Relégation en National, conflit ouvert entre le président et les supporters... La lente descente aux enfers du Nîmes olympique

Deux ans après leur descente de Ligue 1, les Crocodiles évolueront en National à partir de la saison prochaine. A la dérive sur le plan sportif, le club gardois est au cœur d’une situation explosive entre le président et les supporters.

Article rédigé par

Hugo Lauzy avec Maÿlice Lavorel - franceinfo: sport

France Télévisions

Publié le 20/06/2023 07:00

 

"Ma ligne rouge, c’est le National. Il ne faut pas que le club tombe en National…" Ces propos de Rani Assaf, prononcés le 2 mai 2022, donnaient encore l'impression que tout n'était pas perdu pour le Nîmes olympique. Un an plus tard, ils soulignent l'échec du club, officiellement relégué en National après une saison catastrophique en Ligue 2 (19e), autant sur le pré qu'en dehors. La formation qui évoluait encore en Ligue 1 en 2021 a tout perdu, jusqu'au soutien de ses supporters.

C'est reniée par un public en conflit ouvert avec le président et sa vision sportive et économique qu'elle retrouvera le troisième échelon national. L'époque où l'équipe était dirigée par Bernard Blaquart, incarnée par des joueurs comme Renaud Ripart et Téji Savanier et capable de terminer 9e du championnat de France (2018-2019) paraît aujourd'hui très lointaine. Après trois exercices consécutifs de résultats moribonds, la situation est à vif.

Un conflit ouvert avec le public et les groupes de supporters

Le président Rani Assaf cristallise les tensions et dont les relations avec le public nîmois sont mouvementées. Arrivé sur la pointe des pieds dans le Gard en 2014 comme actionnaire minoritaire, il était devenu président du club à l'été 2015, juste après que son prédécesseur a été visé par une enquête pour des matchs truqués (et condamné en 2018). Côté communication, ses sorties sont rares et acides, comme lorsqu'il déclarait l'an dernier : "Sportivement, qui a un meilleur bilan que moi sur les 30 dernières années ? [...] Je ne sais pas rattraper en 10 jours ce qui n'a pas été fait en 30 ans. Je n'ai pas de baguette magique."

Une "fracture progressive" s’est alors amorcée pour Dimitri Pialat, président des Gladiators, la principale association de supporters. Le 26 juin 2020, à l'occasion d'une conférence de presse, l’homme d’affaires franco-libanais avait ainsi déclaré : "Je n'ai pas de compte à rendre à qui que ce soit [...] J'ai 80% du club, je suis président du club, je dirige le club, je fais ce que je veux du club. Et il faut que ce soit clair pour les Gladiators, comme pour tout le monde." 

Des tensions ravivées par l’affaire des fumigènes, en début de saison 2021-2022, qui a provoqué la fermeture du pesage Est, la tribune historique, où siégeaient habituellement les Gladiators. "Il ne rêve que d’une chose et il l’a dit publiquement. Il souhaite que les Gladiators soient dissous par la voie judiciaire, car on est les plus virulents contre lui. Il ne veut même plus qu'on vienne au stade avec ou sans bâche", explique Dimitri Pialat. "C’est une première en France de voir un président fermer presque indéfiniment sa tribune populaire et faire ouvertement la guerre à ses propres supporters."

"Ces gens-là sont un cancer pour le club"

Seule possibilité pour ces derniers de revenir : l’obligation de signer une charte de bonne conduite. Lors de la même conférence de presse de mai 2022, le ton était encore monté : "Ces gens-là sont un cancer pour le club, il va falloir que l’on s’en débarrasse et le traitement va être violent et méchant".

Le club a également pris la décision de mettre fin aux abonnements - remplacés par la supra-association du Grinta Club dirigée par le président d'honneur, Jean-Jacques Bourdin, depuis la saison dernière et censée offrir des tarifs "avantageux" aux adhérents -, mais aussi de fermer les guichets physiques depuis la période Covid, ou encore d’augmenter le prix des places en tribune populaire depuis la descente en deuxième division.

"Il s’est totalement coupé du public nîmois. Même sur Facebook ou Twitter, tu ne peux plus donner ton avis sur le compte officiel depuis février 2022", retient Modrek Belbachir, un des membres actifs du collectif. La possibilité de répondre aux posts a tout simplement été fermée. Ce dernier renchérit : "Autre cas unique en France, il n’y a même pas eu un seul entraînement ouvert au public sur les six derniers mois. Tout ça c'est juste lunaire..."

Un projet qui divise 

Une semaine avant la défaite face à Dijon (1-2), synonyme de relégation le 20 mai dernier, ils étaient près de 300 fervents supporters du Nîmes olympique à s’être rassemblés devant la mairie, à l’appel du collectif "Sauvons le Nîmes olympique". Objectif : réclamer des comptes sur la vente du stade des Costières par la municipalité à Rani Assaf, pour 8 millions d’euros en juin 2019, et la signature d'un projet d'éco-quartier ainsi que d'un nouveau stade lui appartenant.

Ce dernier a fait de ce nouvel ensemble immobilier, autour de l'actuelle zone du stade des Costières, l’axe majeur de sa vision pour le club dans les années à venir. Un projet "vital" selon lui, en collaboration avec la mairie nîmoise dirigée par Jean-Paul Fournier (Les Républicains). Lors de la conférence de presse de présentation du nouveau stade, ce dernier a montré que l'idée était avant tout de construire un environnement (bureaux, commerces, hôtels…) capable de générer des revenus et faire fonctionner le club par lui-même pour ne plus être dépendant des transferts. Un modèle “à la lyonnaise” et une vision "à l'américaine" du sport-spectacle, à une exception de taille : le Nîmes olympique ne serait pas officiellement propriétaire de son stade qui appartiendrait, comme le quartier entier, à Rani Assaf, via sa société d'exploitation Nemau. 

