cyril Jeunechamp et Grégory Meilhac (tous passés par le centre de formation du NO). Curieusement, l’affluence n’était que de 7 948 spectateurs, mais il faut dire que les fans nîmois étaient gâtés au niveau émotions à cette époque. Les Gardois gagnent également le match retour 2-1, mais ils sont ensuite éliminés par l’AIK Stockholm malgré un victoire en suède 1-0. La parenthèse était belle et à la fin de la saison, Nîmes remonte en Ligue 2.

6 – Nîmes – Gazelec Ajaccio (4 mai 2018)

Rachid Alioui et Bernard Blaquart jubilent en ce soir de montée en Ligue 1 [Photo via MaxPPP]

La grand jour tant rêvé, tant espéré, arrive enfin après un quart de siècle d’une interminable attente. Cela fait plus de deux ans que Bernard Blaquart est l’entraîneur et il a déjà réalisé l’exploit de sauver une équipe qui avait huit points de pénalité (2015-16), et il a ensuite raté la monté en Ligue 1 d’un point (2016-17). L’ascension se poursuit lors de la saison 2017-18 et pour l’avant-dernière journée, les Crocodiles accueillent le Gazelec Ajaccio qui végète en bas de classement. Une victoire et c’est le paradis assuré. Ce 4 mai, les Nîmois ne prennent pas soin du suspens avec l’ouverture rapide du score de Rachid Alioui (3e). Les 17 337 spectateurs sont aux anges (no hay billetes !) et Alioui (22e), encore lui, mais aussi Romain Del Castillo (49e) et Antonin Bobichon (68e) participent à la fête grâce à une victoire 4-0. Nîmes est enfin en Ligue 1. Hasard de l’histoire, la dernière fois que Nîmes était monté dans l’élite, c’était déjà au stade des Costières et face au Gazelec Ajaccio… un 4 mai. 

7 – Nîmes – Gazelec Ajaccio 0-0 (4 mai 1991)

Un billet de ce fameux Nîmes – Gazelec Ajaccio du 4 mai 1991 (archives privées Norman Jardin)

Jusqu’à ce jour, Nîmes Olympique n’a connu que la Division 2 (comme on disait à l’époque) et la Coupe de France, mais sans passion. Après sept années de purgatoire et d’espoirs déçus en D2, les Crocodiles voient enfin le bout du tunnel. Fragile leader du groupe B, les joueurs de Daniel Roméo viennent de décrocher une précieuse victoire à Istres 1-0 (but de Dominguez) pendant que leur rival Valenciennes est tenu en échec par Gueugnon 0-0. Avec trois points d’avance, alors que la victoire vaut deux points, la calcul est simple : il faut gagner contre le Gazelec Ajaccio pour monter en D1. Mais ce 4 mai 1991, crispés par l’enjeu, les Nîmois ne viennent pas à bout des Corses de Jean-Michel Cavalli. Le score reste nul et vierge mais, dans le même temps, Valenciennes est tenu en échec à Bastia 2-2. Nîmes est en D1. Le public peut enfin jubiler avec ses joueurs dans un stade des Costières qui connait son premier grand moment.

8 – Nîmes – Montpellier 2-1 (10 avril 2009)

Nîmes a le couteau sous la gorge en cette fin de saison. Après un début de saison catastrophique et la mise à l’écart de Jean-Luc Vannuchi, l’équipe dirigée par Jean-Michel Cavalli a entamé une folle remontée au classement de la Ligue 2. Dernier avec neuf points de retard sur le dernier non-relégable, Nîmes se bat avec des courtes victoires et des nuls arrachés après de hautes luttes. Ce 10 avril 2009, c’est le Montpellier de Rolland Courbis qui se présente aux Costières. Le voisin héraultais est un solide prétendant pour la montée en Ligue 1 et il ne peut pas se permettre de laisser des points chez un relégable. Chaque but peut causer la perte de l’adversaire, et à ce petit jeu c’est le MHSC qui marque la premier grâce à Victor-Hugo Montano (38e). Nîmes pousse, vendange, mais y arrive finalement par Jonathan Ayité (53e) et Jean-Jacques Mandrichi (80e). Les Crocodiles décrochent un chaud derby et se maintiennent à l’issue de la saison. Quant aux Montpellierains, ils montent en Ligue 1. 

