1937-1949 : un douloureux apprentissage

Il y a 81 ans, le Nîmes Olympique succédait au fameux Sporting Club. Mais l’arrivée de la seconde guerre mondiale, a sérieusement perturbé la croissance du nouveau club Nîmois.

Sans la faillite du Sporting Club, le Nîmes Olympique n'aurait jamais vu le jour. Depuis le début du XXe siècle, le S.C.N est le club majeur du Gard et il a connu de grandes heures. Mais ses dirigeants ont eu la folie des grandeurs. À force d'acheter des joueurs étrangers, le club Nîmois se retrouve avec une dette rédhibitoire. Le Sporting est obligé d’abandonner le professionnalisme. Certains membres du Sporting ont l'idée de fonder un nouveau club. Le Nîmes Olympique est né. Il doit récupérer les joueurs sous contrat et la dette du vieux club défaillant. En contrepartie, le nouveau club devient le propriétaire du stade Jean-Bouin.

Quelques semaines après sa fondation, le Nîmes Olympique est autorisé a participé au championnat de D2 pour la saison 1937-38. Le 8 août 1937, le Nîmes Olympique joue le premier match de son histoire, en amical, contre le S.O. Montpellier (défaite 5-1). Pour ses débuts en compétition, Nîmes accueille l'A.S Saint-Etienne et s'incline 2-0. Les premiers pas sont timides mais l'année suivante, les résultats sont déjà meilleurs.

Malheureusement, en 1939 l'Angleterre puis la France déclarent la guerre au IIIème Reich. Le championnat s’arrête après dix journées. Les hommes sont réquisitionnés et le football est mis entre parenthèses. Daurant ces années de misères et d’occupation, les Allemands accaparent le stade Jean-Bouin et les Nîmois font survivre le club tant bien que mal. Les Crocos réalisent quelques belles performances en coupe de France en éliminant Cannes et Sète.

En 1943, le championnat professionnel est supprimé. Il est remplacé par une épreuve groupant les équipes par région. Les Crocos doivent alors évoluer en DH. La fin de la guerre marque le retour à un championnat structuré mais les Nîmois peinent à s'installer parmi les meilleures équipes de deuxième division.

Le président, Jean Chiariny, opère alors un recrutement intelligent avec les arrivées de Campo en 1947 et Dakowski, Barlaguet, Golinski, Firoud et Rouvière en 1948. En 1949, c’est Haan, Lafont, Makar, Schwager et Timmermans qui rejoignent le club. Le travail paye puisque lors de l’exercice 1948-49, le club se classe 5e de la D2, en marquant 89 buts. Nîmes Olympique fait quelques coups d’éclats en coupe de France et recrute malin. Tout va bien chez les Crocos et le meilleur est à venir...

 

Norman Jardin

1950-1957 : La découverte du haut niveau et les premières émotions

 

La première partie des années 1950, marque l’entrée des Nîmois dans le gotha des clubs Français. Une arrivée fracassante qui a bien failli déboucher sur un énorme exploit.

L’exercice 1949-50 est un des plus brillants pour les Crocos et aujourd’hui encore, une des saisons les plus importantes. Depuis quelques années déjà, les Nîmois font partie des prétendants à la montée en D1. Mais ils leur manquent toujours un petit quelque chose pour franchir le cap.

Lors de l’été 1949, le président Chiariny recrute l’international néerlandais Thimmermans, l’Ukrainien Paul Makar, Lafont des Cheminots Nîmois et deux strasbourgeois, Schwager et Haan. De plus, Nîmes conserve ses meilleurs éléments.

En 1951, les Crocos ratent le titre de champion de France pour un point

Les bons résultats sont immédiats. Les Crocos enchaînent les victoires. Le 9 Octobre 1949, au soir d’une victoire 4-2 contre Alès, Nîmes prend la tête de la D2 pour ne plus la lâcher. Les hommes de Pierre Pibarot remportent 25 de leurs 34 matches et ne s’inclinent qu’à deux reprises (à Alès et à Valenciennes).

