"Le PSG, cela ne se refuse pas" : les confidences de Yannick Dumas, qui quitte Nîmes Olympique pour Paris

 

JERÔME MORIN

 

C'est une longue histoire d'amour qui se termine entre Nîmes Olympique et Yannick Dumas. Ce dernier, arrivé en 1995 du côté de la Bastide, quitte le Gard pour rejoindre le staff U17 - U19 du Paris Saint-Germain. Un chapitre se referme. 

Ce mardi matin, rendez-vous avait été pris à Clarensac, où réside Yannick Dumas. Cette ‘’Vaunage’’ que le désormais ancien directeur du centre de formation de Nîmes Olympique, 42 ans, va quitter : "Là, ça y est, le déménagement est calé. Quand on va prendre la route, le dimanche 25 juin en famille, je pense que ça va faire bizarre..."

Direction Orgeval (Yvelines), pour y habiter. Et le Camp des Loges, centre d’entraînement du Paris Saint-Germain, pour y travailler. En poste sur les U17 et U19 nationaux du club. Plongé dans nouveau monde. Entretien.

Dans quel état d’esprit êtes-vous avant votre départ ?

Je ne sais pas aujourd’hui encore si je me rends compte. Pas de ce qui m’attend, mais plus du fait que je ne sois plus à Nîmes Olympique, vingt-huit ans de ma vie en club. Hier (lundi), en me levant, je me suis dit : ‘’Il faut que j’envoie un message aux parents (rires)’’. Mais non, en fait, ça y est, c’est rideau, je ne bosse plus.

Comment Paris est-il entré en contact avec vous ?

Sur recommandation, Yohan Cabaye (ancien pro), directeur adjoint du centre de formation, m’a appelé début avril et m’a dit que le club songeait à moi pour le poste de responsable du travail sur l’individualisation des défenseurs en U17 et U19.

Avez-vous mûrement réfléchi votre décision ?

Le PSG, cela ne se refuse pas. Mais, avant de démissionner de Nîmes (en CDI depuis deux ans), j’avais quand même demandé à être reçu par le président Rani Assaf, ce qui n’a pas été le cas. Si j’ai vraiment un regret (il répétera cette phrase plusieurs fois durant l’interview) sous l’ère Rani Assaf, c’est le manque de communication, ne pas avoir eu de véritables relais afin de discuter d’une organisation à améliorer, de choses que j’aurais potentiellement aimé proposer. Je n’ai jamais parlé à Rani Assaf. Mes demandes, par mail, sont restées sans réponse.

On imagine votre fierté de rejoindre un si grand club ?

J’ai été agréablement surpris et, surtout, je suis content qu’à un moment donné, toutes ces années de résilience et de travail soient mises en avant par le plus grand club français et l’un des plus grands d’Europe.

Vous avez tout connu à NO. Comment expliquez-vous le déclin actuel du club ?

Par une multitude de décisions, pas forcément bonnes. À l’époque des Ripart, Paquiez, Sainte-Luce... je pense qu’on a été trop aveuglé par les résultats sportifs et la Ligue 1 .On n’a pas su structurer et améliorer les choses, les pérenniser. Sans parler, même, de la perte de l’agrément (depuis 2021, plus de contrats aspirant ou stagiaire pro).On s’est servi des jeunes de la formation pour avoir des résultats et on n’a pas su les vendre au bon moment.

Que pensez-vous de Rani Assaf ?

Il a été mon président. Malheureusement, aujourd’hui, je pense qu’il n’est pas entouré par les personnes compétentes en terme sportif. Il manque un directeur sportif qui a les mains libres. Et puis, il n’y a pas de communication. Et s’il n’y a pas de communication dans le foot, cela ne peut pas fonctionner.

Que retiendrez-vous de votre histoire avec Nîmes ?

