Jérôme Arpinon a été démis de ses fonctions par Rani Assaf, le président du Nîmes Olympique.

Contacté par téléphone dans l'après-midi ce jeudi, il a été reçu dans la foulée par le président qui lui a signifié son retrait du groupe professionnel, au profit de Pascal Plancque, son adjoint, arrivé il y a peu. Ce dernier va assurer l'intérim en tant qu'entraîneur de l'équipe première. En attendant le recrutement possible d'un nouvel entraîneur. C'est en tout cas la solution qui tenait la corde dans la journée de jeudi.

Joint par notre rédaction, Jérôme Arpinon confirme nos informations. "Je ne veux pas m'exprimer pour le moment mais j'aurai l'occasion de revenir plus tard sur le sujet."  Avec son conseil, e coach Nîmois veut d'abord organiser son départ en bonne et due forme avec la direction du club. Un limogeage forcément lié aux résultats sportifs du NO et dans une autre mesure à une relation qui s'est dégradée récemment avec Reda Hammache avec différents désaccords sur le mercato, le coach n'étant pas favorable à l'arrivée du Japonais Naomichi Ueda.

Cloué au pilori depuis plusieurs semaines, Jérôme Arpinon semblait pourtant serein lors de notre échange ce vendredi matin. Probablement car le désormais ex-entraîneur nîmois n'est pas le seul responsable de cette place de lanterne rouge de la Ligue 1. Le recrutement qui n'a pas apporté les résultats escomptés et le manque de présence au quotidien de Rani Assaf ont probablement accentué les tensions.

Ironie du sort, Jérôme Arpinon a déjeuné il y a quelques jours avec Laurent Boissier, l'ancien directeur sportif nîmois. Les échanges ont dû être vifs entre les deux victimes de Rani Assaf dont les agissements et la gestion ne font qu'attiser l'incendie qui brûle au sein de la maison rouge.

  Abdel Samari et Corentin Corger

Jérôme Arpinon : "Je m’exige beaucoup plus d’exemplarité surtout dans mes nouvelles fonctions"

Publié le lundi 13 juillet 2020 09:45 - Colin DELPRAT

Après une séance matinale, Jérôme Arpinon nous accueille dans son bureau au centre de formation de La Bastide. Quelques documents, une photo avec son fils et le livre « Diego Simeone, mes secrets de coach » font office de décoration en attendant de s’approprier pleinement les lieux occupés récemment par Bernard Blaquart. Assis confortablement dans son fauteuil, doigts entremêlés, le coach de 42 ans est paré à se prêter au "jeu" de l'interview.

Jérôme, vous êtes désormais sur le devant de la scène avec toutes les responsabilités qui vont avec… 
Je suis conscient des responsabilités qui me sont attribuées en occupant ce nouveau poste. C’est avec beaucoup de conviction que je vais les assumer. 
C’est un aboutissement pour vous le Nîmois de devenir l’entraîneur de Nîmes Olympique ?
J’éprouve évidemment une énorme fierté mais, en aucun cas, c’est un aboutissement. Je vois plutôt ça comme un palier important dans ma carrière. 
Vous partez avec une longueur d'avance en raison de votre longue présence au sein du club...
C’est vrai, je connais toute l’histoire de ce club. J’ai participé aux récents chapitres en écrivant quelques lignes. Mon souhait, avec beaucoup d’humilité, est d’en ajouter quelques-unes supplémentaires. Je veux rédiger ma propre histoire dans ce nouveau rôle. Mais c’est vrai que j’ai vécu pas mal de choses à Nîmes.
Est-ce une force connaître l’environnement et les composantes du club ?
Je ne sais pas si c’est une force. D'une certaine manière peut être. Je ne vais pas apporter ma patte mais plutôt poursuivre le travail mené par Bernard (Blaquart). On est dans la continuité de ce que nous avons mis en place depuis plusieurs années. Je vais tâcher de continuer à faire évoluer l’équipe et le staff. Tout le monde progresse, joueurs, staff et club et doit encore le faire.