Mais dans cette saison exceptionnelle, le talent des Crocos va jaillir aux yeux des français à la faveur d'un magnifique parcours en coupe de France. Kader Firoud et ses coéquipiers éliminent trois équipes qui terminent dans le top 6 de la D1. Toulouse 2-1 (4e de D1), Bordeaux 4-1 (le futur champion de France) et Sochaux 4-3 (6e à la fin du championnat). Les Nîmois ne s’inclinent qu’en demi-finale face au Racing Paris 3-0.

 

Première montée en D1 et première ½ finale de coupe de France, cette saison 1949-50 est gravé dans la légende du club. Le 27 août 1950 est une date historique avec le premier match du Nîmes Olympique en D1 (défaite à Strasbourg 2-1). Le 10 septembre, au stade Jean-Bouin, c’est la première victoire (3-0 contre Nancy). Mieux encore, le 25 mars 1951, après une victoire au Havre 4-2, les Crocos sont leaders de la D1. Ils le sont encore à deux journées de la fin mais ils ratent le titre pour un point et terminent 5e.

La saison suivante est aussi bonne avec une 6e place. Le 16 mai 1951, Stephane Dakowski, le gardien de but devient le premier Croco à porter le maillot de l’équipe de France (Ecosse – France 1-0). Lors des années qui suivent, Nîmes rentre un peu dans le rang mais n’est jamais menacé de relégation. Le stade de Jean-Bouin, avec son ambiance brûlante, devient pour les visiteurs le terminal des prétentieux.

 

Le Nîmes Olympique reste invaincu au stade Jean-Bouin du 17 février 1952 au 15 avril 1953

Nombreux y laissent des plumes. Dans leur antre, les Crocos font mordre la poussière aux cadors. En 1951 Reims s’incline 3-0, en 1952 c'est Lille qui subi une ‘manita’ 5-0, en 1953 l’AS Monaco encaisse un 6-2 humiliant et en 1957 c’est encore un 3-0 contre Reims. Toutes ces victimes ont terminé le championnat dans le top 5. Nîmes reste invaincu à Jean-Bouin du 17 février 1952 au 15 avril 1953.

Le 21 août 1955, Le Nîmes Olympique débute le championnat avec comme nouvel entraîneur, Kader Firoud qui remplace Pierre Pibarot. L’ancien joueur débute très mal avec une large défaite à domicile (1-5 contre le Racing de Paris). La suite sera nettement meilleure...

 

Norman Jardin

1958-62 : le temps des regrets

En l’espace de cinq saisons, les Crocos ont terminé trois fois deuxièmes de première division et deux fois finalistes de la coupe de France. En laissant parfois échapper des titres qui leur tendaient les bras.

1958 est une grande année pour le football. Le Brésil est champion de monde pour la première fois avec le tout jeune Pelé. La France termine troisième de cette même épreuve avec un record de buts pour son attaquant, Just Fontaine (13 buts dans une coupe du monde, un record toujours d’actualité). Et côté Nîmois, le capitaine Maurice Lafont participe à la coupe du monde (avec la France), le club termine deuxième de la D1 et finaliste de la coupe de France.

C’est une première dans les trois cas. Mais les Crocos peuvent nourrir, quelques regrets en ce qui concerne la finale de la coupe de France. Alors qu’ils affrontent Reims, le champion de France, les Nîmois sont rapidement réduits à dix après la blessure d’André Schwager (À cette époque, un joueur, même blessé, ne pouvait pas être remplacé !).

La rencontre est donc faussée et Nîmes s’incline 3-1. À l’issue du match, Kader Firoud, l'entraîneur Nîmois déclare au journal l’équipe : « On ne bat pas Reims avec dix joueurs ».

La saison suivante, le duo d’attaquants Skiba – Akesbi fait un malheur avec 43 buts marqués en D1. Mais malgré un titre honorifique de champion d’automne, le club échoue encore à la deuxième place, derrière Nice. En coupe de France, c’est une grosse désillusion. Alors que les Nîmois sont les grands favoris, ils sont éliminés en demi-finale par Le Havre, un club de D2. Cette saison est celle du gâchis car Nîmes aurait pu fait mieux.