9 – Nîmes – Lyon 2-3 (24 mai 2019)

Une belle soirée qui marque la fin d’une époque (photo Anthony Maurin)

C’est la seule défaite de ce top dix. Mais ce qui est intéressant dans ce match, ce n’est pas le score mais l’ambiance qui a entouré la rencontre. Ce match de clôture de la saison de Ligue 1 2018-19 est celui de l’hommage rendu par le public à ses joueurs pour les remercier de tous les bons moments partagés depuis trois saisons. À l’issue du match (perdu 2-3), les Crocodiles reviennent un à un sur le terrain pour recevoir l’hommage qu’ils méritent. Dans les tribunes, les supporters ont prévu des drapeaux à l’effigie de chaque joueur. C’est le soir des au revoir, puisque Savanier, Bouanga, Thioub, Bobichon, Bozok, Alioui et Bernardoni sont en partance. Cette soirée sonne aussi comme la fin d’une histoire avec une équipe qui aura donné des joies parmi les plus belles que le stade des Costières a pu connaître.

10 – Nîmes – Le Poiré-sur-Vie 2-0 (18 mai 2012)

Seydou Koné félicité par les supporters Nîmois après la victoire contre Le Poiré-sur-Vie [Photo via MaxPPP]

Toutes les montées ne sont pas forcément spectaculaires. Celle décrochée en 2012 par les Crocodiles n’est pas restée dans les annales du football. Si elle ne suscite pas le même en engouement qu’en 2008, elle est vécue comme un véritable soulagement. Il faut dire que tout avait très mal commencé avec trois défaites (Vannes, Fréjus et Rouen). On a vu mieux pour attaquer une opération remontée. Mais dès la 4e journée, les joueurs de Thierry Froger redressent la barre et, patiemment, remontent au classement. À la mi-parcours, ils s’installent dans le top 5. Seulement, pour valider le ticket menant à la Ligue 2, il faut battre Le Poiré-sur-Vie, l’équipe Vendéenne qui vient pour la première fois aux Costières. Une formalité que les Nîmois ne remplissent qu’en fin de match grâce à Nicolas Benezet (79e) et Seydou Koné (90e+2). Une partie des 10 514 spectateurs vient communier avec son équipe et lui offre une haie d’honneur dans un moment de belle communion.

 Norman Jardin

Nous sommes à neuf jours du dernier match de championnat disputé dans le stade des Costières contre Bordeaux le samedi 5 novembre à 15h, avant que Nîmes Olympique ne déménage au stade provisoire des Antonins. Après 33 ans de bons et loyaux services, cette enceinte sera détruite et reconstruite d’ici 2026 sur le même emplacement mais avec une orientation différente.

Pour rendre hommage à cette enceinte mythique qui évoque forcément des souvenirs à tous les Nîmois et supporters des Crocos, Objectif Gard vous propose une saga exceptionnelle déclinée chaque jour à 9h et intitulée Costières Story. Place à l’épisode 4 aujourd’hui avec le récit du match d’inauguration entre la France A’ et les Pays-Bas A’ remporté 1-0 par les Bleus.

Ils étaient tous présents ce mercredi 15 février 1989. Au lendemain de la Saint-Valentin, le gratin du football français, le Gotha du ballon rond hexagonal s’était donc réuni au stade des Costières pour une soirée foot. Le président du Comité national olympique et sportif Français (CNOSF), celui de la Fédération française de football (FFF) et le sélectionneur national d’alors, un certain Michel Platini… Tout ce beau monde était à Nîmes pour assister à l’inauguration du stade de l’an 2000.

Les Hollandais avec Dennis Bergkamp, le deuxième en partant de la droite, à Nîmes avant la rencontre (Photo Robert Ricaulx)

Quatre jours durant, le nouvel équipement sportif et associatif était ouvert au public mais en ce mercredi soir, c’était un match international qui devait célébrer Nîmes et qui remettait la cité des Antonins dans la cour des grands. Était initialement prévue la venue de la grande équipe de France. Mais à défaut de voir comme envisagé une belle opposition face à la Hongrie, c’est l’équipe de France A’ qui s’est frottée à des Bataves en pleine reconstruction. Disparue depuis 2008, cette équipe était en quelque sorte l’antichambre de l’équipe de France A.