De nombreuses zones d’ombre persistent encore et le compromis de vente a vu sa date d’expiration prolongée au mois de décembre 2024. La crainte que Rani Assaf ne privilégie le projet immobilier à l'aspect sportif du club est ainsi mise en avant par l’opposition. "En lui vendant le stade de façon sèche, la municipalité lui a donné les clés sans avoir de moyens de pression sur lui", analyse le conseiller départemental communiste Vincent Bouget. "Dans son business plan, son projet devrait lui rapporter de l’argent au bout de 15 ans. Lui dit que s’il avait voulu faire de l’argent, ce n’est pas ça qu’il aurait fait. J’ai peur que la mairie se soit trop engagée et qu'il soit maintenant impossible de faire marche arrière."

Du côté de la majorité municipale, un changement de cap est peut-être là aussi en train de s'amorcer. "En tant que ville de Nîmes, on est dans une situation où on ne peut pas faire d’ingérence dans le club. Mais aujourd’hui il est clair que Rani Assaf n’est pas en capacité de projeter le Nîmes olympique dans les prochaines années", constate Julien Plantier, le premier adjoint à la ville de Nîmes. "Il y a un projet de construction de quartier intimement lié à une question de dynamique sportive qui n’est pas au rendez-vous actuellement. Et surtout, ce qui paraît le plus inquiétant, c’est que nous n’avons toujours pas la moindre intention ou projection sur le court ou moyen terme."

Une disparition progressive de l'ADN nîmois 

Pourtant très lié à sa ville, le Nîmes olympique - quatre fois vainqueur de la Coupe Gambardella et quatre fois vice-champion de France - a vu son public quitter progressivement les tribunes. Le stade "provisoire" des Antonins, ouvert en décembre 2022 et situé au bord de l’autoroute, est devenu un désert à ciel ouvert à l'exception de quelques rencontres (Saint-Etienne, Sochaux...). 

Dernière affluence de Ligue 2 avec 1 934 spectateurs de moyenne la saison dernière, le club gardois a connu un taux de remplissage encore moins important que lors de ses précédentes années de galères en National (4 000 à 5 000 spectateurs de moyenne). Le centre de formation a lui aussi fait les frais de cette réduction des coûts à tout prix avec la perte de l’agrément, qui a provoqué le départ des meilleurs jeunes.

"Il y a un démantèlement de tout ce qui est structure sportive à l’intérieur du club. Tout cela relève d'un fonctionnement qui n’est même pas digne d’un club de National 1, mais plutôt de National 2, reconnaît Corentin Carpentier, commerçant nîmois et membre actif du collectif "Sauvons le Nîmes olympique". Même constat pour un ancien joueur et entraîneur du club, René Girard : "C’est assez surprenant et il y a des choses qui mériteraient d’être expliquées plus précisément : savoir qui veut faire quoi et comment. Je ne suis pas un grand financier, mais où veut-on aller avec ce club ? Il faut savoir ce que l’on veut, soit une équipe première performante ou alors une formation qui vivote pour d’autres intérêts extérieurs au club…" 

La DNCG en arbitre ? 

Pour Corentin Carpentier, la sortie de crise pourrait consister à "dénoncer" auprès de la DNCG (Direction nationale de contrôle et de gestion) la convention et le numéro d'affiliation liant actuellement le club à l'association Nîmes olympique : "On est potentiellement prêts à essayer de convaincre l’Association de résilier la convention pour repartir de zéro avec un projet de socios comme à Strasbourg ou encore à Bastia, et des repreneurs locaux solides ou nationaux avec une véritable ambition."

L'instance serait alors contrainte de rétrograder automatiquement le club en Régional 1, avec une perte immédiate du statut professionnel. Une sorte de "bouton rouge" et d'ultime recours pour renverser le projet de Rani Assaf et repartir de zéro avec des repreneurs locaux. Un ultimatum dont l’issue serait un nouveau saut dans l'inconnu.

*Sollicités, le Nîmes olympique et Rani Assaf n'ont pas souhaité répondre à nos questions.

La situation se tend de plus en plus entre la mairie et Rani Assaf : "Il n'est plus la personne idoine pour tenir les rênes de ce club, pas la personne qu'il faut... La ville ne lâchera jamais Nîmes Olympique"

 

Nicolas Rainville

6 JUIN 2023 — 

Alertés officieusement de l’abandon de certaines prises en charge financières pour les jeunes du club, les parents s’estiment piégés par Rani Assaf. Réunis en collectif, ils ont envoyé une lettre au président du NO pour demander des explications et exprimer leur incompréhension.

C'est la douche froide. Mardi, des parents de jeunes joueurs nîmois ont appris, par des éducateurs, que le club ne financerait plus l’hébergement de leur fils à l’institut d’Alzon. « On se sent pris au piège. Cela représente un coût d’environ 7 000 € et ça va impacter la vie des familles concernées. Ce sont les U16 Régionaux, les U17 Nationaux et U18 régionaux qui vont en être les victimes », s’inquiète Alain, le père d’un U17 nîmois. Aujourd’hui, les parents demandent au président-actionnaire du NO de s'exprimer sur l'éventuel abandon des prises en charge.

« Cette décision a été prise sans l’accord de l’institut d’Alzon qui héberge les joueurs et qui n’était même pas au courant »
Le père de famille ne décolère pas : « Cette décision a été prise sans l’accord de l’institut d’Alzon qui héberge les joueurs et qui n’était même pas au courant. » Alain est très inquiet pour l’avenir sportif de son fils, d’autant que les entraînements ne seront plus aménagés en fonction des cours des lycéens. Cela veut dire qu’ils n’auront plus quatre, mais trois entraînements par semaine. Ce qui agace aussi les papas et les mamans, c’est le timing : « Aujourd’hui, il est trop tard pour trouver un autre club car beaucoup de détections sont passées et mon fils passe le bac dans un an. Ce n’est pas le moment de changer de lycée. Si nous l’avions su avant, notre fils aurait quitté Nîmes. Mais je peux vous dire qu'à partir de l’année prochaine, les départs seront nombreux. »

« Mon fils est né à Nîmes et il est très attaché à sa ville, mais même lui veut partir »
Alors, face au silence de la direction nîmoise, le collectif a envoyé une lettre à Rani Assaf et à Sébastien Larcier « car la rumeur fait de lui le futur manager général du centre de formation », souligne Alain. Dans ce courrier, les parents demandent des explications et des mises au point officielles de la direction.  « Puisque la politique est de faire des économies, on est en droit de s’inquiéter pour le reste comme le prix des licences, les maillots et tout le reste. Rajoutez à ça l’état des terrains et les sanitaires qui sont parfois hors-services, c’est une image désastreuse pour le club. Mon fils est né à Nîmes et il est très attaché à sa ville, mais même lui veut partir ».