La décennie 1960 débute et les coéquipiers de Pierre Barlaguet font désormais partie des grosses équipes françaises. En match amical, ils rencontrent les plus prestigieuses formations du continent, dont le FC Barcelone. À cette époque, seul le champion de France participe à une coupe d’Europe. En championnat, les Crocos sont une nouvelle fois champion d’automne. Cette fois c’est peut-être la bonne puisque, à une époque où la victoire ne rapporte que deux points, Nîmes compte cinq unités (l’équivalent de sept points aujourd’hui) d’avance sur Reims après 23 journées. Le Crocos sont encore leaders au soir de la 30e journée. Mais au final, c’est Reims qui décroche le titre et Nîmes finit deuxième pour la troisième année consécutive.

Lors l’exercice 1960-61, le Nîmes Olympique s’essouffle un peu, du moins en championnat. Le club ne lutte pas pour le titre. Il faut dire que certains cadres sont partis. Salaber à Sedan, Skiba à Sochaux et Venturi à Grenoble. Ces départs ne sont pas vraiment compensés par les arrivées de Bourdoncle, Cassar et Fauvergue. C’est en coupe de France que les Crocos s’illustrent. Après avoir éliminé La Seyne, Béziers, Nancy, Le Racing et Montpellier, Nîmes accède à sa deuxième finale.

L’occasion est belle d’enfin gagner un titre car l’ultime adversaire est Sedan, le 7e de la D1. En championnat les hommes du président Chiariny se sont facilement imposés sur le terrain des Ardenais 3-1. Et puis, enfin, le vainqueur de la coupe est désormais qualifié pour la récente coupe d’Europe des vainqueurs de coupes. Mais rien ne se passe comme prévu et c’est Sedan qui s’impose 3-1. Encore une grosse déception. D’autant que c’était un grand jour pour Nîmes. En lever de rideaux de la finale, les Crocodillets remportent leur première coupe Gambardella. En coupe de l’amitié Franco-Italienne le Milan AC est battu au stade Jean-Bouin 2-0. Maigre consolation.

L’été 1961 est marqué par un transfert spectaculaire. Hassan Akesbi, le meilleur buteur (119 buts) du l’histoire du Nîmes Olympique signe au Stade de Reims. Autant dire que les chances des Crocos en championnat se réduisent. Pourtant, ils étonnent et le 3 décembre 1961, après une victoire sur le FC Rouen 3-2, ils prennent les commandes de la D1. Le 1e avril, alors que 31 journées ont été jouées, Nîmes compte quatre points d’avance sur le Racing et cinq sur Reims.

Peu à peu les Crocos cèdent du terrain mais ils sont toujours leader au matin de la dernière journée. L’occasion est trop belle. Il suffit de battre la Stade-Français, alors 13e du championnat et qui ne joue plus rien. Pourtant l’impensable se produit et la maudite équipe Nîmoise s’incline sur un but de Skiba, son ancien joueur. Reims en profite et les Crocos termine 3e. La plus belle opportunité de l’histoire du club s’évanouit et sa plus glorieuse page se tourne sur un énorme gâchis. Les lendemains vont désormais déchanter. 

 

Norman Jardin

Dans la seconde moitié des années 60, après cinq années au plus haut niveau, les Crocos connaissent des moments plus difficiles et même une relégation de D2.

Le titre perdu à la dernière journée de la saison 1961-62 a laissé des traces. Bernard Rahis part en décembre 1962, après neuf saisons au club. Les dirigeants Nîmois ont perdu le flair pour dénicher des bonnes affaires pendant la période des transferts. L’allégresse des belles années décline. L’exercice 1962-63 se termine par une honorable 6e place et une élimination en 16e de finale de la coupe de France. Mais le ressort est cassé.

L’année suivante, le ciel s’assombrit. Les Crocos décrochent leur maintien lors de l’ultime journée, après une victoire sur Lyon 5-0. En coupe de France, Nîmes est éliminé dés les 32e de finale (par Lyon), pour la première fois depuis 11 ans. Les cadres comme Bernard, Bettache et Constantino quittent le club. Ils sont suivis par l’entraîneur, Kader Firoud. C’est la fin d’une époque. Certains jeunes en profitent pour s’imposer. On commence alors à voir éclore les Landi, Marcellin, Novi et Gomez. Le club termine 13e avec sa pire attaque depuis 1945. On ne remplace pas si facilement des joueurs comme Skiba, Akesbi et Rahis.