Daniel Xuereb, premier buteur pour l’histoire

Deux équipes plaisantes qui devaient, au moins sur le papier, offrir un spectacle de qualité, feu d’artifice à la clé. Claude Barrabé, Albert Cartier, Bernard Casoni, Basile Boli, Daniel Xuereb, Thierry Laurey, Éric Di Meco, Vincent Guérin, Gérard Bernardet… Et côté Hollandais, Dennis Bergkamp, rien que ça ! Côté musique, la Légion étrangère d’Aubagne et l’équipe de France militaire de parachutisme ont mis un peu d’ambiance en amont de la rencontre. Juste avant le coup d’envoi, la jeunesse du Nîmes Olympique était mise à l’honneur car le club, par l’intermédiaire de son président Jean Bousquet, a reçu le prix du Meilleur club de jeunes 1988.

Jean Bousquet inaugure la tribune Nord en dévoilant une plaque en hommage à l’ancien président Jean Chiariny (Photo archives municipales de Nîmes)

Selon les documents de l’époque, 25 000 personnes étaient visiblement présentes dans le nouveau chaudron nîmois. Mais quand on regarde les photos, on a du mal à les retrouver. Jean-Bouin toujours gravé dans le cœur, le public du stade des Costières ouvrait une nouvelle page du livre croco en assistant à un match de gala qui se soldait par une victoire française étriquée mais importante : 1-0 grâce à Daniel Xuereb à la 17e minute. Roger Lemerre était alors le sélectionneur de cette équipe A’ des Bleus.

Une première défaite après 28 matchs

Rappelons juste qu’en 1989, l’enceinte sportive pouvait alors accueillir 29 487 personnes, aujourd’hui la capacité déclarée pour cette saison 2022/2023 tourne autour des 10 000 places. Le Nîmes Olympique y a joué son premier match le 4 mars 1989 contre Montceau-les-Mines à l’occasion du championnat de France de deuxième division devant moins de 4 000 spectateurs. Les Crocos s’imposaient alors 2-0 grâce à des buts de Djamel Menad et Alain Bénédet. Philippe Debaty, Alain Espeisse, René Girard ou encore Ahmed Maharzi étaient présents côté nîmois avec Bernard Boissier comme entraîneur.

Le match d’inauguration aux Costières avec les fameuses grilles autour du terrain (Photo Archives municipales de Nîmes)

Dans la dynamique du stade Jean-Bouin, les Nîmois font rapidement des Costières une forteresse imprenable et réalisent une série exceptionnelle de 28 matches consécutifs sans défaite à domicile, à cheval sur trois saisons. Ils tombent pour la première fois aux Costières le 17 août 1990 contre Alès (0-1), après 19 mois d’invincibilité à la maison. Si les Cévenols et le NO gagnent leur match de Coupe de France (7e tour), le clin d’œil pourrait être sympa et nous pourrions assister à une affiche Nîmes-Alès au 8e tour pour le dernier match de l’histoire des Costières le 20 novembre 2022.

Dessiné par Vittorio Gregotti, le chantier du stade des Costières a été imaginé par l’architecte nîmois Marc Chausse (qui a aussi réalisé la tour BRL, NDLR). Au boulot, une centaine d’hommes et de femmes pour un chantier record et un stade sorti de terre en un temps quasi-record et avec des fonctionnalités exceptionnelles pour l’époque.

Une billetterie dans chaque angle, des accès multiples facilités et variés, une salle de 2 000 m² pour des expositions, les bureaux de la direction des sports de la Ville, des salles omnisports (gymnastique, volley-ball, basket-ball, escrime, billard…), le siège du club du Nîmes Olympique et une nouvelle technologie qui naissait quelques mois après le drame du Heysel en vue de la participation de la cité des Antonins aux Jeux méditerranéens de 1993.

