La défaite était interdite pour Nîmes Olympique lors de ce déplacement à Quevilly-Rouen. Les Crocos ne se sont pas ratés et après 28 journées, se sont enfin imposés à l'extérieur. Grâce à l'inévitable Abdeldjelil.
La première action est pour les locaux. Elle découle d’un centre de Namakoro Diallo, l’ancien Croco mais Ngapandouetnbu s’impose dans les airs. Suite à une action sur son côté droit de Sbaï, le latéral droit Nimois repique au centre et sert Abdeldjelil, qui se retourne, et ouvre le score en lucarne. On joue depuis trois minutes. L’entame de match est idéale pour les Crocos. QRM réagit de suite mais la frappe de Fortune flirte avec le poteau de Ngapandouetnbu. Abdeldjelil est à un pointu de doubler la mise à la 8e minute mais la reprise du goleador Gardois ne surprend pas le gardien de QRM. Amara s’engouffre dans l’arrière mais il est repris après avoir effacé gardien. Abdeldjelil reçoit le ballon au point de penalty et l’homme aux 14 buts frappe juste au dessus. Les Nîmois dominent et se montrent les plus dangereux. QRM réagi enfin juste avant la demi heure de jeu mais Ngapandouetnbu est parfait dans ses buts. Nîmes repart de l’avant, Marcel reçoit le ballon dans les dix-huit mètres, s’écroule mais Mr Zolota ne bronche pas. Seul petit bémol dans la bonne première période Nîmoise, la sortie sur blessure à la 37e minute de Mexique qui semblait bien mieux que ces dernières sorties. C’est El Hamri, titulaire face à Bourg la semaine dernière, qui le remplace. Le NO continue de dominer, Amara place une frappe puissante mais Bonnevie, le gardien Normand, repousse sur Abdeldjelil qui ne cadre pas. Après deux minutes de temps additionnel, Mr Zolota renvoie les deux équipes aux vestiaires, les partenaires du capitaine Mendy sont bien en place et c’est logique de voir les Crocos mener 0-1 au tableau d’affichage.
Dès le retour des vestiaires, Nîmes reprend sa domination. Les crocodiles ont la main sur le match mais se créent peu d’occasion en ce début de première mi-temps. Vu qu’en face QRM est en difficulté dans le jeu, il ne se passe pas grand chose depuis que les deux équipes sont revenues en jeu. Le jeu est haché par de nombreuses blessures dont une oblige Paviot à laisser sa place à Diouf. QRM se crée une première grosse occasion à la 68e minute. Sur un centre venu de la gauche, Mendy supplée son gardien sur sa ligne et sauve la patrie Nîmoise. Le chrono tourne, Nîmes ne se montre dangereux que sur de rares coup-francs. Il ne se passe plus grand chose dans ce match dès que les dix-huit mètres sont en vue. Enfin une occasion pour les partenaires de Mendy. Côté gauche, Sbaï centre fort devant le but mais personne ne coupe le ballon. QRM essaye de loin mais Ngapandouetnbu est parfait ce soir. Les Crocos tiennent bon et après six minutes de temps additionnel, s’imposent enfin à l’extérieur. La première de la saison loin du stade des Antonins. Dans le même temps, Paris 13 Atletico, Châteauroux et Versailles ont été accroché et Nîmes a repris des points à ces principaux concurrents au maintien. Les Crocos ne sont pas encore morts…
A six matches de la fin du championnat National et avant un déplacement ce vendredi à Quevilly, les Nîmois sont en position de relégable, plus près que jamais d’une troisième relégation en quatre ans et d’une plongée dans l’abîme du football amateur qu’il n’a pas connu en 88 ans d’existence. Leur président, qui rêvait en grand avec un nouveau stade, est aux abonnés absents et ne dit rien de ses intentions, mettant en péril un monument du foot français.
Il y a quatre ans, Nîmes Olympique était encore un pensionnaire de la Ligue 1. Certes, dans le money time de la saison 2020-2021, on ne lui accordait alors plus trop de chances de rester dans l’élite du football français, dont il avait été l’un des animateurs lors de sa remontée. Mais il y avait encore de la vie.
Aujourd’hui, l’encéphalogramme du club est près d’être à plat. Le stade des Costières n’est plus qu’un triste vaisseau abandonné. Et personne ne s’est réellement approprié celui des Antonin, boudé par les supporters quand ils ne sont pas jugés indésirables, boudé même par son propriétaire qui n’a pas vu le moindre match cette saison et qui gère de loin les affaires courantes. Sauveur après l’affaire des matches truqués de 2014, Rani Assaf apparaît aujourd’hui comme celui qui pourrait plonger Nîmes Olympique dans l’abîme et un niveau, le National 2, qu’il n’a jamais connu.