Le déclin des Nîmois se confirme chaque année un peu plus. Pourtant, une série de six victoires place les joueurs de Pierre Pibarot, en tête de la D1 après 10 journée. Le 3 novembre 1964, Le Nîmes Olympique refait la une du magazine spécialisé France Football. Le Croco Daniel Charles-Alfred est en photo avec le titre "Nîmes : 30 mois pour redevenir leader". Mais ce n’est qu’un feu de paille. Un essoufflement et quatre défaites en clôture du championnat envoient les Crocos en barrages pour le maintien. L’avertissement est sans frais. Pour l'instant...

Le club Nîmois ne fait plus partie des meilleurs français. Il lui faut maintenant se battre pour survivre au plus haut niveau. Les jeunes Landi, Marcellin, Kabyle, Rouvier, Canetti, Novi et Mézy sont de plus en plus utilisés. La jeunesse ne peut pas tout et pour la deuxième année consécutive, c’est en passant par les barrages que Nîmes sauve sa place en D1. Satisfaction en revanche du côté des juniors qui, avec Mezy et Odasso, remportent une deuxième coupe Gambardella.

À force de jouer avec le feu, les Crocos finissent par se brûler. Au terme de la saison 1966-67, pour la première fois de son histoire, le Nîmes Olympique est relégué en D2. C’est au dernier match des barrages que prend fin une aventure de 17 ans dans l’élite. Une égalisation d’Aix-en-Provence à la 85e minute envoie les Crocos en enfer. C’était la dernière saison de Pierre Barlaguet comme joueur et de Marcel Rouvière en tant que responsable de la section amateur. En 1967 une belle histoire se termine dans les larmes.

Il faut alors reconstruire. Paul Calabro succède à Jean Chiariny à la tête du club et Marcel Tomazover pend la place de Pierre Pibarot au poste d’entraîneur. Les changements sont salutaires puisqu’après une saison en D2, Nîmes retrouve la D1. Le 16 juillet 1968, devant 12 734 spectateurs, le Nîmes Olympique s’impose 3-1 face à Lens. Grace à trois buts de Gianella, les Crocos remontent au paradis. Cette fois la saison se termine avec des rires et des larmes de joie.

 

Mais l’euphorie de l’accession fait vite place à l’inquiétude. L’équipe ne remporte que huit matches en championnat (son plus faible total jusque-là). C’est en fin de saison que Nîmes se maintient. En coupe, c’est aussi terne avec une élimination en 8e de finale face à Metz (5-2). Un rayon de soleil vient tout de même égayer les monotones performances des Crocos. Le Nîmes Olympique devient le premier club français à décrocher une troisième coupe Gambardella. En finale, les Crocodilets disposent de Viry-Chatillon. Parmi les héros Nîmois, on retrouve Boissier, Moretti, Samuel, Mathieu et Boyron.

L’espoir vient de la jeunesse et c'est elle qui va rapidement remettre l’église au centre du village. Ou plutôt, le Nîmes Olympique à un rang plus digne de sa réputation.

 

Norman Jardin

1970-75 : Retour au premier plan et découverte de l’Europe

Au début des seventies, les Crocos sont de retour parmi les meilleurs. Vice-champion en 1972, ils découvrent, furtivement, la coupe d’Europe. 

Le Nîmes Olympique semble avoir mangé son pain noir en cette fin des sixties. Sa reconstruction avance. Lors de l’été 1969, Kader Firoud fait son retour au poste d'entraîneur et Jean Bousquet entre au comité directeur. En championnat, le club se classe 11e soit trois places de mieux que lors de l’exercice précédent. Mais c’est en coupe de France que les Crocos font leur plus beau coup d’éclat. À Alès, le 8 février 1970, le Nîmes Olympique affronte l’Olympique de Marseille pour le compte des 32e de finale de la coupe de France.

