D’abord pressenti pour occuper le poste de directeur-sportif de Nîmes Olympique, Marc Collat (75 ans) est finalement le lien entre l’association et la société. Celui qui explique être là « pour mettre de l’huile dans les rouages » a de nombreuses missions, dont celles de préparer le retour de l’agrément du centre de formation, de rendre compétitives les équipes jeunes et d'incorporer une section féminine. Malgré une préparation tronquée de deux semaines, le technicien reste optimiste quant aux chances de maintien des Crocodiles en National 2.

Objectif Gard : cela fait un mois que vous êtes à Nîmes Olympique et votre mission a varié depuis votre arrivée. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre travail au club ?

Marc Collat : Je suis là entre l’association et la société pour mettre de l’huile dans les rouages et aider le club à réussir à atteindre les objectifs fixés. Mes missions ont évolué par rapport au début, car il y a eu la nécessité de créer une société anonyme. Dès lors, je me suis plus orienté vers l’association avec laquelle j’ai trois grandes missions.

En quoi consistent ces missions ?

D’abord faire monter les U18 régionaux (NDLR entraînés par Grégory Meilhac) en U19 nationaux. C’est nécessaire pour continuer la préformation et la formation de nos jeunes U14, U15 et U17.

Comment comptez-vous y prendre ?

Il faut essayer de donner le meilleur effectif possible et voir si en cours d’année, il faut faire des retouches en ramenant des joueurs de meilleur niveau. Nous savons que nous perdrons peut-être les meilleurs, mais l’idée est de pouvoir garder quelques joueurs qui pourraient intégrer l’équipe première d'ici à quelques années.

« Ma volonté est de connaitre le cahier des charges pour retrouver l’agrément »

Récupérer l’agrément du centre de formation est-il un de vos objectifs ?

La première condition est d’avoir le statut pro et pour cela, il faut remonter en National. Cela peut prendre un, deux ou trois ans. Au début du mois de septembre, je vais rencontrer Hubert Fournier du DTN (Directeur technique national) de la FFF. Il se trouve que c’était lui qui était à l’origine de la fermeture du centre de formation nîmois. Il avait donné une liste de travaux à effectuer que monsieur Assaf a refusé de faire et l’agrément a été refusé. Hubert Fournier était mon adjoint lorsque j’entraînais le Stade de Reims (NDLR : 2009-10) et ma volonté est de connaitre le cahier des charges pour retrouver l’agrément une fois que Nîmes aura retrouvé le National. Mais plutôt que d’attendre la montée, nous voulons commencer à faire des d’éventuels travaux, mais aussi aller voir les instances nationales et régionales pour nous aider.

Un lien sera-t-il installé entre l’équipe première et les jeunes du club ?

Avec le président, le directeur sportif et les responsables des équipes de N2, de R1 et des 18 ans. L’idée est d’avoir une passerelle entre les équipes.

Quelle politique le club va adopter en ce qui concerne le football féminin ?

Nous voulons resserrer les deux entités (NDLR, Nîmes Olympique et FF Nîmes-Métropole Gard) pour faire un grand club à Nîmes. C’est la volonté de Yannick Liron, le président de l’association. Cela passe par le camp d’entraînement de la Bastide qui devra être partagé. Notre premier objectif pour les filles est de remonter en D3F.

« Il y a beaucoup de demandes pour jouer dans ce club féminin »

Des clubs comme Lyon et Montpellier se désengagent de leur section féminine, pourquoi faire l’inverse à Nîmes Olympique ?

On n’a pas les objectifs que Lyon et Montpellier. Ce ne sont pas les mêmes budgets ni les mêmes exigences. Une équipe de D3F à Nîmes, ça serait très intéressant, car il y a beaucoup de demandes pour jouer dans ce club féminin. Il y a des créneaux disponibles et il y a des terrains éclairés que le club utilise peu. Les possibilités sont là. Nous pourrons aussi nous retourner vers la municipalité pour trouver un terrain d’entente.

Ce n’est pas trop pour un club qui ne savait pas s’il allait survivre il y a un mois ?

On est content d’avoir ses missions. Cela va demander du travail et de l’abnégation. Je trouve que c’est intéressant et valorisant. C’est tout bénéfice pour le club et la ville.

La formation est au cœur du projet après avoir été délaissée par l’ancienne direction ?

Je peux en parler, car il y a quatre ans, je suis arrivé à Nîmes pour le centre de formation et j’ai été déçu par l’abandon de l’agrément. La formation, c’est l’ADN de Nîmes. J’ai joué, avec le PSG, une finale de championnat de France cadets contre Nîmes. Ça a toujours été un club formateur.