Les premières formes du stade sortent de terre (photo archives municipales de Nîmes)

En quinze mois, les Costières sortaient de terre. Une naissance douloureuse après l’abandon du mythique stade Jean-Bouin, le traditionnel bastion des Crocos où les adversaires avaient du mal à gagner et à se concentrer du fait de la proximité d’un public constamment en feu. Le stade des Costières allait être plus froid, plus clair, plus carré, plus professionnel. 150 000 m3 de terre, 10 000 m² de cloisons, 15 000 m3 de béton, 30 000 m² de gazon, 70 km de câbles électriques et 48 km de tuyaux enterrés. Unique en France, le nouveau-né usait de procédés originaux en tout. Nouveau système de drainage de la pelouse, des tribunes « à l’anglaise », 1 000 lux émanant des projecteurs, 18 600 places assises pour un total de 26 180 entrées potentielles. Sans oublier le parking de 2 000 places et un stade annexe avec une tribune de 900 places avec l’autoroute pour frontière virtuelle.

Construit alors que les inondations faisaient de Nîmes une cité proche de l’apocalypse, le chantier des Costières n’a pas été impacté par le ciel qui tombait sur la tête des Nîmois en ce mois d’octobre 1988. L’architecte nîmois a d’ailleurs dit qu’un match aurait pu se disputer sur la pelouse tant le drainage avait été une bonne surprise pour son équipe et lui. Gradins et tours sont indépendants et le public ne risquait plus d’être écrasé par un mouvement de foule. Ceinturant le terrain, un nouveau système d’ouverture automatique des grilles était testé pour ce nouveau stade. On se rendra compte bien plus tard qu’il était difficile à mettre en œuvre et qu’il obérait la visibilité d’un bon millier de spectateurs. Au XXe siècle dans les stades de football, on dénombrait 965 décès et plus de 5 600 blessés.

Grâce au système Cloez, les Costières promettait d’en finir avec cette hécatombe. Du nom de son inventeur, cette technologie novatrice permettait d’ouvrir les grilles à distance et rapidement afin que les spectateurs puissent s’échapper en cas de problème. Lors des essais réalisés in situ, une travée de 125 mètres s’ouvrait en 1,17 minute. Nîmes fut le premier stade à adopter cette invention anti-panique qui allait cependant rester confidentielle. Autre innovation nîmoise : le tunnel. Escamotable sur une quinzaine de mètres, la structure protégeait les joueurs de la fureur supportrice. Un pédiluve était même mis en place pour ne pas voir de champignon infester accidentellement la verte pelouse d’origine.

Les fameuses grilles à ouverture automatique en cas de mouvement de foule (Archives Municipales de Nîmes)

Installées derrière les buts, les tribunes populaires étaient modulables. Équipées de bancs qui pouvaient s’abaisser si l’affluence le méritait, cet aménagement pouvait presque doubler leur capacité. Une première mondiale ! Mais les Costières, avant même ces rendez-vous historiques et ces innovations conceptuelles, c’est aussi un geste architectural fort. Il est unique (ou presque quand on voit, la même année, l’autre réalisation du Gregotti à Gênes pour le stade Luigi-Ferraris) et on le reconnaît entre mille. Nîmes est habituée à cela. Face à la magique Maison carrée, le moderne Carré d’art, aux antiques arènes, le contemporain Musée de la romanité et au pied du plateau des Costières, le stade éponyme est construit au sud de la cité, au milieu des champs à urbaniser.

L’arène est vantée par tous les médias pour son public et sa bouillonnante ambiance. Elle est appréciée par les Gardois qui y viennent naturellement depuis plus de trois décennies mais il est certain qu’elle a vieilli… Faute d’entretien et de travaux, sans même un salvateur lifting qui aurait pu le mettre aux exigeantes normes sécuritaires, la vénérable enceinte tombe peu à peu en décrépitude et va donc être détruite après 33 ans de bons et loyaux services pour la construction d’un nouveau stade plus moderne. Une nouvelle histoire reste à écrire mais comme son prédécesseur Jean-Bouin, à n’en pas douter, il ravivera une certaine nostalgie dans le cœur du peuple rouge.

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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