Cela restera toujours mon club de cœur où je suis arrivé à 14 ans. Je n’oublie pas aussi que j’ai pu mener à bien mon projet, le BEFF (Brevet d’entraîneur formateur de football). Je salue les dirigeants fidèles qui m’ont accompagné. Et on a très bien travaillé entre l’association et la formation. Après, il y a un mélange de joie de signer dans un grand club et de tristesse de laisser Nîmes dans cet état-là. J’ai de l’attachement pour ce club et cette ville. Je quitte une famille en club et on laisse forcément aussi beaucoup d’amis. Je serai le premier supporter de NO.

Comment appréhendez-vous votre nouvelle vie ?

Je pense que ça va être très riche sur le plan professionnel et très riche pour la famille et les enfants, au niveau culturel. Je vais rentrer en toute modestie dans le plus grand club, c’est un nouveau départ. Comme à Nîmes, je pars d’un point A et, après, à moi de faire valoir mes compétences afin que la direction me prolonge mon contrat (CDD de 2 ans à compter du 1er juillet 2023). Disons que, le premier jour, ça va être un peu la rentrée des classes. Et il va falloir aussi qu’ils se fassent à mon accent du sud (rires). 

 

 

AVENIR Yannick Dumas va donc passer de la Bastide au Camp des Loges. Forcément, cela risque d’un peu le changer. Comme vis-à-vis du nombre de personnes rattachées à une seule équipe. "Rien que pour les U17, le staff est composé d’environ 10 personnes, s’émerveille-t-il. Dans la formation en France, le PSG, ça reste l’excellence. Et, là, je n’aurai qu’à m’occuper d’une seule fonction." Et même plus besoin d’aller acheter les bouteilles d’eau pour l’adversaire, comme à la Bastide, cette saison, lorsque la réserve croco recevait en R1.

Nous donnons la parole à des joueurs qui ont porté le maillot du Nîmes Olympique une seule fois en professionnel. Qu’ils soient connus, méconnus ou oubliés, ils nous livrent leur vie au NO et ils se souviennent de ce match qui les a fait entrer dans l’histoire du club. Découvrez, avec nous, ces Crocodiles pas comme les autres. Cette semaine, la rubrique est consacrée à Yannick Dumas qui, le 31 août 2002, a participé à un naufrage nîmois à Pau lors d’un match de National. Si sa carrière de joueur de l’équipe première n’a duré qu’une grosse demi-heure, le Cévenol est depuis resté lié au NO à travers les équipes jeunes. Depuis un an, il est directeur du centre de formation. 

Objectif Gard : Comment le Cévenol que vous êtes a atterri à Nîmes Olympique ?

Yannick Dumas : J’avais 15 ans et je jouais à Rochefort-du-Gard. J’ai participé à des détections à Méjannes-le-Clap, au niveau régional où j’ai terminé premier. Cela m’a permis de monter à Clairefontaine et là-bas, j’ai gagné le challenge Adidas-Coca Cola. Monsieur Barlaguet me suivait depuis un moment et je suis venu à Nîmes. À cette époque, j’évoluais au poste de numéro 10. J’ai ensuite joué dans les catégories de jeunes jusqu’en équipe réserve.

Quels étaient vos coéquipiers à cette époque ?

J’ai tellement eu de coéquipiers à Nîmes ! Une année j’étais avec De Palmas, Benyachou, Grau, Bresson et Demel. Peut-être que je mélange un peu les époques. Fabien Andrès était mon pote de promo dans ces années-là.

Puis vous débutez en équipe première, l’avez-vous vu venir ?

J’avais fait pas mal de séances aux Courbiers avec le groupe professionnel. François Brisson était le coach et Armand Sène le préparateur physique. Porter le maillot des Crocos était une joie. C’était plus difficile d’accéder au groupe pro à mon époque. C’était l’aboutissement de l’investissement de mes parents.

Quelles images gardez-vous de ce match face à Pau ?

