LUCESCU "L’ARLESIENNE ROUMAINE"

À Nîmes la période des transferts s’ouvre une fois le dernier match de championnat disputé. Elle permet de planter le décors de la saison suivante mais aussi de mettre à l’épreuve les nouveaux arrivants lors de la coupe des Alpes qui se dispute dans la foulée du championnat.

L’exercice 1973/74 ne déroge pas à la règle.

Au soir de la demi finale (perdue) à Nantes, le président Calabro annonce qu’il y aura du nouveau très rapidement en matière de recrutements. On apprend que Novi, en perte de temps jeu a l’OM et après 6 ans passés du côté du vieux port, revient au bercail ; que Pintenat (Rouen) pourrait lui aussi signer chez les crocos.

Le 14 juin, Calabro confirme les rumeurs et présente au Midi Libre un athlétique néerlandais : Franciscu Janssens. Ce joueur qui arrive du NEC Nimegue a devancé Cruyff au nombre de buts inscrits au Pays bas la saison écoulée. C’est d’ailleurs Cruyff en personne qui le recommande à son ami Jean Bousquet alors que le Racing Paris et Strasbourg le courtisent.

Nîmes doit cependant déplorer les départs d’Adams (Nice), Odasso (Monaco), Fleitas (Seville) et Dell’oste (Rennes).

Le 29 juin Midi Libre annonce l’arrivée de l’ailier gauche international roumain Mircea Lucescu.

Ce Lucescu est une véritable star dans son pays et fait les beaux jours du Dinamo de Bucarest. C’est lors de la tournée de l’équipe nationale de Roumanie en février 73 que Mircea fait connaissance avec Jean Bouin. Bien que blessé, il assiste depuis les vieilles tribunes nîmoises au match et c’est ce jour là que les premiers contacts, facilités par Pircalab, sont établis (victoire 1-0 de Nîmes ; Adams buteur).

Le contrat d’une durée de 2 ans est rédigé. Calabro et Firoud font le déplacement en Roumanie pour rencontrer les autorités locales et tout semble sur les rails.

Firoud déclare au Midi Libre : « Comme Chillan, il peut jouer a droite ou à gauche de l’attaque, il est très technique et à un talent de perforateur de défense ». Lucescu est un pilier de l’équipe de Roumanie avec laquelle il disputera près de 70 matchs.

L’été se passe et tout le monde se montre patient. Compte tenu des lenteurs pour faire venir Voinea et Pircalab, les dirigeants sont rodés aux rythmes de l’administration de Ceausescu.

L’entraînement reprend au mois de juillet et toujours pas de roumain. Nîmes dispute des matchs amicaux à Sete et Valreas puis attaque le championnat par une victoire à Lens (1-0) avant deux nuls à Metz et contre Sochaux et une écrasante victoire contre Marseille à Jean Bouin 4-1.

Janssen semble être une bonne pioche, puisque sur 7 buts inscrits, il en marque 4.

Firoud, tout heureux de la performance du néerlandais, se dit impatient de voir son association prochaine avec Lucescu.

Entre temps on apprend que Pircalab doit repasser sur la table d’opération après avoir rechuté du tendon d’Achille lors d’un match disputé avec la réserve à Marignane.

Le calendrier officiel de la saison sort fin septembre et on découvre dans l’effectif la présence du roumain. Plus surprenant, sur la photo de l’équipe de la saison en page centrale, Lucescu se trouve au premier rang à gauche.

Même si ça ne saute pas aux yeux immédiatement, il s’agit là d’un montage.

L’automne arrive et toujours pas de roumain.

Au lendemain d’un match contre Sedan, Firoud semble pessimiste quant à sa venue « Nous espérions compter sur lui, les histoires de visa traînent, les autorisations à quitter le pays aussi »

Du côté de l’Industrie on avance comme raison que Lucescu, comme Pircalab et Voinea, fait partie de la police secrète roumaine et, qu’à ce titre, il ne peut pas quitter le pays. Rien ne le prouve.

En tout cas ce Lucescu n’arrivera jamais à Nîmes sauf le 5 janvier 1974. Ce jour là, son ami Pircalab fête son jubilé et l’invite à venir grossir les rangs de son équipe avec son coéquipier Dinu.

A la 10eme minute de jeu, Piracalab diminué par son tendon d’Achille, est remplacé par Lucescu. Les deux compères du Dinamo Bucarest (Dinu et Lucescu) raccompagnent sous l’ovation du public, leur ami et chouchou de Jean Bouin, Ion Pircalab.

Ce sera là, la seule occasion pour les nîmois de voir à l’œuvre « l’Arlesienne roumaine ».

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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