« Il ne faut pas s’enflammer et espérer monter dès la première saison »

Que vous inspire l’engouement que génère à nouveau Nîmes Olympique ?

Je crois que les gens ont été très frustrés ces dernières années. Aujourd’hui, il y a un nouveau projet qui a resserré les liens entre la société et l’association. Il faut que cela dure et surtout que les paroles du début restent ancrées dans la tête de tous pour aller au bout du projet. Il va falloir répéter que le seul objectif cette année est le maintien. Il ne faut pas s’enflammer et espérer monter dès la première saison. Un maintien sans souffrir serait déjà une belle saison pour Nîmes Olympique. Mais nous sommes des sportifs et tout peut arriver dans le football.

Le mot « Renaissance » est parfois employé pour décrire ce qui se passe actuellement à Nîmes Olympique. Pensez-vous que c’est le mot approprié ?

Oui, car l’on repart de zéro. Nîmes Olympique n’a jamais joué à ce niveau. On peut aussi parler de renouveau. On a une page blanche, c’est à nous de l’écrire et c’est le message qu’il faut faire passer aux joueurs.

Les deux semaines de préparation dont a été privée l’équipe première seront-elles préjudiciables en début de championnat ?

Elles vont forcément nous manquer, mais j’ai trouvé l’équipe en progrès de match en match. Il y a un bon groupe avec des joueurs d’expérience. Je ne suis pas inquiet pour le début du championnat.

« On part avec un petit handicap »

Que peut-on espérer de cette équipe, cette saison ?

Les dirigeants, et notamment le directeur sportif, ont fait ce qui était possible pour permettre à l’entraîneur d’avoir un bon groupe. En très peu de temps, ils ont su ramener des joueurs de valeur. Je suis assez optimiste. J’espère que le public sera derrière nous, mais qu’il ne sera pas trop exigeant dans la mesure où on part avec un petit handicap, car les joueurs n’avaient jamais joué ensemble.

Quel est le niveau du championnat de National 2 ?

C’est un très bon niveau. Depuis des décennies, les centres de formation rejettent des joueurs qui vont échouer, parfois jusqu’en N3. Le niveau technique et tactique qui est très impressionnant dans ces divisions. Pour moi, le N2 est une division professionnelle.

Marc Collat (75 ans), passé par le PSG et Reims, tache de (re) construire sportivement le nouveau Nîmes Olympique. En attendant l’appel de la DNCG, qui a relégué le club au niveau régional. Entretien.

En juin 2021, il devait prendre la direction du centre de formation de Nîmes Olympique, mais la fin de l’agrément décidée unilatéralement par Rani Assaf en avait décidé autrement. Quatre ans plus tard, en juin 2025, Marc Collat va prendre la direction sportive tout court du club croco, appelé au chevet de NO par Yannick Liron. Le chantier est immense, et la page – presque – blanche.

 

Vous avez longtemps joué (en L2 et 3e division) et entraîné en région parisienne, avant de diriger une dizaine de clubs (Reims, Clermont… L2 et N) ou sélections (Qatar U19, Haïti et Martinique jusqu’à ce 30 juin, prolongation possible). Mais depuis quand êtes-vous basé à Nîmes ?

J’y habite depuis 2021. Je suis arrivé car tout était calé pour que je devienne le directeur du centre de formation (il devait succéder à Christophe Chaintreuil, NDLR). Hubert Fournier, le Directeur technique national de la Fédération, était venu à la Bastide pour évaluer les installations. Je le connais bien, il a été mon adjoint à Reims.

Pour conserver l’agrément, il fallait faire des travaux. Il y en avait pour 500 000 € environ. Rani Assaf n’a pas voulu financer, et le centre a fermé, dix jours après que je me sois installé ! Mais je suis resté à Nîmes, j’allais voir des matches de jeunes, tout en étant sélectionneur de la Martinique. Et je suis toujours resté en contact avec Yannick Liron.

C’est lui, en tant que président de l’Association (section amateur) qui vous a fait venir. Depuis quand vous connaissez-vous ?

J’ai d’abord connu son frère Ludovic, que j’ai eu comme joueur à Reims. Yannick, on a joué contre lui quand il était à Alès, au début des années 2000. On est devenu amis. Ludovic, j’étais avec lui pour son projet de reprise de Sète, mais on a laissé tomber. C’était encore plus compliqué qu’ici. On sentait qu’on n’avait pas la main sur le projet.

Quel regard portez-vous sur la chute de Nîmes ?