Les parents des jeunes joueurs nîmois attendent maintenant des réponses. Ils auront peut-être la chance d’en avoir de la part d’une direction qui est aux abonnés absents depuis plusieurs jours. Une fois encore, l’avenir s’obscurcit au Nîmes Olympique.

 

Comme comme prévu, Julien Plantier, le premier adjoint à la Ville de Nîmes, a reçu ce mardi en fin de journée six me membres du collectif "Sauvons le Nîmes Olympique". Les discussions ont duré près d'une heure trente. "La ville de Nîmes a pris l'engagement de convoquer le président du Nîmes Olympique Rani Assaf dès que la situation sportive sera réglée afin de lui demander des comptes" lâche Corentin Carpentier, l'un des membres du collectif. L'avenir du club a été au centre des débats. "Il n'y a pas encore d'actes forts mais c'est plutôt satisfaisant" estime Corentin Carpentier.

Le compromis de vente des Costières prolongé jusqu'en 2024

Le collectif a également demandé à la Mairie de ne pas prolonger le compromis de vente du Stade des Costières tant que Rani Assaf n’aura pas mis en place une véritable structure. "Le compromis de vente des Costières, qui tombait au mois d'octobre, a été prolongé jusqu'au mois de décembre 2024 étant donné qu'il y a un recours sur les aménagements des surfaces commerciales. Du coup, la mairie n'a pas de levier sur ce domaine" lance Corentin Carpentier. En revanche, il y a des gardes fous. "La mairie nous a précisé que Rani Assaf s'était engagé sur un permis de construire et qu'il devait tenir ses engagements là. En clair, il ne pourrait pas faire un stade de 4.000 places alors que le projet est de 15.000" conclut Dimitri Pialat, président des Gladiators.

Une plainte pénale contre X a été déposée auprès des services de la Procureure de Nîmes... Elle vise des supporters du Nîmes Olympique suite à un match au stade des Antonins opposant le club gardois à Grenoble, le 3 février dernier. Si elle est contre X, le document cible plus particulièrment 6 supporters et évoque des "membres des Gladiators". 

Cette plainte concerne "l'introduction d'engin pyrothechnique dans une enceinte sportive", mais aussi une infraction prévue par le code pénal, celle de "mise en danger de la vie d'autrui".

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Cette plainte a été déposée par le président du Nîmes Olympique, monsieur Rani Assaf, le 17 février dernier, selon des renseignements parvenus ces derniers jours à notre rédaction. Elle vise l'utilisation d'engins pyrotechniques, le 3 février 2023, dans l'enceinte du stade des Antonins et encore plus précisement à des "incidents" survenus à la 20ième et 52ième minutes de cette rencontre de championnat de Ligue 2 où les Crocos s'étaient inclinés 2-0 face à Grenoble. 

Une plainte très précise qui fournit de nombreux renseignements obtenus par les caméras de surveillance du club car elle détaille : "26 engins pyrotechniques, qualifiés de feu de bengale". Monsieur Assaf, président du club, pointe du doigt l'irresponsablité de certains supporters, car ils auraient allumé les feux alors qu'un fort vent "était constaté et "qu'une bâche non ignifugée était déroulée", en même temps que l'embrasement de celle-ci.

La plainte souligne également que des "supporters" avaient mis sur "leurs visages des masques de la "casa del papel" pour ne pas être identifiés". Le club précise que le vent et l'incendie de la bâche pouvaient avoir des conséquences importantes notamment : "l'intoxication par les fumées dégagées des personnes du public se trouvant sous la bâche", et "des brûlures engendrées par les flammèches qui se détachaient des engins pyrotechniques". 

Rani Assaf identifie dans ce document envoyé aux autorités judiciaires, six personnes qu'il identifie comme "pouvant être", en donnant leurs noms à la Justice. Le président des Gladiators et son vice-président figurent dans la liste transmise à la Justice. Il précise aussi que pour les identifier de façon plus certaines, il faut s'intéresser à un compte WhatsApp toujours en activité. 

Un document qui risque une nouvelle fois de mettre de l'huile sur le feu et de cristalliser les rancoeurs au stade entre certains supporters et le président du Nîmes Olympique. 

Boris De la Cruz 02/04/2023

Assaf-supporters : un rendez-vous manqué

Publié le samedi 24 septembre 2022 13:21 - Colin DELPRAT 

La pluie puis des éclaircies, le salon des reptiles ou la fête foraine à proximité, certains supporters trouvent de la symbolique en parallèle de leur rencontre avec Rani Assaf. Ils étaient plus de 300 supporters ce samedi 24 septembre dans la tribune présidentielle du stade des Costières pour une discussion avec le président du club. À l’issue d’un exercice difficile de questions/réponses, le résultat est "décevant" pour les supporters qui jugent Rani Assaf "provocateur" et "arrogant".

Pendant plus de trois heures, Rani Assaf, président de Nîmes olympique, a tenté de répondre à toutes les interrogations et reproches à son égard. Les cas des non transferts de Ferhat et Benrahou, le centre d’entraînement, le retour du public, des Gladiators et l’utilisation des fumigènes, le projet immobilier, le patrimoine, l’amour du club, le Grinta club, les sujets traités ont été nombreux.

"J’aime le club autant que vous, assure Rani Assaf. Vous pensez avoir le monopole de cet amour. Je me crève depuis six ans pour lui donner un avenir pour les cent prochaines années et non pas pour faire de l’argent."

