Simbèu, El Croco et Sam, leur nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, si vous êtes un habitué de Kaufmann, du Parnasse ou des Costières vous avez déjà croisé ces mascottes. Réunis pour la première fois autour d'une table, Baudouin, Romain et Gabriel racontent avec humour leur passion.

Il n'y a qu'à voir l'émulation dans notre rédaction cet après-midi-là, lorsque quelques heures avant l'entrevue Baudouin est venu déposer son costume de Simbèu. Le nom donné au taureau qui symbolise la mascotte du Racing Club Nîmois. Chacun y est allé de sa photo avec l'imposante tête de l'animal. Signe de l'attrait et de la curiosité que représentent une mascotte. Vers 18h, nous sommes rejoints par Gabriel, l'interprète de Sam, le singe de l'USAM et par Romain, qui revêt la tenue d'El Croco pour le Nîmes Olympique.

Trois garçons qui ne s'étaient jamais rencontrés, réunis pour parler d'un personnage, faisant désormais partie intégrante d'un match de sport. Absente depuis plusieurs temps, le RCN voulait remettre une mascotte. Auparavant joueur au club, puis éloigné des terrains, Baudouin âgé de 22 ans postule sur une annonce Facebook. Retenu, l'aventure démarre en novembre 2017, "ça me faisait une occasion de rentrer à nouveau sur un terrain. La bonne ambiance du rugby me manquait". Quant à Romain, il trépignait d'aller assister aux rencontres des Crocos au stade des Costières sans y voir de mascotte. Ce Nîmois de 32 ans propose donc ses services au club et débute sur la pelouse en janvier 2018. "J'adore m'amuser et faire le con. C'est une animation de plus qui fait plaisir aux enfants." 

Gaby, lui, est carrément tombé dans la marmite de l'USAM lorsqu'il était enfant. Handballeur jusqu'à 13 ans, il se souvient du panda qui représentait avant la mascotte. Il y a cinq ans, c'est en singe sous le nom de Sam qu'il va devenir le chouchou du Parnasse, "ça va bien avec l'expression : arrête de faire le singe". Un animal qui correspond bien à ce facteur de 36 ans, très dynamique au bord du terrain. "À l'intérieur de la salle, je perds 3,4 litres d'eau, plaisante-t-il, à la fin, j'ai des plaques rouges, je suis cuit". Ses compères qui officient à l'extérieur et notamment Simbèu lui explique, "qu'en septembre sous 35 degrés, faut supporter la chaleur". Faut dire que l'épaisse couche de poil de son costume de taureau ne fait transpirer qu'en le voyant. "Vous n'avez pas chaud ?", est la question qu'on lui pose le plus souvent, ravi de cette compassion.

La mascotte est une véritable attraction et permet de faire passer l'attente avant le début de la rencontre. Petits et grands veulent forcément leur photo, "j'ai un monsieur qui à tous les matches, fait sa photo", confie El Croco. "Si on nous payait un euro la photo, on serait riche", poursuit-il. "Les gamins me tirent la queue aussi", apprécie moins ce technicien qui travaille à la centrale nucléaire de Marcoule.

La conversation n'a même plus besoin d'être menée. Tour à tour, ils racontent leur activité pendant la rencontre. Trois heures d'effort intense vécus différemment. "Avant le match, je vais faire des câlins dans le carré VIP et puis je fais le tour du terrain. Ça m'arrive de faire pleurer deux, trois bébés", sourit Baudouin, alias Simbèu. Vous suivez ? "Une heure avant le match, je tape dans la main du président", raconte Gabriel en évoquant un David Tebib, que l'on sait superstitieux. Tous trois sont unanimes pour dire qu'ils ont beau y mettre tout leur cœur à l'ouvrage, si le match ne décolle pas l'ambiance reste morose. "C'est foutu. Ça m'est arrivé que l'on me dise tu gênes, assieds-toi", se souvient la mascotte du RCN.

Gaby cumule un autre rôle, celui d'animer le Green Kop. Pendant toute la partie, il tape sur le tambour et donne de la voix. "Je suis dos au terrain pendant le match." Des mascottes, premiers supporters qui se donnent corps et âme pour soutenir les joueurs, qui leur rendent. "Ils nous reconnaissent, on a des bons rapports", concèdent les trois hommes bénévoles. "Certains connaissent le prénom de mon petit", relève Gabriel.

Dans les couloirs des Costières, Romain a droit à des gestes amicaux : "Briançon aime bien me mettre une calotte en passant". Une de leurs compétences est aussi de chambrer l'adversaire mais toujours bon enfant comme Simbèu face à Narbonne et El Croco face aux supporters niçois, "j'étais quand même content qu'une barrière nous sépare".

Une discussion sur leur activité qu'ils comparent avec ce qui se fait aux États-Unis, "en France, on a du retard. Là-bas, ce sont des vrais professionnels, c'est leur métier. Si je m'amuse à balancer des sacs de pop-corn sur le public, je m'en prends une", résume le résident du Parnasse. Pourtant il n'en rate pas une pour faire preuve d'imagination, "une fois j'ai même tenté de danser avec les pom-pom girls, j'ai failli en faire tomber une."

Tout est bon pour faire rire le public et le détendre. Simbèu et El Croco s'amusent à tenter leur chance aux pénalités et tirs au but, "au challenge des enfants à la mi-temps, une fois j'ai tiré une boîte sur le gardien. Du coup je fais attention maintenant." Des anecdotes pour dresser un constat plus sérieux sur cette activité et un sentiment d'être limité au niveau des compétences artistiques, "je ne suis pas danseur, il faudrait quelqu'un avec moi qui ait d'autres compétences", regrette Gaby. L'essentiel est de divertir le public et personne ne s'en est jamais plaint.

Quand ces hommes revêtent leurs costumes, ils se transforment, "c'est un changement d'identité, je deviens une autre personne", affirme Baudouin. "Je suis plus excentrique. Je me permets plus de choses : bouger les fesses, prendre une femme dans les bras. Gaby ne fait jamais ça...". L'extravagance mais aussi la dérision, la bonne humeur font partie des caractéristiques pour être une bonne mascotte. Sans oublier, "être patient avec les enfants", ajoute Simbèu.

Une drogue pour ces trois mascottes, qui sont en manque lors de la trêve estivale, "pendant trois mois c'est horrible. Je vais mourir", acquiescent ensemble El Croco et Sam. "Forcément ça manque. C'est mon occupation dominicale qui permet de me dépenser et de bien finir le week-end", complète SimbèuEndosser le rôle de mascotte, leur a permis, à leur échelle, de se bâtir une notoriété, "quand je fais ma tournée, parfois on me reconnaît. Par contre on m'appelle Sam", se marre Gabriel. "Mes enfants (7 et 10 ans) à l'école disent : "mon papa c'est la mascotte", se réjouit Romain.

 

Trois hommes qui savourent et qui ne sont pas prêts de rendre leur costume. Et c'est tant mieux car à Nîmes, les mascottes ont la cote ! Corentin Corger

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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