J’ai vu les difficultés d’année en année, j’ai suivi l’agonie du club de près… Je n’ai pas d’avis sur Rani Assaf. Je ne l’ai jamais rencontré, je ne juge pas. Il avait un projet de stade, de centre d’entraînement… et en fait, à la fin du bras-de-fer, il n’y a aucun gagnant, tout le monde a perdu.

Depuis quand êtes-vous, officiellement, ou officieusement, au chevet de Nîmes Olympique ?

Depuis deux grosses semaines, en fait. Depuis que Yannick Liron a dû monter un budget en urgence pour la DNCG, qui a été logiquement retoqué et qui va être revu sur le plan juridique, avec la création d’une nouvelle société (une SAS). Yannick m’a d’abord proposé le poste d’entraîneur, mais ça ne m’intéressait pas.

Je m’inscris dans un rôle plus global, comme un superviseur de toutes les équipes qui seront gérées par la SAS, des U16 à la première, tout en recréant des passerelles avec la formation. Car Nîmes Olympique ne peut pas être Nîmes Olympique sans ses jeunes. On va préparer l’avenir et faire ce qui a toujours marché à Nîmes : de la formation.

J’ai pu m’en rendre compte depuis 2021 : le club a de très bons éducateurs. Nos jeunes ne sont pas voués à partir à Montpellier, Toulouse ou ailleurs… Ils doivent intégrer l’équipe de N2 d’abord, puis le National un jour, la L2…

Aujourd’hui, l’urgence, c’est l’équipe première, qui n’a plus de joueurs. À un mois et demi du début du championnat, que pouvez-vous dire aux supporters de Nîmes Olympique pour les rassurer ?

On est en contact avec des joueurs qui ont envie de venir à Nîmes, mais on dépend de la décision de la commission d’appel, le 8 juillet. Entre 10 et 14 joueurs nous ont donné leur accord et attendent le feu vert. On table sur un effectif de 20 à 22 éléments, dont 3 gardiens.

Le budget a été revu, on devrait avoir entre 12 et 14 contrats fédéraux. Saint-Brieuc est monté en National avec 6 contrats fédéraux et Le Puy 7.

Mais l’objectif, c’est d’abord de sauver le club et de le maintenir en National 2. Dans la poule Sud, qui est très relevée, beaucoup de clubs auront plus de moyens que nous. Mieux vaut viser un maintien sans douleur, et plus si affinités, que de dire que l’on va remonter de suite. On est début juillet, et les bonnes opportunités sont parties.

Vous formez un trio à la tête du sportif avec Mickaël Gas, qui sera l’entraîneur, et Samuel Cruz (ex coach d’Uzès en National et en poste actuellement avec les U15 de NO)…

J’ai la modestie de dire que les joueurs de niveau N2-N3, je ne les connais pas. Mickaël et Samuel travaillent avec moi, et la validation se fait à trois. On a aussi appelé des joueurs de la saison passée (comme Sbaï, mais il partirait à Villefranche, NDLR) qui correspondraient au profil que l’on veut : du caractère avant tout, des recrues qui donnent tout sur le terrain. Nos supporters sont en droit d’attendre ça. 01 07 2025 Midi Libre

Le célèbre joueur français Marc Collat, 75 ans, sélectionneur de la Martinique jusqu'au 30 juin prochain, est le potentiel nouveau directeur sportif du Nîmes Olympique. L'ancien directeur du centre de formation du PSG et ex-entraîneur de Reims, désormais installé à Nîmes, s'exprime pour la première fois sur ses intentions. Il a choisi Objectif Gard pour sa première interview.

Objectif Gard : Proche de Yannick Liron, le président de l’Association Nîmes Olympique, vous êtes déjà au travail en quête de nouveaux joueurs selon nos informations…

Marc Collat : Beaucoup sont intéressés par le Nîmes Olympique. C'est impressionnant. Ils nous font confiance, même si certains nous disent attendre la décision de la DNCG. Malheureusement, il y en a qui ont déjà signé dans d'autres clubs, d'ailleurs dans des clubs de National. C'est normal, ils ne vont pas attendre encore dix jours une réponse éventuelle d'un club d'une division en dessous. Malgré tout, il faut qu'on avance.

Comment préparez-vous la nouvelle saison ?