Le point de crispation sur les fumigènes entre la direction et les Gladiators est rapidement venu dans le débat. "Pour que je fasse un pas, il faut que vous fassiez le premier pas, lance le président au Gladiators. La dernière fois que j’ai fait un pas, vous m’avez trahi. Moi, j’assume mes positions. Je ne demande qu’à rester dans le cadre de la loi. Que Dimitri (Pialat le président des GN NDLR) signe cette charte pour l’intérêt du club."

Le représentant des Gladiators a effectué des propositions comme arrêter les chants insultants envers Rani Assaf et l’utilisation en groupe des fumigènes. Le président a refusé cet accord verbal. Exaspérés, la majorité des supporters ont quitté la tribune. Une poignée a poursuivi l'échange. "C'est un échec, dit Dimitri Pialat. Il n'y a aucune avancée. Il n'y a plus de retour possible. Nous allons poursuivre nos actions en justice. Comme face à Bastia,  nous tenterons de rentrer avec notre banderole face à Paris."

"On voit le vrai visage de Rani Assaf, têtu, borné, menteur, regrette Cyril Roure, le président des Nemausus 2013. On ressort de cette rencontre plus déchirés que jamais." Même chose pour un indépendant. "La situation ne peut pas évoluer avec un personnage comme Rani Assaf, regrette Marc, un supporter habitué. Il ne veut pas faire un geste envers les supporters pour améliorer les relations. Ses réponses ne sont pas adaptées sur le fond comme sur la forme."

La situation est chaotique entre certains supporters de Nîmes, notamment le groupe "Gladiators 1991", et le président du club Rani Assaf. Les deux parties sont en conflit depuis plusieurs mois, avec une dégradation des relations depuis une dizaine de jours. Une réunion était organisée ce samedi pour essayer d'apaiser les tensions, elle a viré au fiasco.

La descente aux enfers s'accentue pour le Nîmes Olympique. En coulisses, le torchon brûle et la relation entre le président du club, Rani Assaf, et certains supporters - dont le groupe "Gladiators 1991" - vient peut-être d'atteindre un point de non-retour. Après des mois de tensions, la bataille que se livrent les deux camps a pris une nouvelle dimension il y a une dizaine de jours. Et la réunion organisée ce samedi pour apaiser les tensions n'a fait qu'enpirer les choses.

Un conflit qui dure depuis plusieurs mois

La querelle qui oppose certains supporters du Nîmes Olympique et le président du club ne date pas d'hier. Cela fait plus d'un an désormais que la situation ne cesse de se dégrader. Tout a commencé en août 2021. Rani Assaf, le président du club gardois a décidé d'augmenter le tarif des billets de match en tribune populaire, sans tarif réduit, comme le rappelait le Midi Libre. 15 euros la place, soit une augmentation significative de 78% par rapport à la saison précédente, durant laquelle le club évoluait pourtant en Ligue 1. Cette décision n'est pas du tout passée du côté des fans.

Quelques mois plus tard, en novembre 2021, alors qu'une partie des supporters venait de boycotter un match face à Quevilly-Rouen, le président a cherché à faire un pas vers ses supporters, en leur proposant d'adhérer à une charte "sur les valeurs du club, la fraternité, l'accès des jeunes au football". Il espèrait aussi les convaincre d'adhérer à une "supra association". En plus des fumigènes, l'homme d'affaires libanais reprochait aux supporters les insultes qu'ils auraient proféré en tribune :"Les insultes, les chants homophobes, il faut que ça change, témoignait-il pour L'Equipe. Ces comportements, la société ne les accepte plus."

Cette intervention n'avait pas connu un franc succès et les joutes verbales ont continué en tribunes et par médias interposés. En février dernier, l'affaire a connu un nouveau rebondissement.

Le samedi 5 février, une banderole installée en tribune envoyait un message explicite à la direction: "Assaf casse-toi". En réaction à la fronde des supporters, le club du sud de la France avait décidé de contre-attaquer.

Un communiqué a été publié, condamnant les "chants insultants, xénophobes, homophobes et inacceptables" dont avait fait l’objet Rani Assaf. Le club avait également indiqué qu’il allait "entamer les démarches nécessaires auprès des autorités compétentes afin de dissoudre l’association". "Beaucoup nous ont vu naître, personne ne nous verra mourir", avait réagi le groupe de supporters.

La situation ne semble pas prête de s'arranger. Le 10 septembre dernier, à l'occasion du match Nîmes-Bastia, le club a décidé de frapper fort. Le groupe de supporters des "Gladiators Nîmes 1991" s’est vu refuser l’entrée de ses tambours, mégaphones et bâches dans son stade des Costières, comme le montre une vidéo partagée par La Gazette de Nîmes. Dimitri Pialat, le président du groupe avait parlé à SoFoot de "dictature Rani Assaf."

"Il y aura des poursuites. L’Association nationale des supporters nous a conseillé de prendre un avocat. C’est une privation de liberté fondamentale, tout simplement. On avait nos billets, on respectait le règlement intérieur et on nous a refusé l’entrée" a déclaré Dimitri Pialat. L'affaire devrait donc se régler devant la justice.

La réunion de la dernière chance a viré au fiasco

Ce samedi 24 septembre, une réunion était organisée entre le club nîmois et les supporters qui le souhaitaient (entrée libre). Le président Rani Assaf était présent, tout comme les "Gladiators 1991".

Le Midi Libre raconte que la réunion devait durer une heure et demie (10h30-12h), et les supporters ont été conviés en tribune Nord des Costières, à l'abri de la pluie qui menaçait de tomber sur le stade. Les parties se sont livrées à un questions-réponses ouvert, où le micro a circulé parmi les supporters.

Environ 300 personnes se sont rendues sur le lieu du rendez-vous, selon la Gazette de Nîmes. Le sujet des Gladiators 1991 et des fumigènes n'a pas tardé à être mis sur la table, provoquant des premières tensions. La réunion serait rapidement devenue inaudible, les supporters s'agaçant de l'attitude "arrogante" et "provocatrice" de Rani Assaf. Après une première interruption, la réunion a repris sur les thématiques qui posent problème. 

Rapidement, l'atmosphère est devenu invivable et les supporters ont fait le choix de quitter de manière définitive les travées des Costières. La réunion a tourné à la catastrophe et la discorde semble avoir atteint un point de non-retour. Désormais, seule la justice semble être en mesure de donner le fin mot de cette histoire.