Nouveau stade, nouveau quartier, modèle économique novateur : il voyait les choses en grand. Mais son vaste projet a capoté. Le stade des Costières reste ainsi un équipement municipal et un objet bien encombrant financièrement parlant pour la ville. Quant aux Nîmois, ils assistent impuissant à la dégringolade d’un club qu’ils ont chevillé au corps mais dans lequel ils ne s’identifient plus.
Six matches à jouer dont quatre à l’extérieur où Nîmes n’a jamais gagné cette saison
« Qui a un meilleur bilan que moi ? », fanfaronnait-il en 2022. Meilleur, on trouvera forcément en se replongeant dans un passé qui nous renvoie des images sépias qui rendent plus nostalgiques que jamais ceux qui l’ont connu. Pire, en revanche, personne avant lui ne l’a jamais fait en si peu de temps. Nîmes Olympique pourrait, en effet, connaître une troisième relégation en quatre ans.
Alors qu’il lui reste six matches à jouer, l’équipe entraînée par Adil Hermach occupe la 16e place du championnat National, synonyme de relégation. Si trois points seulement séparent les Nîmois du premier non-relégable, Paris Rodéo, qu’ils recevront le 25 avril, le calendrier (avec notamment quatre matches à l’extérieur, où ils n’ont jamais gagné cette saison), la dynamique (deux petites victoires lors des seize derniers matches) et le fond de jeu ne plaident pas en leur faveur.
Patrick Champ : « Le club s’est fait hara-kiri lors du mercato »
Patrick Champ est un spectateur assidu des Antonin. Il est le consultant de nos confrères d’Objectif Gard. En 2003, alors que Nîmes galérait en National, il avait été appelé à la rescousse pour sauver le club de la relégation. « J’avais alors dans le groupe de combattants qui seraient allés à la guerre pour moi, comme Momo Benyachou », se souvient-il. Il ajoute : « Je ne ressens pas dans ce groupe la volonté de se surpasser. Les cadres ne peuvent pas tout faire, le recrutement n’a pas apporté ce qu’on pouvait attendre, à quelques exceptions près, et le coaching n’a pas toujours été exceptionnel. Mais je n’oublie pas que tous sont un peu livrés à eux-mêmes. »
Pour Patrick Champ, Nîmes Olympique et son président ont commis deux grosses erreurs cette saison : « La première, c’est de ne pas avoir tendu la main aux supporters et permis ainsi à ceux qui étaient interdits de stade de revenir. Leur soutien aurait été déterminant. La deuxième a été d’être incapable de corriger le tir au moment du mercato, quand il était encore temps. Le club s’est alors fait hara-kiri. »
Tout massacré
La suite ? « Je crois bien qu’on n’a pas encore touché le fond », se désole pour sa part Bernard Blaquart. Le personnage a tout connu avec Nîmes. Il a participé à rebâtir le centre de formation, au sauvetage de l’équipe en Ligue 2 lorsqu’elle avait été pénalisée de huit points et au retour parmi l’élite. C’est de Lunel et des tribunes des Antonin, qu’il fréquente toutefois rarement, qu’il a vu tout le travail réduit à néant. « On a tout massacré », dit-il en faisant allusion à la fermeture du centre de formation décidée par Rani Assaf en 2021 pour des raisons économiques et à la rapide agonie de l’équipe première.
Celui qui, chaque mercredi et samedi, fait grandir les jeunes pousses du Gallia club de Lunel, avoue sa tristesse : « Où que j’aille, on me parle de Nîmes Olympique parce que ce club, pour beaucoup de personnes, représente quelque chose de spécial, une identité. »
Bernard Blaquart : « Si quelqu’un reprenait le club et qu’il y ait un feeling, oui, je serais prêt à aider »
Lorsqu’on l’interroge sur l’issue que pourrait connaître l’histoire, il avoue : « C’est le grand flou. On ne sait rien des intentions de celui à qui il appartient. Veut-il vendre ? Sauf qu’aujourd’hui, le club n’a plus aucune valeur marchande en termes de joueurs, aucune future valeur marchande puisqu’il n’y a plus de centre de formation. Il joue dans un stade provisoire et son centre d’entraînement est dans une zone inondable. On aura du mal à s’en remettre quand il aura vraiment touché le fond. »
Parce que l’âme de bâtisseur reprend le dessus et qu’il sait que le football est une affaire de temps long, il croit aux capacités du club de repartir un jour sur des bases saines. « D’autres clubs illustres l’ont fait avant Nîmes », assure-t-il. Au point d’apporter son expertise si on faisait un jour appel à lui ? « Si quelqu’un reprenait le club et qu’il y ait un feeling, oui, je serais prêt à aider, répond-il. Mais sur le terrain, aux jeunes. Pour relancer un club, même avec des petits moyens, il faut des idées. Et j’en ai, c’est vrai. »
Frédéric Prades