Même si vous avez une part dans sa réussite, c’est une lourde tâche de succéder à Bernard Blaquart…
Je tiens à rendre hommage à Bernard. Il a contribué à me construire en tant qu’entraîneur. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup. Je vais assumer la succession, c’est mon travail, mes responsabilités. Je ne peux pas empêcher les gens de croire certaines choses. Il y aura la vérité du terrain comme unique réponse.
Votre quotidien a-t-il changé à La Bastide comme en-dehors ?
Je ne croise personne parce que je ne sors pas (rire). Avec ce Covid, les huis-clos, je ne vois personne ou presque. Par contre, j’ai reçu énormément de messages d’encouragement et de félicitations. J’ai été agréablement surpris. Cela fait chaud au cœur. Je remercie ces personnes. Beaucoup de confrères entraîneurs m’ont appelé mais une fois sur le terrain on sera moins amis…
L’affaire des « gros bras », des échanges musclés lors de matches contre Reims ou Tours, l’altercation avec Vieira ou la participation dans le recrutement, comprenez-vous la réticence d’une partie des supporters concernant votre nomination ?
Les supporters doivent savoir que je vais donner le meilleur de moi-même pour le club, l’équipe, la ville et pour eux. Le passé est une époque révolue. Il y a prescription. Je regarde vers l’avant. C’est mon leitmotiv. Je veux transmettre des émotions, de la joie et communier avec eux. Je serai le plus heureux de voir les fans communier avec l’équipe. Je ne peux pas empêcher les gens d’avoir un avis. Ils ont en un sur la météo, la politique et leur club. C’est par le travail et mes actes que je vais essayer de faire évoluer leur opinion.
Le passé est tenace tout de même…
On ne va pas parler éternellement du passé. Sinon je peux vous dire qu'à 4 ans, j’ai mis les pieds dans le pot de peinture de mon père. A 11 ans, j’ai lancé de l’encre dans le dos d’un ami. On fait des conneries à tout âge. Je ne sais pas si c’est des bêtises ou pas. J’ai fait certaines choses uniquement dans l’intérêt de mon club et de ma ville, pour défendre nos couleurs.
Vous avez été éducateur dans un centre pénitencier, c’est une expérience qui marque un homme ? 
On n’a pas la même approche pédagogique quand on rencontre des personnes incarcérées. Mais cette expérience m’a beaucoup apporté dans mon rapport à l’humain. Quand des gens sont en difficulté, il faut être à l’écoute. J’ai appris ça à la prison et je le garde encore dans mes fonctions d’entraîneur. Cette oreille attentive me permet d’être plus serein mon approche psychologique de l’autre. 
Cette image d’homme dur et fermé, est-elle liée à votre histoire personnelle ?
Je ne suis ni dur ni fermé, je suis seulement concentré sur mon travail. J’ai toujours été dans l’ombre de Bernard car c'était lui le patron. Je n’avais pas envie d’être mis en avant. J’étais focalisé sur l’essentiel : ma mission d’adjoint. J’étais souvent pensif et ce n’est pas le moment où l’on sourit beaucoup… Désormais, je vois d’un bon œil que les gens connaissent mon parcours et qu’il ne reste pas figer sur une image. Je n’ai pas honte d’en parler. Ce passé (le suicide de sa maman en 2004 NDLR) m’a construit et j’ai envie d’aller vers l’avant en amenant les gens qui le souhaitent au plus haut.
Il y a une bonne étoile qui veille sur vous de là-haut...
Oui, j’y pense souvent mais c’est la vie. Je veux la rendre fière. 