Praslin Bonnet - rmcsport.bfmtv

« À NÎMES, C’EST UNE DICTATURE RANI ASSAF »

Samedi à l'occasion de la réception de Bastia, le groupe de supporters des Gladiators Nîmes 1991 s’est vu refuser l’entrée de ses tambours, mégaphones et bâches dans son stade des Costières. Pour son président Dimitri Pialat, ce n’est qu’une énième preuve de l’autorité extrême dont fait preuve Rani Assaf, président du Nîmes Olympique, à leur égard. Alors que les tensions étaient déjà exacerbées depuis plus d’un an déjà, ce week-end vient de marquer un nouveau tournant qui devrait se régler devant la justice.

PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE LE BRIS MARDI 13 SEPTEMBRE dans SO FOOT

Vous étiez absent des Costières depuis près d’un an. Qu’est ce qui a motivé votre retour au stade ce samedi dernier ?

Depuis octobre 2021, notre tribune Pesage Est est fermée, ce qui fait que l’on n'assistait plus aux matchs du Nîmes Olympique à domicile. Mais il ne reste que cinq matchs aux Costières avant sa destruction, alors on s’est dit qu’on y reviendrait exceptionnellement, en tribune sud, à l’occasion du match face à Bastia.

Comment-est ce que les évènements se sont enchaînés à partir de ce moment-là ?

Une heure après avoir communiqué l’information, le référent des supporters m’a appelé pour m’expliquer que Rani Assaf n’autoriserait aucun signe distinctif des Gladiators en tribune, c’est-à-dire les tambours, mégaphones, et surtout les bâches. Mais dans notre « mentalité ultra » , on ne conçoit pas d’y aller sans la bâche. On encourage l’équipe et le club du Nîmes Olympique derrière celle-ci. Nous, notre but était d’encourager l’équipe, car elle en a bien besoin, tout en mettant de côté nos différends avec la direction. On s’était engagés à ce qu’il n’y ait aucun propos injurieux.

Qu’est-ce qui vous alerte le plus dans cette mesure prise à votre égard par Rani Assaf ?

Il n’en a pas le droit, tout simplement. Et quand quelqu’un fait sa propre loi, c’est un régime totalitaire. C’est une dictature Rani Assaf. Ce n'est peut-être que du foot, mais ta liberté, elle est rongée.

Comment avez-vous réagi ?

La police m’a appelé le matin de la rencontre pour me prévenir officiellement que les bâches ne rentreraient pas. Je les ai donc prévenus que ce n’était pas légal, chose à laquelle ils m’ont répondu que Rani Assaf était au courant et qu’il en assumerait les conséquences. C’est-à-dire que la police est au courant que Rani Assaf n'a pas respecté la loi.

Vous vous êtes tout de même présentés au stade ?

Oui. Nous étions 200 et on nous a refusé l’entrée, comme prévu. Alors on est resté devant les Costières, sans embêter les gens qui entraient dans le stade ni insulter quiconque. On a chanté pendant une vingtaine de minutes, jusqu’à ce que le match démarre.

Quelles sont les raisons évoquées par Rani Assaf pour vous interdire l’accès munis de votre matériel ?

Lui essaie d’expliquer sa décision de ne pas faire rentrer les bâches en expliquant que ça peut provoquer du désordre public. Sauf que durant le match, il s’est fait insulter par une majorité de la tribune sud. Comme quoi, la bâche n’est pas entrée, mais le désordre a été mis. Et puis ce n’était qu’une banderole « GN 91 » , elle ne peut pas causer de problèmes, à part si elle est minée. Mais ce n’est pas le cas, elle est 100% coton. C’est ridicule.

Envisagez-vous de donner une suite juridique aux évènements ?

Bien sûr, il y aura des poursuites. L’Association nationale des supporters nous a conseillé de prendre un avocat. C’est une privation de liberté fondamentale, tout simplement. On avait nos billets, on respectait le règlement intérieur et on nous a refusé l’entrée.

Quel bilan tirez-vous de cette drôle de journée ?

On a atteint un point de rupture. On avait tout fait dans les règles avec des bonnes intentions. Là, on a compris qu’il voulait se débarrasser de nous à tout prix. Mais le groupe n’est pas près de s’éteindre, on a mobilisé 200 personnes qui sont venues en étant sûres de ne pas rentrer. On ressent beaucoup de colère, mais aussi de la tristesse. On espère qu’on retrouvera tous ensemble une unité derrière le Nîmes Olympique.

Cela semble plus compliqué avec une tribune entièrement fermée, la tribune Pesage est. Pourquoi est-ce le cas depuis un an maintenant ?

Car on est en contradiction avec Rani Assaf. Il veut un football comme au théâtre, et nous, on ne veut pas d’un stade aseptisé. C’est autour de la question des fumigènes qu’il y a eu un problème. On souhaitait l’utilisation contrôlée en voulant s’engager moralement à les utiliser raisonnablement, car on comprend les mesures économiques qui en découlent avec les amendes de la Ligue. On essayait de trouver un accord pour les utiliser deux à trois fois dans l’année pour des évènements exceptionnels.

Comment se sont déroulées les discussions avec Rani Assaf ?

Cette fois-ci, il a dit : « La loi c’est la loi, point barre. » Il a voulu conditionner l’ouverture de la tribune à une signature de charte pour réglementer davantage. On a été honnêtes en refusant, sachant qu’il y a déjà un règlement intérieur. Il a donc décidé de procéder à la fermeture de la tribune.

Pourtant, vous n’êtes pas les seuls à utiliser cette tribune...

C’est ça le plus énervant, il a mis tous les supporters dans le même sac et les a pénalisés. Cette saison, il a fait un geste financier en mettant un tarif à 10 euros, soit le prix en Pesage Est, en latérale. Mais il y a un attachement personnel et nostalgique à notre tribune. Un gars m’a dit : « Je viens depuis tout petit en Pesage Est avec mon père, je ne quitterai pas cette tribune pour aller ailleurs. »

La saison dernière, les Costières accueillaient moins de 2000 spectateurs par match en moyenne, ce qui en a fait l’avant-dernière affluence de Ligue 2 sur la saison. Le conflit a-t-il largement dépassé le cadre du simple Rani Assaf contre Gladiators ?