Le stade de la Prairie est archi-comble de 19 200 spectateurs. Certains montent dans les arbres ou sur le toit des tribunes pour ne pas manquer ce choc. Les Phocéens sont tenants du titre et 15 jours plus tôt, en championnat, ils ont corrigé les Nîmois 4-0 au stade vélodrome. Il y a de la revanche dans l’air. Cette fois, les Crocos résistent et à la 100e minute, l’arbitre sanctionne une faute dans la surface de réparation d'Hodoul sur Bonnet. Le penalty indiscutable est transformé par Adolf Scherer. Nîmes se qualifie et Marseille perd sa coupe de France.

En 8e de finale c’est l’AS Saint-Etienne qui se croise le chemin des coéquipiers de Michel Mézy, le nouvel international Français. Les Stéphanois sont invaincus depuis le début de l’année et ils sont très confortablement installés en tête du championnat. Le 22 mars 1970, c’est pourtant le Nîmes Olympique qui remporte la première manche 1-0 au stade Jean-Bouin, grâce à un but de Marcellin dés la 6e minute. Le match retour a lieu six jours plus tard. Au stade Geoffroy-Guichard, les verts mènent 2-0 mais à une minute de la fin, Adolf Scherer marque pour Nîmes mais l’ASSE s’impose 2-1.

La règle du bénéfice au but à l’extérieur n’existe pas encore, et il faut faire jouer un troisième match pour départager les deux équipes. Il se dispute le 1er avril, sous la neige, dans un Parc des Princes en travaux. Les forces de l’ordre sont dépassées. Des spectateurs sont sur le terrain pendant le match. Certains grimpent sur les pylônes et tombent. Il y a 17 blessés. Dans ce contexte chaotique, les Crocos s’inclinent 2-0 et sont éliminés. Lors de l’été 1970, Vergnes, Adams et les Roumains Pircalab et Voinea viennent renforcer l’effectif Nîmois.

L’apport est immédiat et les Crocos font des misères aux meilleurs. Au stade Jean-Bouin, l’OM s’incline 3-0 et l’ASSE 5-3. Résultat, Nîmes Olympique termine 4e de D1. Son meilleur classement depuis 9 ans. Mais surtout, le club devient le premier club Languedocien à se qualifier pour une coupe d’Europe. Le 14 septembre 1971, les Crocos font leurs débuts continentaux au Portugal. Ils s’inclinent 1-0 face au Vitoria Setubal mais au match retour, les hommes de Kader Firoud prennent leur revanche 2-1.

 

Mais au bénéfice du but marqué à Nîmes les Lusitaniens continuent l’aventure, pas les Nîmois. En championnat, les Crocos terminent 2e derrière Marseille et peuvent participer à une seconde année consécutive à la coupe de l’UEFA. Malheureusement, l’expérience est encore de courte durée. Les Crocos s’inclinent deux fois (2-1) face aux Suisses des Grasshoppers de Zurich. En championnat les Nîmois déclinent un peu. La saison se conclut par une septième place. En coupe de France, le parcours est stoppé en demi-finale par Nantes (0-0 et 0-3). Malgré tout, le club se maintient parmi les meilleurs français.

L’année suivante, c’est à la 9e place que les Crocos terminent le championnat. Même si le classement n’est pas à la hauteur des espérances, la bande à Firoud fait tomber pas mal de cadors du championnat. Deux victoires contre Marseille (4-1 et 2-1), un succès à Nantes 2-0 et à Angers 2-1. La saison 1974-75 est à classer dans le rayon, bien chargé, des regrets. Tout débute pourtant bien. Les Crocos sont intraitables à Jean-Bouin où Marseille s’incline une nouvelle fois 3-1. Nîmes est même en tête du championnat au mois d’octobre.

Mais la machine s’enraille. À quatre journées du terme, Boissier, Augé, Schilcher et les autres sont toujours sur le podium. Malheureusement une défaite à Lens et un nul contre Troyes font chuter Nîmes à la quatrième place. Les Crocos ratent la qualification européenne pour un point. Comme dix ans plus tôt, le Nîmes Olympique a laissé passer trop de belles occasions sans rien récolter. Ne décrochant que des places d’honneur, les Crocos ont encore laissé passer le train du succès.

 

Norman Jardin

1976-81 : une lente descente en enfer

La fin des "Seventies" marque déclin des Crocos qui finissent par tomber en D2 en 1981. La plus belle page de l'histoire du football Gardois se tourne alors.

