JEAN CHIARINY LE PREMIER SUPPORTER DE NIMES OLYMPIQUE

S’il fut le président du Nîmes Olympique de sa création en 1937 jusqu’en 1967, Jean Chiariny n’en demeurait pas moins le supporter numéro 1 des crocos.

Durant 30 ans et après le dépôt des statuts du Nîmes Olympique le 10 avril 1937, ce montpelliérain de naissance qui tata le cuir du coté de Marseille en amateur et dont la rapidité le fit nommer « La flèche d’or », fut le « façonneur » du club.

Jean Chiariny, chirurgien-dentiste de profession, était un « mécène généreux et actif » comme le qualifie son fils Jean François. Le Nîmes Olympique ne roulait pas sur l’or mais savait être un club bien structuré avec ses hommes de base que furent Pibarot, Rouvière, Firoud et Bosquier. Toujours affable et souriant, Jean Chiariny était aussi un homme de caractère et un homme d’affaires avisé lorsqu’il s’occupait du recrutement des joueurs. Il savait aussi bien « acheter » que « vendre », même si pour lui l’évolution du football le dépassait un peu.

Jean François rapporte : « Mon père n’aurait sans doute pas pu s’investir dans le football actuel. Plus l’argent entrait dans le foot, plus il en souffrait. Je me souviens d’une discussion qu’il avait eu avec le Chanoine Bessède qui présidait le SOM de Montpellier (avant la Paillade). Ce dernier lui indiquait qu’il fallait vendre les joueurs pour rentrer de l’argent et lui, avec son côté humain, demandait au Chanoine « mais comment vous pouvez, vous, homme d’église, parler de vendre des hommes ? »

Pour illustrer ces propos, reprenons une anecdote lue dans le « Allez Nîmes » : « Un jour il se déplace à Sète pour rencontrer le président Georges Bayrou en vue de négocier la « vente » du joueur Boissier. Alors que cette opération est importante pour les finances du club, le président Chiariny se révéla le plus désastreux vendeur qu’il soit. Il ne pouvait parvenir à se séparer de son joueur et le Boissier en question resta à Nîmes ». Favorable aux échanges entre clubs, Chiariny était plus qu’un dirigeant, il était un père pour les joueurs et lui-même avouait vouloir créer entre lui et les joueurs une relation d’amitié et de confiance. Ça a été aussi le cas quand Firoud a eu son accident de la route, à la suite de quoi il lui proposa à devenir entraineur.

Vincent, son fils cadet, se souvient des déjeuners d’avant match dans la maison de la rue de la Garenne : « le match était le dimanche à 15 h 00. La « mise au vert » se passait à la maison. Une tante venait préparer la purée et les steaks et tout le staff était là. Mon père aimait ses joueurs. L’anecdote qui est souvent racontée concerne le joueur Paul Makar qui avait tendance à boire. Il est vrai que les veilles de matchs il couchait à la maison pour s’assurer qu’il arrive à jeun. Mes parents prenaient bien soin de rien ne laisser trainer. Une fois, ils avaient oublié une bouteille d’eau de Cologne sur une table et Makar l’a bue dans la nuit. Mon père était stupéfait ! » raconte Jean François. Ce même Makar, sans grosses ressources qui, un jour de Noël, sonna à la porte des Chiariny avec un Atlas et des crayons de couleurs à Vincent et Jean François.

Le président Chiariny était un idéaliste, un mécène pas là pour faire du profit mais seulement pour vivre sa passion et connaitre de grands moments. Et des grands moments il en a connu. Sous son règne, Nîmes Olympique a été trois fois vice champion de France et deux fois finaliste de la coupe de France (1957 contre Reims et 1961 Sedan). Jean Bousquet, le jour de son décès, a tenu à souligner : « Le pionnier qui sut, en trois décennies, avec ardeur, patience et compétence, dynamiser le club et lui donner le rayonnement et la réputation qui est la sienne ». Michel Mézy souligne quant à lui : « l’homme d’une imposante discrétion qui fit le club, inculqua des valeurs et géra d’une manière reposante ».

Chiariny, qui avait son cabinet dentaire rue Enclos Rey, établit le siège du Nîmes Olympique dans ses appartements. De fait , il pouvait continuer à traiter ses clients et avoir l’œil sur la gestion du club. « Il était toujours bien entouré quand les choses allaient bien, par contre il éprouvait beaucoup de solitude quand ça tournait moins bien » se souvient son fils ainé.

Lorsque Nîmes Olympique joua contre Sedan, les dirigeants ardennais offrirent un marcassin au club nîmois. Les dirigeants ne sachant pas trop qu’en faire, l’ont mis dans le jardin de la famille Chiariny. Les nîmois, après ce cadeau un peu encombrant, décidèrent d’acheter une vachette camarguaise pour remercier les dirigeants de Sedan. Ils n’avaient pas réfléchi comment la bête pouvait regagner les Ardennes. Après le refus des Sedannais d’embarquer la bête, celle-ci termina sa vie avec le marcassin.

En 1967, le Nîmes Olympique descend en deuxième division. Le président Chiariny, dans une interview donnée à Midi Libre, déclare : « le football professionnel continuera à Nimes qui est l’un de ses bastions et nous ferons en sorte d’avoir une équipe capable de jouer les premiers rôles en Division II. Nous sommes des dirigeants et non des commanditaires, et nous aimons notre club ! Nous ferons confiance aux jeunes du club qui sont le fruit de notre formation. »

Jean Chiariny était propriétaire à 40 % du stade Jean Bouin (60 % pour 18 autres actionnaires) au sein de la société immobilière nîmoise du stade Jean Bouin. Il n’était pas peu fier de dire que le Nimes Olympique était le seul club qui était propriétaire de son propre stade. Ce stade où ses fils devaient, avant le coup d’envoi, faire le tour afin d’enlever les pierres qui jonchaient la pelouse et où, dit-on, il rêvait d’être enterré au centre dans la tenue du Nîmes Olympique.

Jean Chiariny, premier président du Nîmes Olympique, restera toujours et pour tous un exemple à méditer…et à suivre même si le football a bien évolué.

France Football, dans son édition du 30 mars dernier, classe le président nîmois parmi les 30 plus grands de toute l’histoire du football français.

Une distinction bien méritée pour ce véritable président – supporter du Nîmes Olympique.

Jean Chiariny est né le 14/10/1908 à Montpellier. Il est dentiste à Nîmes et a 2 enfants.

Il est élu Président du Nîmes Olympique en 1945 et le restera jusqu'en 1968, remplacé par Paul Calabro. Il est nommé le 21 novembre 1967 Président Général puis en 1976, Président d'Honneur à vie. Il décède le 27 avril 1987 à Nîmes.

Pour les recrutements, il avait 2 conseillers, Marcel Rouvière et Jean Viala.

Il jugeait les joueurs,  futures recrues par leur caractère et leur passé (blessures, maladies, problèmes avec ses coéquipiers ou ses entraîneurs...)

 

Pour cela, il se rendait directement chez le joueur, parlait avec lui et continuait ou arrêter les négociations. Autant dire qu'il déléguait rarement à d'autres le soin des recrues. Il n'avait pas besoin de directeur sportif ni d'agents de joueurs, il est vrai très rares à l'époque.

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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