J’entre en seconde période, au poste de milieu défensif, et sur mon premier ballon, je prends un carton jaune et je saigne du nez. Je suis pris dans une certaine euphorie. C’était devant le banc de touche, j’ai eu un excès d’engagement et j’ai frôlé le rouge.

Cette entrée en matière vous a-t-elle perturbé ?

Je me suis dit « aie, aie, aie ! ». Il n’y avait pas beaucoup de monde dans le stade, mais c’était beaucoup plus que d’habitude avec la réserve.

Pourquoi n’y a-t-il pas eu de suite vous concernant ?

Je m’aperçois aujourd’hui de mon niveau à cette époque. C’était quelque chose entre la réserve et l’équipe première, maintenant on dirait N2. Si j’avais continué ma carrière, j’aurais pu jouer en National à travers la France.

Que vous a-t-il manqué pour passer le pallier de l’équipe première ?

Souvent quand ma mère me ramenait des matchs ou des entraînements, j’étais tout le temps dans l’analyse du jeu et probablement trop. Je voulais tout savoir sur les décisions du coach et les organisations de jeu. J’avais peut-être trop les pieds sur terre et je manquais de confiance en moi.

À cette époque envisagiez-vous de devenir formateur ?

Il y avait déjà cette fibre d’éducateur. Je voulais déjà être directeur de centre de formation.

Avez-vous un regret sur votre carrière de footballeur ?

Aucun. Je n’ai jamais triché et j’étais toujours sérieux.

Un an après la perte de l’agrément, comment se porte la formation au Nîmes Olympique ?

Ce qui peut être frustrant c’est de ne pas avoir toutes les ressources nécessaires pour permettre aux jeunes d’évoluer plus vite. Il faudrait un interlocuteur qui fasse le lien entre la formation et le président parce qu’aujourd’hui, j’ai du mal à avoir certaines validations.

Les chutes au niveau régional de la réserve et des U19, est-ce que c’est si grave que cela ?

Les deux oui. C’est très embêtant mais c’était inévitable. Il y a quatre ans, au mois de février, on été premiers en N2 et aujourd’hui on est en R1. Par exemple, j’avais proposé Romain Faivre (NDLR : vendu 15 millions d’euros par Brest à Lyon en janvier dernier) qui était à Monaco et disponible. Je n’ai pas été écouté, il n’y avait pas d’interlocuteur. Maintenant il est à Lyon et on voit ce qu’il aurait pu apporter au club.

Comment faire survivre la formation à Nîmes ?

Cela passe par la revente des joueurs qui ont évolué chez nous et il faut réinjecter cet argent dans le centre de formation.

Propos recueillis par Norman Jardin

5e journée du championnat National (Samedi 31 Août 2002 à 20h). PAU FC (4e) – NIMES OLYMPIQUE (5e) 4-2. Mi-temps : 0-2 Stade du Hameau.

Spectateurs : 1 839. Arbitre : M. Chat. Buts pour Pau : Demirdjian (56e), Moffi (85e), Moussoreau (89e sp) et Szlykowicz (90e +2). Buts pour Nîmes : Andenas (24e et 35e). Avertissements à Pau : Moffi (6e), Cami (38e), Demirdjian (45e) et Baylac (70e). Avertissements à Nîmes : De Palmas (14e), Leclerc (53e), Sissoko (55e), Dumas (67e) et Vannuchi (90e +2). Expulsion à Pau : Labat (55e). Expulsions à Nimes : De Palmas (49e) et Duchesne (86e).

PAU : Sykora – Labat, Opanga, Demirdjian (cap), Kajima – Moffi, Guerri (Laclau, 16e), Cami, Moussoro – Jean-Elie (Baylac, 46e), Szlykowics.  

NÎMES : Duchesne – Alemany, De Palmas, Leclerc, Vannuchi (cap) – Cohade, Boulebda, Himmer, Jouffre (Dumas, 64e) – Andenas (Nicot, 77e), Sissoko. Entraineur : François Brisson.

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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