En 1976, la France se passionne pour les exploits européens des Verts de Saint-Étienne. Pendant ce temps, les Crocos entrent dans le rang. Alors, quand à quelques jours de la finale de la coupe d’Europe ASSE – Bayern Munich deux Stéphanois sont blessés lors d'un match contre Nîmes, tout le pays prend les Crocos pour cible. Les Verts perdent la finale et les Nîmois sont désignés comme en partie responsables de cet échec.

Les Crocos sont hués, sifflés et insultés sur tous les stades où il se déplacent. À Bordeaux leur bus est même caillassé. Les Rouges terminent la saison en 11e position et avec une moyenne de spectateurs en baisse (6 205). Les départs de Mézy (à Lille) et Augé (à Montpellier) n’ont pas été compensés. Pour ses 40 ans, le club tire un bilan bien maussade.

L’année suivante n’est pas meilleure. Pourtant, le début du championnat est prometteur. Les Nîmois sont cinquièmes après onze journées. Mais ce n’est qu’un feu de paille car les coéquipiers de René Girard chutent de semaine en semaine. Ils sont même antépénultièmes à deux journées de la fin. Les Crocos se reprennent avec des victoires à Lille 2-1 et contre Rennes 6-2. Ils finissent 13e.  C'est chez les jeunes que l’on trouve des bonnes nouvelles. Ils trustent les titres dans la plupart des catégories. Le Nîmes Olympique devient le premier club Français à décrocher une quatrième coupe Gambardella (3-1 face à Reims). Ce record ne sera battu par Auxerre qu’en 1999.

La saison 1977-78 est marquée par un tournant historique. Le 23 janvier 1978, après deux défaites consécutives (à Metz 3-0 et à Lens 4-1), Kader Firoud laisse sa place d'entraîneur à Henri Noël. Le club est alors avant-dernier. Le légendaire coach du Nîmes Olympique aura passé 24 ans au club dont six comme joueur. Le choc psychologique est efficace puisque les Crocos se classent 13e. En revanche, la coupe de France est une grosse déception avec une élimination en 16e de finale par Dunkerque, une équipe de D2.

1979 est un rayon de soleil dans cette période difficile des Crocos. Le club trouve un buteur en la personne de Gilbert Marguerite. L'attaquant Martiniquais, au club depuis 1975, réalise sa meilleure saison avec 21 buts en D1. Il est le deuxième meilleur buteur Français du championnat, derrière le Nantais Éric Pécout (22 buts). Le 11 octobre 1978, la venue de Saint-Étienne attire 15 689 spectateurs au stade Jean-Bouin. C'est un des derniers grands moments des années 70, pour les supporter Gardois.

Si le Nîmes Olympique ne fait plus parti du gratin des club Français, ses jeunes joueurs sont toujours aussi prisés des sélectionneurs nationaux. Castagnino, Meyer et Ruffier sont appelés chez les Espoirs et les Olympiques, Christian Perez chez les juniors, Marijon en scolaire et Bonifacio en cadet. La relève semble être assurée. Il faudra compter sur elle car deux légendes quittent le club. André Kabyle et Michel Mézy (il était revenu de Lille en 1977, NDLR). Dans ces conditions, Henri Noël classe son équipe à une honorable onzième position en D1 pour 1979-80.

Le pire intervient lors de la saison suivante. Les coéquipiers de Bernard Boissier ne se remettent pas d’un départ calamiteux. Après neuf journées, ils ne comptent que quatre points et aucune victoire. Malgré un beau sursaut à l’automne (7 points sur 8 possibles), le club ne peut éviter la deuxième relégation de son histoire. Après 30 années au plus haut niveau (sauf 1967-68), le Nîmes Olympique plonge en enfer. Une page heureuse se tourne et personne ne sait alors ce que l’avenir réserve...

 

  Norman Jardin

1982-98 : vogue la galère !

Entre des échecs dans sa tentative de monter en D1 et la relégation en National, le Nîmes Olympique n'a vécu que trois saisons dans l’élite, une finale de coupe de France et une participation en coupe d’Europe.

