JEAN-PIERRE VAILLANT UN SERVITEUR DU NIMES OLYMPIQUE
« Dans les années 50, j’ai commencé à fréquenter Jean Bouin. Mon père avait un ami qui possédait une voiture. Cet homme qui était garde barrière SNCF au chemin des Canaux, venait nous récupérer à Marguerittes. Il garait son véhicule à bonne distance du stade sur la route d’Avignon et notre parcours nous obligeait à emprunter le fameux « Pont du Diable » dont l’éclairage était souvent défaillant et qui se transformait en véritable marre les jours de pluie ».
Voilà comment commence la romance de Jean Pierre Vaillant avec le Nîmes Olympique. Il occupe le dernier rang de la tribune coté Est de la ville où se retrouvaient les « gens des villages » alors que la sa sœur, à l’opposé dite « grande butte », était plus destinée aux « gens de la ville ». « Nous arrivions parmi les premiers afin d’assister aux matchs d’ouverture. Nous pouvions même nous asseoir pour mieux supporter la station debout qui nous était promise pour le match. Nous prenions place derrière les buts afin de mieux voir ».
Jean Pierre est un mordu des crocodiles. En 1966 son futur beau-père, André Aurillon, déjà au club, lui apprend que la section amateur recherche des dirigeants bénévoles pour assurer l’encadrement des ses équipes de jeunes, c’est ainsi qu’il débute comme dirigeant et que Jean Pierre Roux lui confie la charge d’accompagner les cadets.
« A l’époque seuls Marcel Rouvière et Henri Nöel étaient en charge des entrainements de toutes les équipes. Nous, nous avions un rôle de dirigeants, nous suivions les rencontres, assurions les déplacements et l’intendance. Le lundi après les matchs nous faisions une réunion avec les joueurs pour analyser notre prestation du week end. Le jeudi soir au siège du club, nous composions les équipes. Malgré son statut d’entraineur général, Marcel Rouvière ne s’ingérait pas dans nos compositions, même si parfois il pouvait nous apporter son conseil sur tel ou tel joueur mais sans jamais rien imposer ».
Jean Pierre fait ses armes avec Gaston Teissier (père d’Henri) avant de prendre les rênes de l’équipe. Ce n’est quelques années plus tard qu’il rencontrera son compère Raymond Rochette avec lequel « ils forment un duo exceptionnel et très professionnels malgré leur statut d’amateur » selon Roland Decilia. Les résultats ne se font pas attendre. Notre duo, sous l’autorité des entraineurs et éducateurs successifs que sont Rouvière, Noel, Bandera, Barthelot ou Soulas, contribue aux excellents résultats de ces équipes cadets en championnat et par deux fois au niveau national. En 1976 les Barthet, Comte, Danguin, Decillia, Dupuy, Fauchier, Folcher, Gaudin, Lopez, Mauquier, Roubaud, Roussel, Sabatier et Valls remportent le titre de champion à Rouen contre Strasbourg (en lever de rideaux de l’équipe de France) et de la coupe Nicolas. Henri Valls se souvient « Mr Vaillant était plus qu’un dirigeant, il était un entraineur au sens noble du terme. Je jouais arrière et j’étais un joueur « rude ». Il savait canaliser ma fougue, m’apporter le bon conseil sans jamais lever la voix. Il trouvait le mot juste pour recadrer chacun d’entre nous. Si Henri Noel avait la charge de nous entraîner en semaine, le duo Vaillant-Rochette faisait office de véritables patrons de l’équipe avec une complémentarité exceptionnelle le dimanche».
« A l’époque Henri Noel avait en charge l’entrainement des cadets. Avec Raymond nous n’y assistions pas, par contre nous étions avec l’équipe le dimanche. Le championnat était relevé puisque nous jouions au niveau national et nous rencontrions des équipes comme Monaco, Bordeaux, Saint Etienne, Lyon et d’autres qui composaient les équipes de jeunes de clubs professionnels » raconte Jean Pierre.
Malgré le statut de l’équipe, il faut se débrouiller avec les moyens du bord. « Jean Pierre Roux nous donnait 4 bouteilles d’eau pour les rencontres. Il nous fallait bien souvent nous débrouiller pour en acheter quelques autres pour abreuver les joueurs ». Jean pierre est alors représentant chez Peugeot et il a toute latitude pour emprunter des véhicules tout confort. René Girard se souvient : « Lorsque Jean pierre arrivait avec le véhicule, les jours de déplacements, nous nous précipitions vers sa voiture afin de pouvoir embarquer avec lui plutôt qu’avec les « trapadelles » des autres ».
Après le décès de Marcel Rouvière en 1976, de nouveaux entraineurs arrivent et le club commence à se structurer. Bandera, Salaber puis Barthelot ou Soulas prennent en main les entrainements. Le club du Nîmes Olympique est un club formateur et tous les gamins des villages du Gard sont vite repérés par les dirigeants qui ont pour mission des les repérer puis le signaler à Jean Pierre Roux pour les recruter.
C’est ainsi que les équipes de jeunes s’illustrent au plan régional et national. Toujours en charge des cadets il connait l’honneur d’amener à deux reprises ses poulains en ½ finale du championnat national (en compagnie de J.M Soulas) et remporte l’édition 1982 avec les Debaty, Sirvent, Rosso, Courtiol, Place, Orsoni, Winter, Espeisse, Montredon, Berillon, Lopez, Barthelot, Jeannière, Bardot. De cette époque les joueurs en gardent un souvenir impérissable qui les mènent à se retrouver chaque année pour une journée amicale. Olivier Courtiol se souvient du Jean Pierre : « Il dégageait une telle personnalité que nous pouvions que l’écouter. Pour moi il lui arrivait de m’impressionner. C’est rare de voir un dirigeant qui par un mot, sans lever la voix, arrive à te faire passer un message ». Philippe Debaty lui aussi souligne le coté « paternel et juste » de Jean Pierre. « Avec Rochette on aurait dit des professionnels tellement qu’ils étaient complémentaires et avaient un amour fou de chacun d’entre nous ».
Ces bons résultats et son implication dans la vie du club, pousse Jean Bousquet à le nommer en lieu et place de l’incontournable Henri Bosquier au poste de secrétaire général du club en 1985. « Succéder à Bosquier n’était pas chose facile. Il avait créé le SNAF (syndicat national des administratifs du football) et connaissait à lui seul tous les rouages du club. Ce ne fut pas évident pour moi mais j’ai pu compter sur mes connaissances dans les entrailles de la ligue ou de la fédération pour accomplir ma tache. Des hommes comme Daniel Roca comptable bénévole au club ou Aimé Grumbach, m’ont aussi donné un sacré coup de main ».
Durant 17 saisons, Jean Pierre va vivre de son « métier-passion » et bien au delà de Jean Bouin, au gré du temps, malgré des investissements quelquefois conséquents, il découvre entre mille autres choses qu’un club de football professionnel n’est pas tout à fait une entreprise comme les autres, les conséquences notamment économiques étant directement liées aux résultats sportifs obtenus dans le fameux « rectangle vert ». La glorieuse incertitude du sport oblige !