Moi, je suis un pur Nîmois et je peux vous dire que les gens sont dégoûtés. Ils ne reviendront pas au stade tant que Rani Assaf est toujours là. Avec cette atmosphère, les résultats n'entrent même plus en compte. L’ambiance est presque morte aux Costières, elle est dix fois moins bonne qu’avant. On était reconnu comme un public du Sud, maintenant c’est le Far West avec la boule de paille qui passe au milieu.

En présaison, le Nîmes Olympique a annoncé la création d’une association de supporters, le « Grinta Club » . Quel regard portez-vous sur ses premières semaines de fonctionnement ?

Il y a un an et demi, quand le projet avait été présenté, on trouvait que c’était une bonne idée, ça permettait de fédérer. Assez vite, ça a amené la suppression des abonnements et l’obligation de passer par une adhésion au « Grinta Club » pour bénéficier de réductions. Donc déjà là, on avait un problème. Mais pour adhérer à quelque chose, il faut y croire. Là, au lieu de fédérer, tu prends les gens en otage. L’autre problème, c’est que le bureau devait être élu démocratiquement, être indépendant du club et représenter le maximum de gens. Première information qui tombe : le président nommé est Jean-Jacques Bourdin, le président d’honneur du club et en quelque sorte, le bras droit de Rani Assaf... Ce qui devait être un beau projet n’est finalement qu’un allongement de l’emprise du club sur les supporters.

Si l’on revient aux Gladiators, vous avez été menacés de dissolution par le président en février dernier. Où en est ce processus ?

La préfecture lui a signifié qu’il n’avait aucun droit là-dessus, il s’est gentiment fait retoquer. Et on était loin d’avoir matière à être dissous. Car pour une association de la loi 1901, il faut presque en arriver à des actes de terrorisme pour que cela aboutisse.

Comment continuez-vous votre activité sans pouvoir entrer aux Costières ?

Sur les deux derniers matchs à domicile, on avait besoin d’être côté Pesage Est, même si elle était fermée. Donc on a fait avec les moyens du bord, on a allumé un groupe électrogène sur lequel on a branché un écran pour suivre le match.

Et pour les matchs à l’extérieur ?

On fait tous les déplacements à l’extérieur, nos bâches sont acceptées et on reçoit d’ailleurs de bons accueils. En fait, on y retrouve le monde d’avant, celui d’avant Rani Assaf. C’est grâce à ça que l’association a encore le lien avec l’équipe, ce qui est indispensable.

Comment expliquez-vous cet élan de soutien de la part des ultras ?

C’est la boîte de Pandore qui peut s’ouvrir, tout simplement. Si on commence à laisser passer des évènements comme il se passe à Nîmes, ça pourra arriver partout, à tous les groupes de supporters et ça tue le football.

Vous recevez également du soutien de la part des joueurs ?

Nicolas Benezet est le seul à l’avoir fait publiquement. On est un peu dans une loi de la terreur, je comprends que les joueurs ne prennent pas parti. La saison dernière, quelques joueurs ont déclaré être contre la fermeture du centre de formation. Ils ont directement été mis sur la liste des transferts. Quand on rencontre les joueurs individuellement, ils nous disent que ça les fait chier, mais qu’ils ne peuvent rien y faire.

Justement, Rani Assaf a rappelé Nicolas Benezet à l'ordre dans les colonnes du Midi Libre , en disant qu'il « ferait bien de se soigner et de revenir rapidement pour jouer au football et s'occuper du football » . Qu'est-ce que cela vous inspire ?

Encore une fois, c'est digne d'un régime totalitaire. Ce n'est pas parce que tu es l'employeur que tu as le droit de « contrôler ses propos » , qui n'ont rien de scandaleux en plus ! Ça instaure un climat de terreur et de tension dans un vestiaire qui va influer sur les performances sportives des joueurs et donc sur les résultats.

PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE LE BRIS

12/09/2022
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Lettre ouverte à Rani Assaf, président du Nîmes Olympique

Pour commencer, sachez, Rani, qu’ici je ne vous appellerai pas « monsieur ». Tout simplement parce qu’il est nécessaire de respecter les mots et leur usage, et le terme « monsieur » est empreint d’une forme de respect que vous n’avez jamais accordé aux supporters du Nîmes Olympique, dont je fais partie. Ici Rani, nous sommes sur un pied d’égalité.

Rani, que vous est-il arrivé ? Que s’est-il passé pour que vous, l’ancien membre des Supras Auteuil 91 (dont certains anciens se sont tristement fait remarquer à Nice cette semaine), ayez désormais en horreur tout ou partie des supporters du club que vous avez décidé de diriger en 2016 ? Rappelons-le, Rani, vous avez réussi votre vie professionnelle avant de vous consacrer uniquement au football. Ici nous ne reviendrons pas sur les tristes événements qui ont entaché l’image du Nîmes Olympique lors de la fameuse affaire de la tentative de corruption de vos anciens associés, mais rendons à César ce qui lui appartient : à l’époque, vous reprenez un club à l’agonie, vous renflouez de bien vides caisses, vous laissez travailler les gens compétents et en 2018, le club remonte en Ligue 1. Attention néanmoins à ne pas réécrire l’histoire. Cette montée, c’est sportivement qu’elle s’est jouée. C’est avec Monsieur Bernard Blaquart (le respect n’est pas un dû, il se mérite), et avec des Anthony Briançon, Sofiane Alakouch, Gaëtan Paquiez, Théo Valls, Antonin Bobichon, Renaud Ripart. Je pense que vous avez saisi le point commun entre tous ces hommes, tous purs produits du Nîmes Olympique, tous passés par le centre de formation que vous avez décidé de négliger. Soit.