En cet été 1981, l’objectif est clair pour les Nîmois : la remontée en D1. Mais il faut attendre une saison supplémentaire. En juin 1982, Jean Bousquet devient le président des Crocos et quelques mois après le club retrouve la D1 à l’issue d’un match de barrage contre Tours. C’est la dernière grande émotion vécue par les Crocodiles au stade Jean-Bouin.

Le retour dans l’élite est éclair, une saison puis, sans gloire, le club retourne en D2. Cette fois, il s’embourbe… Sept longues années de galère entre déception et échec dans l’exercice des barrages. Dans l’intervalle, le club s’est doté d’un nouveau stade ultra-moderne. C’est finalement en 1991 que le sésame tant désiré est décroché.

Revoilà Nîmes en D1. Son ambitieux président recrute du lourd avec Cantona, Vercruysse, Cuciuffo et bien d’autres. Mais il ne suffit pas d’additionner les talents pour faire une bonne équipe. Après six mois, Cantona quitte le club avec fracas et lors de la saison suivante, c’est une nouvelle relégation en D2 qui sanctionne des Crocos inconstants.

Il faut alors reconstruire une équipe. René Exbrayat, le nouvel entraîneur, n'est pas loin de faire remonter le club mais il échoue d'un point.

À l’issue de la saison, c’est Skoblar qui reprend le flambeau avec un bilan catastrophique. Il est vite remplacé par René Girard qui ne fait pas mieux. C’est alors Pierre Barlaguet qui redresse la barre mais qui ne peut empêcher l’impensable. Nous sommes en 1995 et pour la première fois de son histoire, Nîmes va évoluer au troisième niveau.

En 1996, le Nîmes Olympique devient le premier club de National à participer à une coupe d'Europe

L’adaptation est très compliquée et les Crocos ne sont jamais dans le coup pour la montée en D2. Toutefois, ils brillent en coupe de France. Après avoir éliminé trois clubs de D1 (Saint-Etienne, Strasbourg et Montpellier), Nîmes accède à la finale. Auxerre l’emporte mais comme les Bourguignons sont champion de France, les Crocos sont qualifiés pour la coupe d’Europe des vainqueurs de coupes. Au même titre que Barcelone, Liverpool, la Fiorentina et le PSG. Dans ces conditions, il n’est pas très difficile de faire venir des joueurs de la qualité de Bazdarevic, Karwat et Di Fraya.

1996-97, les Nîmois font honneur au football français. En coupe d’Europe, ils éliminent les Hongrois du Kispest Honved et ils sont éliminés par les Suédois de Solna. Le bilan continental est très positif avec trois victoires en quatre matches. En championnat, la montée est décrochée sans trop de frayeurs.

Pour son retour en D2, le Nîmes Olympique vit une saison sans tourment mais aussi sans passion (15e sur 22). Les coupes ne procurent pas plus d'émotions avec des éliminations à Pau en coupe de France et à Poitiers en coupe de la Ligue. Le club compte alors 950 abonnés et une moyenne de 4 929 spectateurs.

Lors de cet été mémorable, le France décroche son premier titre de champion du monde et cela fait déjà cinq ans que les Crocos ont quitté la D1. Pourtant, la pénitence ne fait que commencer…         Norman Jardin

1999-2018 : l’enfer, le purgatoire et … le paradis

En 19 ans, les Crocos connaissent 16 entraîneurs et 8 présidents. Pourtant, le club végète en Nationale ou en Ligue 2. Mais c’est au pire de la tourmente que le Nîmes Olympique entame sa marche triomphale, vers un retour au plus haut niveau.

En cette fin des années 1990, les Nîmois se redécouvrent une passion pour la Coupe de France. Cette compétition qu’ils n’ont jamais remportée, et où ils ont échoué en finale à trois reprises (1958, 1961 et 1996). Les joueurs de Serge Delmas accèdent aux ½ finales, sans avoir affronté d’équipes de D1 ou de D2. Malheureusement, l’aventure s’arrête à Nantes par une défaite 1-0. L’année suivante, à Bordeaux, c’est en quart-de-finale, que les Crocos sont éliminés 1-0. En championnat, le maintien est décroché tranquillement.