Finalement, Jérôme Arpinon, c’est quelle personne au fond de lui ?
Je suis très famille et j’aime fédérer. Je prends beaucoup de plaisir à exercer mon métier. Je suis quelqu’un d’ouvert et d’humble. J’aime la vie, je veux vivre les bons comme les mauvais moments. Des moments de partage, de convivialité avec mes amis proches et ma famille. Je sors peu, je suis dans ma bulle. C’est vrai que je pense souvent au travail même quand je suis chez moi. Pour moi, cela fait partie de ma vie. J'ai ma propre sensibilité. Je m’exige beaucoup plus d’exemplarité surtout dans mes nouvelles fonctions. Rien que le fait d'être l'entraîneur de Nîmes Olympique, je dois montrer l'exemple pour que tout le monde me suive d'autant plus dans ma ville de coeur. 
Contrairement à la réticence de votre prédécesseur, le recrutement de joueurs étrangers va être désormais plus courant ?
Le recrutement est basé sur nos besoins. Je ne suis pas orienté sur de la géographie mais sur les points qu’il faut renforcer. Si aujourd’hui, à l’étranger, on arrive à trouver un joueur qui correspond à nos besoins, pourquoi s’en priver ? On est sur les prérogatives de Reda (Hammache, le directeur sportif NDLR) et il le fait plutôt bien. On travaille en concertation mais je me concentre aujourd’hui que sur le terrain. 
Vous avez donc pris du recul sur le recrutement…
Il y a une structure dédiée uniquement au recrutement ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Des gens compétents sont en poste. Je vais garder de l’énergie pour mon rôle d’entraîneur. 
Vous connaissez son histoire, ses salariés, ses joueurs et ses infrastructures, que faut-il au club pour se développer ? 
On va tous poser une pierre à l’édifice pour faire évoluer le club. Chaque année, on progresse. Le président donne les moyens de progresser à toutes les composantes du club. On ne peut pas tous révolutionner du jour au lendemain. On a une équipe assez jeune avec beaucoup d’idées et très bien formée. Et surtout, un président à l’écoute.
Justement, quelles sont vos relations avec le président ?
Il y a une bonne entente tant avec Reda que le président Assaf ou l’ensemble de mon staff. Il y a une communication régulière. Il n’y a plus de non-dits. Les gens en place sont intelligents et à l’écoute pour le bien du club. On n’est pas parfait mais on essaye de l’être pour le club et le public. Il fait partie intégrante du club et il est très important à mes yeux. On aura besoin d’eux pour le petit plus qui permet de faire basculer les matches. 

Deux recrues sont arrivées, Baptiste Reynet et Birger Meling, comment se passe leur intégration ? 
On a l’impression que Baptiste est là depuis dix ans. Pour Birger, dans trois semaines, il parle français (sourire). Il a déjà pris des cours en amont. Il a beaucoup de qualités que j’avais remarquées lors du visionnage de certains de ses matches. C’est un garçon agréable qui s’est vite fondu dans l’effectif. Le groupe est facile et intelligent. Il intègre vite les nouveaux. 
En attendant la venue d'Andrés Cubas ?
Je ne peux pas parler du mercato, c’est le rôle de Reda (Hammache).
Il y a également de nouvelles têtes au sein de votre staff…
Je suis très content de l’arrivée d’Aurélien (Boche, le préparateur en charge de la réathlétisation des blessés) et de Corentin (Jourdan, analyste vidéo). J’ai un staff qui souhaite faire évoluer les exercices en diversifiant les séances. Ce staff est assez jeune et permet d’amener beaucoup d’idées innovantes. Les joueurs explorent un riche panel d’exercices. C’est intéressant pour eux comme pour nous.
Dans quel cycle de la préparation se trouvent les joueurs ?
On est dans une période de réathlétisation qui va s’étendre jusqu’au stage. L’objectif est de combler le déficit musculaire lié à la longue interruption. A partir du 19 juillet, à Albertville, on va rentrer dans une phase beaucoup plus technico-tactique avec toujours du foncier mais surtout une révision des bases techniques, collectives et individuelles.
L'interview s'achève mais Jérôme Arpinon poursuit la discussion sur ses aspirations en tant qu'entraîneur. Guardiola, Simeone, Klopp, Deschamps, Stéphan ou Galtier, "chacun excelle dans un aspect spécifique du jeu. C'est très enrichissant de voir ce qu'il se passe dans d'autres clubs, d'autres championnats". Des principes de jeu qu'il devra transmettre avant le 23 août et la réception de Brest.

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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