NICE – NIMES, LE PREMIER MATCH A HUIS CLOS DE L’ERE MODERNE DU FOOT

Vendredi 27 septembre 1974, Nimes Olympique se déplace au stade du Ray à Nice pour le compte de la 10ème journée. Nimes est bousculée en première période et se trouve menée au score par 2 buts à 0 à la pause. En seconde mi-temps les crocos, privés de leur meneur de jeu Michel Mézy blessé et déclaré inapte au dernier moment, refont surface et se montrent dangereux. A la 67ème minute, alors que les crocos sont à l’attaque, Luigi Landi s’effondre dans sa surface de réparation. Ses collègues Augé et Kabile accourent et constatent que Luigi se tient l’œil gauche. Ils appellent l’arbitre Monsieur Frauciel afin qu’il interrompe le match.

Depuis le début de la rencontre et, en dépit des appels à la sagesse du speaker, certains spectateurs jettent de gros pétards à destination des nimois. Dellamore, sur un corner qu’il s’apprête à tirer, a le temps de s’écarter avant que l’engin explose. Cette fois c’est la bonne, le pétard vient d’atteindre sa cible en la personne du gardien nimois. Dans la confusion générale, Luigi est évacué ; Calabro invite ses joueurs à quitter le terrain avant de se raviser.

L’infortuné Landi lui, se tient l’œil gauche dont les cils sont brulés et le contour tuméfié.

Dellamore le suppléait en enfilant les gants, et Nimes termine le match à 10. Le score demeure inchangé et les nimois s’inclinent sur le score de 2-0.

De retour aux vestiaires, le président Calabro déclare « C’est inadmissible, le match a été faussé par cet incident » ! Même s’il reconnait que son équipe n’a pas été au niveau en première mi-temps, Firoud déplore l’attitude de l’arbitre Mr Fauciel et dénonce l’incident.

Cet arbitre « plutôt mal inspiré » selon le Midi Libre, se permet de faire un rapport dans lequel il consigne l’incident survenu et l’attitude véhémente du capitaine Augé suite à la blessure de Landi. Le 6 nîmois est suspendu « jusqu’à nouvel ordre » par la commission de discipline du Groupement (ancêtre de la Ligue) et manque le match suivant contre Metz disputé à Jean Bouin (2-0 Battiston csc et Dellamore). Augé, tout comme Landi rétabli de sa blessure, retrouve sa place contre Rennes lors de la 12ème journée (2-1 but de Mézy).

L’affaire n’en reste pas là. Le 8 octobre la commission sportive du Groupement, réunie à Paris, décide de faire rejouer le match : « Le résultat de la rencontre Nice-Nimes n’est pas homologué et le match sera à rejouer le 23 octobre sur terrain neutre après accord des deux présidents ». De plus, le terrain de l’OGC Nice est suspendu. Nice devra affronter lors de la prochaine journée disputée à domicile, Saint Etienne à… Toulouse.

Paul Calabro, président du NO, souligne « la sage décision de la commission qui semble conforme aux incidents qui se sont produits » mais regrette tout de même pour son homologue niçois « la suspension du terrain, les dirigeants niçois ayant fait de gros efforts pour rechercher le coupable ».

Calabro, dans un souci d’apaisement, ouvre une porte et vient se faire l’avocat des niçois. Le Groupement, après un nouvelle assemblée, décide de refaire jouer le match le 5 novembre à huis clos au stade du Ray. La sanction appliquée suite à des incidents tel que celui vécu à Nice, est généralement de jouer les rencontres sur terrain neutre, mais dans ce cas, le Groupement, en accord aves les dirigeants nîmois et niçois, prend une décision inédite depuis que les terrains sont clôturés.

En effet, il faut remonter dans les archives du football pour retrouver une rencontre à huis clos. Suite à des débordements qui se déroulent lors d’un match opposant Rouen à Metz en juin 1935 où se dispute l’accession en 1ère division, les supporters normands envahissent le terrain à sept minutes du coup de sifflet final, pour frapper l’arbitre, coupable selon eux de ne pas valider l’égalisation pour une faute et d’oublier de siffler un pénalty à 7 minutes de la fin du match. La Fédération de football inflige au club de Rouen la sanction d’un match à huis clos lors de la première journée du championnat 1935/1936 face au Lyon Olympique Villeurbanne.

Suite à cet incident sans précédent, le FFF impose à l’ensemble des clubs professionnels l’installation d’une main courante grillagée autour de leur terrain.

Pour en revenir au Nice-Nimes, le match est donc disputé le 5 novembre 1974 et les nimois perdent 2-0. Pour la petite histoire, les crocos terminent une nouvelle fois le match à 10, suite à l’expulsion de Bernard Boissier.

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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