Trois demi-finales de coupe de France en six ans

L’attaquant Mickaël Pagis termine 2e du classement des buteurs avec 16 réalisations. En 2000-01, Dominique Bathenay, mène les Nîmois, à la 8e place de la D2. C’est le meilleur classement depuis 5 ans, et il est encourageant. Mais la déception est à la hauteur des espoirs. En 2002, le Nîmes Olympique ne remporte que cinq matches de championnat et tombe en National pour la deuxième fois en sept ans. Comme souvent, à cette époque, la coupe redore le blason du Club.

Après avoir sorti l’AS Monaco en quart-de-finale, les coéquipiers de Johann Charpenet s’inclinent à Lorient 1-0. Encore raté. Sans être désespérée, la situation est grave. En trois ans, quatre présidents se sont succédés (Landes, Arnoux, Clamens et Coencas). Le nouvel homme fort des Crocos s’appelle Jean-Louis Gazeau, et il entame un mandat de 12 ans. Toutefois, rien n’y fait. L'équipe n’arrive pas à se défaire de ce championnat. Pendant six longues années, le Nîmes Olympique doit affronter des clubs comme Noisy-le-Sec, Raon-L’étape, Roye, Moulins, Yzeure et Romorantin.

Sur le Banc, François Brisson et Régis Brouard échouent dans leur mission de faire remonter le club. Didier Ollé-Nicole également, mais il parvient à hisser les Crocos en ½ finale de la coupe de France. Lors de cette saison 2004-05, le Nîmes Olympique élimine quatre clubs de Ligue 1 (Saint-Etienne, AC Ajaccio, Nice et Sochaux) avant d’être stoppé en ½ finale à Auxerre 2-1. La libération intervient en 2008, malgré un départ chaotique.

18 000 supporters contre Laval, pour la remontée en L2

Au mois de décembre, Jean-Luc Vannuchi doit sauver le club de la relégation, après des passages ratés de Régis Brouard et Laurent Fournier. Le mercato d’hiver est déterminant. Robert Malm arrive, et il propulse l’équipe avec une statistique hallucinante : 16 buts en 16 matches. Il n’en faut pas plus pour envoyer le Nîmes Olympique en Ligue 2. Lors de l’ultime rencontre de la saison, face à Laval, les Costières sont bondées de 18 000 supporters.

Mais l’adaptation à la Ligue 2 est difficile. Après la 17 journée, le club est dernier avec neuf points de retard sur Guingamp, le premier non relégable. Jean-Luc Vannuchi est alors remplacé par Jean-Michel Cavalli. Le technicien Corse rattrape le retard et décroche le maintien lors de la dernière journée à Brest (victoire 2-1). C’était inespéré. Cependant, Nîmes n’a fait que repousser l’échéance. En 2011, alors que l’équipe est neuvième à la trève, Jonathan Ayité et Benjamin Moukandjo quittent la Gard pendant le mercato d’hiver. Avec la perte de ses deux meilleurs éléments, le club sombre et retombe une troisième fois en National.

Thierry Froger, l’entraîneur, fait place aux jeunes et avec les Benezet, Hsissane, Parpeix et Poulain, il remonte immédiatement. L’année suivante est une réussite, avec une huitième place pour les joueurs de Victor Zvunka. Mais sur la longueur, le Nîmes Olympique ne progresse pas. En avril 2014, Jean-Louis Gazeau vend le club, et Jean-Marc Conrad devient le nouveau président. Quelques mois plus tard, l’affaire des matches présumés truqués explose en pleine figure des Nîmois. La ligue sanctionne le Nîmes Olympique avec huit points de pénalité pour la saison 2015-16. Rani Assaf prend alors le pouvoir. La mission est impossible, et en novembre 2015, José Pasqualetti démissionne.

 

C’est Bernard Blaquart qui est désigné pour le remplacer à la tête de l’équipe. Le résultat est immédiat puisque le nouveau coach obtient un maintien inespéré. L’année suivante les Crocos ratent les barrages pour un point et en 2017-18, c’est la consécration avec une accession en Ligue 1. Nîmes revient de très loin et débute son championnat avec deux victoires dont une contre Marseille 3-1. Cette histoire est belle, parfois triste, et la suite reste à écrire.                                                                                 Norman Jardin

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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