Rani, n’ayez crainte, je ne vais pas vous apprendre à diriger une entreprise. Vous êtes bien plus compétent que moi en la matière, ici vous n’êtes pas épinglé pour votre gestion financière. Mais il me semble que, comme tout autre amoureux du Nîmes Olympique, et comme pas mal de monde en général, je peux vous parler de gestion humaine, et de ce que représente un club de football. Et de ce que représentent les supporters d’un club de football. Non Rani, on ne gère pas un club de football et ses passionnés comme on gère les clients d’une grande marque de téléphonie mobile.

Peut-être ne connaissez-vous pas l’histoire du club que vous dirigez. Alors commençons par là. Jusqu’à la fin des années 80, l’antre du Nîmes Olympique, c’est le Stade Jean Bouin. Et déjà, ce qui fait sa légende, c’est l’ambiance incandescente qui y règne. Les adversaires le savent : venir jouer à Jean Bouin contre Nîmes, c’est passer une très mauvaise après-midi. Une petite ville, un petit stade, mais un grand public. Puis vint le Stade des Costières. Celui dont, très probablement à raison (là non plus je ne vous apprendrai pas votre travail), vous allez vous débarrasser très prochainement pour venir profiter d’une enceinte moderne, confortable et rentable. Mais là aussi, le constat est le même. Malgré de nombreuses années à végéter entre deuxième et troisième division, il y a toujours eu une âme dans ce stade, un frisson dans ses travées, un murmure en bord de pelouse. Une clameur qui s’élève sur un tacle réussi (ou pas, d’ailleurs), un rugissement quand la pression s’intensifie sur l’adversaire. Une explosion qui s’entend dans tout Nîmes lorsque Renaud Ripart marque à la dernière minute d’une rencontre et fait chavirer un stade. À domicile, Nîmes sans public est une équipe qui joue à l’extérieur.

Rani, vous vous êtes trompé. Vous vous êtes trompé en prenant de haut des gens qui ne demandaient qu’à vous suivre. Un projet de nouveau stade ? Soit. Expliquez-nous. Changer le centre d’entraînement, modifier le fonctionnement interne du club, moderniser chaque outil pour que le Nîmes Olympique soit un club qui vive avec son temps ? Soit. Expliquez-nous. Au lieu de considérer des gens qui étaient là avant vous et qui, soyez en sûr, seront là bien après que vous soyez loin de cette ville, vous les avez méprisés.

J’ai commencé à aimer le football et le Nîmes Olympique au Stade des Costières, dans ce fameux Pesage Est que vous avez pris en horreur. Avec mon grand-père et mon père, et plus globalement famille, amis, amoureux de football mais avant tout amoureux de Nîmes. Dans cette tribune derrière les buts, exposée en plein soleil l’été, exposée à la pluie et au vent l’hiver, dans cette tribune où nous devions nous équiper de papier journal à placer sous nos fesses pour nous protéger des démangeaisons causées par la fibre de verre (quelle sombre époque), dans cette tribune, j’ai appris à aimer le football. J’y ai pleuré, plusieurs fois. Un soir de victoire lunaire contre Sochaux en Coupe de France lors de la saison 2004-2005. J’y ai pleuré le 16 mai 2008, un soir de montée en Ligue 2 après une victoire 3-1 contre Laval dans une ambiance indescriptible. J’y ai pleuré un soir de victoire dans le derby contre Montpellier en 2009. Et j’y ai encore pleuré lorsque nous sommes montés en Ligue 1 en 2018. Vous étiez là. Comment avez-vous pu oublier ce que vous avez vu ce soir-là ?

Depuis, tout a changé.

Mon grand-père, trop fatigué pour se rendre au stade, avait pour habitude de réclamer son journal, le Midi Libre, après chaque match de Nîmes. Il y découpait les articles après chaque victoire, pour les conserver précieusement chez lui. Et puis sa passion s’est éteinte. Mon père, supporter du club depuis 40 ans, ne va plus au stade depuis près d’un an et demi. Parce qu’il était abonné de longue date dans ce fameux Pesage Est, celui que vous avez fermé pour punir les supporters. Parce que vous êtes dirigé par votre égo, et qu’il vous ronge à petit feu depuis bien trop longtemps.

Depuis 4 ans, la liste de vos erreurs est longue. La première, c’est d’avoir cru que les supporters du Nîmes Olympique étaient de simples clients, et que vous pouviez les traiter comme de vulgaires consommateurs. Et de cette erreur découlent les suivantes. Fermeture d’une tribune populaire, tarifs exorbitants sans offres spéciales pour les familles, enfants, personnes à mobilité réduite, étudiants, séniors. Fin du système des abonnements, parce que vous avez décrété que le principe d’abonnement était totalement dépassé (Nîmes est à ce jour le seul club professionnel français à ne plus proposer d’abonnement à ses supporters). Vous ne permettez plus à vos supporters les plus vieux et les moins à l’aise avec la technologie de venir acheter leur place directement au stade puisque vous avez supprimé les guichets. Vous méprisez les supporters adverses en vendant vos places plus chères que ce que la réglementation en vigueur le prévoit, en ne leur permettant parfois pas l’accès à une buvette, pas d’accès à l’eau.

Et puis, vous n’avez de cesse, dans les médias, de manquer de respect à ceux qui permettent au club de gagner de l’argent. À ceux qui payent leurs places, à ceux qui se déplacent dans toute la France, à ceux qui achètent vos maillots, à ceux qui achètent vos immondes sandwichs et vos bières chaudes en buvette.

« Je le clame haut et fort, le seul qui peut sauver Nîmes Olympique c’est moi et personne d’autre. Qu’ont fait les gens de ce club depuis 30 ans ? Rien. »

« Il y a beaucoup d’amoureux au club, mais ils veulent juste la mort du club. On appelle ça un cancer. Quand vous avez des cellules à l’intérieur et autour du club qui attaquent le corps, c’est un cancer. Ces gens-là sont un cancer pour le club, il va falloir qu’on s’en débarrasse. Et le traitement va être violent et méchant.

