Il a connu 10 présidents, 24 entraîneurs, deux stades et des centaines de joueurs. Médecin des Crocos depuis 1988, Jean-Charles Pierret est la mémoire vivante du Nîmes Olympique.

« C’est que du bonheur de l’avoir connu. Il était toujours disponible et à l’écoute. Il savait dire les mots juste, pour que l’on se sentent bien. Je regrette de ne pas l’avoir près de chez moi. » Abdoulaye Coulibaly n’a joué au Nîmes Olympique qu’une saison, en 2007-08. Pourtant, il n’a pas oublié Jean-Charles Pierret, le médecin des Crocos. L’ancien défenseur n’est pas le seul à garder un bon souvenir de celui qui soigne les grands et les petits bobos des Nîmois.

Mais lui aussi se souvient de tous ces joueurs qui l’ont consulté. Des entraîneurs avec qui il a travaillé. Et des présidents que se sont succédé. Son histoire débute au Maroc, où il voit le jour le 21 octobre 1946. « Mes grands-parents habitaient à côté d’un stade et j’allais voir des matches du championnat marocains. Les terrains étaient en sablette ». Alors qu’il a 15 ans, il vient s’installer à Nîmes avec sa famille. Nous sommes en 1961 et il découvre les Crocos flamboyants de Kader Firoud. Le passionné de sport devient alors supporter.

Devenu médecin, il est contacté par le club Nîmois qui est à la recherche d'un docteur pour renforcer son staff. À cette époque Jean Bousquet est le président et Bernard Boissier est l’entraîneur. Ce sont les deux premiers d’une longue liste. Et des joueurs qu’il a côtoyé par centaine. « J’ai revu Zanon, Bracigliano, Bellus, Jannuzzi, Daniel-Alberto, des gens charmants. Cucciufo était un garçon adorable qui aimait beaucoup la région. »

Il y a aussi ceux qu’il a connu au berceau parce qu’il est aussi médecin en dehors du Nîmes Olympique : « Momo Benyachou, je l’ai connu quand il était nourrisson. » Avec certains membres du staff actuel, il a également une longue histoire pour des raisons différentes : « Jérôme Arpinon, Laurent Boissier, Richard Goyet et Anthony Lombardo, ce sont un peu mes enfants. Je les connais depuis qu’ils sont petits ».

Il se souvient bien sûr d’Éric Cantona. « C’était un très grand professionnel, avec un caractère entier, mais quelqu’un de bien. » Mais il n’a pas hésité à le gronder comme en gamin parce qu’il mangeait trop de chocolat. Les anecdotes remontent à la surface. Comme ce jour où, complètement KO, le gardien de but Stan Karwat répondait à ses questions…en polonais, sa langue natale. Beaucoup moins drôle quand, lors d'un choc, Johny Ecker s’était fait une déchirure au foie : « dans les vestiaires il était bien, mais j’ai préféré l’envoyer aux Franciscaines. Là-bas, ils ont détecté une hémorragie interne. »

 

L’opération est immédiate. Sans le réflexe de Jean-Charles Pierret, les conséquences auraient pu être dramatiques. Le docteur peut aussi parfois devenir un confident : « dans ces cas-là, je ferme la porte de mon bureau et personne ne peut nous entendre ». Il lui arrive d’être le complice de moments inoubliables. Julien Benhamou, qui a porté le maillot rouge de 2004 à 2006, se souvient avoir d’un jour particulier : « lors de mon passage à Nîmes, j’ai eu le bonheur de vivre la naissance de mon fils. Il était là, avec moi ».

Le médecin a aussi beaucoup d’importance pour les entraîneurs, qui s’en remettent à son avis sur la santé des joueurs. S’il conserve un bon souvenir de tous, il y en a qui ont plus compté que d’autres. Il évoque avec joie Pierre Barlaguet : « avec lui, c’était super », René Marsiglia qui « était adorable, droit et gentil. Il avait des rapports très proches avec ses joueurs et tout le staff. Il m’a marqué » et de Bernard Blaquart : « lui, c’est la force tranquille. Il est à l’écoute du médical ».

Chez les présidents, il conserve des rapports amicaux avec Jean-Louis Gazeau et sa famille. Jean-Charles Pierret aura 72 ans en octobre et il pense à sa succession depuis quelques années. Toutefois, avant de quitter son club de cœur, il veut trouver son remplaçant : « il faut quelqu’un de très disponible qui sache s’adapter à tout et aimer le foot. » Mais il ne s’est pas fixé de limite ou de date butoir. Cela tombe bien car au Nîmes Olympique personne n’est pressé de le voir quitter un poste qui est le sien. Depuis maintenant 30 ans...

 

Norman Jardin

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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