MATHIEU MICHEL, UN GARS(DIEN) SÛR

L’adage dit que le malheur des uns fait le bonheur des autres. C’est ainsi que celui d’Alexandre Letellier a fait celui de Mathieu Michel. Le premier, gardien numéro 1 d’Angers depuis le départ de Ludovic Butelle en janvier, a subi à l’entraînement une rupture des ligaments croisés d’un genou, qui l’éloignera des terrains au moins jusqu’à l’hiver prochain. Le second a profité indirectement de cette blessure pour signer son premier contrat avec un club de L1. Il a quitté Nîmes contre un chèque avoisinant le million d’euros et paraphé un bail de trois ans avec le SCO. « J’avais envie de découvrir autre chose, je l’avais fait comprendre aux dirigeants nîmois, a soufflé Michel lors de sa présentation à la presse. Ce n’est pas facile de quitter une ville et un club dans lesquels on a grandi. » Natif de la préfecture gardoise, il a tout connu au sein de son club de toujours. Il y a passé un à un tous les paliers jusqu’à l’équipe première et à une place de titulaire, dont il a hérité à l’orée de la saison 2014-15, avec le transfert de Cyrille Merville vers Créteil.

Propulsé sur le devant de la scène, Michel (25 ans le 4 septembre prochain) n’a pas failli. « Il m’a fait penser à Benjamin Leroy, qui était passé directement de numéro 3 à numéro 1, nous confie Romain Sartre, ancien défenseur du Nîmes Olympique. Ça s’est produit d’un coup d’un seul et ça s’est très bien passé de suite. Ça veut dire qu’il était prêt. » Il n’avait alors que vingt-deux ans, mais ne les faisait pas sur le terrain. « Malgré son jeune âge, il était déjà mûr, nous assure Merville, le numéro 1 du poste à Nîmes de 2011 à 2014, quand Michel était sa doublure. Il avait une bonne vision des choses sur le métier. Il est très intelligent et ça ne m’étonne pas qu’il ait cette réussite aujourd’hui. » « Il parlait beaucoup. Dès sa première année, même s’il était jeune, il n’hésitait pas à nous recadrer, confirme Sartre, qui évoluait juste devant lui, au sein de la charnière centrale. Il est très directif et sûr de lui dans sa communication, c’était bien. » Son caractère de leader naturel lui a permis de s’imposer comme une évidence, jusqu’à récupérer le brassard de capitaine en cours de saison passée. Cet exercice 2015-16 était celui de tous les accomplissements pour Michel.

Collectif d’abord, avec un maintien acquis sans trembler en dépit d’un débours de sept points pour débuter la saison, conséquence de l’affaire des matchs truqués. Individuel ensuite, avec sa présence dans les quatre sélectionnés pour le titre de meilleur gardien de L2 aux trophées UNFP, récompense finalement décernée à Baptiste Reynet. Une nomination méritée pour un gardien parmi les plus réguliers de son championnat. « Il est complet, que ce soit dans les sorties, dans les anticipations ou dans la lecture du jeu, énumère Sartre. Il est très sûr dans ses prises de balle. J’ai fait une saison avec lui, je n’ai pas souvenir qu’il ait fait une erreur. » « Il prend pas mal de place dans le but par rapport à son envergure, souligne Merville, qui met en avant « le travail fourni ces cinq-six dernières années ». Il n’a pas peur, il prend des risques quand il faut les prendre. Il a un instinct de gardien et il est décisif, c’est important dans une équipe. Je pense qu’il aura du boulot à Angers, il aura l’occasion de mettre ça en pratique. Il doit encore travailler son jeu au pied et ses sorties aériennes, même si c’est récurrent chez les gardiens. Mais il prend des initiatives, il n’a pas peur d’y aller et c’est une bonne chose. »

Le plus dur sera désormais de reproduire les performances réalisées en L2 à l’échelon supérieur. Comme le reconnait Merville, ce ne sont pas les mêmes mondes. « Ça va plus vite, c’est plus précis, ça saute plus haut, c’est plus adroit, c’est plus malin. Tout est plus. Il faut l’intégrer et s’adapter. Il faut être bien accroché émotionnellement, parce que le contexte change. Vous ne jouez plus devant cinq ou six mille personnes, ça va être minimum quinze ou vingt mille, beaucoup plus sur les gros matchs. » Mais celui qui porte maintenant les couleurs de Valenciennes ne se fait aucun souci pour son ancien protégé. « Il a les qualités pour s’imposer en L1, la mentalité aussi. C’est un bon mec, droit dans ses baskets et travailleur. » « Le train est passé, il a bien fait de le prendre tout de suite, renchérit Sartre. Je suis vraiment content pour lui, c’est quelqu’un de très bien, il le mérite. » Michel ne considère pas cette étape comme une fin, plutôt comme un début. « Découvrir l’élite est une fierté. C’était l’objectif, maintenant c’est à moi de montrer mes capacités. Rien n’est acquis, je n’arrive pas en terrain conquis. »

 

MERVILLE : « IL VA AVOIR LES DENTS LONGUES »

 

D’autant qu’il entrera directement en concurrence avec Denis Petric, qui avait pallié le départ de Butelle l’hiver dernier et qui était titulaire dans le but d’Angers samedi dernier à Montpellier pour l’ouverture de la L1 (1-0). « Il n’y a pas de hiérarchie, nous avons deux bons gardiens, a expliqué Stéphane Moulin lors de la présentation de Michel. Le meilleur jouera. » A ce jeu-là, Merville mettrait bien une piécette sur son ex-doublure. « Ça fait deux ans qu’il est titulaire à Nîmes, je pense qu’il va avoir les dents longues, mais tout en respectant les gens, que ce soit Petric, ou Letellier quand il va revenir. C’est un garçon très respectueux, mais ce n’est pas pour ça qu’il va se laisser faire sur le terrain. Il va se montrer, mais ce sera fait loyalement et intelligemment. Peut-être qu’il ne jouera pas les premiers matchs, mais je suis persuadé qu’il aura rapidement la chance de débuter quand il aura démontré les qualités qui sont les siennes. » Histoire de poursuivre une ascension aussi fulgurante que régulière. C’est dire si tout va très vite pour Michel. 

 

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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