Rani, ce sont vos propos. Vous avez insulté, continuellement, les supporters du Nîmes Olympique. Et maintenant, il n’est plus question d’ultras. Votre combat, vous ne le menez pas uniquement contre les Gladiators mais contre absolument tout le public. Et pour ça, vous essayez de provoquer des incidents. L’unique chose que vous espérez, c’est que les supporters craquent. C’est qu’il se passe un incident grave un soir de match, et que l’huissier que vous payez chaque match avec l’argent du club puisse constituer un dossier permettant d’obtenir un décret de dissolution des Gladiators. Malheureusement pour vous, les gens que vous prenez de haut n’ont pas fauté.

Hier, vous avez franchi une nouvelle limite. Pour la première fois, vous avez refusé à une partie des supporters l’entrée du stade. Malgré leur présence pacifique, malgré des tentatives de discussion, règlement à l’appui pour faire valoir leurs droits, vous avez de manière arbitraire et illégale décidé que des supporters du Nîmes Olympique n’auraient pas le droit de venir supporter leur équipe, dans leur stade. Rani, vous vous êtes trompé. Sur votre communication, sur la gestion humaine, sur la gestion sportive, sur la tarification, sur le centre de formation, sur la passion, sur la loi. Sur toute la ligne, vous vous êtes trompé. Et si le dialogue semblait encore possible il y a peu, en creusant bien, hier c’est un point de non-retour qui a été atteint.

Pour le moment, vous avez la chance que certains fassent preuve de complaisance avec vous. Les instances dirigeantes du football français, les médias, les services de l’État et, encore malheureusement, une petite partie du public. Mais votre plus grande erreur, ç’a été de croire que vous alliez faire disparaître la passion de toute une ville, de tout un peuple.

Rani, ce n’est que le début. Parce que nous attendrons autant qu’il le faut, parce que nous nous battrons dans le calme avec tous les moyens légaux possibles. Mais soyez en sûr, nous serons encore-là bien après que vous serez effacé du paysage nîmois.

Parce que Nîmes, Rani, c’est nous.

Kevin Nieto · @Fleck_Scout 11/09/2022

Les Gladiators Nîmois 1991, groupe de supporters ultra du Nîmes Olympique, ont décidé de faire leur retour au stade des Costières, samedi contre Bastia à 19h, pour le compte de la 8e journée de Ligue 2. Mais le conflit avec le président Rani Assaf n’est pour autant pas terminé car ce dernier ne souhaite pas voir dans le stade de drapeaux et bâches à l’effigie du groupe. Le président Dimitri Pialat expose la position du groupe. 

Objectif Gard : Vous serez de retour samedi au stade des Costières en tribune Sud, alors qu’en début de saison vous aviez annoncé que c’était le pesage Est ou rien. Pourquoi avez-vous changé d’avis ? 

Dimitri Pialat : Pour deux raisons. Rani Assaf utilise un ton méprisant à notre égard en souhaitant la dissolution des Gladiators. Comme par exemple, quand il dit : « Les 30 personnes qui font un barbecue » pour parler de nous lorsque que l’on regarde les matchs à l’entrée du pesage. C’est pour prouver que l’on existe encore et que l’on ne pourra pas se débarrasser de nous, même à domicile. Notre passion est plus forte et on ira jusqu’au bout. Et puis on ne s’est pas rendu compte, mais c’est la fin des Costières. On a envie de profiter peut-être pour la dernière fois de ce stade. Cela dépendra de comment ça se passe samedi.

Justement, il n’y a plus d’interdictions commerciales qui pèsent sur les membres de votre groupe, mais le président ne souhaite plus voir de bâches des Gladiators dans le stade. Comment réagissez-vous ?

Hier, on a fait l’annonce sur les réseaux sociaux aux alentours de 10h. Une heure après, le référent des supporters, M. Ordonez, m’a appelé en m’informant qu’aucun signe distinctif ne sera autorisé à l’entrée. Cela concerne tout ce qui n’est pas individuel. Un supporter qui rentrera avec un tee-shirt Gladiators, ça ira, mais tous les tambours, drapeaux et bâches sont interdits. Seulement, le club n’a pas le droit. Il y a un règlement instauré par la ligue de football professionnel. M. Assaf va avoir des ennuis à ne pas le respecter.

Que dit ce règlement ? 

Les drapeaux sont autorisés sans, bien sûr, message à caractère insultant ou discriminant. Il n’y a rien de tout ça nous concernant. C’est pareil pour les bâches. Et ce n’est pas notre but d’ailleurs. On a donné des consignes en interne, on veut avoir un comportement irréprochable sans aucune insulte contre le président. Même si on a des reproches à faire à Rani Assaf, ce n’est pas notre but de le faire ressentir samedi. On veut seulement encourager l’équipe.

Comprenez-vous la rancoeur du président après les insultes proférées à son encontre contre Dunkerque en février dernier ? 

La fermeture d’une tribune ça vaut toutes les insultes du monde. À ce moment-là les tensions étaient fortes. On a eu une réaction épidermique sur le moment. Nous, on revendique le droit d’aller en pesage et Rani Assaf de le fermer, chacun a sa vision. C’est le premier à se servir de la loi, mais aussi à l’outrepasser. On veut qu’il parte, mais on ne va pas aller chez lui le kidnapper. Il y a un cadre légal, on le respecte. Il n’a pas le droit de nous interdire d’aller aux Costières. En tant que supporter, quand je vais voir mon équipe, il y a aussi une question d’appartenance par rapport au stade des Costières. Il est dans un sentiment de vengeance et de croisade personnelle.

Du coup, comptez-vous quand même venir avec votre matériel samedi ?

Nous, on a rien à se reprocher, on est dans la légalité. On va voir comment ça se passe à l’entrée. Rani Assaf, depuis le début, est un grand défenseur de la loi mais là il veut se mettre dans l’illégalité. J’ai l’impression que la loi, il ne veut la faire respecter que quand ça l’arrange. C’est sa loi à lui. Il n’a pas le droit de refuser les banderoles. Si notre bâche ne rentre pas, on ne rentre pas. On ne voit aucune raison de nous refuser l’entrée. Je vais reprendre une phrase de M. Assaf : j’espère que la loi sera respectée.

Propos recueillis par Corentin Corger -  7 septembre 2022

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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