LES COULISSES DE L’EXPLOIT : « ALLEZ NIMES ! »

1970 : 70,4 % des ménages possèdent la télévision. L’ORTF diffuse sur deux chaînes depuis 1964. La couleur fait son apparition en 1967 sur les deux uniques chaînes françaises.

A partir de décembre 1961 (et ce jusqu’en aout 1972), une émission nommée les « Coulisses de l’exploit » propose des reportages sportifs tous les mercredis soir.

La semaine du 13 au 18 octobre 1971, un jeune journaliste débutant emmène les caméras de l’émission à Nimes pour consacrer un reportage sur le Nimes Olympique. Son nom ? Michel Drucker.

Alors que les projecteurs à l’époque étaient généralement braqués sur l’OM ou Saint Etienne, les Coulisses de l’exploit, sous la direction de Jacques Goddet (fondateur du journal l’Equipe) et Raymond Marcillac (ancien sportif -athlétisme- et présentateur du journal télévisé), choisissent les joueurs crocos. Dans le journal l’Equipe Drucker explique les raisons de ce choix : « Si nous avons choisi le Nimes Olympique, c’est parce qu’il nous a semblé logique de montrer comment vivait un club qui n’a pas de grosses vedettes mais qui n’en tenait pas moins le haut du pavé depuis vingt ans. En fait, ce que vous verrez, c’est une équipe de copains. Vous allez les découvrir dans leur cadre de vie, aux environs de Nîmes, lorsqu’ils s’entrainent et vivent. Nous avons cherché également à faire un reportage de Kader Firoud, car Nimes Olympique, il ne faut pas l’oublier, c’est lui avant tout ».

Drucker débute ses prises de vue le 13 octobre, par le derby au Vélodrome contre l’OM. Manque de chance les nimois s’inclinent ce soir-là 3-1 (but d’Adams). L’équipe de tournage reste dans le sillon des joueurs et dès le lendemain les caméras prennent la route de Port Camargue, le Grau du Roi et Aigues Mortes où la fête bat son plein. Inutile de préciser qu’après quelques prises de vue des joueurs dans la rue lors du traditionnel abrivado ou bien lors de la course de taureaux dans le « plan-théâtre » adossé aux remparts, le repas pris à l’Allegro chez le cascadeur-mondain Jean Marc Allègre, est joyeux et Michel Mézy y fait office de « comique-troupier » en dynamisant l’équipe qui s’en donne à cœur joie. Quelques images montrent les Bonnet, Odasso et surtout Martinelli se mesurant à un « bioù », alors que Mézy a tout le mal du monde à maintenir un cheval qui éjecte Vergnes imprudemment assis en amazone. Comme quoi Mézy a toujours su mieux se tenir à table…qu’à cheval !

Le vendredi, par un mistral à décorner les bœufs, le jeune journaliste vêtu d’un survêtement « Nimes Olympique » assiste à l’entrainement et prend même part à celui-ci. Le soir, le temps d’aller au Pont du Gard pour faire quelques « plans », l’équipe de tournage se retrouve à Fons chez Kader Firoud pour y graver quelques images du coach dans son sanctuaire.

Le samedi, c’est jour de match. Les nimois accueillent Lyon. Drucker et son équipe en profitent pour aller interviewer en matinée les présidents Chiariny et Calabro. Le soir, alors que Jean Bouin est presque plein, les nimois battent Lyon par 2-0 (doublé de Vergnes) et deviennent seul dauphin derrière Marseille.

Le dimanche 17 octobre les crocos assistent à la novillada où Simon Casas est à l’affiche. On y voit Drucker au premier rang entouré des joueurs, accompagnés de leurs épouses respectives.

Cinq jours de tournage, deux kilomètres de pellicule et des jours de montage seront nécessaires pour diffuser 16 minutes de reportage.

Le mercredi 17 novembre c’est la diffusion, à une heure de grande écoute (ancêtre du Prime-time), du reportage intitulé « Allez Nîmes ! ». Après le célèbre générique « La marche des gueules noires », un reportage complet relate bien l’ambiance au sein de l’équipe. Le Midi Libre le rapporte dans son édition du 18 novembre : « Dans un laps de temps aussi court, il faut bien avouer que le sujet a été magistralement traité (…) Michel Drucker a fort bien su conduire son commentaire afin de faire comprendre aux téléspectateurs le travail qui est fait dans ce club et l’esprit qui y règne en mettant en exergue cette bonne humeur, cette camaraderie qui animent les olympiens et le talent de Kader Firoud qui a l’art de tirer le maximum de ses garçons, qu’il a su perfectionner grâce à un long et patient travail, pour constituer une équipe capable de tenir les premiers rôles et dont il est le grand patron aimé et écouté ».

Nimes surprend, Nimes plait, Nimes convainc et d’autres animateurs viendront poser leurs caméras pour faire découvrir à la France entière ce Nimes Olympique qui finira vice-champion de France derrière la grande OM !

50 ans après, tout cela parait dérisoire avec la multiplication des chaînes télé et les reportages répétitifs sur les vedettes du ballon rond, mais recasé dans le temps, c’était plus qu’un événement, c’était historique !

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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