On a fait une première réunion hier vendredi avec Mickaël Gas, le futur coach de l’équipe première, pour déterminer les joueurs qu'il nous faudrait pour commencer le championnat. C'est important parce que ça va venir très vite. Malgré tout, on ne va pas pouvoir commencer la saison comme on aurait voulu. Si on était passé directement à la DNCG, on aurait repris les entrainements le 7 juillet. Malheureusement, on va être dans l'attente de la réponse qui va arriver vers le 8 ou le 9 juillet. Donc, on va reprendre un petit peu plus tard, certainement le lundi 14 juillet. Avec un championnat de N2 qui démarre le 16 août, cela nous laisse cinq petites semaines de préparation. On devrait aussi avoir le temps de faire quatre matchs amicaux.

Vous pensez être prêt pour la reprise du championnat ?

Peut-être qu'on ne sera pas totalement prêt au départ, mais on ne sera pas loin de l'être quand même. Il nous manquera une semaine de préparation, mais ça, on ne peut rien y faire. On ne peut pas commencer les entraînements avec des joueurs qui n'ont pas signé. Imaginez s’il y a des blessures…

Quel est le profil de joueurs que vous recherchez ?

On a tapé aussi bien dans le National que le National 2, voire le National 3. Et aussi, bien sûr, des jeunes du club, puisqu'il ne faut pas oublier le passé de Nîmes Olympique. Et laisser la place aussi à des juniors qui viendront, je dirais, compléter les effectifs de l’équipe première.

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le nouveau projet Nîmes Olympique ?

C'est surtout cette situation difficile d'un club, je dirais, emblématique. Moi, je veux aider ce club à se reconstruire, parce que là, on peut parler vraiment de reconstruction. Nîmes n'a jamais été à ce niveau-là. Et puis aussi, le fait que ce soit une aventure avec des locaux, des Nîmois. C’est quelque chose d'indispensable. D’ailleurs, le seul non-nîmois, c'est un peu moi. Donc, j'espère que je serai adopté par les Nîmois. Et à la hauteur.

Quel sera votre poste officiellement ?

Un directeur sportif, un superviseur sportif. On peut l'appeler comme on veut, ou conseiller sportif. Moi, je ne voulais pas entraîner. J'ai suffisamment donné. J'étais encore récemment sélectionneur. Enfin, je peux dire que je le suis, puisque jusqu'au 30 juin, j'ai toujours la charge de la sélection de la Martinique. Je veux donc être le lien avec l'association. Il faut savoir que la prochaine SASP (Société anonyme sportive professionnelle, NDLR) va englober aussi les joueurs de la réserve jusqu'aux 16 ans. On va en conséquence travailler de concert avec Samuel Cruz, l'ancien entraîneur d'Uzès et de Bagnols.

C'est donc Mickaël Gas qui sera appelé à diriger l’équipe première ?

Il sera en effet dans la marmite avec ses joueurs. Et mon rôle sera de le conseiller et de ne pas passer à côté de jeunes qui sont chez nous et qui pourraient avoir leur chance en National 2. J’ai été entraîneur de National, entraîneur de Ligue 2, mais je n'ai jamais entraîné au niveau National 2. La dernière fois que j'ai touché au National 2, c'est quand j'avais la formation au Paris Saint-Germain. À l'époque, c’était en CFA. Cela a bien évolué depuis. Aujourd'hui, les équipes de National 2 s'entraînent chaque jour. Cela n'a plus rien à voir. Ce championnat se professionnalise.

Quelle sera l’ambition cette saison ?

C’est déjà pour l’entraîneur Mickaël Gas une sacrée ambition, car il va faire ses armes à ce niveau-là. On ne sait pas du tout comment la mayonnaise peut prendre entre les joueurs. Il se peut qu'il y ait un engouement populaire avec les supporters. Et que ça nous pousse et que ça nous porte. Probablement que l’on aura des joueurs qui n'ont pas l'identité nîmoise, mais on veut la mentalité nîmoise. Des morts de faim. Il faudra qu'ils donnent tout sur le terrain.

Un dernier mot sur Nîmes Olympique. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Nîmes Olympique est important dans le football français. Je le sens à travers l'engouement qu'il y a pu y avoir tout de suite. Le départ de l'ancien président, c’est comme un déclic. Tout le monde retrouve de la joie, de l'enthousiasme, malgré la relégation. Après, à titre plus personnel, moi, je ne suis plus de la dernière fraîcheur. Puisque j'ai 75 ans. Mais je crois que je peux rendre service. Et je serai aux côtés de Yannick Liron pour faire en sorte de réussir. J'aimerais bien participer à cette aventure pendant deux ou trois ans. Même si je n'ai plus d'ambition personnelle…

Propos recueillis par Abdel Samari

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16/03/205

Stanislas Golinski
Stanislas Golinski
Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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